KABOUL : Au moins 15 personnes, y compris des civils, ont été tuées dans un attentat-suicide en Afghanistan samedi. Cet attentat constitue la première frappe majeure depuis le début des pourparlers directs entre les Talibans et les négociateurs gouvernementaux il y a trois semaines, selon des responsables.
Un raid devant un bâtiment gouvernemental dans l'est de la province de Nangarhar a eu lieu après qu'un véhicule piégé a explosé à l'entrée de l'enceinte.
« Plusieurs assaillants armés ont tenté de pénétrer dans le bâtiment après l’attentat mais ils ont été tués par les forces de sécurité », raconte à Arab News, au téléphone, Attaulah Khogyani, porte-parole du gouverneur de Nangarhar. « Certains élèves ont perdu la vie et une mosquée proche a aussi été endommagée ».
Une vidéo de l'attaque aurait circulé sur les réseaux sociaux peu après l'agression. Elle montrait plusieurs pièces et parties du bâtiment principal, endommagées par l'impact de l'explosion qui a également détruit plusieurs véhicules dans la région et laissé un cratère profond.
Obaidullah Shinwari, membre du conseil provincial, a déclaré que le bilan pourrait encore s’alourdir. Selon Tariq Aryan, porte-parole du ministre de l’Intérieur à Kaboul, l’attentat aurait fait environ 40 blessés.
Malgré aucune revendication immédiate de responsabilité, M. Aryan a affirmé que « c'était l'acte des Talibans » et l'a qualifié de « crime majeur contre le peuple afghan ».
Shah Hussein Murtazawi, conseiller du président Ashraf Ghani, a également accusé les Talibans d’avoir commis l’attentat afin d’ « obtenir des concessions lors des pourparlers qui ont commencé au Qatar le 12 septembre ».
Il a tweeté que « Depuis le début des pourparlers, les Talibans ont commis 650 attentats qui, selon le ministère de l’Intérieur, ont fait des dizaines de morts parmi les civils ».
« Des conséquences désastreuses sur les pourparlers »
Les négociations intra-afghanes visent à trouver un règlement pour mettre fin à plus de quatre décennies de guerre dans le pays. Les États-Unis prévoient un retrait complet de leurs troupes d'ici le printemps prochain, sur la base d'un accord signé avec les Talibans au Qatar plus tôt cette année.
Les Talibans n’ont pas encore commenté l’attentat de samedi, qui intervient au milieu d’une recrudescence de la violence à travers le pays malgré les discussions de Doha.
Bien que le groupe ait été à l'origine de plusieurs attaques de ce genre dans le passé, des affiliés de Daech, qui ont également une certaine influence à Nangarhar, ont également mené des raids similaires.
L’incident de samedi est le premier attentat majeur depuis le début des pourparlers au Qatar.
« Cela aurait des conséquences désastreuses et graves sur le processus des pourparlers du Qatar et le Taliban, s'il est prouvé qu’ils sont derrière cela, ou s'ils en revendiquent la responsabilité », explique l'analyste Shafiq Hapal à Arab News. « Il y a des fauteurs de trouble internes et externes qui peuvent les utiliser comme prétexte pour faire dérailler les pourparlers du Qatar ».
Les Talibans et les délégués du gouvernement doivent encore concevoir un mécanisme pour les pourparlers avant de définir un plan pour cela.
L'absence de percée depuis le début des pourparlers a contraint l'envoyé spécial américain pour l'Afghanistan Zalmay Khalilzad, qui a conclu un accord avec les Talibans, à se rendre jeudi au Qatar pour une réunion avec les négociateurs des deux côtés.
Lors d'un voyage dans le sud-est de la province de Paktika samedi, M. Ghani a indiqué que les pourparlers produiraient des résultats mais que cela « nécessitait de la patience ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com