Pandémie ou endémie? L'Espagne lance le débat sur l'avenir de la Covid-19

Vendredi, des personnes âgées participent à un cours de danse en pleine pandémie de coronavirus à Barcelone. (Reuters)
Vendredi, des personnes âgées participent à un cours de danse en pleine pandémie de coronavirus à Barcelone. (Reuters)
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Publié le Jeudi 20 janvier 2022

Pandémie ou endémie? L'Espagne lance le débat sur l'avenir de la Covid-19

  • «Endémique en soi ne signifie pas que c'est bien; endémique signifie simplement que c'est là pour toujours», a souligné le directeur des urgences de l'OMS
  • Lorsque le coronavirus sera véritablement endémique, «la plupart des gens auront des symptômes bénins» et seul quelques uns décèderont de complications, estime le Dr Garcia

PARIS: En faisant part de sa volonté de traiter la Covid-19 comme une maladie "endémique", l'Espagne a lancé le débat entre des gouvernements qui aspirent à un retour à la normalité et une communauté médicale qui estime cette évolution prématurée et appelle à la prudence.


La pandémie va-t-elle pouvoir être traitée à terme comme une simple grippe? Si plusieurs responsables politiques ont évoqué cette hypothèse, le gouvernement espagnol du socialiste Pedro Sanchez a été le plus explicite dans sa volonté de faire évoluer sa stratégie sanitaire dans cette direction.


L'Espagne "travaille avec la communauté scientifique" pour, le moment venu, "passer d'une gestion de pandémie à une gestion d'une maladie dont nous espérons qu'elle soit rendue endémique par la science", a affirmé lundi M. Sanchez.


Cette étape, selon le gouvernement espagnol, serait rendue possible par les progrès réalisés en matière de vaccination, mais aussi par le nouveau contexte épidémique, marqué par l'omniprésence du variant Omicron.


Ce dernier a entraîné une explosion des contaminations dans de nombreux pays, mais avec des effets plus limités sur les hospitalisations et les décès, ce qui a amené plusieurs pays à alléger les restrictions sanitaires.


"Alors que la Covid devient endémique, nous devons remplacer les obligations légales par des conseils et recommandations", a ainsi affirmé le Premier ministre britannique Boris Johnson en annonçant mercredi la prochaine levée de l'essentiel des restrictions anti-Covid.


Mais des voix se sont élevées pour avertir qu'une telle évolution était prématurée. La pandémie "est loin d'être terminée", a mis en garde mardi le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, en rappelant que "de nouveaux variants" étaient "susceptibles d'émerger".


Pour l'agence onusienne, une éventuelle transformation de la Covid-19 en "endémie", à savoir une maladie infectieuse présente de façon latente, ne devrait d'ailleurs pas se traduire par un relâchement sanitaire.


"Endémique en soi ne signifie pas que c'est bien; endémique signifie simplement que c'est là pour toujours", a souligné mardi le directeur des urgences de l'OMS, Michael Ryan, en rappelant que "le paludisme endémique" tuait chaque année "des centaines de milliers" de personnes.

«Fausses illusions»
L'Espagne est bien placée pour lancer ce débat, car elle a l'un des taux de vaccination les plus élevés au monde, avec 90,5% des plus de 12 ans entièrement immunisés.


Mais pour Fernando Garcia, chercheur au Centre national d'épidémiologie en Espagne et porte-parole de l'Association madrilène de santé publique, parler de fin de la pandémie à ce stade revient à "créer de fausses illusions".


"Nous nous dirigeons effectivement vers une endémie accrue du virus, mais je pense que nous ne pouvons pas dire que nous avons déjà atteint cette situation", a souligné Marco Cavaleri, responsable de la stratégie de vaccination de l'Agence européenne des médicaments (EMA).


En ce qui concerne le nombre de cas, il n'existe pas de frontière claire entre l'épidémie et l'endémie.


"L'épidémie, c'est quand il y a une flambée de cas très importante, au-dessus de la normale, ce que nous vivons depuis le début de l'année 2020. Et l'endémie, ce sont les maladies qui peuvent avoir un comportement saisonnier, mais qui ne mettent pas le système de santé sous tension", explique à l'AFP le Dr Garcia.


Pour les spécialistes, il n'est pas non plus acquis qu'un virus soit amené à causer moins de dégâts en évoluant.


"La gravité future reste une grande inconnue. Il n'y a pas de loi qui stipule qu'un virus s'atténue avec le temps. Il est très difficile de prédire l'évolution de la virulence", a prévenu Antoine Flahault, directeur de l'Institut de santé globale de Genève, sur Twitter.

Symptômes bénins 
Lorsque le coronavirus sera véritablement endémique, "la plupart des gens auront des symptômes bénins" et seul quelques uns décéderont de complications, estime le Dr Garcia.


Dans une telle situation, "il n'arrivera jamais qu'un quart des lits dans les unités de soins intensifs soient occupés par des malades de la Covid, même pas 5%", poursuit-il.


Actuellement, plus de 23% des lits en unité de soins intensifs en Espagne sont occupés par des patients Covid. Plus de 91.000 personnes dans le pays sont décédées du Covid-19 depuis le début de la pandémie, dont 2.610 entre le 17 décembre et le 18 janvier.


A l'instar du gouvernement espagnol, certains professionnels ont également appelé à un changement de stratégie.


"Arrêtons de tester les personnes en bonne santé présentant des symptômes mineurs, arrêtons de tracer et de tester leurs contacts, abandonnons l'isolement et la quarantaine", a ainsi réclamé début janvier la Société espagnole de médecine familiale et communautaire (Semfyc).


Afghanistan: rare visite du chef suprême taliban à Kaboul

Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
Le mystérieux chef suprême des autorités talibanes, Hibatullah Akhundzada, a effectué une visite rare dans la capitale afghane, a indiqué vendredi un site Internet du gouvernement, quittant son complexe isolé de Kandahar pour rencontrer les hauts responsables du pays. (AP)
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  • Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement
  • Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables

KABOUL: Le chef suprême des talibans, l'émir Hibatullah Akhundzada, qui vit reclus dans son fief de Kandahar (sud), a fait une rare visite à Kaboul pour s'adresser à tous les gouverneurs des provinces afghanes, a-t-on appris vendredi de source talibane.

Le site taliban Al Emarah a posté des extraits du discours prononcé jeudi par l'émir au ministère de l'Intérieur en présence de hauts responsables, dont les gouverneurs des 34 provinces.

Cette visite entourée du plus grand secret de l'émir, dont une seule photo a jamais été rendue publique, lui a permis d'insister auprès des gouverneurs sur la priorité "à accorder à la religion sur les affaires du monde" et "à promouvoir la foi et la prière parmi la population".

L'émir a déclaré que l'obéissance était "une obligation divine", toujours selon Al Emarah, et appelé à "l'unité et à l'harmonie".

"Le rôle de l'émirat est d'unir le peuple", a insisté Hibatullah Akhundzada, et celui des gouverneurs "de servir le peuple".

Les gouverneurs ont été ainsi encouragés à "accorder la priorité à la loi islamique plutôt qu'à leurs intérêts personnels", et à lutter contre "le favoritisme" ou "le népotisme".

"La motivation de cette visite" de l'émir à Kaboul "semble être de rappeler la discipline, notamment la discipline financière", décrypte une source diplomatique occidentale. "Il est ici question de renforcer la discipline et l'unité".

Cette visite pourrait également être motivée par "une préoccupation au sujet des troubles du Badakhshan et de la manière dont ils sont gérés". Dans cette province du nord-est, plusieurs paysans cultivant du pavot malgré son interdiction ont été tués par des unités antinarcotiques talibanes au début du mois.

Les autorités afghanes ont par ailleurs réprimé des manifestations de nomades sédentarisés kouchis dans la province du Nangarhar (est) et sont confrontées à des attentats meurtriers réguliers du groupe jihadiste Etat islamique, particulièrement à Kaboul.

Le pouvoir en Afghanistan s'exerce entre deux pôles: à Kandahar, le fief du mouvement d'où le chef suprême dirige le pays par décret, et à Kaboul, siège du gouvernement. Si les décrets du leader suprême font autorité, les analystes font toutefois état de voix discordantes s'élevant du clan des responsables afghans plus "pragmatiques".

"A chaque fois qu'il y a des craquements ou des désaccords, Kandahar intervient et rappelle à chacun la nécessité de renforcer l'unité", conclut la source diplomatique.

L'émir n'était venu qu'une fois auparavant à Kaboul depuis le retour des talibans au pouvoir et ne s'exprime très rarement depuis son accession à la fonction suprême en 2016.

Le mystérieux mollah avait prononcé son dernier discours public le 10 avril dans une mosquée de Kandahar lors de la prière de l'Aïd el-Fitr marquant la fin du ramadan, mais aucune photo de lui n'avait circulé.

 

 


Sánchez annoncera mercredi la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien

Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
Sanchez a déclaré en mars que l’Espagne et l’Irlande, ainsi que la Slovénie et Malte, avaient convenu de faire les premiers pas vers la reconnaissance d’un État palestinien aux côtés d’Israël, considérant qu’une solution à deux États est essentielle à une paix durable. (AFP)
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  • M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai
  • Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche

MADRID: Le Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez a indiqué vendredi qu'il annoncerait mercredi prochain la date de la reconnaissance par l'Espagne d'un Etat palestinien, affirmant que celle-ci n'aurait donc pas lieu le 21 mai, mais "les jours suivants".

"Nous sommes en train de nous coordonner avec d'autres pays pour pouvoir faire une déclaration et une reconnaissance communes", a déclaré M. Sánchez, lors d'une interview à la chaîne de télévision La Sexta, pour expliquer pourquoi l'Espagne ne procèderait pas à cette reconnaissance dès mardi, date évoquée notamment par Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.

M. Borrell avait déclaré la semaine dernière avoir été informé par le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, que la date choisie était le 21 mai.

M. Sánchez n'a pas précisé les pays avec lesquels son gouvernement était en discussions à ce sujet, mais il avait publié en mars à Bruxelles un communiqué commun avec ses homologues irlandais, slovène et maltais dans lequel ils faisaient part de la volonté de leur quatre pays de reconnaître un Etat palestinien.

Le chef de la diplomatie irlandaise, Micheal Martin, a confirmé mardi que Dublin "(reconnaîtrait) l'Etat de Palestine avant la fin du mois", sans toutefois indiquer de date ni dire si d'autres pays se joindraient à l'Irlande.

Le schéma envisagé jusqu'à maintenant à Madrid était celui d'un décret adopté mardi en conseil des ministres par le gouvernement de gauche.

M. Sánchez doit comparaître le lendemain devant le Congrès des députés pour faire le point sur divers sujets d'actualité, dont la politique de Madrid au Proche-Orient et la reconnaissance d'un Etat palestinien, sujet sur lequel l'Espagne est en pointe.

"Je pense que je serai en mesure le 22 (...) de clarifier devant le Parlement la date à laquelle l'Espagne reconnaîtra l'Etat palestinien", a-t-il dit.

"Sérieux doutes 

M. Sánchez est devenu au sein de l'UE la voix la plus critique vis-à-vis du gouvernement israélien et de son offensive militaire dans la bande de Gaza contre le mouvement palestinien Hamas.

Le conflit actuel a été déclenché le 7 octobre par une attaque surprise du Hamas dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes du côté israélien, dans leur grande majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

L'offensive militaire lancée en riposte par Israël a causé la mort d'au moins 35.303 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, selon le dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Evoquant la situation à Gaza, M. Sánchez a de nouveau sévèrement critiqué vendredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Interrogé sur le fait de savoir s'il considérait les évènements de Gaza comme un génocide, le chef du gouvernement espagnol a évité de répondre, mais a déclaré, à trois reprises, avoir de "sérieux doutes" sur le respect des droits humains par Israël.

Il a aussi établi un parallèle entre l'invasion de l'Ukraine par la Russie et l'offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza.

"Nous défendons la légalité internationale", a-t-il dit. "En Ukraine, logiquement, on ne peut pas violer l'intégrité territoriale d'un pays, comme le fait la Russie (...). Et en Palestine, ce que l'on ne peut pas faire, c'est ne pas respecter le droit humanitaire international, comme le fait Israël".

La politique de Madrid, a-t-il conclu, "est appréciée par la communauté internationale, aussi bien du point de vue du gouvernement ukrainien que du point de vue de la communauté arabe".

 

 


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.