NANTES : Jean-Luc Mélenchon tient dimanche après-midi à Nantes un meeting "immersif et olfactif", nouvelle expérimentation de militantisme politique dans la lignée de sa campagne de 2017, visant à le démarquer au sein d'une gauche divisée et à la peine dans les sondages.
La gauche compte en effet depuis samedi une sixième candidature principale en la personne de Christiane Taubira, dont l'éloquence et la notoriété pourraient concurrencer celles de M. Mélenchon.
Mais La France insoumise, armada à l'organisation rodée depuis la présidentielle de 2017, espère avoir plusieurs coups d'avance, notamment grâce à ses tentatives de renouveler le militantisme politique.
Les fameux hologrammes de 2017 reviendront le 5 avril pour des meetings simultanés dans plusieurs villes de France. Les Insoumis défileront dans les rues de Paris le 20 mars. Mais avant, nouveauté de 2022, ce meeting "immersif et olfactif" à Nantes dimanche.
"Ça va être un événement politique positif", a promis Jean-Luc Mélenchon.
Aidée par la société Videlio et le scénographe David Mathias, son équipe a vu les choses en grand pour le premier meeting de 2022 de son candidat. À ExpoNantes, va être installée une structure dont les quatre murs d'une largeur de 50 mètres et le plafond seront composés d'écrans, permettant la diffusion d'images à 360 degrés pour les 3 000 personnes du public.
Un dispositif diffusant des odeurs complètera l'immersion.
"Cela permet de créer des univers afin de donner corps à des concepts plus abstraits", puisque les thèmes du meeting seront la culture, le numérique, l'espace et la mer, explique le député Bastien Lachaud, l'un de ses artisans.
Le but est aussi de prouver que la technologie peut relier les gens, qui vont "vivre ensemble ce qu'un individu vit seul avec un casque de réalité augmentée".
Se rassembler permet "de redonner de la joie militante, de l'espoir, de ne pas s'enfermer dans une ambiance déprimante, morose", estime aussi Aurélie Trouvé, présidente du parlement de campagne, dit "de l'Union populaire".
"Il faut combattre l'idée que la gauche serait morte parce qu'il n'y a pas qu'un candidat, nous on refuse la résignation, les choses ne sont absolument pas jouées", poursuit-elle.
Soubresauts
Associé à une communication numérique très organisée et des porte-à-porte dans les quartiers populaires, le meeting est le moyen privilégié de la campagne de Jean-Luc Mélenchon qui va en enchaîner trois en deux semaines alors que plusieurs autres candidats, comme l'écologiste Yannick Jadot, le délaissent.
Comme l'y autorise la Constitution, LFI n'instaurera donc pas de jauge dans ses meetings, au contraire d'autres partis, alors que des événements en intérieur comme les concerts ou spectacles sont soumis à une jauge de 2 000 personnes au maximum. En échange de quoi elle distribuera gratuitement des masques FFP2 et installera des purificateurs d'airs sur site.
Pour dimanche, LFI s'est notamment inspirée d'une exposition immersive au Muséum national d'histoire naturelle de Paris et de l'Atelier des Lumières, qui projette en musique sur d'immenses écrans des animations de tableaux de peintres illustres.
"Ce ne sont pas des gadgets, c'est dans notre ADN d'expérimenter pour renouveler la forme de la vie politique", alors que l'abstention atteint des proportions inquiétantes, assure Bastien Lachaud.
Apparaître innovant et dynamique est aussi crucial pour la troisième candidature de Jean-Luc Mélenchon, 70 ans, après une passe difficile pour son image. L'Insoumis est désormais critiqué jusque chez les communistes, qui font candidature à part.
Qu'importe ces soubresauts, répondent les Insoumis, pointant les sondages pour rappeler que leur champion est le mieux placé à gauche, espérant reproduire la dynamique qui en 2017 l'avait conduit jusqu'à près de 20% des voix.
Pour l'heure, situé autour des 10% d'intention de vote, il devance l'écologiste Yannick Jadot d'entre un ou trois points.