WASHINGTON: Sanctions de Washington et de Londres, enquête de l'ONU pour "crimes contre l'humanité": la communauté internationale a accru lundi la pression sur la junte birmane, un an après le coup d'Etat qui l'a vue prendre le pouvoir.
"Tragiquement, les informations reçues au cours de l'année dernière suggèrent que bien plus de mille personnes ont été tuées dans des circonstances pouvant être qualifiées de crimes contre l'humanité ou de crimes de guerre", a dit Nicholas Koumjian, à la tête du Mécanisme onusien d'enquête indépendant pour la Birmanie, dans un communiqué.
Créé par le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU en septembre 2018, ce mécanisme d'enquête a constitué des dossiers en vue de faciliter des procédures pénales.
"Ceux qui envisagent de commettre des crimes doivent savoir que les crimes internationaux graves sont imprescriptibles", a souligné Nicholas Koumjian.
"La justice internationale a la mémoire très longue et, un jour, les auteurs des crimes internationaux les plus graves commis en Birmanie devront rendre des comptes", a-t-il averti.
Les Etats-Unis ont de leur côté imposé des sanctions financières à sept personnes et deux entités "liées au régime militaire de Birmanie" pour l'anniversaire du coup d'Etat du 1er février 2021 qui a renversé la dirigeante civile Aung San Suu Kyi.
Parmi les personnes visées par ces sanctions, prises en coordination avec le Royaume-Uni et le Canada, figurent les plus hauts responsables judiciaires du pays, le procureur général Thida Oo, le président de la Cour suprême Tun Tun Oo et le chef de la commission anti-corruption Tin Oo, selon un communiqué du Trésor américain.
Quatre autres personnes et deux entités accusées de soutenir financièrement la junte, notamment par la fourniture d'armes et d'équipements, sont également visées par ces sanctions.
«Pas oublié»
"Tant que le régime privera le peuple de Birmanie de sa voix démocratique, nous le ferons payer aux militaires et à leurs partisans", a mis en garde le président américain Joe Biden dans un communiqué.
"Je dis au peuple birman: nous n'avons pas oublié votre combat et nous continuerons à soutenir votre courageuse détermination à apporter la démocratie et l'Etat de droit dans votre pays", a-t-il déclaré.
Londres "défendra toujours le droit à la liberté, la démocratie et l'Etat de droit. Comme d'autres nations qui partagent les mêmes valeurs, nous ferons rendre des comptes à ce régime brutal et oppressif", a promis de son côté dans un communiqué la ministre britannique des Affaires étrangères, Liz Truss.
Aung San Suu Kyi, 76 ans, est détenue depuis le coup d'Etat qui a mis fin à une décennie de transition démocratique.
La prix Nobel de la paix vient d'être inculpée, accusée d'avoir fait pression sur la commission électorale lors des législatives de 2020, qui avait vu la victoire écrasante de la LND.
Elle a déjà été récemment condamnée à six ans de détention et risque au total des décennies de prison au terme de son procès.
Un an après le renversement par l'armée du gouvernement civil, les poches de rébellion se multiplient et poussent la junte à intensifier sa répression, des violences qui ont fait des dizaines de milliers de déplacés.
L'émissaire de l'ONU pour la Birmanie, Noeleen Heyzer, a d'ailleurs plaidé lundi pour la tenue prochaine d'une "réunion humanitaire" avec "la plupart des parties prenantes" au conflit en cours en Birmanie.
"Fin 2021, plus de 320 000 personnes étaient toujours déplacées à l'intérieur du pays. Depuis, le nombre a atteint plus de 400 000. Cela s'ajoute aux 340 000 personnes qui étaient déjà déplacées avant le 1er février 2021", a-t-elle dit lors d'une conférence de presse virtuelle.