PARIS : A la veille du verdict de la primaire populaire, le candidat écologiste Yannick Jadot a décliné son programme présidentiel samedi à Lyon, alors que Marine Le Pen hausse le ton face à ceux qui voudraient la quitter pour Eric Zemmour.
Que "ceux qui veulent partir partent. Mais ils partent maintenant !". Au lendemain des déclarations de sa nièce Marion Maréchal qui a dit pencher plutôt du côté d'Eric Zemmour, la candidate du Rassemblement national a mis en garde ceux qui voudraient imiter les eurodéputés RN Jérôme Rivière et Gilbert Collard pour rallier le grand rival.
Rattrapée par l'actualité française à Madrid, où elle participait à une réunion avec ses alliés européens, Mme Le Pen a certes petit-déjeuné avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban mais a surtout été interrogée sur l'eurodéputé RN Nicolas Bay qui, bien que présent en Espagne, a refusé de dire s'il serait à ses côtés jusqu'au premier tour.
L'oeil courroucé, elle a jugé "insupportable" d'avoir "des gens qui, aujourd'hui, font semblant d'être ici, alors qu'en réalité, leur coeur ou leur esprit est ailleurs". "C'est la taqiya qu'ils reprochent eux-mêmes aux islamistes", a-t-elle insisté, en référence au concept dans la religion musulmane recommandant de dissimuler sa croyance en cas de danger.
En partant à l'aéroport, l'attachée de presse de Mme Le Pen, Caroline Parmentier, a pris à partie Nicolas Bay: "C'est quoi tes valeurs ? La loyauté ? Il y a des limites à l'hypocrisie et à la duplicité. Barre-toi maintenant plutôt que de bouffer le plus longtemps possible au râtelier".
La candidate du RN (autour de 17%) est donnée dans les sondages à la deuxième place au premier tour, au coude à coude avec la candidate LR Valérie Pécresse, devant Eric Zemmour (13%).
Mais l'ex-polémiste, qui savoure "une belle semaine", continuait samedi à engranger des soutiens, dont celui de l'ancien dissident du FN (devenu RN) Bruno Mégret, et puis en fin d'après midi celui d'un des plus vieux partis de France, le CNIP (Centre national des indépendants et paysans), dont le président actuel, Bruno North, est conseiller régional du Grand Est, sous l'étiquette RN.
A la mi-journée, le candidat a fait un discours lors du Comité directeur de ce petit parti conservateur, réuni dans un hôtel parisien, pour défendre une nouvelle fois "la France périphérique méprisée" et dénoncer "l'immigration qui a rendu invivables nos métropoles" et transformé "nos banlieues en enclaves étrangères islamistes".
« Rétrécissement national »
En coulisses, Jérôme Rivière, la nouvelle recrue, niait l'existence d'une "campagne de débauchages", accusant Marine Le Pen de "pousser les gens dehors" et de "faire le rétrécissement national".
La compétition est féroce aussi à gauche où Yannick Jadot, scotché entre 5 et 7% des intentions de vote dans les sondages, espère donner de l'élan à une campagne qui peine à décoller en présentant son programme , baptisé la "République écologique".
"C'est l'appel de la jeunesse à celles et ceux qui détruisent leur avenir", a lancé Yannick Jadot à Lyon. "Nous le disons, avec coeur et avec Greta Thunberg et les jeunesses du monde : +No more bla bla bla+", ("plus de blabla").
Le candidat écologiste propose d'investir 10 milliards d'euros par an pour la rénovation thermique des logements et bâtiments publics, d'interdire la vente de véhicules neufs à carburant fossile en 2030 et embaucher "200.000 personnes dans les services publics".
"Nous investirons massivement dans le ferroviaire, à hauteur de quatre milliards d'euros par an", a-t-il dit.
Yannick Jadot a aussi pour objectif l'arrêt de 10 réacteurs nucléaires au moins d'ici à 2035. Un programme à rebours de celui d'Emmanuel Macron et de la droite qui veulent tous investir dans le nucléaire, à l'instar de la candidate LR Valérie Pécresse, qui s'est rendue à la centrale nucléaire du Bugey samedi.
Pour le camp Jadot, l'idée est aussi de marquer le coup dans une gauche qui aura le regard braqué sur le résultat de la Primaire populaire dimanche.
L'écologiste fait partie des sept personnalités à départager lors de cette consultation citoyenne à laquelle 467.000 personnes sont inscrites et appelées à voter jusqu'à dimanche 17H00.
Mais comme l'insoumis Jean-Luc Mélenchon et la socialiste Anne Hidalgo, il a toujours refusé de participer à cette initiative inédite dont le verdict reste imprévisible, même si beaucoup estiment qu'elle est promise à Christiane Taubira.