LOS ANGELES: Des experts de l'ONU ont appelé jeudi le gouvernement des Etats-Unis à intervenir pour empêcher l'expulsion de dizaines d'Amérindiens des logements qu'ils occupent sur le territoire de la tribu des Nooksacks, dont l'exécutif tribal veut les chasser.
"Beaucoup d'entre eux sont des personnes âgées, des femmes et des enfants, certains avec des handicaps ou des maladies chroniques, et vivent dans leur logement depuis plus de dix ans", s'alarment dans un communiqué deux rapporteurs du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, Balakrishnan Rajagopal et Francisco Cali Tzay.
"Les expulsions imminentes vont avoir un impact significatif sur la santé des individus vulnérables en ces temps de pandémie de Covid-19", relèvent les experts.
Le gouvernement des Nooksacks, établis à l'extrême nord-ouest du pays, près de la frontière canadienne, conteste à ces 21 familles représentant au total 63 personnes l'appartenance à la tribu. Il les a radiées et estime qu'elles n'ont donc pas à résider sur le sol tribal.
En dernier recours, l'avocat des familles, Gabriel Galanda, a donc saisi en décembre dernier le Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme.
"Il y a eu des jugements" d'un tribunal tribal "disant que ces gens ne pouvaient être expulsés via une radiation" et "maintenant ils menacent de les expulser", résume M. Galanda.
Le gouvernement des Nooksacks a depuis lors "fermé le tribunal tribal de sorte que ni mes clients ni moi-même ne pouvons nous tourner vers lui. C'est pourquoi je me suis adressé aux Nations unies", en décembre dernier, a expliqué à l'AFP l'avocat, qui assure que ses clients appartiennent bien à la tribu des Nooksacks.
Selon les experts de l'ONU, les logements en question ont été construits sur le territoire tribal par le gouvernement américain à l'aide de fonds fédéraux. Ils appellent le gouvernement à faire appliquer le "droit à un logement décent" inscrit dans la déclaration universelle des droits de l'Homme.
Ce dossier met en lumière les relations complexes et souvent historiquement tendues entre l'administration fédérale et les 574 nations amérindiennes qu'elle reconnaît officiellement au sein de ses frontières.
M. Galanda espère que le président Joe Biden fera pression pour que le gouvernement des Nooksacks, qui représente environ 2 000 membres, renonce à ces expulsions, même s'il n'a pas techniquement le pouvoir de l'annuler lui-même.
"Ils peuvent poursuivre la tribu en justice (ou) suspendre des subventions fédérales (...) donc ils ont les moyens légaux et diplomatiques de stopper les expulsions", estime l'avocat.