La souffrance des migrants africains victimes de racisme au Brésil

Elisee Mpembele, ami d’un réfugié congolais battu à mort, lève le poing lors d'une manifestation pour dénoncer le meurtre raciste à Rio de Janeiro, le 5 février 2022. (AFP)
Elisee Mpembele, ami d’un réfugié congolais battu à mort, lève le poing lors d'une manifestation pour dénoncer le meurtre raciste à Rio de Janeiro, le 5 février 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Mardi 08 février 2022

La souffrance des migrants africains victimes de racisme au Brésil

  • Dans un pays où la population noire est pourtant majoritaire, le meurtre d'un Congolais sur une plage de Rio de Janeiro a jeté une lumière crue sur le racisme auquel font face les immigrés africains
  • Le salaire mensuel moyen des immigrés africains est largement inférieur à celui de tous les migrants au Brésil. Beaucoup d'entre eux vivent dans des quartiers où des narcotrafiquants font la loi

RIO DE JANEIRO : Le meurtre d'un Congolais sur une plage de Rio de Janeiro a jeté une lumière crue sur les épreuves auxquelles sont confrontés au Brésil les immigrés africains, victimes de racisme dans un pays où la population noire est pourtant majoritaire.

"Aujourd'hui, je pense quitter le Brésil. Après ce qui s'est passé avec Moïse, j'ai peur pour mes enfants", confie à l'AFP Sagrace Lembe Menga, 33 ans, originaire de République Démocratique du Congo (RDC), comme Moïse Kabagambe, tué le 24 janvier.

Comme ce jeune homme de 24 ans battu à mort à coups de bâtons et de battes de baseball, elle a quitté son pays en quête de "paix et de tranquillité", pour fuir "la guerre et les massacres".

"J'ai entendu dire qu'au Brésil, on reçoit les gens à bras ouverts. Et c'est vrai qu'on m'a bien accueillie à mon arrivée", en 2015, raconte cette coiffeuse de 33 ans, qui arbore de longues tresses vertes.

Mais elle n'a pas été épargnée par le racisme, notamment sur son lieu de travail. 

"Certains me traitent comme si j'étais une personne insignifiante, un animal. On m'a déjà demandé si je vivais au milieu des girafes", résume cette mère de deux enfants de 8 et 3 ans, qui a le statut de réfugiée.

Selon les chiffres du gouvernement brésilien, 1.050 des 57.000 réfugiés que compte le pays sont originaires de RDC, le troisième contingent après le Venezuela et la Syrie.

Manque d'opportunités 

Le salaire mensuel moyen des immigrés africains (2.698 réais, soit 445 euros) est largement inférieur à celui de tous les migrants (4.878 réais) au Brésil. Beaucoup d'entre eux vivent dans des quartiers sensibles où des narcotrafiquants font la loi.

Au total, quelque 35.000 immigrés Africains vivent au Brésil, mais les spécialistes estiment que les statistiques officielles sont sous-évaluées. 

Le Brésil accueille par ailleurs un grand nombre d'immigrés haïtiens (plus de 150.000), qui comptent également parmi les moins bien rémunérés.

"Si je devais raconter tous les épisodes de racisme dont j'ai été victime, on pourrait écrire un livre", déplore Elisée Mpembele, 23 ans, chanteur congolais arrivé au Brésil en 2013.

"Les gens me regardent de travers, les vigiles me suivent dans le supermarché. Encore récemment, je me suis fait fouiller par des policiers alors que je leur avais juste demandé un renseignement", explique-t-il.

À cause du "manque d'opportunités" pour vivre de son art, il doit souvent "faire des petits boulots" pour joindre les deux bouts.

Pour Bas'llele Malomalo, spécialiste des migrations entre l'Afrique et le Brésil à l'Université de l'Intégration internationale et de la Lusophonie Afro-brésilienne (Unilab), le racisme au Brésil "est d'autant plus pervers que 55% des Brésiliens sont noirs" ou métis.

On me demande de «Baisser la tête»

Seul le Nigéria compte une population noire plus importante que le Brésil dans le monde. 

"Les problèmes d'intégration des immigrés africains ont les mêmes racines que ceux rencontrés par les anciens esclaves, qui étaient encore vus comme des objets, des animaux, au moment de l'abolition" de l'esclavage, en 1888, dit le chercheur.

Dans un pays où, selon une étude récente, 77% des victimes d'homicides en 2019 étaient des personnes noires, les migrants africains comme Moïse Kabagambe sont encore plus vulnérables "parce que dans la tête des racistes, comme c'est un étranger, personne ne va le défendre", insiste M. Malomalo.

"Si on commence à m'embêter, je préfère baisser la tête pour éviter les problèmes", dit Modou Fall, Sénégalais de 34 ans qui vend des lunettes de soleil sur la plage de Copacabana.

"C'est dur de travailler ici. J'ai du mal à envoyer de l'argent à ma famille à cause de la dépréciation du réal face au dollar", déplore-t-il.

Rui Mucaje, président de la Chambre de commerce afro-brésilienne (AfroChamber), explique que beaucoup de migrants africains arrivent au Brésil avec "l'esprit d'entreprise", pour vendre notamment des vêtements ou des tissus africains, mais la plupart restent cantonnés "au secteur informel".

"Il n'est pas rare non plus de voir des personnes diplômées qui finissent par travailler à des postes demandant bien moins de qualifications", déplore-t-il, citant notamment un topographe qui fait le ménage dans un hôtel ou un ingénieur travaillant dans un supermarché.

Pour lui, l'assassinat de Moïse Kabagambe est "la concrétisation tragique des problèmes engendrés par le racisme au Brésil".


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

Short Url

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Short Url
  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.

 


L'envoyé américain Hochstein va rencontrer Netanyahu jeudi

L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
L'envoyé américain Amos Hochstein cherche à négocier un cessez-le-feu dans la guerre entre Israël et le Hezbollah. (AP)
Short Url
  • L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu

JERUSALEM: L'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente de faire aboutir un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah libanais, doit rencontrer jeudi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, a-t-on appris de source officielle.

Omer Dostri, porte-parole de M. Netanyahu, a confirmé que les deux hommes devaient se voir dans la journée. La rencontre doit avoir lieu à 12H30 (10H30 GMT), selon un communiqué du Likoud, le parti du Premier ministre. Selon des médias israéliens, M. Hochstein a atterri en Israël mercredi soir en provenance du Liban et s'est entretenu dans la soirée avec Ron Dermer, ministre des Affaires stratégiques et homme de confiance de M. Netanyahu.