Venezuela, décadence d'un géant pétrolier empêtré dans la crise

Vue d'une plate-forme pétrolière au sud du lac Maracaibo, au large de Maracaibo, Venezuela, le 7 septembre 2021. (Photo, AFP)
Vue d'une plate-forme pétrolière au sud du lac Maracaibo, au large de Maracaibo, Venezuela, le 7 septembre 2021. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Mercredi 19 janvier 2022

Venezuela, décadence d'un géant pétrolier empêtré dans la crise

  • En 2008, le Venezuela produisait 3,2 millions de barils par jour et le pays était un des poids lourd économiques d'Amérique latine
  • Treize ans plus tard, il ne sort qu'entre 500 000 et 1 million de barils du sous-sol du pays qui traverse une crise sans précédent avec un PIB par habitant tombé au niveau de celui de Haïti

PUERTO CONCHA : Tuyauterie et armatures rongées par la rouille, pièces détachées qui trainent au sol, fuites... Dans l'ancien champ pétrolier du lac de Maracaibo (ouest) des escaliers ne mènent nulle part, métaphore de l'industrie pétrolière du Venezuela jadis florissante et aujourd'hui en plein marasme.

Même si la production dans l'est du pays se porte mieux, la désuétude dans laquelle se trouvent les installations dans l'Etat de Zulia, où est née l'industrie pétrolière vénézuélienne il y a plus d'un siècle, est symbolique de la décadence de cet ancien géant pétrolier.

En 2008, le Venezuela produisait 3,2 millions de barils par jour et le pays était un des poids lourd économiques d'Amérique latine. Treize ans plus tard, il ne sort qu'entre 500 000 et 1 million de barils du sous-sol du pays qui traverse une crise sans précédent avec un PIB par habitant tombé au niveau de celui de Haïti.

En son temps, le gisement de Maracaibo, appelé les "7 dalles", était une ville flottante qui brillait la nuit, avec un halo visible à des kilomètres à la ronde. Aujourd'hui, c'est un désert humide à l'air lourd rempli d'effluves d'hydrocarbures dont des nappes de brut échappées des puits flottent par endroits.

Les plateformes ont été pillées et dépouillées de tout ce qui avait la moindre valeur... y compris les robinets et valves contrôlant la sortie du pétrole et des gaz.

Plus grand monde ne se risque dans la zone "par peur d'une explosion en raison des gaz", affirme un pêcheur sous couvert d'anonymat.

Le 11 janvier, une explosion d'un oléoduc à l'autre bout du pays dans une zone pétrolière du nord-est a fait trois blessés. Les organisations syndicales et les dirigeants de l'opposition signalent fréquemment des accidents mais le pouvoir parle plutôt de "sabotages" et "actions criminelles" faisant "partie de la guerre permanente menée par des groupes appartenant à l'extrême droite vénézuélienne, soutenus par l'impérialisme nord-américain".

On est loin de la prospérité des années 1970 quand le pays était surnommé "Venezuela Saoudite". A cette époque, l'ensemble des compagnies pétrolières ont été nationalisées.

Contrôle politique

Entreprise étatique gigantesque, PDVSA (Petroleos de Venezuela) avait un monopole qui a perduré jusqu'à "l'ouverture pétrolière" dans les années 1990, mais cette libéralisation a ensuite été partiellement annulée avec l'arrivée au pouvoir de Hugo Chavez. Président d'inspiration socialiste (1999-2013), il a imposé aux compagnies présentes de s'associer avec PDVSA qui devait être majoritaire dans ces associations.

Corruption, choix stratégiques discutables, problèmes de maintenance, sanctions financières, vieillissement de l'outil industriel... le secteur peine à retrouver ses niveaux d'antan.

Sollicitée par l'AFP, l'entreprise n'a pas répondu.

Selon la plupart des analystes, une des périodes charnières a été le bras de fer au début des années 2000 entre Chavez (1999-2013) et les dirigeants de PDVSA. Cette opposition a culminé avec une grève historique de décembre 2002 à mars 2003 suivie par la prise de contrôle totale de l'entreprise par le pouvoir politique.

Dénonçant le "sabotage" de la production, le défunt président a ensuite licencié de nombreux cadres et des milliers d'employés pour rembaucher des gens "loyaux à la révolution" mais qui n'avaient pas forcément de compétence dans le domaine.

PDVSA est ainsi "devenue la vache à lait de l'Etat" ainsi que le centre de recrutement de ses "fidèles serviteurs", sans prendre en compte les besoins d'investissement de l'entreprise, relate un analyste.

La plupart des personnes interrogées par l'AFP ont préféré témoigner sous couvert d'anonymat sur ce sujet extrêmement sensible au Venezuela.

«Familles brisées»

Carlos (dont le prénom a été changé) avait 18 ans quand il est entré dans PDVSA dans les années 2000. La production avait alors chuté à un plancher historique de 25 000 barils par jour mais il a ensuite connu les beaux jours, jusqu'à ce que "PDVSA se transforme en parti politique" avec une piteuse gestion de l'entreprise et des nationalisations de sous-traitants.

Quelque 70 entreprises chargées de l'entretien, du transport du personnel, sont ainsi devenues en 2009 dans l'Etat de Zulia propriétés de PDVSA.

"Les expropriations" ont eu pour conséquence "le manque d'entretien, la démotivation des employés", qui ont vu leur salaires chuter, explique Carlos.

Il dit avoir divorcé quand ses revenus se sont réduits comme peau de chagrin. "Beaucoup de femmes ont quitté leur mari parce qu'ils ne travaillaient plus à PDVSA. Des familles se sont brisées. Je ne gagnais plus assez", assure-t-il.

A cette époque, la moitié des 34 000 puits du pays étaient paralysés.

En 2013, la crise s'est amplifiée. Faute de paiement, des sous-traitants ont commencé à arrêter de travailler. Les ampoules qui grillaient n'étaient plus remplacées et le ravitaillement en restauration des plateformes s'est arrêté. Certains ouvriers chargés de l'extraction étaient donc obligés de passer leur journée "à pêcher pour se nourrir", raconte Maria, (prénom également modifié).

Larmes aux yeux

Maria travaillait aussi pour PDVSA. En 2016, elle a constaté l'étendue des dégâts sur le port de Maracaibo, la capitale pétrolière de l'Ouest, jadis grouillante d'activité: cimetière de bus délabrés, de bateaux échoués et ouvriers faisant acte de présence et se tournant les pouces.

"Ca m'a fait mal. Les larmes me sont venues aux yeux", raconte-t-elle.

A cette époque, tout était politique, jusqu'aux économiseurs d'écrans qui diffusaient des photos et maximes de Chavez ou de l'actuel président Nicolas Maduro.

"Nommer des gens en fonction de la politique a beaucoup affecté la production (...). On a écarté du personnel avec de l'expérience et la méritocratie a disparu", dit-elle.

Tout cela a créé un "terreau de corruption" avec des malversations au plus haut niveau --certains dirigeants ont été condamnés à des peines de prison-- jusqu'au niveau opérationnel avec le vol ou le pillage de matériel.

En 2017 le pouvoir a lancé une vaste opération contre la corruption au sein de PDSVA visant d'ex-dirigeants du groupe pétrolier d'Etat dont son ex-président Rafael Ramirez, accusé par le procureur général Tarek William Saab, d'être un des principaux responsables "de la faillite due à la corruption" du groupe pétrolier. Exilé en Italie, celui-ci assure que ces accusations sont politiques.

Plusieurs témoins évoquent aussi l'utilisation de véhicules d'entreprise à des fins personnelles, des achats privés avec les fonds de l'entreprise, des vols de télévisions et d'ordinateurs. La gabegie a lentement tout rongé.

«Entre les mains de Dieu»

Carlos Mendoza Pottella, professeur d'économie pétrolière à l'Université centrale du Venezuela (UCV), nuance le constat, soulignant que ce type de comportement se produisait déjà dans les années 1980, pourtant une époque dorée.

Face à la décadence en cours, de nombreux agents de PDVSA ont quitté le navire en perdition pour trouver un autre travail et devenir chauffeur de taxi ou employé de supermarché.

Maria continue à venir deux fois par semaine au travail pour un salaire de 60 bolivares par mois (moins de 15 dollars). Avant, il y avait, en plus des bons salaires, une assurance médicale, des aide aides scolaires. "Maintenant nous sommes entre les mains de Dieu", dit-elle.

"Aujourd'hui, aucun travailleur du pétrole ne vit avec son salaire de PDVSA", poursuit-elle. Les seuls correctement payés le sont car "employés dans des +entreprises mixtes+", des joint-ventures avec la Chine ou la Russie, pays politiquement amis du Venezuela.

L'hémorragie a atteint tous les niveaux: de la main d'œuvre non-qualifiée aux ingénieurs ou géologues, partis gagner leur vie à l'étranger. "Certains avaient été formés par PDVSA mais le gouvernement les a laissés partir", souligne Maria.

Autre problème, les fréquentes coupures électriques depuis 15 ans dans l'Etat de Zulia, dont Maracaibo est la capitale. Devenues si habituelles à une certaine période que le travail s'interrompait à midi.

Le Venezuela se trouve ainsi dans un paradoxe dont il a du mal à sortir: malgré des réserves mondiales surabondantes, il y a une pénurie d'essence et Caracas a même dû importer du carburant iranien à certaines périodes.

Sanctions

Et cette pénurie influe elle-même sur la production car elle complique toute la chaîne logistique.

Même si la chronologie des événements ne correspond pas à la version des autorités, le pouvoir vénézuélien accuse les sanctions américaines, dont les premières datent de 2014 et qui ont été alourdies par Donald Trump en 2017, d'être responsables de l'état désastreux de l'appareil pétrolier.

Traditionnellement hostile aux dirigeants socialistes, Washington, qui entretenait des relations tendues avec Chavez, cherche à évincer Nicolas Maduro du pouvoir alors que l'opposition a boycotté sa réélection en 2018 et les législatives de 2020, jugeant les scrutins "frauduleux". Une cinquantaine de pays ne reconnaissent pas Maduro comme le président légitime du pays.

Il est vrai que les Etats-Unis, qui étaient le principal acheteur du brut vénézuélien, ont particulièrement visé le secteur pétrolier, empêchant notamment l'achat de pièces de rechange.

Les sanctions compliquent la tâche des employés qui tentent de remettre l'industrie sur les rails.

Aux "7 dalles", Roy, pêcheur âgé de 30 ans, se souvient de ses débuts avec son père et comment il était impressionné par "La Casona" (la grande maison), une plate-forme logistique pour les 13 puits du site. "Il y avait toujours quatre ou cinq bateaux" autour, dit-il.

Fuites

Aujourd'hui, des jets de brut s'échappent parfois des plateformes. "Un jour, j'ai vu un jet de 70 m. Je croyais que c'était de l'eau mais c'était du pétrole", raconte-t-il.

Les rejets non-contrôlés des puits polluent le lac de Maracaibo (13 000 km 2) depuis des années. Certaines parties privées d'oxygène en raison de nappes de brut sont appelées des "zones mortes".

Les résidents en souffrent. "Les nappes de brut t'empêchent de travailler", dit Roy dont les filets s'engluent parfois dans le liquide visqueux. Il dit avoir perdu plus de 100kg de crabes souillés par le pétrole.

En octobre 2021, la NASA a diffusé des images satellites édifiantes du lac montrant des spirales d'algue et de nombreuses nappes de brut.

"Au fond du lac, il y a (un enchevêtrement) des tuyaux et des pipelines, comme un plat de spaghetti, libérant du pétrole qui tue la biodiversité", se désole l'expert Mendoza Pottella.

Mais ce n'est pas le seul site concerné. L'existence de fuites, rarement signalées par PDVSA, sont rapportées partout où est exploité du pétrole au Venezuela.

«Petite reprise»

Près de Maturin, la capitale de l'Etat de Monagas (nord-est), les fuites sont fréquentes dans les énormes canalisations qui traversent les fermes et les maisons. Dans le petit village de Los Pozos de Guannipa, les pipelines sont fissurés. "Il y a un écoulement continu", se plaint Eleazar, paysan modeste qui fait pousser bananes et papayes. "Ca contamine tout".

Pour autant, le président Maduro s'est félicité début janvier du rebond de la production à 1 million de barils/jour et a fixé pour objectif en 2022 d'atteindre les 2 millions de barils/jour.

En 2021, il y a eu "une petite reprise" des activités pétrolières "et PDVSA" repaie ses sous-traitants, indique à l'AFP un homme d'affaires ayant des décennies d'expérience dans le monde du pétrole.

Jusqu'à il y a quelques mois encore "pratiquement tout" était arrêté, ajoute-t-il.

A une époque où les énergies fossiles sont décriées, le président Maduro, qui a hérité d'une industrie déjà en chute libre, assure que le pays va sortir de la dépendance au pétrole.

"Nous n'allons pas hypothéquer la vie d'un pays pour un produit, le temps de la +rente pétrolière+ est révolu", jure le président qui parie désormais sur la "diversification économique".


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Short Url
  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Short Url
  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Short Url
  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.