Il y a 50 ans, le « Bloody Sunday » endeuille l'Irlande du Nord

Les gens se rassemblent pour une cérémonie de dépôt de gerbes devant un monument aux personnes tuées le dimanche sanglant, à Londonderry (Derry), en Irlande du Nord, le 30 janvier 2022, à l'occasion du 50e anniversaire de la fusillade du dimanche sanglant.(AFP)
Les gens se rassemblent pour une cérémonie de dépôt de gerbes devant un monument aux personnes tuées le dimanche sanglant, à Londonderry (Derry), en Irlande du Nord, le 30 janvier 2022, à l'occasion du 50e anniversaire de la fusillade du dimanche sanglant.(AFP)
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Publié le Dimanche 30 janvier 2022

Il y a 50 ans, le « Bloody Sunday » endeuille l'Irlande du Nord

  • Le bilan de la fusillade est de 13 civils tués, dont six âgés de 17 ans
  • Pour les habitants, il ne fait aucun doute que les parachutistes ont « perdu la tête » et tiré sans discrimination sur tout ce qui bougeait

LONDRES : Dimanche 30 janvier 1972, Londonderry. Peu après 16H30, des parachutistes britanniques ouvrent le feu sur une manifestation pacifique de militants catholiques, faisant 13 morts. Le "Bloody Sunday" fait basculer l'Irlande du Nord dans la tragédie.

Voici, à partir de dépêches de l'AFP de l'époque, le récit de ce "Dimanche sanglant", moment-clé des trois décennies de "Troubles" ayant opposé républicains, surtout catholiques, partisans d'une réunification avec l'Irlande, et unionistes protestants, défenseurs de l'appartenance de l'Ulster à la Couronne britannique.

Manifestation pacifique

Ce dimanche-là, la manifestation à l'appel d'associations pour la défense des droits civiques des catholiques a été interdite par le gouvernement de la province britannique. Laquelle est dominée politiquement, économiquement et socialement par les protestants depuis la partition de l'île en 1921.

Ils sont pourtant plusieurs milliers à défiler dans les rues du Bogside, le ghetto catholique de Londonderry (Derry pour les républicains) où, plus de deux ans auparavant, a commencé une révolte contre la discrimination pratiquée par le "gouvernement d'apartheid" protestant. 

Après des émeutes intercommunautaires et le début des "Troubles" dans la province, l'armée britannique y a été déployée à l'été 1969. 

Avec à leur tête Bernadette Devlin, jeune députée catholique au Parlement de Westminster, les manifestants du jour brandissent des pancartes réclamant la fin de l'internement sans procès de militants de la communauté catholique.

Ce régime, imposé en août 1971 par Londres en Irlande du Nord, symbolise alors pour le mouvement républicain, l'arbitraire britannique et la "résistance nationale".

« Stop, stop, go home »

Le désastre se joue peu après 16H30. Des parachutistes britanniques du premier bataillon amenés en renfort de Belfast sont postés au croisement de Bishop Street et de Rossville Street, à la lisière du Bogside. 

Alors que se termine la manifestation - la plus grande jamais organisée à Londonderry -, des jeunes quittent le flot du cortège pour se diriger vers le poste avancé des soldats. La situation dégénère.

D'une voix stridente, Bernadette Devlin donne l'ordre de dispersion, raconte le journaliste de l'AFP. "Elle est montée sur une chaise, elle est toute petite, échevelée, la bouche démesurément ouverte pour crier: +stop, stop, go home+".

Mais les paras sont sortis de derrière leurs barricades. Ordre leur a été donné d'investir le Bogside.

« Atmosphère d'apocalypse »

Une fois dans cette forteresse du catholicisme en Ulster, poursuit l'agence, manifestants et militaires disparaissent dans un dédale de petites rues misérables, mal éclairées, et où depuis des années nul policier, nul soldat n'a osé pénétrer. Alors, soudain éclate le drame. On tire, on hurle, on fuit. Dans la nuit, le froid, le brouillard des gaz lacrymogènes et une atmosphère d'apocalypse.

Le bilan de la fusillade est de 13 civils tués, dont six âgés de 17 ans. Tous abattus par balles, la plupart dans le dos. Un autre blessé est mort quelques mois plus tard d'une tumeur. On relève également seize blessés, plusieurs gravement atteints.

Le silence s'est abattu sur Londonderry. La seconde ville d'Ulster s'est refermée sur elle-même. "Derrière les façades décrépites des maisons du Bogside, battues par le vent, les gens se sont cloitrés dans la peur et la haine", écrit l'AFP au lendemain de la tuerie.

« Massacre collectif »

Pour les habitants, il ne fait aucun doute que les parachutistes ont "perdu la tête" et tiré sans discrimination sur tout ce qui bougeait. 

Bernadette Devlin affirme, elle, que "ce fut un massacre collectif commis par l'armée britannique". Denis Bradley, un prêtre catholique témoin de la tragédie accuse les parachutistes d'avoir tiré "aveuglément" et "presque avec plaisir". 

Un député au Parlement de l'Irlande du Nord Ivan Cooper, déclare que les soldats ont tiré sur lui alors qu'agitant un mouchoir blanc, il tentait de porter secours à un blessé.

Un porte-parole de l'armée assure de son côté que les soldats ont répondu à des tirs de manifestants armés, désignant les "terroristes" de l'IRA. L'organisation clandestine - qui verra les adhésions affluer -, se défend d'avoir provoqué le "massacre" et annonce des représailles.

 Acte « injustifiable »

La version de l'armée, largement reprise dans les conclusions très contestées d'une enquête menée à la hâte en 1972, a finalement été contredite dans un rapport d'enquête publié en 2010.

Le rapport établit, après douze ans d'investigations, que les parachutistes britanniques ont tiré les premiers. Les victimes quant à elles n'étaient pas armées et n'étaient pas des poseurs de bombes de l'IRA. 

Lors d'excuses solennelles aux familles, le Premier ministre David Cameron a qualifié l'action de l'armée comme "injustifiable".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.