DUBAÏ: Les attaques terroristes de la milice houthie, soutenue par l’Iran, ne constitueront pas un frein aux investissements américains croissants en Arabie saoudite, déclare à Arab News un expert américain de premier plan.
Hall Delano Roosevelt, président du Conseil saoudo-américain des affaires et petit-fils du 32e président, Franklin D. Roosevelt, affirme: «Certes, les entreprises américaines qui veulent envoyer leurs employés en Arabie saoudite pour y vivre et travailler se font du souci. Ont-elles cependant été dissuadées de le faire? Je dirais non.»
«Il (le terrorisme) fait partie intégrante de nos vies, où que nous soyons dans ce monde. Il faut faire preuve de vigilance et rester prudent, que vous soyez ici aux États-Unis, en Europe ou n’importe où au Moyen-Orient», poursuit-il.
Les attaques – intensifiées récemment contre les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite – n’empêcheront pas les entreprises américaines d’accroître leurs investissements au sein du Royaume, en particulier dans le cadre de la grande stratégie de développement durable lancée l’année dernière par l’Initiative verte saoudienne, précise M. Roosevelt.
Il fait part de son avis sur les liens commerciaux solides entre l’Arabie saoudite et les États-Unis à «Frankly Speaking», une série d’entretiens vidéo avec les principaux décideurs politiques et hommes d’affaires mondiaux.
Lors d’une conversation sur divers sujets, M. Roosevelt, président et directeur général, depuis 2019, du Conseil saoudo-américain des affaires créé il y a vingt-cinq ans, a évoqué les atouts du Royaume aux yeux des investisseurs américains, les «défis de croissance» auxquels font face certaines entreprises américaines pour que les factures soient payées à temps, ainsi que la rencontre historique de son grand-père avec le roi Abdelaziz en 1945, qui a inauguré l’ère moderne des relations commerciales et d’investissement entre les deux pays.
Après la rencontre, Franklin D. Roosevelt est retourné aux États-Unis et a convoqué une réunion spéciale du Sénat et de la Chambre des représentants, indique M. Roosevelt.
«Pendant la réunion, Franklin D. Roosevelt dit: "J'ai appris plus au cours des vingt dernières heures de conversation avec ce grand individu, le roi Abdelaziz ben Saoud, qu’en deux ans de communiqués personnels et gouvernementaux entre mes bureaux et les siens."»
«Je pense qu’il y a là un message très important, selon lequel on peut accomplir bien plus en ayant une conversation de vive voix comme celle-ci, plutôt que de passer par tous les protocoles officiels et d’apprendre à se connaître en tant qu’individus et cela – que Franklin D. Roosevelt l’ait su ou pas – est un élément clé de la culture arabe, pas seulement de la culture saoudienne.»
Il dit également que son grand-père, dont les politiques économiques ont aidé les États-Unis et le monde à sortir de la Grande Dépression, aurait approuvé le projet Vision 2030 pour transformer l’économie et la société du Royaume.
«Je peux dire en toute confiance qu’il aurait été très fier de collaborer avec le royaume d’Arabie saoudite pour mener à bien le projet Vision 2030. Pourquoi? Simplement pour le mieux-être de son peuple», souligne M. Roosevelt.
En ce qui concerne les récentes allégations concernant des factures fiscales inattendues et la lenteur du règlement des factures contractuelles, M. Roosevelt rejette l’idée qu’elles constituent un obstacle pour les entreprises américaines au sein du Royaume, affirmant qu’elles découlent d’un taux de croissance plus élevé en Arabie saoudite.
«Je suis sûr que ce n’est pas dissuasif; cela provoque une pause et des questionnements», soutient-il. «Ici, au Conseil des affaires, nous avons divers secteurs – des personnes spécialisées dans la défense, la santé, ainsi que les biens et les services. Pour moi, le problème des créances est un défi de croissance. Il faut simplement essayer de trouver le bon système qui permettra à tout le monde d’être payé en temps opportun.»
M. Roosevelt explique: «Pourquoi cela se passe-t-il? Parce que le Royaume connaît une croissance sans précédent et que de nouveaux systèmes doivent être mis en place, plutôt que de simplement envoyer une facture à l’ambassade saoudienne à Washington ou au ministère de la Santé, où tout... aurait pu se faire manuellement en ce qui concerne le règlement des factures.»
«[Ils essaient] d’embaucher des consultants externes qui pourraient accélérer le processus de règlement des créances et le rendre plus efficace, et cela fonctionne.»
Les bureaux de l’ambassade des États-Unis à Washington fournissent également de l’aide, selon M. Roosevelt.
«Je peux vous le confirmer, parce que je travaille avec Son Altesse Royale la princesse Reema, ambassadrice de l’Arabie saoudite aux États-Unis. Elle est directement impliquée dans ces problèmes et se charge de contacter le ministère de la Santé ou de la Défense pour les entreprises américaines qui connaissent un retard de paiement de trois cents ou cent vingt jours et le règle», ajoute-t-il.
Plusieurs entreprises américaines ont contacté le Conseil saoudo-américain des affaires l’année dernière, lorsque le gouvernement saoudien a décidé, qu’à l’avenir, les entreprises multinationales souhaitant mener des activités officielles en Arabie saoudite devraient avoir leur siège régional à Riyad, mais M. Roosevelt a déclaré que la nouvelle politique avait été bien accueillie.»
«Nous vous demandons de faire partie intégrante de cette communauté, d’embaucher des Saoudiens sur place, de les former et de leur offrir les avantages de croissance et d’éducation que vous donneriez à vos propres compatriotes», déclare-t-il.
Il y aurait également des avantages considérables pour les entreprises américaines qui mènent leurs activités principales au Moyen-Orient à partir de la capitale saoudienne. «Une fois que vous devenez une source locale, un fournisseur du Royaume, vous pourrez bénéficier de plusieurs avantages accordés par les grandes organisations là-bas, comme Aramco, Sabic», dit-il.
«Elles vont d’abord prendre en charge les entreprises locales et il y en a plus, donc il y a des incitatifs. Je pense que c’est une bonne chose.»
Les entreprises américaines s’intéressent à de nombreux secteurs en Arabie saoudite, notamment la croissance des loisirs, du divertissement et du tourisme, ainsi que les avantages du développement de Neom au nord-ouest. Cependant, insiste M. Roosevelt, le grand attrait pour les investisseurs américains est l’initiative du Royaume pour la transition énergétique et la campagne contre le réchauffement climatique.
«L’Arabie saoudite a pris à cœur tout ce processus de durabilité et de production verte. Elle l’a accepté et elle l’adopte», note-t-il.
«Pour en revenir aux entreprises américaines... je ne crois pas que vous trouverez un autre pays qui offre des possibilités financières et des incitatifs pour rassembler le monde du développement vert et durable, ainsi que toutes les technologies, en un seul endroit, et qui serait prêt à dépenser de l’argent pour aider au développement du projet et, plus important encore, à sa mise en œuvre.»
«Il y a donc des possibilités remarquables. Ils sont sérieux à ce sujet», révèle-t-il.
M. Roosevelt conteste les récents appels de l’administration Biden à l’Arabie saoudite pour augmenter la production de pétrole afin d’endiguer la hausse des prix du brut et suggère que les producteurs de schiste américains augmentent leur production pour répondre à la demande croissante dans la reprise postpandémique.
«Je suis peut-être l’un des derniers démocrates conservateurs au pays, mais je peux certainement plaider en faveur de la reprise de la production de schiste, du point de vue de l’emploi et de la sécurité économique. Pourquoi comptons-nous sur quelqu’un d’autre pour quelque chose que nous avons déjà?», conclut-il.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com