TIJUANA, Mexique Une journaliste, qui avait publiquement déclaré qu'elle craignait pour sa vie il y a déjà quelques années, a été assassinée dimanche à Tijuana, deuxième meurtre d'un professionnel des médias en une semaine dans cette ville du nord-ouest du Mexique, à la frontière des États-Unis.
Lourdes Maldonado Lopez a été tuée par «arme à feu alors qu'elle se trouvait à bord d'un véhicule», a indiqué le parquet général de l'Etat de Basse-Californie dans un communiqué. Elle «travaillait comme journaliste», a ajouté le parquet en annonçant l'ouverture d'une enquête.
Des coups de feu ont été entendus vers 18h20 (02h20 GMT) dans un quartier de Tijuana, a rapporté le journal Zeta Tijuana.
Un autre journaliste, le photoreporter Margarito Martinez, avait été tué lundi dernier à Tijuana. Il collaborait avec Zeta, le quotidien Jornada et des journalistes étrangers en reportage à Tijuana. Le parquet a déclaré qu'il n'écartait aucune piste.
La journaliste assassinée dimanche avait travaillé pour Primer Sistema de Noticias (PSN) de Jaime Bonilla, gouverneur de l'Etat de Basse-Californie de 2019 à fin 2021, au sein d'une coalition soutenant le parti présidentiel Morena.
La victime avait gagné il y a quelques jours un procès contre PSN, qu'elle poursuivait depuis neuf ans pour licenciement abusif, avait rapporté la presse mexicaine.
Elle avait demandé il y a deux ou trois ans au président de la République, Andres Manuel Lopez Obrador, «appui, aide et justice parce qu'on a peur pour ma vie», selon une vidéo republiée sur les réseaux sociaux à l'annonce de son assassinat.
«Je suis en procès depuis six ans avec lui», ajoutait-elle au sujet du gouverneur Bonilla, en interpellant le chef de l'Etat lors de l'une de ses conférences de presse.
Le président l'avait renvoyée vers son «coordinateur de communication sociale» (porte-parole) pour «qu'il t'aide et t'appuie, pour que l'on demande justice, pour qu'il n'y ait pas d'abus de pouvoir».
La déléguée de l'ONG Reporters sans frontière (RSF) au Mexique, Balbina Flores, a déclaré à l'AFP qu'il restait à confirmer si Mme Maldonado disposait d'une protection officielle.
La représentante de RSF a demandé aux autorités d'enquêter de manière exhaustive et transparente. La plupart des assassinats de journalistes restent non élucidés.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) s'est déclaré «choqué» par ce dernier assassinat, en demandant également aux autorités «d'enquêter de manière exhaustive et transparente».
Au moins sept journalistes ont été tués en 2021 au Mexique, d'après un décompte de l'AFP, qui tente à chaque fois d'établir si la victime était bien encore en activité, et si elle a été tuée à cause de son travail journalistique.
C'est le cas dans l'Etat du Veracruz (sud-est), où un homme présenté comme un journaliste, José Luis Gamboa, a été retrouvé mort poignardé le 10 janvier, ont indiqué lundi plusieurs sources.
Reporters sans frontière et la Commission d'Etat pour la protection des journalistes ont demandé aux enquêteurs de prendre en compte son statut de journaliste.
«Gamboa avait dénoncé et critiqué fortement les autorités locales pour leur relation avec le crime organisé», d'après RSF.
Sur son compte suivi par 1.070 abonnés, la victime se présentait comme le «directeur général» de trois publications en ligne. Dans l'un de ses derniers articles publiés fin décembre - en fait un long éditorial -, José Luis Gamboa dénonçait des acteurs politiques «liés au crime organisé».
Le Mexique est considéré comme l'un des pays les plus dangereux au monde pour les journalistes, exposés aux représailles des cartels de narcotrafiquants à l'oeuvre dans plusieurs des 32 Etats du pays.
Une centaine de journalistes ont été tués depuis 2000, d'après des chiffres de la Commission des droits de l'homme.