Islamisme à Roubaix: menaces de mort et protection policière après le reportage de M6

«J’ai donné instruction qu’à chaque fois qu'un journaliste fait l’objet de menaces caractérisées, il bénéficie d’une protection policière», a réagi Gérald Darmanin samedi sur Twitter. (Photo, AFP)
«J’ai donné instruction qu’à chaque fois qu'un journaliste fait l’objet de menaces caractérisées, il bénéficie d’une protection policière», a réagi Gérald Darmanin samedi sur Twitter. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 30 janvier 2022

Islamisme à Roubaix: menaces de mort et protection policière après le reportage de M6

  • Amine Elbahi raconte dans le reportage avoir alerté la préfecture du Nord fin 2020 sur une association de la ville, «Ambitions et initiatives pour la réussite»
  • Il la suspectait de dispenser des «cours coraniques» sous couvert de soutien scolaire

LILLE : La polémique autour d'un reportage de "Zone Interdite" sur l'islamisme à Roubaix prend un nouveau tournant: la présentatrice Ophélie Meunier et un jeune Roubaisien, menacés, ont été placés sous protection policière, à quelques jours du procès du maire sur les faits dénoncés dans l'émission.

Ce reportage dimanche sur un sujet inflammable en pleine campagne présidentielle avait provoqué de vives réactions sur les réseaux sociaux et des chaînes d'information en continu, faisant réagir jusqu'au ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à l'Assemblée nationale.

Dans le même temps, Ophélie Meunier et un jeune originaire de la ville, Amine Elbahi, témoin dans l'émission, recevaient des menaces, contraignant les autorités à les placer sous la protection du SDLP, selon une source policière.

"J’ai donné instruction qu’à chaque fois qu'un journaliste fait l’objet de menaces caractérisées, il bénéficie d’une protection policière", a réagi Gérald Darmanin samedi sur Twitter.

Sollicitée par l'AFP, M6 a fait savoir qu'elle ne ferait "aucun commentaire pour l'instant".

"Ce que j'ai dit dérange. Je dois avoir visé juste au regard des menaces", a déclaré Amine Elbahi.

Le jeune homme raconte dans le reportage avoir alerté la préfecture du Nord fin 2020 sur une association de la ville, "Ambitions et initiatives pour la réussite" (AAIR).

Il la suspectait de dispenser des "cours coraniques" sous couvert de soutien scolaire, en bénéficiant de subventions publiques, notamment municipales. En arrière-plan, des soupçons de clientélisme à l'encontre du maire DVD, Guillaume Delbar.

«Déferlement de haine»

Le jeune homme a déposé plainte vendredi après avoir reçu de nombreuses menaces sur les réseaux sociaux, par SMS ou sur WhatsApp, ainsi que des enregistrements vocaux "constatés par huissier", selon son avocat, Me Jean Tamalet.

M. Elbahi est notamment qualifié de "kouffar" (mécréant en arabe, ndlr) et "on lui dit qu'il va être décapité", précise l'avocat.

Se disant victime d'un "déferlement de haines et de menaces", le maire Guillaume Delbar a annoncé son intention de porte plainte lui aussi.

L'alerte de M. Elbahi avait abouti à une enquête de la préfecture, qui explique avoir constaté que "des cours d'arabe à caractère cultuel" étaient effectivement dispensés, puis fait un signalement au parquet.

M. Delbar, ainsi que trois membres de l'association sont convoqués mardi devant le tribunal correctionnel de Lille, le premier pour détournement de fonds "par négligence", les autres pour "abus de confiance". Une date fixée bien avant la diffusion du reportage.

Ce procès pourrait cependant être renvoyé: deux avocats ont réclamé du temps pour étudier le dossier. Et Guillaume Delbar, ainsi que son conseil, étaient positifs à la Covid en fin de semaine.

«J'ai pu me tromper»

"Je peux avoir été trompé, j’ai pu me tromper" en soutenant "une association qui venait de faire scission avec une mosquée devenue salafiste", a avancé cette semaine l'édile.

M. Delbar vient d'être condamné à six mois de prison avec sursis et deux ans d'inéligibilité pour sa participation à un système frauduleux de défiscalisation via des micro-partis. Il a fait appel.

Contactée par l'AFP, la préfecture du Nord a refusé de préciser les montants versés par l'Etat à l'association depuis 2016, dont elle demande le remboursement.

La municipalité a indiqué que l’AAIR devait bénéficier en 2020 de 64 640 euros de subventions, mais que l'argent n'avait jamais été versé.

"Quand je lis dans la presse que c'est 'une association prosélyte', ça me tord le ventre", a déclaré Me Muriel Cuadrado, qui défend la secrétaire de l'association.

L'AAIR "a emmené des gamins jusqu'au brevet, jusqu'au bac", le tout avec "des tarifs pour une population modeste" dans "la ville la plus pauvre de France", a-t-elle plaidé.

Les avocats des autres prévenus n'ont pas souhaité s'exprimer.

M. Elbahi s'était auparavant fait connaître pour son combat afin de rapatrier ses deux neveux de 4 et 6 ans, détenus dans un camp syrien. Sa soeur, mère des deux enfants, était partie rejoindre l'organisation Etat islamique et est selon lui détenue dans une prison kurde.


La manifestation de soutien à Le Pen "n'est pas un coup de force", dit Bardella

La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
La présidente du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), l'eurodéputé Jordan Bardella (G) et la présidente du groupe parlementaire du parti d'extrême droite français Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, quittent le palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 26 août 2024, après leur rencontre avec le président français. (Photo by Bertrand GUAY / AFP)
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  • « Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française.
  • « Cela nous semblait nécessaire que nous puissions nous exprimer directement aux Français.

STRASBOURG : La manifestation de soutien à Marine Le Pen prévue dimanche à Paris « n'est pas un coup de force », mais une mobilisation « pour la démocratie », a assuré mercredi Jordan Bardella, président du Rassemblement national, à des journalistes au Parlement européen à Strasbourg.

« Ce n'est pas un coup de force, c'est au contraire une défense très claire et très profonde de l'État de droit et de la démocratie française. C'est une mobilisation en réalité, non pas contre, mais pour la démocratie française », a déclaré l'eurodéputé au sujet de ce rassemblement annoncé par le RN après la condamnation de la triple candidate à la présidentielle à une peine d'inéligibilité immédiate.

« Cela nous semblait nécessaire (...) que nous puissions nous exprimer directement aux Français par l'intermédiaire de ces discours qui seront prononcés dimanche avec l'ensemble de nos cadres, de nos parlementaires et de nos militants », a-t-il ajouté.

Cette condamnation, que le RN qualifie de « scandale démocratique », compromet grandement ses chances de concourir une quatrième fois à la fonction suprême en 2027.

Pour Jordan Bardella, cela ne change « absolument rien » à sa relation avec Marine Le Pen, « si ce n'est qu'elle est peut-être encore plus forte qu'elle ne l'a été par le passé ».

« Je suis à ses côtés, je vais continuer à l'être (...) Nous allons évidemment mener le combat », a assuré l'eurodéputé qui faisait son retour au Parlement européen après avoir manqué les deux premiers jours de la session.

Il a qualifié de « bonne nouvelle » l'annonce de la justice qu'une décision en appel devrait être rendue « à l'été 2026 », donc bien avant la présidentielle.


Condamnation de Marine Le Pen: Macron rappelle au gouvernement l'indépendance de la justice

Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
Le président français Emmanuel Macron (Photo AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés
  • Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours ».

PARIS : Mercredi en Conseil des ministres, le président français Emmanuel Macron a « rappelé » que l'autorité judiciaire est indépendante et que les magistrats doivent être protégés, après la condamnation de la cheffe de l'extrême droite Marine Le Pen qui a suscité des attaques contre les juges, ont rapporté des participants.

Le chef de l'État a également affirmé que « tous les justiciables ont droit au recours », selon ces sources. La justice a déjà fait savoir qu'un nouveau procès en appel pourrait se tenir dans des délais qui laissent une porte ouverte à une éventuelle candidature présidentielle en 2027 de la leader du Rassemblement national (RN), principale formation d'extrême droite française. 

Devant la presse, à l'issue du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sophie Primas a rapporté mercredi les propos du chef de l'État.

« La première chose qu'il a rappelée, a poursuivi Mme Primas, est que la justice est évidemment indépendante et prend ses décisions en toute indépendance, et qu'il faut donc la respecter comme l'un des piliers de notre démocratie. La première, a-t-elle dit, est que la justice est indépendante et qu'elle prend ses décisions en toute indépendance et qu'il faut donc la respecter comme un pilier de notre démocratie.

« La troisième chose, pour rappeler que les menaces qui sont faites à l'encontre des magistrats sont absolument insupportables et intolérables, puisque nous sommes encore une fois dans une démocratie. Et la justice est tout à fait indépendante et doit être respectée », a-t-elle ajouté.

« Et la troisième chose, pour rappeler que chacun a le droit à une justice équivalente et que le droit est le même pour tous. »


Bac: l'épreuve de maths en première se précise pour l'an prochain

La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
La ministre de l'Education nationale, de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Elisabeth Borne, lors d'une conférence de presse à l'issue d'une visite à l'école élémentaire Claude-Monnet à Rueil-Malmaison, en banlieue parisienne, le 28 mars 2025. (Photo Thomas SAMSON / AFP)
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  • Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté
  • L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première,

PARIS : Le projet d'épreuve de mathématiques en classe de première pour l'an prochain, qui vise à mettre en œuvre le « choc des savoirs » annoncé par l'ex-ministre de l'Éducation nationale Gabriel Attal, a été présenté mardi devant une instance consultative de l'Éducation nationale, étape-clé avant sa publication.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE, qui rassemble syndicats, associations de parents, collectivités, etc.) a majoritairement voté contre le projet de décret et d'arrêté instaurant cette « épreuve terminale de culture mathématique aux baccalauréats général et technologique ».

Ils ont recueilli 0 voix pour, 27 contre, 31 abstentions et 4 refus de prendre part au vote (l'administration ne votant pas dans cette instance), un vote indicatif qui n'empêche pas la mise en œuvre de la réforme, selon des sources syndicales.

Cette épreuve écrite d'une durée de deux heures, qui entrera en vigueur au printemps 2026, sera « affectée d'un coefficient 2 » (points pris sur l’épreuve du Grand oral en terminale), selon ces textes, consultés par l'AFP.

L'ex-ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal, avait annoncé en décembre 2023 la création de cet examen sur le modèle de l'épreuve anticipée de français pour le baccalauréat en fin de première, un projet confirmé en novembre 2024 par sa successeure, Anne Genetet.

Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat du second degré (collèges et lycées), qualifie auprès de l'AFP la mesure de « rafistolage supplémentaire du bac Blanquer », décidé en 2019 par l'ex-ministre Jean-Michel Blanquer.

Pour Jérôme Fournier, secrétaire national du SE Unsa, la nouvelle épreuve « alourdit la fin de l'année pour les élèves et les correcteurs ».

La première partie, qui est commune à tous les élèves, sera sous forme de QCM et pourrait être corrigée automatiquement, ce à quoi « de nombreuses organisations syndicales sont opposées », a-t-il ajouté, tandis que la deuxième partie devrait consister en des résolutions de problèmes.

Des projets de textes ont par ailleurs été votés au CSE relatif à « la mise en place du +parcours renforcé+ en classe de seconde générale et technologique » ou professionnelle à partir de la rentrée 2026, avec trois votes pour, 45 contre et 13 abstentions.

Mis en place par la ministre Élisabeth Borne, ce parcours est destiné aux élèves n’ayant pas obtenu le diplôme du brevet. Son organisation relèvera « de l’autonomie de l’établissement sur la base indicative de deux heures hebdomadaires sur tout ou partie de l’année », selon le projet d'arrêté.

Sophie Vénétitay déplore « une coquille vide » tandis que Tristan Brams (CFDT Éducation) regrette l'absence de « moyens supplémentaires ».