Mexique: une deuxième journaliste assassinée à Tijuana en une semaine

Des journalistes couvrent la scène du crime où la journaliste Lourdes Maldonado a été assassinée à Santa Fe, dans la périphérie de Tijuana, en Basse-Californie, au Mexique, le 23 janvier 2022. (Guillermo Arias/AFP)
Des journalistes couvrent la scène du crime où la journaliste Lourdes Maldonado a été assassinée à Santa Fe, dans la périphérie de Tijuana, en Basse-Californie, au Mexique, le 23 janvier 2022. (Guillermo Arias/AFP)
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Publié le Lundi 24 janvier 2022

Mexique: une deuxième journaliste assassinée à Tijuana en une semaine

  • Lourdes Maldonado Lopez a été tuée par «arme à feu alors qu'elle se trouvait à bord d'un véhicule»
  • Elle avait demandé il y a deux ou trois ans au président de la République, Andres Manuel Lopez Obrador, «appui, aide et justice parce qu'on a peur pour ma vie»

TIJUANA, Mexique Une journaliste, qui avait publiquement déclaré qu'elle craignait pour sa vie il y a déjà quelques années, a été assassinée dimanche à Tijuana, deuxième meurtre d'un professionnel des médias en une semaine dans cette ville du nord-ouest du Mexique, à la frontière des États-Unis.

Lourdes Maldonado Lopez a été tuée par «arme à feu alors qu'elle se trouvait à bord d'un véhicule», a indiqué le parquet général de l'Etat de Basse-Californie dans un communiqué.  Elle «travaillait comme journaliste», a ajouté le parquet en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Des coups de feu ont été entendus vers 18h20 (02h20 GMT) dans un quartier de Tijuana, a rapporté le journal Zeta Tijuana.

Un autre journaliste, le photoreporter Margarito Martinez, avait été tué lundi dernier à Tijuana. Il collaborait avec Zeta, le quotidien Jornada et des journalistes étrangers en reportage à Tijuana. Le parquet a déclaré qu'il n'écartait aucune piste.

La journaliste assassinée dimanche avait travaillé pour Primer Sistema de Noticias (PSN) de Jaime Bonilla, gouverneur de l'Etat de Basse-Californie de 2019 à fin 2021, au sein d'une coalition soutenant le parti présidentiel Morena.

La victime avait gagné il y a quelques jours un procès contre PSN, qu'elle poursuivait depuis neuf ans pour licenciement abusif, avait rapporté la presse mexicaine.

Elle avait demandé il y a deux ou trois ans au président de la République, Andres Manuel Lopez Obrador, «appui, aide et justice parce qu'on a peur pour ma vie», selon une vidéo republiée sur les réseaux sociaux à l'annonce de son assassinat.

«Je suis en procès depuis six ans avec lui», ajoutait-elle au sujet du gouverneur Bonilla, en interpellant le chef de l'Etat lors de l'une de ses conférences de presse.

Le président l'avait renvoyée vers son «coordinateur de communication sociale» (porte-parole) pour «qu'il t'aide et t'appuie, pour que l'on demande justice, pour qu'il n'y ait pas d'abus de pouvoir».

La déléguée de l'ONG Reporters sans frontière (RSF) au Mexique, Balbina Flores, a déclaré à l'AFP qu'il restait à confirmer si Mme Maldonado disposait d'une protection officielle.

La représentante de RSF a demandé aux autorités d'enquêter de manière exhaustive et transparente. La plupart des assassinats de journalistes restent non élucidés.

Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) s'est déclaré «choqué» par ce dernier assassinat, en demandant également aux autorités «d'enquêter de manière exhaustive et transparente».

Au moins sept journalistes ont été tués en 2021 au Mexique, d'après un décompte de l'AFP, qui tente à chaque fois d'établir si la victime était bien encore en activité, et si elle a été tuée à cause de son travail journalistique.

C'est le cas dans l'Etat du Veracruz (sud-est), où un homme présenté comme un journaliste, José Luis Gamboa, a été retrouvé mort poignardé le 10 janvier, ont indiqué lundi plusieurs sources.

Reporters sans frontière et la Commission d'Etat pour la protection des journalistes ont demandé aux enquêteurs de prendre en compte son statut de journaliste.

«Gamboa avait dénoncé et critiqué fortement les autorités locales pour leur relation avec le crime organisé», d'après RSF.

Sur son compte suivi par 1.070 abonnés, la victime se présentait comme le «directeur général» de trois publications en ligne. Dans l'un de ses derniers articles publiés fin décembre - en fait un long éditorial -, José Luis Gamboa dénonçait des acteurs politiques «liés au crime organisé».

Le Mexique est considéré comme l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, exposés aux représailles des cartels de narcotrafiquants à l'oeuvre dans plusieurs des 32 Etats du pays.

Une centaine de journalistes ont été tués depuis 2000, d'après des chiffres de la Commission des droits de l'homme.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.