Assassinat du président haïtien: plusieurs enquêtes mais le flou perdure

Des politiciens assistent à une cérémonie en l'honneur du Feu, le président haïtien Jovenel Moise, au Musée du Panthéon national à Port-au-Prince, Haïti, le 20 juillet 2021. (Photo, AFP)
Des politiciens assistent à une cérémonie en l'honneur du Feu, le président haïtien Jovenel Moise, au Musée du Panthéon national à Port-au-Prince, Haïti, le 20 juillet 2021. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 janvier 2022

Assassinat du président haïtien: plusieurs enquêtes mais le flou perdure

  • Jovenel Moïse a été abattu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 dans sa résidence privée à Port-au-Prince, un commando composé de Colombiens étant soupçonné
  • Depuis le début de l'année, la justice américaine a inculpé deux hommes à Miami pour leur rôle présumé dans cet assassinat

PORT-AU-PRINCE : Plus de six mois après l'assassinat par un commando armé du président haïtien Jovenel Moïse, les arrestations de suspects se sont multipliées ces dernières semaines dans différents pays, le mobile du crime et ses commanditaires demeurant inconnus.

Mais l'enquête menée à Port-au-Prince semble au point mort, illustrant les graves dysfonctionnements du système judiciaire du pays.

Enquête en Floride

Jovenel Moïse a été abattu dans la nuit du 6 au 7 juillet 2021 dans sa résidence privée à Port-au-Prince, un commando composé de Colombiens étant soupçonné.

Depuis le début de l'année, la justice américaine a inculpé deux hommes à Miami pour leur rôle présumé dans cet assassinat.

Ressortissant colombien, Mario Palacios est suspecté d'être l'un des cinq hommes armés qui sont entrés dans la chambre où a été tué le dirigeant. Il avait été arrêté le 3 janvier au Panama, lors d'une escale d'un vol en provenance de la Jamaïque.

Rodolphe Jaar, citoyen haïtiano-chilien, a lui été présenté jeudi devant un tribunal de Miami, après son arrestation en République dominicaine.

Selon un document versé au dossier par le FBI, M. Jaar a admis lors d'un entretien en décembre avoir fourni des armes et des munitions au groupe de Colombiens.

"Les Etats-Unis se sont dotés d’un outil afin de poursuivre des personnes qui auraient participé à des complots sur le territoire américain même si ces complots auraient été ourdis pour des crimes commis hors du sol américain: c’est une bonne chose", analyse Marie-Rosy Auguste Ducena, avocate au sein du Réseau national de défense des droits de l'Homme en Haïti.

Les mercenaires colombiens ont en effet été recrutés par la société de sécurité CTU, basée à Miami, et plusieurs réunions entre les personnes suspectées ont eu lieu en Floride en amont de l'attaque meurtrière.

Me Philippe Larochelle, avocat du fils du défunt président, reste prudent face à ces inculpations.

"Sous quelle forme auront-ils à répondre de leurs actes aux États-Unis, ça reste à voir", questionne le représentant de Joverlein Moïse. "On est aux premiers balbutiements", estime l'avocat basé à Montréal. 

Juge d'instruction critiqué

Il n'avait fallu que quelques heures à la police haïtienne pour arrêter la vingtaine d'anciens militaires colombiens et deux citoyens haïtiano-américains qui auraient composé le commando ayant assassiné le président de 53 ans.

Incarcérés dans la prison de la capitale haïtienne, ces Colombiens n'ont pas encore été interrogés par le juge d'instruction.

La décision du magistrat Garry Orélien de libérer, début janvier, quatre policiers haïtiens suspectés de complicité a par ailleurs jeté le trouble, Mme Ducena allant jusqu'à accuser le magistrat de "s'adonner à des actes de corruption". 

La demande d'extradition formulée par les autorités haïtiennes contre un suspect arrêté en Turquie en novembre n'a pas encore abouti. 

On ignore si une telle démarche a été entreprise contre John Joël Joseph, ancien sénateur de l'opposition arrêté la semaine dernière en Jamaïque pour son rôle présumé dans l'assassinat du président.

Multiples zones d'ombre

L'attentat contre Jovenel Moïse, bien qu'impopulaire et accusé de dérives autoritaires, avait choqué l'ensemble de la population haïtienne et de nombreuses questions restent sans réponse.

Comment un commando armé a-t-il pu pénétrer jusque dans la chambre présidentielle sans être confronté à une quelconque résistance des unités spécialisées chargées de la sécurité du chef de l’État?

Quel rôle a joué Christian Emmanuel Sanon, un Haïtien de 63 ans basé en Floride et actuellement sous les verrous, après être arrivé dans le pays en juin en compagnie des ressortissants colombiens ?

Où se cache l'ancienne juge à la cour de Cassation Wendelle Coq Thélot, suspectée d'être partie prenante du complot et qui fait l'objet d'un avis de recherche ? 

Pourquoi l'actuel Premier ministre Ariel Henry se serait-il entretenu par téléphone, le jour même de l'attentat, avec Joseph Félix Badio, l'un des principaux suspects ? Quand un procureur a demandé son inculpation, M. Henry a qualifié la démarche de diversion, avant de limoger le magistrat et de nommer un nouveau ministre de la Justice.

"Qui a payé pour que l’assassinat soit perpétré? C’est un aspect qui aurait dû être approfondi par la police judiciaire", estime Marie-Rosy Auguste Ducena.

"Les principaux responsables et commanditaires sont toujours dans l’ombre", déplore de son côté Me Philippe Larochelle. Il estime qu'un tribunal spécial, à l'image de celui mis sur pied après l'assassinat du Premier ministre libanais Rafic Hariri, est "la seule alternative viable" pour son client, qui ne demande "qu'à savoir qui sont les responsables de la mort de son père".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.