Zemmour: une campagne dans un trou d'air

Dans l'après-midi, le candidat a visité le poste-frontière de Menton-Saint-Louis, où une centaine de manifestants ont protesté contre sa venue. (Photo, AFP)
Dans l'après-midi, le candidat a visité le poste-frontière de Menton-Saint-Louis, où une centaine de manifestants ont protesté contre sa venue. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 22 janvier 2022

Zemmour: une campagne dans un trou d'air

  • À 80 jours du premier tour, il obtient autour de 12 à 14% des intentions de vote
  • Sur le front judiciaire, il a fait appel d'une condamnation lundi à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine

PARIS : Entre actualité judiciaire, déplacement chahuté et ressac dans les sondages, la campagne présidentielle d'Éric Zemmour traverse une zone de turbulences, que son camp relativise en mettant en avant les nouveaux ralliés venus du RN, dont celui à venir de l'eurodéputé Gilbert Collard.

Le candidat d'extrême droite a entamé vendredi un déplacement dans les Alpes-Maritimes, à Menton et Antibes, avant un meeting samedi à Cannes, où il espère réunir 4 000 personnes au Palais des Victoires. Et exhiber sa nouvelle recrue, Gilbert Collard.

"Demain je vais me baigner à la rivière (...) Rubicon", a annoncé l'ex-avocat vendredi sur Facebook, avant que l'entourage de M. Zemmour confirme son ralliement.

Dans l'après-midi, le candidat a visité le poste-frontière de Menton-Saint-Louis. Une centaine de manifestants ont protesté contre sa venue, dont Cédric Herrou, l'agriculteur poursuivi – puis relaxé en mars – pour avoir convoyé des migrants venus d'Italie et organisé un camp d'accueil en 2016 dans la vallée de la Roya. 

Eric Zemmour y a fustigé les associations d'aide aux migrants, qui seront "traitées comme des ennemis" s'il est élu, car elles agissent" contre la survie de la France. Cédric Herrou devrait être en prison", a-t-il estimé. 

Débauchées chez sa rivale Marine Le Pen (RN), ses deux nouvelles recrues l'entouraient: l'eurodéputé Jérôme Rivière et l'ancien identitaire Damien Rieu, qui assure que le RN "stagne" et "régresse", alors que "Zemmour est une fusée, avec une dynamique et des ralliements".

Côté sondages, Éric Zemmour est pourtant en recul. À 80 jours du premier tour, il obtient autour de 12 à 14% des intentions de vote, paraissant décroché de Valérie Pécresse (LR) et de Marine Le Pen (autour de 17 et 18%) et loin d'Emmanuel Macron (LREM, 24-25%).

"En ce moment, c'est Macron qui réussit son coup" en "instrumentalisant" la crise sanitaire, considère son entourage, qui pense que tout peut changer "le jour où ça redescend côté Covid...".

À Cannes, Éric Zemmour compte s'exprimer sur le "scandale des squats" après plusieurs affaires fortement médiatisées dans la région.

Ce voyage suit huit jours difficiles pour l'ancien polémiste, inaugurés par la bronca provoquée par ses propos contre "l'obsession de l'inclusion" des élèves handicapés à l'école. Le candidat Reconquête! a passé la semaine à nuancer sa sortie, plaidant pour trouver des solutions adaptées à chaque enfant, milieu scolaire classique ou établissements spécialisés.

Sur le front judiciaire, il a fait appel d'une condamnation lundi à 10 000 euros d'amende pour provocation à la haine, après des propos sur les mineurs migrants isolés en 2020 sur CNews.

«Le coup de François Fillon»

Puis jeudi, la cour d'appel de Paris a rejeté sa demande de renvoi dans un autre procès, pour contestation de crime contre l'humanité, après avoir soutenu en 2019 sur CNews que le maréchal Pétain avait "sauvé" des juifs français. La décision de la Cour ne sera toutefois rendue qu'après la présidentielle. Le tribunal l'avait relaxé en première instance, estimant les propos prononcés "à brûle-pourpoint lors d'un débat sur la guerre en Syrie".

"Je maintiens toujours mes propos et je sais que j'ai raison historiquement", a déclaré Eric Zemmour à Nice-Matin.

"La justice est instrumentalisée. (...) On veut me refaire le coup de François Fillon. On veut voler l’élection aux Français et on veut utiliser la justice pour ostraciser un des principaux candidats à l'élection présidentielle", a-t-il affirmé.

Mercredi, le candidat avait choisi Calais et le site venteux de l'ancienne "jungle" pour donner sa vision de l'Europe, fustiger "l'invasion migratoire" et répondre à distance à l'intervention d'Emmanuel Macron devant le Parlement européen. 

Mais son déplacement s'est conclu dans la précipitation dans la ville voisine de Marck. Une trentaine de militants associatifs et antifascistes ont manifesté devant le bistrot où il échangeait avec "des représentants" de policiers.

Sorti par une porte dérobée, avant de rentrer à Paris, le candidat a accusé la presse de "collusion", en transmettant les lieux de rendez-vous calaisiens à "des militants d'extrême gauche" pour perturber sa visite. Son entourage affirme avoir déposé plainte contre "un journaliste identifié".


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté. 


« La France doit produire plus pour manger mieux », affirme la ministre de l'Agriculture

Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard  L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'adresse à la presse en compagnie de la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard L'édition 2025 du SIA (Salon International de l'Agriculture) Agriculture se tient à Paris du 22 février au 2 mars 2025. (Photo par Thomas Padilla / POOL / AFP)
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  • la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».
  • « La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté.

PARIS : « La France doit produire plus pour manger mieux », a affirmé dimanche, lors de l'inauguration du stand du ministère au Salon de l'agriculture, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard, livrant sa vision de la souveraineté alimentaire.

« Dans ce moment de grand bouleversement de l'ordre international (...), la France doit affirmer sa souveraineté agricole comme un enjeu régalien et réarmer sa puissance alimentaire », a-t-elle déclaré, appelant à « sonner la mobilisation générale ».

« La France doit produire plus pour manger mieux. Produire plus pour reconquérir l’assiette des Français, produire plus pour importer moins et garantir les standards de production que nous exigeons de nos paysans », a-t-elle ajouté, suscitant des applaudissements dans le public, largement composé de représentants du monde agricole (producteurs, interprofessions, syndicats, chambres d'agriculture, etc.).

« Produire plus pour pouvoir investir et ainsi produire mieux. Produire plus pour rester une puissance exportatrice et jouer dans la cour des grands alors que de nouveaux équilibres de la géopolitique agricole se dessinent », a-t-elle poursuivi, au côté de son homologue marocain, Ahmed El Bouari, dont le pays est l'invité d'honneur du Salon.

« Produire plus et tourner le dos aux partisans de la décroissance et du repli sur soi », a ajouté Mme Genevard.

Tout en estimant qu'il est « un non-sens » d'opposer agriculture et environnement alors que les agriculteurs travaillent « avec la nature », elle a déclaré se battre « chaque jour pour qu'on ne bride pas l'alimentation au nom de la planète, alors qu'il n’y a aucun bénéfice objectif à ces entraves administratives ou réglementaires ».

La ministre s'en est ensuite vigoureusement pris aux « idéologues », « les procureurs qui mangent du paysan à tous les repas sans en avoir jamais vu, pour entretenir le fantasme d'une France agricole productiviste ».

« On invoque souvent la dette environnementale que nous pourrions laisser à nos enfants. Mais je ne veux pas non plus leur laisser une dette alimentaire », a-t-elle encore affirmé.