Kazakhstan : la révolution est en marche, pour l'opposant Abliazov

Des manifestants participent à un rassemblement contre la hausse des prix de l'énergie à Almaty, le 5 janvier 2022. (Photo, AFP)
Des manifestants participent à un rassemblement contre la hausse des prix de l'énergie à Almaty, le 5 janvier 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Kazakhstan : la révolution est en marche, pour l'opposant Abliazov

  • Ancien ministre du président Nazarbaïev, Moukhtar Abliazov a passé 14 mois dans les prisons kazakhes après sa disgrâce
  • Il est accusé d'avoir détourné des milliards de dollars quand il dirigeait la banque BTA, des accusations qu'il a toujours démenties

PARIS: L'opposant kazakh Moukhtar Abliazov, réfugié politique en France, a déclaré jeudi  qu'une "révolution" était en marche dans son pays et dénoncé "l'occupation" du Kazakhstan par des forces russes, appelées à la rescousse par le pouvoir en place.

"En trois jours littéralement, une révolution s'est produite. C'est une vraie révolution", a-t-il lancé lors d'un entretien à Paris, où il vit.

"Le changement de régime n'a pas encore eu lieu mais la révolution a déjà eu lieu dans les esprits", considère l'ex-banquier et ex-ministre de 58 ans tombé en disgrâce dans son pays à la fin des années 1990.

"Je considère que c'est la fin du régime, la question c'est seulement combien de temps cela va prendre", dit-il. "Il peut tenir un an mais tout peut aussi basculer en deux semaines", esquisse-t-il.

L'ex-république soviétique, plus grand pays d'Asie centrale, est ébranlée par une contestation qui a éclaté dimanche dans l'ouest après une hausse des prix du gaz avant de gagner Almaty, la capitale économique, où les manifestations ont viré à l'émeute contre le pouvoir.

Jeudi, les autorités ont fait état de "dizaines" de manifestants tués et plus d'un millier de personnes blessées.

Dix-huit membres des forces de sécurité ont aussi été tués et 748 blessés, ont par ailleurs rapporté les agences de presse, citant les autorités.

Nazarbaïev à Abou Dhabi ? 

Sous la pression de la rue, le président Kassym-Jomart Tokaïev a limogé le gouvernement et concédé une baisse du prix du gaz. 

Pour Moukhtar Abliazov, après trois décennies de régime autoritaire, "les gens ont compris qu'ils ne sont pas faibles, qu'ils peuvent contraindre le régime à écouter le peuple".  

"Ils ont commencé à faire tomber les statues de Noursoultan Nazarbaïev", l'ancien président qui conserve une grande influence après avoir dirigé le pays de 1989 à 2019, a-t-il raconté. 

Selon lui, l'ex-président, considéré comme le mentor du chef de l'Etat actuel, s'est réfugié à Abou Dhabi après le début des émeutes. Cette information n'était pas immédiatement vérifiable de manière indépendante.

"Les gens maintenant voient que s'ils s'unissent, ils peuvent renverser des statues, faire chuter le gouvernement", assure-t-il.

Le président kazakh a aussi demandé l'aide de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), une alliance militaire qui rassemble plusieurs anciennes républiques soviétiques autour de la Russie. Des troupes russes sont arrivées jeudi au Kazakhstan pour appuyer le pouvoir en place.

Pour l'opposant, le pouvoir "a eu peur et a demandé l'aide de Poutine qui veut rebâtir l'ancienne Union soviétique (...) et a profité de la situation" pour intervenir militairement. 

Premier ministre

"Pour nous c'est une occupation", a-t-il martelé en appelant les Kazakhs à "organiser des grèves et bloquer les routes".

L'opposant compte lui-même poursuivre son combat depuis Paris - où il a créé un parti d'opposition, le Choix démocratique du Kazakhstan - en attendant de pouvoir rentrer dans son pays, et va demander à rencontrer le président français Emmanuel Macron. 

Il se dit prêt à devenir Premier ministre d'un gouvernement provisoire et promet l'instauration d'un régime parlementaire, sans président.

"Je dis toujours que je dirigerai le gouvernement temporaire qui renversera Noursoultan Nazarbaïev, pendant six mois", fait-il observer.

Ancien ministre du président Nazarbaïev, Moukhtar Abliazov a passé 14 mois dans les prisons kazakhes après sa disgrâce, avant de s'exiler au Royaume-uni puis en France. 

Il est accusé d'avoir détourné des milliards de dollars quand il dirigeait la banque BTA, des accusations qu'il a toujours démenties.

Le Kazakhstan a aussi porté plainte contre lui en France, où il a été mis en examen mais a aussi obtenu le statut de réfugié, la Cour nationale du droit d'asile (CNDA) estimant que les accusations portées contre lui ont un "mobile politique".

En 2017, l'ancien oligarque a été condamné au Kazakhstan en son absence à vingt ans de prison dans cette affaire de détournement de fonds. Puis à la perpétuité l'année suivante pour avoir commandité le meurtre d'un associé en affaires en 2004, alors que l'enquête initiale avait conclu à un accident de chasse.

L'OTSC, «mini-Otan» sous contrôle russe

Elle regroupe six pays, tous d'anciennes républiques soviétiques demeurées dans le "pré-carré russe" : l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), qui intervient actuellement au Kazakhstan, fonctionne sur le modèle de l'Otan, avec un fort leadership de Moscou, mais n'est pas aussi aboutie militairement, affirment des experts.

Fondée en 2002, quelques mois après le début de l'intervention internationale en Afghanistan, sous domination américaine, l'OTSC comprend la Russie, le Belarus, l’Arménie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.

"Nous vivons dans un monde qui change rapidement et devons renforcer le traité nous liant et nous adapter à de nouvelles menaces", explique alors le président russe Vladimir Poutine.

En 2009, l'OTSC se dote d'une force d'intervention rapide de 20.000 hommes, alors que l'ONU reconnaît sa force de maintien de la paix, dotée de 3.600 membres.

Elle est pensée comme "une forme de contrepoids de la Russie face à l'Alliance atlantique", dans lequel Moscou et son armée moderne disposent d'un fort ascendant militaire sur leurs alliés, observe David Teurtrie. "Garante de la stabilité en l'Asie centrale", l'organisation "dépend de la capacité de l'armée russe à se projeter", poursuit ce chercheur spécialiste de l'Eurasie.

Sans les Russes, l'OTSC "n'est pas grand chose", poursuit-il.

Elle est un "mini-Otan", estime Pascal Ausseur, le directeur général de la Fondation méditerranéenne d'études stratégiques (FMES, un think-tank), un "reliquat du pacte de Varsovie", "avec la Russie à la place des Etats-Unis de l'autre côté".

Mais sur le terrain, l'Alliance atlantique, avec 70 ans d'expérience, est loin devant, analyse-t-il, car elle réussit à "coordonner les outils militaires" de ses 30 Etats-membres, alors que l'OTSC, qui pêche par manque d'"imbrication", est "très loin de ça".

Le poids militaire de la Russie n'est "pas suffisamment fort" comparé à la locomotive américaine, même si Moscou réussit à "jouer son rôle de grande puissance mondiale" de manière disproportionnée avec ses possibilités économiques, "le PIB russe étant un peu plus élevé que celui de l'Espagne", juge cet ancien haut gradé français.

'Bavures' attendues

Les membres de l'OTSC ne sont en outre pas confrontés aux mêmes problématiques. Les Etats d'Asie centrale, proches de l'Afghanistan, "font face aux menaces de déstabilisation" venant de ce pays, explique David Teurtrie. L'organisation eurasiatique dispose de troupes basées au Tadjikistan et au Kirghizstan.

Le Belarus, lui, est davantage concerné par "l'Otan a ses frontières", ses voisins la Lituanie, la Lettonie et la Pologne ayant rejoint l'Alliance atlantique, tandis que l'Arménie est "préoccupée par son conflit avec l'Azerbaïdjan", ajoute l'universitaire à l'AFP.

A l'automne 2020, Erevan a livré une courte mais sanglante guerre à Bakou, soutenu par Ankara, pour le contrôle de la région azerbaïdjanaise du Nagorny-Karabakh, majoritairement peuplée d'Arméniens. Le conflit a fait 6.500 morts.

Défait, Erevan a été contraint de signer un cessez-le-feu et de céder à l'Azerbaïdjan plusieurs régions formant un glacis autour du Nagorny-Karabakh, qui s'était affranchi de la tutelle de Bakou à la chute de l'URSS. Plusieurs incidents ont depuis fait craindre une reprise des combats.

Au Kazakhstan, l'intervention de l'OTSC, à la demande des autorités kazakhes, permet à la Russie de stabiliser un pays frontalier sans apparaître directement, remarque Pierre Ausseur.

"Envoyer des militaires à travers l'OTSC est une façon de rester un peu masqué, de donner l'image d'une intervention de tous les pays du Caucase, et pas seulement de la Russie", affirme-t-il.

"Le message implicite est : +je mets l'ordre moi-même, je suis à la tête d'une organisation capable de déployer des hommes. Je suis le maître chez moi, dans mon pré-carré+", ajoute l'ex-militaire, qui craint toutefois des "bavures" à venir.

Et de souligner : "Les militaires ne sont jamais indiqués pour mater des émeutes."


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.