LONDRES: De hauts responsables politiques européens et britanniques ont exhorté l’ONU lundi à mener une enquête sur les massacres de prisonniers politiques perpétrés par le régime iranien en 1988.
Lors d’un événement organisé par le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) auquel Arab News a assisté, d’anciens chefs d’État et des membres importants du Parlement ont apporté leur soutien à une campagne en faveur de la responsabilisation des auteurs des massacres.
Guy Verhofstadt, Premier ministre belge de 1999 à 2008, a qualifié les massacres – dans lesquels le président iranien Ebrahim Raïssi a joué un rôle clé en tant que procureur à Téhéran – de «génocide».
«La crise de l’impunité en Iran a atteint un sommet en juin lorsque M. Raïssi a été nommé président du régime. Il est l’un des principaux responsables du massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en 1988», déclare M. Verhofstadt, désormais membre du Parlement européen.
«Au lieu d’être jugé pour crimes contre l’humanité, il occupe le poste de président. Cela montre que l’impunité règne en Iran.»
Les meurtres de 1988 visaient principalement l’Organisation des moudjahiddines du peuple iranien (OMPI), un groupe d’opposition qui a joué un rôle clé dans la révolution de 1979, mais qui a ensuite été violemment rejeté par le Guide suprême de l’époque, Rouhollah Khomeini, alors qu’il cherchait à consolider le pouvoir.
L’OMPI est la plus grande organisation constitutive du CNRI, un mouvement qui réunit les groupes d’opposition iraniens.
De nombreux membres actuels du CNRI ont perdu des parents et des amis dans les massacres, qu’Amnesty International a qualifiés de «crimes contre l’humanité».
«Les architectes et les auteurs de génocides doivent toujours être traduits en justice. Les crimes contre l’humanité ne peuvent jamais rester impunis. Nous sommes choqués par le génocide qui a eu lieu en Iran en 1988. Ces hommes et ces femmes sont morts uniquement parce qu’ils luttaient pour un Iran libre et démocratique», souligne M. Verhofstadt.
John Bercow, qui a occupé le poste de président du Parlement britannique pendant une décennie jusqu’en 2019, était également présent à l’événement de lundi.
Plus connu pour ses rappels à l’ordre à l’intention des députés indisciplinés, il a adopté un ton sombre pour dire aux participants que «le massacre de 1988 doit faire l’objet d’une enquête». M. Raïssi «doit être poursuivi pour crimes contre l’humanité», insiste M. Bercow. «Il est une honte.»
M. Bercow a également exprimé son soutien plus général à la mission du CNRI, se qualifiant d’«allié» et d’«ami» du groupe et réitérant son soutien à leur slogan: «À bas l’oppresseur, qu’il s'agisse du chah ou du Guide suprême». Il a ajouté: «Je soutiens votre appel à une République laïque et démocratique.»
Parmi les autres intervenants à l’événement de lundi figuraient l’ancien Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, et l’ancien ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini.
Tous deux ont fait écho aux appels de MM. Bercow et Verhofstadt en faveur d’une enquête sur les massacres de 1988 qui, selon eux, continuent d’être étouffés à ce jour, et ont soutenu le CNRI sous la direction de Maryam Radjavi, la présidente élue du groupe.
Selon Mme Radjavi, présidente du CNRI depuis 1993, l’organisation cherche à mettre en place un gouvernement qui soit «l’alternative démocratique au régime clérical».
Le NCRI «cherche à instaurer une République fondée sur la séparation de la religion et de l’État, l’égalité des sexes et l’autonomie des groupes ethniques opprimés», ajoute-t-elle.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com