La pandémie booste les écrivains québécois

Billy Robinson, de « La Librarie de Verdun », pose pour une photo le 20 janvier 2022 à Montréal, Canada. Malgré la fermeture des librairies pendant quelques semaines en raison de la pandémie, les ventes de livres du Québec ont augmenté en 2021. (Anne-Sophie Thill / AFP)
Billy Robinson, de « La Librarie de Verdun », pose pour une photo le 20 janvier 2022 à Montréal, Canada. Malgré la fermeture des librairies pendant quelques semaines en raison de la pandémie, les ventes de livres du Québec ont augmenté en 2021. (Anne-Sophie Thill / AFP)
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Publié le Mardi 01 février 2022

La pandémie booste les écrivains québécois

  • Sur le site des librairies indépendantes du Québec, 45 des 50 titres les plus vendus en 2021 sont québécois
  • En tête du podium, l'auteur amérindien Michel Jean avec son livre «Kukum» (Libre Expression, 2019)

MONTREAL, Canada : Moins de nouveautés dans les rayons mais plus de livres dans les paniers: de la littérature jeunesse à la BD, en passant par les romans, les Québécois ont redécouvert à la faveur de la pandémie le plaisir de la lecture et surtout leurs auteurs locaux.

Privés de sorties culturelles ou de soirées entre amis pendant des mois en raison d'un confinement très strict, les habitants de la province francophone canadienne, pour tenter d'échapper au moins un peu aux écrans, ont lu davantage qu'avant la crise et surtout mis la main au porte-monnaie.

En 2021, les ventes de livres ont bondi de plus de 16% au Québec, particulièrement tirées par les ventes d'auteurs locaux (+18,3%), d'après le bilan Gaspard, qui compile les données du marché du livre.

«Il y a une croissance importante du livre québécois depuis quelques années qui a été accentuée depuis deux ans», confirme Arnaud Foulon, président de l'Association nationale des éditeurs de livres (ANEL).

Les appels à consommer local semblent donc avoir aussi, au Québec, touché le livre, soutenu par ailleurs par une campagne du gouvernement «Je lis québécois».

Les lecteurs «ont voulu choisir des livres des auteurs d'ici, d'éditeurs d'ici, dans une librairie d'ici», opine Katherine Fafard, directrice générale de l'Association des libraires du Québec (ALQ).

Ils ont préféré cette littérature décrite par les experts comme «très nord-américaine mais dans une langue française», sensible à «l'autofiction», «la réalité des autochtones» ou «l'écologie».

Sur le site des librairies indépendantes du Québec, 45 des 50 titres les plus vendus en 2021 sont québécois, et plus de la moitié sont parus cette année. En tête du podium, l'auteur amérindien Michel Jean avec son livre «Kukum» (Libre Expression, 2019), compte trois autres romans au sein du palmarès.

Pour lui, ses romans ont aussi «bénéficié d'un contexte lié à la question autochtone», qui a fait la Une des journaux au Canada ces derniers mois notamment en raison de macabres découvertes autour des pensionnats pour autochtones.

Ces institutions, où quelque 150.000 enfants autochtones ont été enrôlés de force entre la fin du 19e siècle et les années 1990, les coupaient de leurs familles, langue et culture.

Cette page sombre de l'histoire canadienne a été remise en lumière après la mise au jour ces derniers mois de plus d'un millier de tombes anonymes près de certains de ces anciens pensionnats.

- «Qualité» -

La hausse des ventes de livres démontre aussi «la qualité de la littérature québécoise actuelle», souligne l'écrivain Michel Jean.

Alors pour répondre à cette demande grandissante, les libraires ont laissé ces livres plus longtemps en vitrine. Contraints aussi par les réalités du secteur.

Les éditeurs québécois, qui publient habituellement 6.000 nouveautés chaque année, ont sérieusement réduit la voilure avec des sorties en baisse de 19% en 2020 par rapport à 2019.

Le secteur, comme d'autres au Canada, doit en effet jongler avec les pénuries: celle de la main-d'œuvre qui affecte toute la chaîne et celle, mondiale, de papier provoquée par le Covid-19 et qui fait flamber les prix.

Mais cela ne décourage pas Olivier Hamel, 40 ans, qui se définit comme un «acheteur compulsif de livres» et fréquente toutes les semaines la librairie indépendante de Verdun, un quartier du sud-ouest de Montréal.

Il estime aujourd'hui que «30 ou 40%» de ses achats sont des ouvrages québécois. »Ça me passionne: je trouve qu'on a des écrivains, des bédéistes vraiment fantastiques, donc j'essaie de les encourager», sourit ce bibliothécaire scolaire.

Même «engouement» pour Stéphanie Gibeau, 37 ans, qui travaille dans l'informatique et estime qu'il y a beaucoup d'«auteurs talentueux». Elle lit aujourd'hui pour moitié des livres québécois, davantage qu'il y a quelques temps, surtout sur les conseils de son libraire.

Selon ce dernier, Billy Robinson, les retombées de cette année «assez exceptionnelle» pleuvent sur tous les genres: littérature jeunesse, adulte, essais, fiction...

Et le livre québécois s'exporte aussi davantage: selon Arnaud Foulon, il ne s'est «jamais vendu autant de droits de livres québécois sur la scène internationale, notamment en France et en Allemagne, où le Canada était l'invité d'honneur» de la foire du livre de Francfort, plus grand événement du genre.


Hoor al-Qasimi nommée directrice artistique de la Biennale de Sydney

Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
Al-Qasimi a créé la Fondation d’art de Sharjah en 2009 et en est actuellement la présidente et la directrice. (Instagram)
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  • Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre
  • Depuis 2017, Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique

DUBAÏ : La Biennale de Sydney a annoncé cette semaine la nomination de la commissaire d’expositions émiratie Hoor al-Qasimi au poste de directrice artistique de sa 25e édition, qui se tiendra du 7 mars au 8 juin 2026.

Créée en 1973, la Biennale de Sydney est l'une des expositions les plus anciennes du genre et s’affirme en tant que première biennale établie dans la région Asie-Pacifique.

En 2009, Al-Qasimi a créé la Fondation d'art de Sharjah, dont elle est actuellement la présidente et la directrice. Tout au long de sa carrière, elle a acquis une vaste expérience dans la conception de biennales internationales, notamment en tant que commissaire de la deuxième Biennale de Lahore en 2020 et du Pavillon des Émirats arabes unis à la 56e Biennale de Venise en 2015.

Elle a également cocuraté la sixième édition de la Biennale de Sharjah en 2003 et en assure la direction depuis.

Al-Qasimi préside l'Association internationale des biennales ainsi que l'Institut d’Afrique depuis 2017.  Elle a précédemment siégé au conseil d'administration du MoMA PS1 à New York et à celui du Ullens Center for Contemporary Arts (UCCA), à Beijing, entre autres fonctions.

Elle est également directrice artistique de la sixième Triennale d'Aichi, qui se tiendra au Japon en 2025.

 


Cannes: le conflit israélo-palestinien en filigrane

L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
L'actrice française Leila Bekhti porte un badge en forme de pastèque palestinienne alors qu'elle arrive à la projection du film "Furiosa : A Mad Max Saga" lors de la 77e édition du Festival de Cannes à Cannes, dans le sud de la France, le 15 mai 2024. (Photo Valery Hache AFP)
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  • Sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza
  • Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité »

CANNES, France : Un symbole palestinien ou un portrait d'otage: à l'heure où le conflit entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza embrase les campus et les réseaux sociaux, les stars présentes au 77e Festival de Cannes préfèrent afficher un soutien discret.

Ruban jaune accroché à la veste, l'acteur Philippe Torreton a gravi mardi les marches du Festival. Un symbole en soutien aux quelque 250 personnes prises en otage par le Hamas le 7 octobre.

L'actrice Leïla Bekhti, qui a récemment enregistré un message en faveur des enfants de Gaza pour l'Unicef, a arboré mercredi un pin's pastèque, l'un des symboles de la résistance palestinienne.

Des positionnements très discrets quant au conflit israélo-palestinien, au moment où sur TikTok, le hashtag «blockout2024» fait florès et invite les internautes à bloquer les comptes de stars restées silencieuses sur la guerre à Gaza. Beyoncé et Kim Kardashian figurent parmi les cibles de cette mobilisation propalestinienne et ont déjà perdu des centaines de milliers d'abonnés.

En réponse, des célébrités comme Omar Sy, membre du jury à Cannes, ont mis en ligne en début de semaine un appel au cessez-le-feu sur Instagram.

Sur le tapis rouge cannois, le message le plus fort à propos de ce conflit est venu jusqu'ici d'une survivante de l'attaque du Hamas le 7 octobre, Laura Blajman-Kadar, vêtue d'une robe jaune affichant des portraits d'otages israéliens et une écharpe noire «Bring them home» («Ramenez-les à la maison»).

Vendredi, une projection privée du film-témoignage monté par le gouvernement et l'armée israélienne sur les massacres du 7 octobre, «Bearing Witness», a été envisagée avant d'être annulée «pour raisons de sécurité, ont indiqué à l'AFP ses organisateurs.

Ce film, composé d'extraits des caméras et téléphones des assaillants du Hamas et d'images captées par des victimes et des secouristes, avait été diffusé le 14 novembre à l'Assemblée nationale en France. Des projections privées ont déjà eu lieu en marge de sommets comme Davos, selon les organisateurs.

- Haute surveillance -

Mais point de manifestation politique, ni côté public, ni côté montée des marches. Une discrétion à l'extrême, qui pourrait basculer avec la présentation vendredi à 18H00 de «La belle de Gaza», documentaire dans le milieu très fermé des femmes transgenres palestiniennes réfugiées à Tel-Aviv.

Même si le conflit israélo-palestinien, évoqué à travers la dureté des autorités pour les «clandestines» venues de Cisjordanie sans permis de travail, s'efface totalement dans ce film de Yolande Zauberman, supplanté par un autre type de conflit intime et universel.

Si aucun film palestinien n'est présent en sélection, «Vers un pays inconnu» du réalisateur danois d'origine palestinienne Mahdi Fleifel, suit deux jeunes cousins palestiniens se retrouvant en Grèce, après avoir fui un camp au Liban. Le film est présenté à la Quinzaine des cinéastes.

Au Marché du film, le plus grand au monde, le pavillon du «film arabe» a déroulé une grande banderole appelant à soutenir l'industrie des territoires occupés ou ses cinéastes en exil.

Le seul film israélien présenté cette année est le court-métrage d'Amit Vaknin, étudiante en cinéma à l'Université de Tel-Aviv. «It's no time for pop» s'attache à une jeune femme qui refuse de prendre part à des festivités patriotiques.

Le pavillon israélien a été maintenu, sous très haute surveillance, avec un filtrage sécuritaire drastique à l'entrée.

L'équipe de l'ambassade israélienne a déclaré à l'AFP avoir douté jusqu'au dernier moment du maintien de sa présence, moins d'une semaine après les manifestations monstre lors de l'Eurovision en Suède.

 


Pour sa nouvelle création, Angelin Preljocaj livre son «Requiem(s)»

Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
Le chorégraphe et danseur français Angelin Preljocaj participe à une répétition de sa chorégraphie, le ballet «Le lac des cygnes» du compositeur russe Tchaïkovski, avec les danseurs du «Ballet Preljocaj», au Théâtre de l'Archeveche à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, le 23 juillet 2020. (Clement Mahoudeau AFP)
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  • Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes
  • Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal

AIX-EN-PROVENCE, France : De la tristesse, de la rage parfois mais aussi des moments de joie, le chorégraphe français Angelin Preljocaj présente ce week-end à Aix-en-Provence, en première mondiale, «Requiem(s)», un spectacle autour de toutes les facettes de la mort et du deuil.

«C'est un thème magnifique et puis l'année 2023 était une année assez dure pour moi personnellement. J'ai perdu beaucoup d'amis, mes parents aussi. Je me suis dit que c'était peut-être le moment de faire un requiem», confie M. Preljocaj à l'AFP.

Basé avec son ballet à Aix-en-Provence, dans le sud de la France, au Pavillon noir, le chorégraphe d'origine albanaise est connu notamment pour ses ballets «Le Parc» et «Blanche-Neige», et ses collaborations fréquentes avec des artistes issus de la musique électro comme Air, le DJ Laurent Garnier et les Daft Punk.

Dans la salle du Grand Théâtre de Provence d'Aix, 300 personnes ont assisté à la répétition générale, la veille de la première, et les deux premières dates de «Requiem(s)» étaient annoncées complètes.

Pour ce spectacle, Angelin Preljocaj dit s'être longuement documenté, allant piocher des références entre autres chez le sociologue Émile Durkheim, qui expliquait que les hommes ont fait société quand ils ont commencé à donner une cérémonie pour leurs morts.

Les facettes de ce cérémonial ressortent tout au long du ballet, tantôt langoureux, tantôt très rythmé, parfois complètement frénétique, les danseurs jouant avec les différentes émotions liées au deuil.

«Ce n'est pas toujours triste, il y a beaucoup de joie dans le spectacle aussi, de la rage parfois, de la mélancolie», énumère le chorégraphe.

- De Mozart au métal -

Cette mosaïque d'émotions jaillit aussi de la musique qui accompagne les 19 danseurs, avec des ruptures aussi rapides qu'un claquement de doigts, passant brutalement du +Lacrimosa+ du requiem de Mozart à une chanson de métal.

«Les musiques m'apportaient des nuances d'émotions différentes et j'avais envie de travailler avec ces choses-là, par exemple les cantates de Bach (1685-1750), Ligeti (1923-2006), Mozart (1756-1791)... et du métal. Je me suis beaucoup amusé avec ça», sourit Angelin Preljocaj.

Des décors aux costumes en passant par la lumière, les danseurs se retrouvent plongés dans une bichromie noire et blanche pudique, seulement troublée par quelques très rares touches de rouge.

Après une heure trente de danse, le public a applaudi de longues minutes.

«Un spectacle, c'est comme une photographie qu'on met dans le révélateur; le révélateur c'est le public, et ce soir c'était très très chaleureux», souffle le chorégraphe à l'issue de la générale.

Après les deux dates inaugurales au Grand Théâtre de Provence vendredi et samedi, une tournée à Paris et dans plusieurs autres villes de France, le spectacle reviendra au mois d'octobre à Aix puis sera joué le 4 décembre à Modène (Italie) puis en 2025 à Athènes, Madrid et Fribourg (Suisse).