Mali: le ton monte entre Paris et Bamako, le Danemark rapatrie ses soldats

Des soldats français montent à bord d'un C-130 après la cérémonie de passation de la base militaire de Barkhane à l'armée malienne à Tombouctou, le 14 décembre 2021. (Photo, AFP)
Des soldats français montent à bord d'un C-130 après la cérémonie de passation de la base militaire de Barkhane à l'armée malienne à Tombouctou, le 14 décembre 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 28 janvier 2022

Mali: le ton monte entre Paris et Bamako, le Danemark rapatrie ses soldats

  • Le Danemark a annoncé jeudi le rapatriement de sa centaine de soldats déployés au Mali comme l'exigeait la junte malienne
  • L'armée danoise a jugé, dans un communiqué, qu'il faudrait «plusieurs semaines» pour ramener hommes et matériel

COPENHAGUE : Dénonçant "un jeu politique sale" de Bamako, le Danemark a annoncé jeudi le rapatriement de sa centaine de soldats déployés au Mali comme l'exigeait la junte malienne, un nouveau coup dur pour la force européenne antijihadiste commandée par la France.

"Les généraux au pouvoir (...) ont réaffirmé que le Danemark n'était pas le bienvenu au Mali. Nous ne l'acceptons pas et pour cette raison, nous avons décidé de rapatrier nos soldats", a déclaré le ministre des Affaires étrangères Jeppe Kofod après une réunion au Parlement à Copenhague.

"Nous sommes là à l'invitation du Mali. Les généraux putschistes - dans un jeu politique sale - ont retiré cette invitation (...) parce qu'ils ne veulent pas d'un plan rapide de retour à la démocratie", s'est-il insurgé.

«  On ne peut pas rester comme cela  » au Mali, affirme Le Drian

jean-yves le drian
Les forces françaises et européennes ne peuvent "pas rester comme cela" au Mali, a affirmé Jean-Yves Le Drian. (AFP). 

 

Les forces françaises et européennes ne peuvent "pas rester comme cela" au Mali et sont en train d'examiner comment "adapter leur dispositif" de lutte antijihadiste dans la région, a averti vendredi le ministre français des Affaires étrangères.

"On ne peut pas rester comme cela (..) Nous avons engagé des discussions et avec nos partenaires africains et avec nos partenaires européeens pour savoir comment on peut adapter notre dispositif en fonction de la nouvelle situation" au Mali, a déclaré Jean-Yves Le Drian sur la radio RTL.

Jeudi après-midi, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait par ailleurs apporté son soutien aux proposde son homologue nigérien Hassoumi Massoudou. "Cette junte est illégitime et prend des mesures irresponsables (...). Elle porte l'entière responsabilité du retrait des forces danoises et s'isole davantage encore de ses partenaires internationaux", a-t-il déclaré aux côtés de son homologue nigérien à Paris.

Le chef de la diplomatie française a par ailleurs annoncé "des discussions avec l'ensemble de nos partenaires" pour "tirer les conséquences de cette double rupture marquée par la junte, à la fois politique et militaire".

Les pays contributeurs comptent échanger vendredi en visioconférence pour statuer sur l'avenir de Takuba, groupement de forces spéciales européennes créé en 2020 à l'initiative de la France, en vue de partager le fardeau au Sahel, et que le Danemark avait rejoint.

A la surprise générale, la junte au pouvoir au Mali depuis le coup d'Etat de 2020 avait demandé dès lundi au Danemark de retirer ses troupes, arrivées la semaine précédente, au motif que leur déploiement était "intervenu sans son consentement".

Copenhague avait rétorqué avoir répondu à une "invitation claire" du Mali. Mais le gouvernement malien de transition avait réitéré "avec insistance" sa demande dans la nuit de mercredi à jeudi. "Nous ne pouvons pas rester alors que le gouvernement du Mali ne veut pas de nous", a justifié la ministre de la Défense, Trine Bramsen, avant d'ajouter: "Nous ne voulons pas non plus être la risée de tous".

L'armée danoise a jugé, dans un communiqué, qu'il faudrait "plusieurs semaines" pour ramener hommes et matériel.

La junte demande des excuses

Ce nouveau revers pour la force européenne antijihadiste, qui avait demandé mercredi à la junte de "respecter les bases solides de la coopération diplomatique et opérationnelle", intervient en pleine dégradation des relations entre la France, à la tête de la coalition, et le Mali.

La crise s'est accélérée depuis que les militaires arrivés au pouvoir à la faveur d'un putsch en août 2020 sont revenus sur leur engagement initial d'organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du pays. La communauté internationale s'inquiète aussi de la présence sur le sol malien de paramilitaires du sulfureux groupe de mercenaires russes Wagner.

Mardi, la ministre française des Armées Florence Parly a accusé la junte de multiplier "les provocations". Un haut responsable de celle-ci lui a en retour donné le "conseil" de se taire, en évoquant, grinçant au possible, une "phrase d'Alfred de Vigny sur la grandeur du silence".

L'arrivée des soldats danois, prévue depuis le printemps 2021, avait été annoncée le 18 janvier. Aguerrie par sa participation à la plupart des interventions militaires occidentales depuis 20 ans (Afghanistan, Irak, Libye...), l'armée danoise avait déjà envoyé ces dernières années des renforts au Mali, pour certains au sein de la Minusma - force de l'ONU - et pour d'autres au sein de la force française Barkhane, dont des hélicoptères.

Les officiers danois de la mission onusienne ne sont pas concernés par la décision de jeudi.

Mercredi, la junte a estimé être en droit de recevoir "des excuses des autorités danoises" tout en évoquant la "très bonne réputation" du Danemark au Mali, en raison de son action en faveur du développement. "Nous les invitons à faire attention à certains partenaires qui ont du mal malheureusement à se départir des réflexes coloniaux", était-il écrit.

A Paris, le chef de la diplomatie nigérienne a pour sa part salué la "convergence totale de points de vue" entre Paris et Niamey. "Nous sommes déterminés à continuer cette lutte dans un cadre clair, dans des rapports civilisés avec des partenaires étatiques, pour combattre le terrorisme et vaincre le terrorisme", a déclaré Hassoumi Massoudou.


L’ancien Premier ministre australien à Netanyahu : « Restez en dehors de notre politique »

L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
L'ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull s'entretient avec Channel 4 News au Royaume-Uni. (Capture d'écran)
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  • Turnbull s’en prend au Premier ministre israélien dans une interview sur Channel 4
  • Les tentatives de Netanyahu de lier le massacre de Bondi à la politique sur la Palestine jugées « contre-productives »

​​​​​​LONDRES : L’ancien Premier ministre australien Malcolm Turnbull a demandé à Benjamin Netanyahu de « rester en dehors de notre politique » après que le dirigeant israélien a établi un lien entre la reconnaissance de la Palestine et la fusillade de masse survenue à Bondi Beach.

Quinze personnes ont été tuées lorsqu’un père et son fils ont ouvert le feu sur des participants célébrant la fête juive de Hanoukka dimanche soir.

Netanyahu a affirmé que la décision de l’Australie de reconnaître l’État palestinien plus tôt cette année avait « jeté de l’huile sur le feu de l’antisémitisme » dans les semaines précédant l’attaque.

Interrogé sur ces propos lors du journal de Channel 4 News au Royaume-Uni, Turnbull a déclaré : « Je dirais respectueusement à “Bibi” Netanyahu : s’il vous plaît, restez en dehors de notre politique.

« Tenir ce type de discours n’aide en rien… et ce n’est pas approprié. »

Turnbull a soutenu la décision du gouvernement de l’actuel Premier ministre australien Anthony Albanese de reconnaître l’État palestinien en août — aux côtés de nombreux autres pays occidentaux — alors que la pression internationale s’intensifiait face à la guerre à Gaza.

Dans un discours prononcé après l’attaque de Bondi, Netanyahu a déclaré : « Il y a quelques mois, j’ai écrit au Premier ministre australien pour lui dire que sa politique jetait de l’huile sur le feu de l’antisémitisme. »

Il a ajouté : « L’antisémitisme est un cancer qui se propage lorsque les dirigeants se taisent. »

Turnbull a rappelé que la grande majorité des pays du monde reconnaissaient la Palestine comme un État et soutenaient une solution à deux États au conflit.

Il a souligné que l’Australie était une société multiculturelle très prospère qui ne pouvait permettre l’importation de conflits étrangers.

« Nous devons veiller à ce que les guerres du Moyen-Orient ou d’ailleurs ne soient pas menées ici », a-t-il déclaré.
« Chercher à les relier, comme l’a fait Netanyahu, n’est pas utile et va exactement à l’encontre de ce que nous voulons accomplir. »

Albanese a également rejeté les propos de Netanyahu lorsqu’on lui a demandé s’il existait un lien entre sa politique sur la Palestine et l’attaque de Bondi.

« L’écrasante majorité du monde considère qu’une solution à deux États est la voie à suivre au Moyen-Orient », a-t-il déclaré aux médias.

« C’est un moment d’unité nationale où nous devons nous rassembler… Nous devons entourer les membres de la communauté juive qui traversent une période extraordinairement difficile. »

Albanese s’est rendu à l’hôpital pour rendre visite à l’homme salué comme un héros pour avoir désarmé l’un des assaillants.

Ahmed Al-Ahmed, commerçant arrivé en Australie depuis la Syrie en 2006, est en convalescence après avoir maîtrisé le tireur.

Albanese a déclaré mardi que les assaillants, Sajid Akram et son fils Naveed, étaient animés par l’idéologie de Daesh.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Attentat de Sydney: le Premier ministre australien rend visite au «héros» de la plage de Bondi

Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies. (AFP)
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  • Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants
  • Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump

SYDNEY: Le Premier ministre australien Anthony Albanese a rendu visite mardi à l'hôpital au "héros" de la plage de Bondi, Ahmed al Ahmed, qui a interrompu la fusillade la plus meurtrière que le pays ait connu depuis des décennies.

Dimanche soir, alors qu'une foule était rassemblée sur cette plage de Sydney pour la fête juive de Hanouka, un père et son fils ont ouvert le feu pendant une dizaine de minutes, tuant 15 personnes et en blessant 42 autres.

Des images montrent Ahmed al Ahmed, un vendeur de fruits, se glisser entre des voitures garées pendant la fusillade, avant d'arracher son fusil à l'un des assaillants. Il a rapidement été salué en "héros" par les dirigeants australiens et étrangers, d'Anthony Albanese à Donald Trump.

"Il allait s'acheter un café et s’est retrouvé face à des gens qui se faisaient tirer dessus", raconte M. Albanese après une visite au chevet de M. Ahmed.

"Il a décidé d'agir, et son courage est une source d’inspiration pour tous les Australiens."

L'homme a été touché plusieurs fois à l'épaule après s'être battu avec l'un des assaillants. M. Albanese rapporte qu'il devra "subir une nouvelle intervention chirurgicale" mercredi.

"Au moment où nous avons été témoins d'actes maléfiques, il brille comme un exemple de la force de l'humanité", a salué le Premier ministre. "Nous sommes un pays courageux. Ahmed al Ahmed incarne ce que notre pays a de meilleur."

Alité, des tubes dans le nez, M. Ahmed a brièvement remercié en arabe les personnes le soutenant, dans une vidéo qui circule sur les réseaux sociaux mardi matin.

"J'apprécie les efforts de chacun (...). Puisse Allah vous récompenser et vous accorder le bien être", a-t-il déclaré, selon une traduction (en anglais) fournie par la chaîne publique turque TRT World.

Ce père de deux enfants, originaire de Syrie, vit en Australie depuis plus de 10 ans, selon les médias locaux.

Sa mère a déclaré lundi au média australien ABC qu'elle n'avait cessé de "culpabiliser et de pleurer" lorsqu'elle a reçu l'appel lui annonçant que son fils avait été blessé par balle dans "un accident". "Nous prions pour que Dieu le sauve", dit-elle.

Une collecte de fonds en ligne a récolté plus de 1,9 million de dollars australiens (1,1 million d'euros) de dons pour couvrir les frais médicaux de M. Ahmed.


La CPI rejette un appel d'Israël contestant sa compétence

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant. (AFP)
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  • Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas
  • Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a rejeté lundi une demande en appel d'Israël qui contestait sa compétence pour enquêter sur des crimes présumés dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre contre le Hamas.

La CPI, qui siège à La Haye, a émis en novembre 2024 des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant.

Ils sont soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité à Gaza. Famine, meurtre et persécution font partie des chefs d'accusation.

Dans un document de 44 pages publié lundi, les juges ont maintenu leur décision d'enquêter sur des faits survenus dans le territoire palestinien après l'attaque meurtrière du 7 octobre 2023, perpétrée contre Israël par le groupe militant palestinien Hamas.

Le porte-parole de la diplomatie israélienne Oren Marmorstein a indiqué, dans un message sur X, rejeter la décision, accusant la CPI de "politisation" et de "mépris flagrant des droits souverains des Etats non parties".

La Cour examine actuellement une autre contestation israélienne de sa compétence, en plus d'une demande de récusation du procureur Karim Khan.

Elle a dit non en juillet à une demande d'Israël de rejet des mandats d'arrêts, ainsi qu'à l'appel de cette décision en octobre.

Créée en 2002, la CPI poursuit des individus accusés des pires atrocités tels que les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité et le génocide.

Israël n'adhère pas au traité de Rome ayant institué la CPI, ce qui ne les empêche pas d'introduire des contestations juridiques auprès de la Cour.

La Cour avait déjà statué en 2021 que sa compétence territoriale s'étendait à Gaza.

Les accusations de génocide commis par Israël envers les Palestiniens dans la bande de Gaza se sont multipliées depuis le début de la guerre, le 7 octobre 2023, après l'attaque du Hamas contre Israël ayant coûté la vie à 1.221 personnes côté israélien, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Les représailles israéliennes à Gaza ont depuis fait plus de 70.000 morts, selon les chiffres du ministère de la Santé du territoire palestinien contrôlé par le Hamas, que l'ONU considère comme fiables.

Sous fortes pressions américaines, une trêve fragile est en vigueur depuis le 10 octobre.