Pourquoi l’Irak ne peut subvenir aux besoins de ses jeunes en matière d’emploi

Des Irakiens participent à des manifestations contre la corruption et le chômage. (Photo, AFP)
Des Irakiens participent à des manifestations contre la corruption et le chômage. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mardi 25 janvier 2022

Pourquoi l’Irak ne peut subvenir aux besoins de ses jeunes en matière d’emploi

Des Irakiens participent à des manifestations contre la corruption et le chômage. (Photo, AFP)
  • L’Irak ne semble pas près de se libérer de sa dépendance de longue date vis-à-vis de son seul atout: le pétrole
  • La question de l’allégement du fardeau qui pèse sur les caisses de l’État et de l’orientation des travailleurs vers des entreprises privées créatrices de richesse est difficile à résoudre pour les gouvernements successifs

DUBAÏ: Lorsque des dizaines de milliers de jeunes sont descendus dans les rues de Bagdad et des villes du sud et du centre de l’Irak fin 2019, une revendication fondamentale a résonné plus fort que toutes les autres: les possibilités d’emploi. 

Le pays, qui venait tout juste de sortir de décennies de tyrannie, de blocus, de guerres et d’insurrections, n’a que très peu apporté à la génération de jeunes Irakiens ayant atteint l’âge adulte dans les années qui ont suivi la chute de Saddam Hussein en 2003. 

Deux ans après ces manifestations, qui se sont essoufflées avec l’apparition de la pandémie de Covid-19 au début de l’année 2020, et face à la répression infligée par les puissantes milices irakiennes, les jeunes Irakiens affirment que rien n’a changé. 

«En réalité, c’est même pire qu’avant», déclare Rachid Mansour, un coiffeur de l’ouest de Bagdad, à Arab News. «Mes cousins et moi ne pouvons nous permettre de rester ici. Nous travaillons tous à temps partiel. Tout comme le reste du pays, nous avons du mal à joindre les deux bouts», poursuit-il. 

Avec peu d’indicateurs de performance qui suggèrent le contraire, l’économie vacillante de l’Irak ne semble pas près de se libérer de sa dépendance de longue date vis-à-vis de son seul atout: le pétrole. 

Même si le pays s’est ouvert à l'ensemble de la région et au monde, après avoir assoupli les restrictions de visas pour les visiteurs, il n’existe pas beaucoup de possibilités d’investissement au-delà du secteur pétrolier dans les nombreuses autres industries et entreprises longtemps défendues par ses dirigeants. 

Les appels à diversifier l’économie du pays sont restés sans réponse, tandis que les autorités continuent de faire la sourde oreille quant aux demandes de rationalisation du secteur public pléthorique. Les efforts d’efficacité sont ouvertement raillés par les citoyens, tout comme les obstacles que les investisseurs doivent franchir pour créer des entreprises privées. 

Près de deux décennies après que l’invasion menée par les États-Unis a renversé le régime baasiste, l’Irak continue d’avoir l’un des plus grands effectifs au sein du secteur public par habitant au monde. Sur le papier, le pays emploie quelque 7 millions de personnes sur une population estimée à 39,3 millions. 

La question de l’allégement du fardeau qui pèse sur les caisses de l’État et de l’orientation des travailleurs vers des entreprises privées créatrices de richesse est difficile à résoudre pour les gouvernements successifs. Aucun n’a osé agir contre un district d’électeurs qui pourrait faire basculer le résultat d’une élection, ou contre un système qui a longtemps été au cœur de la manière dont le pays est dirigé. 

1
Un Irakien fume la chicha sous une peinture murale féministe qui porte le slogan arabe: «Ainsi sont nos femmes.» (Photo, AFP) 

«L’Irak se retrouve dans un cercle vicieux», confie à Arab News Ahmed Tabaqchali, stratège du fonds AFC pour l’Irak et chercheur principal à l’Institut de recherche sur les politiques Iris Mideast. «D’autres pays, à l’image de l’Arabie saoudite, prennent des initiatives comme le projet Vision 2030. C’est une bonne façon de mettre fin à la dépendance au pétrole. Mais en Irak, c’est différent. Il n’existe pas de gouvernement central puissant, mais plutôt de multiples sources de pouvoir.» 

«Les revenus pétroliers jouent un rôle primordial. Ils permettent de payer les retraites et les salaires du secteur public et ils offrent une sécurité sociale. C’est un défi d’en sortir. Il existe un accord tacite entre le gouvernement et le peuple. Les gens s’attendent à recevoir des services en échange de leur acceptation du gouvernement au pouvoir et un emploi dans le secteur public constitue l’un de ces services.» 

«Aucun parti ne veut se lancer seul dans les réformes car cela affaiblirait son pouvoir. L’Irak a besoin d’une classe politique engagée dans des plans à long terme, parce que c’est la seule façon de s’en sortir. Le secteur privé a besoin de temps pour se développer.» 

L’Irak en chiffres:

  • L’Irak compte 39,3 millions d’habitants.  
  • Le taux de croissance du PIB est de 3,9 %. 
  • Le taux de chômage s’élève à 12,8 %. 

Source: The Heritage Foundation (2021) 

Selon un profil récent du pays, dressé par la Banque mondiale, les revenus pétroliers représentent environ 85 % du budget du gouvernement irakien. Une étude des Nations unies de novembre 2021, intitulée A Diagnostic of the Informal Economy in Iraq, montre que le secteur privé du pays est largement non structuré et représente 40 à 50 % des emplois. 

Les emplois du secteur privé paient des salaires moyens inférieurs, ils offrent moins d’avantages sociaux et moins de sécurité d’emploi que les emplois du secteur public, qui sont considérés comme plus sûrs et plus confortables par rapport à l’incertitude de faire cavalier seul ou d’essayer de gérer une start-up dans un cadre réglementaire encombrant. 

«Nous avons un gros problème de chômage dans le pays», précise à Arab News Tarek Abu Abdallah, 50 ans, habitant de Bagdad. 

«De nombreux jeunes sont sans emploi et inquiets. La situation s’est encore plus détériorée avec la dévaluation du dinar irakien par rapport au dollar. Les prix ont doublé. Beaucoup de produits sont hors de prix. La situation économique épuise tout le monde.» 

Les obstacles à la mise en place d’un secteur privé fonctionnel ont été bien compris par les hauts fonctionnaires. En 2020, Ali Allawi, alors ministre des Finances, a présenté un livre blanc sur les réformes économiques visant à simplifier le processus d’investissement et de création d’entreprise. Un an plus tard, il a averti que les revenus pétroliers à eux seuls ne peuvent pas soutenir indéfiniment les salaires et les avantages dont bénéficient les employés de l’État. 

Au fil des années, la fastidieuse mais nécessaire tâche de la refonte de l’économie figée et de la bureaucratie sclérosée s’est révélée peu attrayante pour les dirigeants irakiens. Le processus laborieux de formation du gouvernement après chaque élection générale montre à quel point il est difficile de mettre d’accord les nombreuses factions politiques du pays sur presque tous les sujets. 

«La bureaucratie irakienne s’est développée en raison du système socialiste établi par le général Abdel Karim Kassem en 1958, et encore plus en 1968 lorsque le parti Baas est arrivé au pouvoir», explique à Arab News Entifadh Qanbar, président de la Future Foundation à Washington et ancien assistant du politicien irakien, Ahmad Chalabi. 

«Les vestiges de l’État socialiste irakien contrôlent toujours les lois et les règlements. Je qualifierais cela de “réglementations défavorables au milieu des affaires”. La bureaucratie était déjà massive mais, après 2003, elle a encore explosé. Les Irakiens ont développé la vision problématique suivante: «Si vous voulez trouver un emploi, il faudrait en trouver dans le secteur public.» 

«Tout Premier ministre promet de nouveaux emplois publics alors que l’État est en réalité incapable de payer plus de salaires.» 

1
L’Irak continue d’avoir l’un des plus grands effectifs au sein du secteur public par habitant au monde et un secteur privé très faible. Les dirigeants savent que toute tentative de réforme poussera leurs propres partisans à manifester. (Photo, AFP) 

Dans la région kurde semi-autonome d’Irak, certains signes montrent que les choses se passent différemment. Masrour Barzani, Premier ministre du gouvernement régional du Kurdistan, a initié un programme de réforme qui a bousculé le statu quo et que les factions au pouvoir ont tout intérêt à préserver. 

«Au cours des deux dernières années, le gouvernement régional du Kurdistan a entrepris la plus grande initiative pour réformer nos finances publiques et autonomiser les entreprises privées», déclare à Arab News un haut responsable kurde proche du bureau du Premier ministre, qui a préféré garder l’anonymat. 

«Les changements que nous avons mis en place génèrent des gains d’efficacité et ils permettent de récupérer des sommes importantes qui peuvent être utilisées pour se procurer les biens et services qui comptent vraiment, comme la production d’électricité, les médicaments et les travailleurs de première ligne. Nous reconnaissons que les anciennes habitudes de finances publiques médiocres ne sont pas le moteur du progrès ou de l’amélioration du niveau de vie.» 

«La numérisation de nos dépenses publiques est au cœur de ces changements. Cette décision a permis, à elle seule, d’économiser des centaines de millions de dollars par an en éliminant le gaspillage. De meilleurs exercices de passation des marchés ont permis de réaliser des économies supplémentaires.» 

«Nous veillons également à ce que les petites entreprises aient une véritable chance d’obtenir des fonds publics. Nous avons simplifié le processus d’enregistrement d’une entreprise, qui était auparavant si compliqué qu’il avait un effet dissuasif.» 

1
Les manifestations de 2019 en Irak ont montré que les dirigeants du pays, qui venaient tout juste de sortir de décennies de tyrannie, de blocus, de guerres et d’insurrections, n’avaient apporté que très peu pour la génération de jeunes Irakiens ayant atteint l’âge adulte dans les années qui ont suivi la chute de Saddam Hussein en 2003. (Photo, AFP) 

Se tournant vers l’avenir, Entifadh Qanbar affirme que la clé pour résoudre les problèmes de l’Irak réside dans une amélioration radicale de l'environnement commercial et dans l'abandon de la dépendance de l'économie politique à l'égard du pétrole. 

«La dépendance aux revenus pétroliers a pris un tournant dangereux au fil du temps», souligne-t-il à Arab News

«Le budget irakien fluctue en fonction des prix du marché pétrolier. L’instabilité du pays n’est pas attrayante pour les investissements étrangers. Il existe un risque énorme pour les investisseurs étrangers car ils auraient besoin de protection et de sécurité – des services que les compagnies d’assurance ne peuvent pas fournir.» 

La nécessité de faire les choses différemment est depuis longtemps vantée par les fonctionnaires et les organisations non gouvernementales en visite en Irak. L’utilisation de l’énergie verte est l’une de ces idées qui n’a jusqu’à présent pas réussi à s’imposer. 

«Compte tenu du manque de capacités pour investir et améliorer les services les plus élémentaires, je pense qu’il est hors de question que l’Irak puisse investir dans l’énergie verte à ce stade», ajoute M. Qanbar. 

«Le pays est inapte à fournir des services de base à ses citoyens, tels que l’eau, l’électricité, l’éducation et les infrastructures», conclut-il. 

 Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Pour l'Iran, le mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu signifie «la mort politique» d'Israël

Short Url
  • Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue"
  • Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant

TEHERAN: Le chef des Gardiens de la Révolution iraniens a estimé vendredi que les mandats d'arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l'encontre du Premier ministre, Benjamin Netanyahu, et son ancien ministre de la Défense signifiaient la "mort politique" d'Israël.

"Cela signifie la fin et la mort politique du régime sioniste, un régime qui vit aujourd'hui dans un isolement politique absolu dans le monde et dont les responsables ne peuvent plus se rendre dans d'autres pays", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique, dans un discours diffusé par la télévision d'Etat.

Dans cette première réaction officielle de l'Iran, M. Salami a qualifié les mandats d'arrêt de la CPI de "mesure bienvenue" et de "grande victoire pour les mouvements de résistance palestinien et libanais", respectivement le Hamas et le Hezbollah, tous deux soutenus par la République islamique.

Israël et des pays alliés ont critiqué la décision de la CPI d'émettre jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de M. Netanyahu et de son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024".

La CPI a aussi émis un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du mouvement islamiste palestinien Hamas, pour les mêmes chefs, "sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", jour de l'attaque sans précédent du Hamas en Israel, qui a déclenché la guerre en cours dans la bande de Gaza.

L'Iran fait du soutien à la cause palestinienne un des piliers de sa politique étrangère depuis l'instauration de la République islamique en 1979, et ne reconnaît pas l'Etat d'Israël.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de M. Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

 


L'aviation israélienne pilonne la banlieue sud de Beyrouth, 22 morts dans l'est du Liban

Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Un Palestinien marche à côté des débris d'un bâtiment à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 21 novembre 2024, alors que la guerre entre Israël et les militants palestiniens du Hamas se poursuit. (AFP)
Short Url
  • L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités
  • L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah

BEYROUTH: L'aviation israélienne a pilonné tout au long de la journée de jeudi la banlieue sud de Beyrouth ainsi que l'est du Liban, où 22 personnes ont été tuées selon les autorités, le Hezbollah revendiquant sa frappe la plus profonde en Israël depuis plus d'un an d'hostilités.

L'Agence nationale d'information (ANI, officielle), a recensé 12 frappes sur la banlieue sud, certaines "très violentes", l'armée israélienne disant avoir attaqué des centres de commandement et des infrastructures du Hezbollah.

Les raids ont été précédés par des appels de l'armée israélienne à évacuer certains quartiers.

Les images de l'AFPTV montraient d'épaisses colonnes de fumée sur la banlieue sud de la capitale libanaise, désertée par une grande partie de ses habitants en raison des frappes quotidiennes qui la visent depuis fin septembre.

Les frappes, qui s'étaient arrêtées mardi, ont repris au lendemain du départ de l'émissaire américain Amos Hochstein, qui tente d'arracher un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

Après Beyrouth, il devait rencontrer jeudi le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

Des frappes israéliennes ont également visé jeudi l'est et le sud du Liban, bastions du Hezbollah, selon l'ANI.

Les frappes de "l'ennemi israélien" sur cinq zones de la région de Baalbeck (est) ont coûté le vie à 22 personnes, a indiqué le ministère de la Santé.

L'ANI a précisé qu'une frappe sur le village de Makneh dans cette région avait entraîné la mort d'au moins quatre membres d'une même famille.

La coordinatrice spéciale de l'ONU pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert s'est rendue sur le site de Baalbeck, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, qui a annoncé lundi placer sous "protection renforcée provisoire" 34 sites culturels au Liban menacés par les bombardements israéliens, et octroyer une assistance financière d'urgence pour sauver le patrimoine de ce pays.

- Khiam -

Pour sa part, la formation islamiste a annoncé jeudi avoir lancé des missiles sur une base aérienne près de la ville d'Ashdod, dans sa première attaque contre le sud d'Israël.

Dans un communiqué, le Hezbollah a précisé que cette base à l'est d'Ashdod se trouvait "à 150 km de la frontière" israélo-libanaise.

C'est la première fois que le Hezbollah annonce viser un objectif aussi éloigné de la frontière depuis plus d'un an d'affrontements.

La formation pro-iranienne a également revendiqué des tirs contre le nord d'Israël, où les secours ont annoncé qu'un homme était mort après avoir été blessé à la suite de tirs de projectiles en Galilée.

Dans le sud du Liban frontalier d'Israël, le Hezbollah a fait état dans neuf communiqués distincts d'attaques menées par le mouvement contre des soldats israéliens dans et autour du village de Khiam.

Les médias officiels libanais ont affirmé que l'armée israélienne dynamitait des maisons et bâtiments dans cette localité proche de la frontière israélienne.

Les violences entre Israël et le Hezbollah, initiées par ce dernier au début de la guerre dans la bande de Gaza, ont fait plus de 3.583 morts depuis octobre 2023 au Liban.

La plupart des victimes ont été tuées depuis que l'armée israélienne a déclenché fin septembre dernier une campagne massive de bombardements visant notamment les bastions du Hezbollah, suivie d'une offensive terrestre dans le sud du Liban.


La CPI émet des mandats d'arrêt contre Netanyahu, Gallant et Deif

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye. (AFP)
Short Url
  • La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire
  • Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes"

LA HAYE: La Cour pénale internationale a émis jeudi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La décision de la CPI limite théoriquement les déplacements de Benjamin Netanyahu, puisque n'importe lequel des 124 Etats membres de la cour serait obligé de l'arrêter sur son territoire.

Le gouvernement israélien a aussitôt accusé la CPI d'avoir "perdu toute légitimité" avec ses mandats d'arrêt "absurdes".

"La Chambre a émis des mandats d'arrêt contre deux individus, M. Benjamin Netanyahu et M. Yoav Gallant, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024 au moins, jour où l'accusation a déposé les demandes de mandats d'arrêt", a déclaré dans un communiqué la CPI, qui siège à La Haye.

Dans un autre communiqué, elle émet un mandat d'arrêt contre Mohammed Deif, également pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

La cour "a émis à l'unanimité un mandat d'arrêt contre M. Mohammed Diab Ibrahim Al-Masri, communément appelé +Deif+, pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'État d'Israël et de l'État de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023".

Classés "secrets" 

Les mandats d'arrêt ont été classés "secrets", afin de protéger les témoins et de garantir la conduite des enquêtes, a déclaré la cour.

Mais la CPI "considère qu'il est dans l'intérêt des victimes et de leurs familles qu'elles soient informées de l'existence des mandats".

Le procureur de la CPI, Karim Khan, a demandé en mai à la cour de délivrer des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant (qui a été limogé début novembre par le Premier ministre israélien) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés à Gaza.

M. Khan a également demandé des mandats d'arrêt contre de hauts dirigeant du Hamas, dont Mohammed Deif, soupçonnés de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité.

Selon Israël, Deif a été tué par une frappe le 13 juillet dans le sud de Gaza, bien que le Hamas nie sa mort.

Le procureur a depuis abandonné la demande de mandats d'arrêt contre le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, et le chef du Hamas dans la bande de Gaza Yahya Sinouar, dont les morts ont été confirmées.

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza a annoncé jeudi un nouveau bilan de 44.056 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec Israël il y a plus d'un an.

Au moins 71 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, a-t-il indiqué dans un communiqué, ajoutant que 104.268 personnes avaient été blessées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.