Présidentielle: la gauche dans l'impasse, l'extrême droite se déchire

 Christiane Taubira, candidate française de gauche à la "primaire du peuple", salue ses partisans après avoir prononcé un discours au centre artistique Point Ephémère à Paris le 30 janvier 2022.(AFP)
Christiane Taubira, candidate française de gauche à la "primaire du peuple", salue ses partisans après avoir prononcé un discours au centre artistique Point Ephémère à Paris le 30 janvier 2022.(AFP)
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Publié le Mardi 01 février 2022

Présidentielle: la gauche dans l'impasse, l'extrême droite se déchire

  • En prenant des points à Yannick Jadot et surtout à Anne Hidalgo, Mme Taubira, a de facto affaibli ses rivaux les plus proches, notamment le PS
  • Mme Taubira a contacté lundi tous ses concurrents, selon son entourage

PARIS : Une gauche plus que jamais dans l'impasse et une extrême droite à couteaux tirés entre Marine Le Pen et Eric Zemmour: le désordre était palpable lundi chez les opposants d'Emmanuel Macron dans une campagne présidentielle stable dans les intentions de vote.

Remportée par Christiane Taubira, la Primaire populaire, initiative citoyenne inédite en France rassemblant près de 400.000 votants, avait l'ambition de rassembler une gauche scotchée à un score historiquement bas dans les sondages, avec seulement un quart des intentions de vote. 

Mais elle n'a au bout du compte qu'ajouté de la confusion à la division.

Les vibrants appels pour une "gauche unie et debout" de Christiane Taubira, après sa victoire dimanche soir, se sont fracassés sans surprise sur un mur de refus de ses rivaux: l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, l'écologiste Yannick Jadot, la socialiste Anne Hidalgo et le communiste Fabien Roussel.

Mme Taubira a contacté lundi tous ses concurrents, selon son entourage. Elle "leur a indiqué que le vote à la primaire populaire indiquait une aspiration puissante à l'union", et qu'on ne pouvait pas s'asseoir sur le vote de 400.000 personnes".

Mais ils ont décliné l'offre de l'ancienne ministre de la Justice et déjà candidate en 2002 (2,32% au premier tour). 

Le candidat insoumis a notamment répondu par un SMS, dans lequel il a dit avoir "un souvenir attristé de nos contacts précédents. Je t'avais crue quand tu regrettais le nombre de candidatures. Tu y rajoutes dorénavant la tienne. Mais je n'en veux qu'à ma confiance", regrette-t-il.

"Une candidature de plus", a aussi répondu la candidate socialiste Anne Hidalgo, également par SMS.

 L'heure des comptes

En prenant des points à Yannick Jadot et surtout à Anne Hidalgo, Mme Taubira, a de facto affaibli ses rivaux les plus proches, notamment le PS, ancien parti de gouvernement ayant donné deux chefs d'Etat au pays et menacé aujourd'hui de disparition en étant tombé sous la barre des 5% dans les sondages.

Pour le PS, l'heure des comptes semble même approcher: "si elle prend encore quelques voix à Anne Hidalgo, soit le PS débranche Anne Hidalgo et se rallie à Christiane Taubira, soit le PS risque tout simplement de disparaître", a estimé lundi le politologue Brice Teinturier sur France Inter.

Mme Hidalgo pouvait cependant se targuer du ralliement lundi d'une partie de l'équipe de campagne de l'ex-candidat Arnaud Montebourg, qui avait jeté l'éponge mi-janvier.

« Espèce de panique »

Au sein de l'extrême droite, dont le poids électoral est plus conséquent avec environ 30% des intentions de vote, les "trahisons", petites phrases assassines et autres querelles familiales rythment désormais chaque jour de campagne. 

"Mensonge", "parjure", "sabotage", Marine Le Pen n'avait pas de mots assez durs lundi soir pour ceux qui entendent rejoindre la campagne de son rival dans le sillage de plusieurs récentes défections au RN et des atermoiements de sa nièce Marion Maréchal.

"Le mensonge qui consiste à faire croire qu'on est dans une équipe, la saboter de l'intérieur, et jouer pour l'équipe adverse, cela dégoute les Français", a-t-elle affirmé sur Europe 1.

Ciblant en particulier Nicolas Bay, elle a estimé "que le mieux pour tout le monde est que maintenant il s'explique clairement".

Mme Le Pen a accusé son adversaire d'"offrir beaucoup de choses. Des investitures, des postes, des promesses". "Des moyens, en tout cas, et des moyens financiers, oui ça, c'est une évidence", a-t-elle dit.

De son côté, Eric Zemmour avait raillé plus tôt lundi une "espèce de panique" au RN, et réfuté les allégations d'avoir donné "un sou à quiconque".

Pour l'ex-polémiste, qui se félicitait vendredi d'avoir passé "une belle semaine", celle-ci a plutôt mal commencé avec l'annonce de l'ouverture par le parquet de Paris d'une enquête pour viols visant son directeur des événements Olivier Ubéda.

Pendant ce temps, la majorité présidentielle prépare l'entrée en campagne du président sortant, donné en tête au premier tour depuis plusieurs mois avec 24-25% des intentions de vote.

Il a "une fenêtre de tir pour se déclarer candidat entre le 10 et le 20 février", dit son entourage, qui souligne toutefois qu'il faut que "la question sanitaire soit passée et qu'on ne soit ni dans une crise internationale, ni en pleine séquence européenne" comme le sommet UE/UA des 17 et 18 février.

Le site de campagne, avecvous2022.fr, a été déjà lancé la semaine dernière, invitant les internautes à "faire entendre leur voix".

Et les "Jeunes avec Macron" ont présenté leurs propositions en début de soirée au siège parisien d'En Marche.

Un sondage Ifop-Fiducial publié lundi montre une remarquable stabilité dans les intentions de vote pour la présidentielle d'avril, aucun candidat n'ayant bénéficié de dynamique depuis le début de l'année. 


Nucléaire iranien : Paris dit être «en contact étroit» avec Washington

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  • "Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique
  • Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir

PARIS: La France est "en contact étroit" avec les Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien et soutient les efforts diplomatiques américains, a déclaré jeudi le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, après une conversation entre les chefs de la diplomatie des deux pays.

"Au vu des récentes annonces concernant l'ouverture de négociations entre les Etats-Unis et l'Iran sur le programme nucléaire iranien, le ministre a rappelé l'engagement de la France et exprimé son soutien à tout effort diplomatique visant à parvenir à un accord solide et durable", a dit Christophe Lemoine.

Jean-Noël Barrot s'est entretenu au téléphone avec son homologue américain, Marco Rubio, mercredi soir.

Aux côtés du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, partisan d'une ligne très dure, le président américain Donald Trump avait créé la surprise en annonçant lundi que les Etats-Unis étaient engagés dans des discussions "directes" avec l'Iran, alors que ces deux pays n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Mercredi, il avait ensuite souligné qu'une action militaire n'était pas exclue. "S'il faut recourir à la force, nous recourrons à la force", avait-il lancé. "Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file".

Cette menace survient à quelques jours de discussions qui doivent avoir lieu samedi dans le sultanat d'Oman et auxquelles participeront l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff ainsi que le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi.

Interrogé sur le niveau de coordination entre les Américains et les Européens qui ont, quant à eux, des discussions en format E3 (Allemagne, France, Royaume Uni) avec l'Iran, le porte-parole du Quai d'Orsay est resté évasif.

"Nous sommes en lien étroit avec nos partenaires américains. Nous continuerons à discuter avec eux", a-t-il affirmé, se refusant à dire si les Européens avaient été informés en amont des négociations menées par Washington.

Christophe Lemoine a par ailleurs répété que l'objectif était que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire, réaffirmant que "la seule voie est diplomatique".

"Toute initiative visant à amener l'Iran à l'abandon de son programme nucléaire est bienvenue", a-t-il dit, même si la fenêtre est "étroite" pour y parvenir.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies Téhéran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. L'Iran rejette ces allégations et affirme que ses activités dans le nucléaire se limitent à des fins civiles.


France: le blocage de Sciences Po Strasbourg levé par la police

Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.  Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP. Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt. (AFP)
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  • C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université
  • Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage"

STRASBOURG: Le blocage par des étudiants de Sciences Po Strasbourg, entamé mercredi après le maintien d'un partenariat controversé entre cet établissement de l'est de la France et une université israélienne, a été levé jeudi par les forces de l'ordre, a constaté l'AFP.

Une cinquantaine de policiers sont intervenus en milieu de matinée. Après sommations, ils ont pu rétablir l'accès au bâtiment sans heurt.

C'est la nouvelle présidente de l'université de Strasbourg, Frédérique Berrod, qui a sollicité l'intervention des forces de l'ordre, a indiqué à l'AFP le service de communication de l'Université.

Mercredi, Mme Berrod avait appelé à la "levée du blocage".

La décision de maintenir le partenariat entre Sciences Po Strasbourg et la Lauder School of Government de l'Université Reichman en Israël - que les étudiants accusent de soutenir la politique du gouvernement israélien à Gaza - "est prise" et "il me semble, a été la plus démocratique possible", avait-elle observé.

Mardi soir, le conseil d'administration de l'établissement d'enseignement supérieur a approuvé le maintien du partenariat par 16 voix pour, 14 contre et trois abstentions. Il a ainsi décidé de ne pas suivre les conclusions d'un "comité d'examen du partenariat" composé de 10 membres (cinq étudiants et cinq enseignants) mis en place en mars pour tenter de dégager une solution consensuelle et ainsi mettre fin aux blocages qui s'étaient tenus depuis janvier.

Ce comité a préconisé de mettre un terme aux échanges entre l'IEP Strasbourg et la Lauder School of Government, et de rechercher un "partenariat alternatif" avec une autre université israélienne.


Wauquiez et Saint-Pierre-et-Miquelon: «pas de polémique» sur une proposition «déroutante», dit Retailleau

 Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon. (AFP)
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  • Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence
  • "Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues"

PARIS: Bruno Retailleau, candidat à la présidence des Républicains, a assuré jeudi ne pas vouloir "polémiquer" sur la proposition, "à première vue déroutante", faite par son rival, Laurent Wauquiez, d'envoyer les "étrangers dangereux" sous obligation de quitter le territoire (OQTF) à Saint-Pierre-et-Miquelon.

"Je ne veux pas en rajouter. Je me suis engagé, quand j'ai déclaré ma candidature, à ne pas polémiquer avec un compétiteur de ma famille politique", a souligné le ministre de l'Intérieur, lors d'une conférence de presse, place Beauvau, sur le bilan de ses six mois en poste.

"Donc je ne polémique pas, pas plus maintenant que demain sur cette cette question, cette proposition qui est à première vue déroutante", a-t-il ajouté. "Mais chacun a le droit en démocratie de s'exprimer et de proposer", a-t-il conclu.

Laurent Wauquiez, qui proposait "d'enfermer" à Saint-Pierre-et-Miquelon les personnes dangereuses sous obligation de quitter le territoire (OQTF) provoquant un tollé au sein de la classe politique, a réagi sur X aux propos de son rival à la présidence des Républicains.

"Ce qui est déroutant Bruno, c’est l’incapacité de la France, ministre après ministre, à régler le problème des OQTF et le fait d’accepter passivement que des criminels étrangers soient relâchés dans nos rues", a-t-il écrit sur le réseau social, proposant au ministre de l'Intérieur de "travailler ensemble" pour trouver des solutions.

Interrogé lors de sa conférence de presse sur l'hypothèse d'un départ de Beauvau s'il était désigné en mai président des LR, Bruno Retailleau l'a écartée: "Non, j'assume d'être candidat et ministre. Je pourrai assumer demain d'être président d'un parti et d'être ministre de l'Intérieur", a-t-il répondu. "Ce n'est pas ça qui constitue pour moi une butée. Ce qui constituerait une butée, c'est l'impossibilité d'agir ou d'autres éléments, mais nous n'en sommes pas là", a-t-il ajouté.