Transports, travail, éducation, les bouleversements entraînés par 2 ans de Covid

Tourisme, santé, travail, éducation... l'épidémie a déjà rebattu de nombreuses cartes, installant des tendances qui pourraient s'avérer durables. (Photo, AFP)
Tourisme, santé, travail, éducation... l'épidémie a déjà rebattu de nombreuses cartes, installant des tendances qui pourraient s'avérer durables. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 07 janvier 2022

Transports, travail, éducation, les bouleversements entraînés par 2 ans de Covid

  • Les deux années de Covid-19 ont entraîné une montagne russe d'incertitudes, d'espoirs de relance et d'annulations pour ce secteur
  • Un retour à la normale n'est pas attendu avant au mieux 2024 dans les trains ou les avions

Il y aura un avant et un après Covid-19. Tourisme, santé, travail, éducation... l'épidémie a déjà rebattu de nombreuses cartes, installant des tendances qui pourraient s'avérer durables.

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L'aérien en berne, mais pas pour toujours

Ce fut le premier effet palpable de la crise sanitaire. Les deux années de Covid-19 ont entraîné une montagne russe d'incertitudes, d'espoirs de relance et d'annulations pour ce secteur. Bon an, mal an, des normes plus ou moins acceptées, à commencer par le port du masque et un pass sanitaire reconnu partout en Europe, ont permis une reprise d'une bonne partie des déplacements. Mais les compagnies ont essuyé des milliards d'euros de pertes. Un retour à la normale n'est pas attendu avant au mieux 2024 dans les trains ou les avions.

Le trafic aérien mondial, amputé de deux tiers en 2020 n'a atteint fin 2021 que la moitié du niveau enregistré en 2019, accablé par la fermeture d'une grande partie de l'Asie et, jusqu'en novembre, des Etats-Unis.

Les lignes intérieures ou inter-régionales, à environ 79% des trafics d'avant-crise, ont mieux résisté que les liaisons intercontinentales (34%), victimes des frontières fermées avant même la vague Omicron.

A long terme en revanche, le secteur reste optimiste, comme en témoignent les carnets de commandes bien remplis chez Airbus et Boeing: avec la montée en puissance des classes moyennes en Asie notamment, les compagnies aériennes s’attendent même à accueillir 10 milliards de passagers par an en 2050 contre 4,4 milliards en 2019.

Dans les villes, les transports publics ont vu leur fréquentation s'effondrer -- par peur de la contamination. On note un essor remarqué du vélo -- pourtant assez limité en volume-- et surtout un fort retour de la voiture.

Explosion et transformation des ventes en ligne

L'épidémie de Covid-19 et son lot de confinements et fermetures administratives de magasins a été accélérateur durable de la vente en ligne.

Le panéliste eMarketer, cité par la Fédération du e-commerce français (Fevad), estime que la part des produits et services commandés sur internet (hors voyage, billetterie événementielle, services de restauration et jeux d'argent) était passée de 13,6% en 2019 à 18% des ventes totales dans le monde, pesant la bagatelle de 4 280 milliards de dollars.

Les moins jeunes étaient réticents? "On a observé l'arrivée de nouveaux clients, plus seniors, qui sont désormais fidélisés", indique à l'AFP Gaëlle Le Floch, spécialiste de la distribution chez Kantar.

Certaines catégories de produits, l'hygiène ou la beauté, semblaient moins propices à la vente en ligne? Les acteurs se sont adaptés pour proposer l'essayage en ligne et investi sur la "beauty tech".

La vie sociale des consommateurs a davantage lieu en ligne que devant les vitrines? Selon le cabinet de conseil Accenture, 492 milliards de dollars de ventes ont déjà été réalisées par le biais des réseaux sociaux en 2021, comme ces marques qui se glissent entre deux posts Instagram, un chiffre qui pourrait grimper à 1 200 milliards en 2025.

Rien ne semble pouvoir arrêter ce mouvement de fond, qui profite bien sûr à Amazon, aux résultats financiers étourdissants. Il a d'ailleurs aussi encouragé tous ses rivaux à se mettre à la vente en ligne, au point qu'en France en 2020 par exemple, les ventes du géant américain ont crû moins vite que le marché dans son ensemble, selon Kantar.

Boom du télétravail

La crise de la Covid a généralisé le télétravail, même si les pays riches ont pu plus facilement y recourir que les autres.

Selon les prévisions de l'entreprise de recherche Gartner, les télétravailleurs représenteront 32% de tous les employés dans le monde d'ici la fin de 2021, contre 17% en 2019.

Un rapport de l'OCDE publié en septembre indiquait que 47% des employés en France ont télétravaillé en 2020, une progression de plus de 25 points en un an. Au Japon, le taux de télétravail est passé de 10 à 28%.

Une tendance durable? Oui, répond l'OCDE: "la plupart des entreprises et des individus s'attendent à recourir davantage au télétravail", en particulier les travailleurs ayant un niveau de qualification élevé.

Une école à plusieurs vitesses

Pour l'Unesco, la perturbation mondiale de l’éducation causée par la pandémie de Covid-19 est la pire crise éducative jamais enregistrée.

Face à l'épidémie, la fermeture, plus ou moins longue des établissements scolaires ou d'enseignement supérieur a eu des conséquences dramatiques en particulier dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Dans cette catégorie, la part des enfants affectés par la pauvreté des apprentissages – de 53% avant la pandémie – pourrait potentiellement atteindre 70%.

Certaines régions du Brésil, du Pakistan, de l'Inde rurale, de l'Afrique du Sud ou encore du Mexique, entre autres, enregistrent des pertes substantielles d'apprentissage en mathématiques et en lecture.

Sur le long terme, la génération de jeunes actuellement à l'école risque de perdre près de 17 000 milliards de dollars de revenus en raison des carences entraînées par les fermetures d'établissements liées à la pandémie, s'alarment la Banque mondiale et des agences onusiennes.

Deux ans de Covid: "La désinformation est entrée dans les familles" (expert)

La pandémie a montré à tous l'ampleur et l'impact de la désinformation sur la société, explique à l'AFP Sebastian Dieguez, chercheur en neurosciences à l'Université de Fribourg (Suisse), co-auteur du livre "Le complotisme" (Ed. Margada).

Q: Quel bilan tirez-vous de ces deux ans de désinformation massive ? 

R: "Pour la première fois, on fait vraiment face à l'insuffisance du modèle strictement informatif. C'est quelque chose qu'on savait déjà pour le climat: il ne suffit pas de donner les faits ou de communiquer la science pour créer l'adhésion ou même faire comprendre ce qui se passe.

Avec la Covid, c'est devenu évident. Au début, personne ne savait rien et donc la science s'est progressivement et rapidement constituée, avec des incertitudes et hésitations. 

Parallèlement, les gens constituaient leur propre registre de savoir, parfois autour de la désinformation sur les réseaux ou du bouche-à-oreille, parfois autour de pure invention, de schémas que les gens ont eux-mêmes dans leur tête sur ce que c'est la maladie.

Ce que nous a montré cette pandémie, c'est aussi que la désinformation est un sujet à part entière: ce n'est pas juste un obstacle, un truc un peu pénible qui vient s'opposer à l'information. La désinformation se fabrique jour après jour, elle est rapide et opportuniste, elle relève plus de l'idéologie que de la crédulité.

C'est quelque chose de dynamique, d'actif, dans lequel des gens s'investissent. On le savait déjà plus ou moins, mais on ne l'avait jamais reçu comme ça en pleine face, en direct. 

C'est un point très important, qui devrait orienter les démarches des scientifiques, chercheurs, autorités, journalistes: ne plus prendre cela comme de simples bêtises mais comme de véritables projets de nature politique. 

Il faut bien sûr corriger les fausses informations mais il faut comprendre qu'il y a une frange de consommateurs de désinformation qui y adhèrent non pas en dépit du fait qu'elles sont fausses, mais précisément parce qu'elles sont fausses, niées par les autorités, rejetées, stigmatisées. Cela les rend attrayantes.

Ce n'est donc pas des gens qu'on va récupérer en transmettant les bonnes informations. Ils anticipent le fait d'être traités de naïfs ou de complotistes.  

Autre leçon de la pandémie: ils ne sont pas totalement isolés ou un petit groupe de farfelus".

Q: Justement, quel est l'impact sur la société ? 

R: "Ceux qui adhèrent activement ont une action sur le monde réel. Ils peuvent influencer les décisions: les autorités vont essayer de ne pas froisser, de peur des réactions, des manifestations etc.

Cela va rendre timorés les décideurs politiques, surtout en période d'élection.

La désinformation a plusieurs effets: elle induit en erreur mais elle va aussi altérer un environnement intellectuel général et avoir un impact sur ce qui va être dit, à cause de la pression d'une frange très minoritaire mais très bruyante.

On a l'impression --même si c'est difficile à prouver-- qu'on a adapté la lutte contre le virus à la susceptibilité de certains, par exemple avec les campagnes de vaccination, ce qui a agacé beaucoup de chercheurs. 

C'est vrai aussi dans les conversations quotidiennes : les gens ne veulent plus parler du virus parce qu'on sait que tel ou tel n'est pas d'accord et qu'on va +s'engueuler+. 

Les gens se retrouvent obligés de choisir un camp. Le concept de désinformation et de complotisme est entré dans les familles, il déchire les amitiés, les groupes sociaux. Il y a une polarisation, une extrémisation.

+Comment puis-je convaincre ma cousine d'arrêter de regarder ces vidéos?+ ou +ma mère a perdu totalement contact avec la réalité+: c'est ça aussi la préoccupation des gens.

Ils ont moins peur du virus que de ce que leur environnement social est devenu. Il y a un besoin de réparation sur les ravages de la désinformation".

Q: Est-on aujourd'hui mieux armé pour la combattre ?

R: "Malheureusement non. Mais on a peut-être une première leçon: si on veut faire passer la science, il ne faut pas oublier les sciences humaines (comme la psychologie sociale, ndlr).

Il faut savoir comment les gens se comportent, comment marche cette désinformation, comment elle circule. Et le faire main dans la main avec les épidémiologistes, les climatologues, qui n'arrivent pas à faire passer leur message. 

La désinformation exploite tous les nouveaux moyens de communication, internet, les réseaux sociaux... Mais ce sont des choses qu'on peut reprendre en main, pour l'information.

Il y a aussi le +fact-checking+, et le journalisme en général, mais aussi la législation qui doit s'adapter : est-ce qu'on censure ou pas (la désinformation qui circule les réseaux sociaux, ndlr) ? Et ne pas se contenter de commissions ou de rapports par-ci par-là".

Hausse de la faim dans le monde

La pandémie de Covid-19 aura des effets à long terme sur la sécurité alimentaire mondiale, après avoir contribué en 2020 à une envolée du nombre de personnes confrontées à la faim, a averti l'agence spécialisée des Nations unies FAO.

Cette aggravation de la faim dans le monde (+18% l'an dernier sur un an), la plus importante depuis au moins 15 ans, compromet plus que jamais l'objectif fixé par l'ONU de l'éradiquer d'ici 2030.

La Covid-19 a jeté 20 millions de personnes dans l'extrême pauvreté au cours de l'année 2021, souligne le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Elle a aussi plongé nombre de systèmes de santé dans le chaos, avec un effet délétère sur la lutte contre d'autres fléaux comme le VIH, la tuberculose ou le paludisme. Cette année, 23 millions d'enfants n'ont pas pu recevoir les vaccins de base.

Covid: ce que l'on sait désormais sur les moyens de se protéger

Il y a deux ans, un virus auquel l'humanité n'avait jamais été confrontée entraînait, le 11 janvier, un premier mort. En plus de bouleverser nos vies, la pandémie de Covid-19 a fait considérablement évoluer la science, y compris sur les manières de se protéger.

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C'est dans l'air

Au début de la pandémie, les autorités sanitaires insistaient beaucoup sur le lavage des mains pour empêcher la transmission de la Covid.

Mais courant 2020, un consensus a émergé chez les scientifiques: plus que par les mains souillées qu'on porte à son nez ou sa bouche, cette maladie se transmet massivement via les aérosols, nuages de particules que nous émettons lorsque nous respirons et, plus encore, lorsque nous parlons, crions ou chantons.

Dans une pièce fermée et mal aérée, ces aérosols peuvent flotter dans l'air pendant une longue durée et se déplacer dans tout l'espace, ce qui augmente considérablement les risques d'infection.

Malgré cela, l'importance de l'aération --qui disperse ces nuages contaminés, comme de la fumée de cigarette-- n'est pas toujours bien comprise par le grand public.

"Je pense qu'il y a eu une erreur de communication: on n'a pas été assez clairs sur l'aération, nous les scientifiques", a récemment assuré à l'AFP Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique qui guide le gouvernement français.

"Quand les scientifiques parlent des gestes barrières, il faut bien préciser aux gens que l'aération en fait partie", a-t-il ajouté.

Volte-face sur les masques

Conséquence directe de la prise de conscience sur la transmission par aérosols, le discours sur les masques a radicalement changé en deux ans.

Dans un premier temps l'Organisation mondiale de la santé et de nombreux gouvernements répétaient que les masques devaient être uniquement utilisés par les soignants, les malades et leur entourage proche, et non par le grand public.

Mais aux yeux des partisans du port du masque généralisé, ce discours était avant tout destiné à éviter une pénurie chez les soignants.

A partir du printemps 2020, changement de cap: le masque est devenu un outil essentiel de la lutte contre la pandémie, et son utilisation a même été rendue obligatoire par moments.

Au fur et à mesure de l'émergence de variants plus contagieux, les simples masques en tissu, moins filtrants, ont été délaissés au profit du masque chirurgical, devenu un symbole des années Covid.

Et avec la prise de pouvoir d'Omicron, à la contagiosité extrême, nombre de scientifiques conseillent désormais de passer au masque FFP2 en intérieur. Plus ajusté sur le visage et plus filtrant, ce masque est donc plus protecteur, mais aussi plus contraignant à porter.

Vaccins: un effet turbo...

La pandémie nous l'a appris: il est possible de concevoir de nouveaux vaccins contre une maladie inédite puis de commencer à les administrer mondialement en moins d'un an. Auparavant, ce processus prenait dix fois plus de temps.

Début janvier 2022, soit un peu plus d'un an après le début de la campagne de vaccination mondiale, environ la moitié de la population de la planète est complètement vaccinée contre la Covid, selon le site de l'université britannique d'Oxford Our world in data.

En revanche, ce qui était prévisible dès le début s'est confirmé: l'accès aux vaccins est très inégalitaire entre pays pauvres et pays riches.

"Si nous mettons fin à cette inégalité, nous mettons fin à la pandémie", a martelé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, dans son message du Nouvel An. Son objectif est de "vacciner 70% des gens dans tous les pays d'ici juillet."

 ... mais pas magique

La vaccination a été l'outil primordial de la lutte contre la pandémie: sans elle, le bilan aurait été beaucoup plus lourd puisqu'elle protège contre les formes graves de la maladie.

Pourtant, certains espoirs qu'elle avait fait naître ne se sont pas confirmés.

A l'origine, on espérait que vacciner rapidement la planète permettrait de mettre un point final à la pandémie.

On sait désormais que ce ne sera pas le cas, car les vaccins n'empêchent pas de transmettre la Covid et leur efficacité baisse avec le temps.

Cette efficacité est en outre moins élevée contre les derniers variants --désormais Omicron et, avant lui, Delta-- qu'elle ne l'était contre la souche historique du coronavirus SARS-CoV-2.

Tout cela a incité les pays riches à intensifier leur campagne de rappel pour restaurer l'efficacité des vaccins contre l'infection. Mais on ignore encore combien de temps durera cet effet.

Tout miser sur les rappels, quitte à devoir les multiplier, pourrait donc n'être qu'une stratégie court-termiste, mettent en garde des spécialistes.

"Aucun pays ne pourra se sortir de la pandémie à coups de doses de rappel", a prévenu fin décembre Tedros Adhanom Ghebreyesus.

"Les vaccins ne mettront pas fin à la pandémie à eux seuls", a renchéri lundi sur Twitter Maria Van Kerkhove, responsable technique de l'OMS pour la Covid, en citant d'autres outils complémentaires: "La surveillance, les tests, l'isolement, les traitements, la ventilation, les masques ou la distanciation".


Au Pakistan, le mois d'avril «le plus pluvieux» depuis 1961

Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
Vue générale du débordement de la rivière Jhelum après de fortes pluies à Muzaffarabad, au Cachemire sous administration pakistanaise, le 29 avril 2024. (AFP)
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  • Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles
  • Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde

ISLAMABAD, Pakistan : Si une grande partie de l'Asie connaît une vague de chaleur sans précédent, le Pakistan, lui, vient de vivre son «avril le plus pluvieux depuis 1961», avec des températures près d'un degré plus basses qu'à l'habitude.

Comme souvent dans le pays, le cinquième le plus peuplé du monde et l'un des plus exposés aux phénomènes climatiques extrêmes, experts et météorologues pointent du doigt le changement climatique.

Le pays pauvre d'Asie du Sud ne cesse de répéter que ses 240 millions d'habitants (environ 3% de la population mondiale) ne sont responsables que de moins de 1% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Beaucoup s'inquiètent désormais au Pakistan: les pluies d'avril ont déjà tué au moins 144 personnes, dont des dizaines d'enfants dans l'écroulement de leur maison sous des pluies torentielles. Mais la mousson, et son lot d'inondations, de crues subites et de dégâts, doit arriver en juillet et durera jusqu'en septembre.

Outre les inondations, le pays a aussi été éprouvé par des canicules mortelles et une pollution atmosphérique parmi les pires au monde, autant de phénomènes dont l'impact est aggravé, disent les experts, par un manque d'infrastructures et une mauvaise gouvernance.

En avril, les précipitations ont atteint «59,3 millimètres», bien au-delà des moyennes habituelles de 22,5 millimètres, détaille un rapport des services de météorologie publié tard vendredi.

Le Balouchistan, la plus grande province du Pakistan aux frontières de l'Iran et de l'Afghanistan, a connu l'augmentation la plus importante du pays. Là, notent les services de météorologie, les précipitations ont été quatre fois et demie supérieures aux normales saisonnières.

Le bilan humain le plus lourd, avec 84 morts dont 38 enfants, a en revanche été enregistré dans la province du Khyber Pakhtunkhwa, dans le nord-ouest frontalier de l'Afghanistan, où 3.500 habitations ont été endommagées.

- «Météo imprévisible» -

Et alors que des Philippines à la Birmanie en passant par l'Inde, des millions de personnes suffoquent sous une vague de chaleur inédite, le Pakistan a vu sa température moyenne mensuelle baisser à 23,67 degrés, contre 24,54 habituellement, poursuit le rapport.

Pour Zaheer Ahmad Babar, porte-parole des services météorologiques, le changement climatique explique ce mois inhabituel.

«Le changement climatique est un facteur important qui influe sur les tendances météo imprévisibles dans notre région», affirme-t-il à l'AFP.

En 2022, le pays pauvre d'Asie du Sud avait subi des inondations dévastatrices qui avaient touché près d'un tiers de son territoire et affecté plus de 33 millions de personnes, faisant plus de 1.700 morts.

Dans des régions du Pendjab, province la plus peuplée et grenier à céréales du pays, les récoltes ont souffert récemment des pluies abondantes et de la grêle.

«Les crues subites ont provoqué des dégâts importants à de grandes surfaces de cultures, en particulier celle du blé, qui était prêt à être récoltée», a indiqué l'agence onusienne OCHA dans un rapport récent.

«Ceci a entraîné des pertes économiques importantes pour les cultivateurs et les villages».

«On assiste quasiment chaque année à des événements liés aux changements climatiques. Et pourtant on n'y est toujours pas préparé», constate l'avocat et militant écologiste Ahmad Rafay Alam.

La responsabilité du climat «incombe à nos gouvernements provinciaux et fédéral, mais ceux-ci accordent la priorité aux questions politiques», dit-il.

Si le Pakistan pâtit actuellement de précipitations élevées, début avril, Islamabad annonçait être confronté à une pénurie d'eau d'environ 30% par rapport à ses besoins au début de la saison des semis pour le riz et le coton.

Les autorités pointait du doigt un enneigement hivernal moins important qu'à l'habitude dans la région des glaciers du Nord.

Plus d'un an et demi plus tard, souligne l'ONU, près de 10 millions d'enfants avaient encore besoin d'aide humanitaire pour survivre dans les zones touchées par les pluies diluviennes qui ont tout emporté en 2022.

Pour l'Unicef, «les enfants pakistanais sont pris dans un cercle vicieux de sècheresse et d'inondation».

«De leur conception à leur arrivée à l'âge adulte, le développement des cerveaux des enfants, de leurs poumons et de leur système immunitaire est affecté par leur environnement», poursuit l'Unicef qui s'inquiète pour toute une génération.

«Les risques qu'ils encourent du fait du changement climatique sont considérés comme extrêmement élevés», s'alarme l'agence onusienne.


Dublin: des étudiants campent sur le campus du Trinity College contre la guerre à Gaza

Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
Vue de l'enceinte du Trinity College de Dublin. (Photo Paul Faith AFP)
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  • Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël
  • L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue

DUBLIN, Irlande : Des étudiants de la prestigieuse université Trinity College de Dublin ont installé un campement sur le campus de l'établissement pour protester contre l'offensive militaire israélienne à Gaza, bloquant samedi l'entrée d'un bâtiment qui attire habituellement de nombreux touristes.

Les manifestants ont décrit leur mobilisation comme un «campement en solidarité avec la Palestine», sur fonds de multiplication de ces mobilisations en Europe et aux États-Unis.

Ils sont plusieurs dizaines à avoir installé des tentes vendredi soir dans plusieurs endroits du campus, plaçant des bancs devant la bibliothèque qui contient «le Livre de Kells», un célèbre manuscrit médiéval que les touristes viennent voir nombreux dans la capitale irlandaise.

Le président du syndicat étudiant TCDSU de l'université, Laszlo Molnarfi, a affirmé sur la chaîne RTE que les manifestants demandent à l'université de couper ses liens avec Israël.

«Un campement non autorisé de BDS (mouvement qui appelle au boycott d'Israël) est présent à Trinity», a indiqué l'établissement dans un communiqué.

«Pour assurer la sécurité, l'accès au campus sera restreint aux étudiants, personnels, résidents et membres du département des sports, a-t-il ajouté, prévenant que l'accès des visiteurs serait interdit ce samedi.

«Même si Trinity soutient le droit des étudiants à manifester, les manifestations doivent se tenir dans le cadre des règles de l'université», a encore indiqué l'établissement.

Parties des campus américains, où elles ont fait l'objet d'une répression des forces de l'ordre, les mobilisations contre l'offensive israélienne à Gaza se sont propagées un peu partout dans le monde ces derniers jours.

L'opposition à l'intervention militaire d'Israël à Gaza est très forte en Irlande où des marches appelant à un cessez-le-feu ont rassemblé des milliers de personnes dans la rue.

Le gouvernement lui-même est très critique vis-à-vis de l'attitude du gouvernement israélien dirigé par Benjamin Netanyahu depuis le début du conflit, déclenché après l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre.

Le nouveau Premier ministre irlandais Simon Harris s'est dit prêt mi-avril à reconnaître un État palestinien, y voyant un moyen de contribuer au processus de paix au Moyen-Orient.

En février, le gouvernement irlandais avait demandé à la Commission européenne, aux côtés de l'Espagne, de vérifier sur Israël respectait bien les droits humains à Gaza.

Plus de 400 artistes irlandais ont appelé dans une lettre commune à boycotter le concours international de chanson de l'Eurovision en raison de la participation d'Israël.


Aux Etats-Unis, les étudiants propalestiniens cherchent un nouveau souffle après des arrestations massives

Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
Des étudiants et des militants pro-palestiniens dansent lors d'un rassemblement dans un campement sur le campus de l'université Brown à Providence, Rhode Island, le 29 avril 2024. La Maison Blanche a insisté le 28 avril sur le fait que les manifestations pro-palestiniennes qui ont secoué les universités américaines ces dernières semaines devaient rester pacifiques, après que la police a arrêté environ 275 personnes sur quatre campus différents au cours du week-end. (Photo : Joseph Prezioso / AFP)
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  • A l'Université de Chicago, l'administration a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement
  • Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70

NEW YORK : Les manifestations propalestiniennes qui secouent les campus américains depuis quelques semaines cherchent un nouveau souffle, après des dispersions par la police, des arrestations massives et un sévère rappel à l'ordre par la Maison Blanche.

Tôt vendredi, la police a démantelé sans heurts un campement à l'université de New York (NYU), à la demande de l'établissement.

A l'Université de Chicago, l'administration, qui a fait état sur X d'«informations sur des altercations physiques» sur son campus, a indiqué dans un communiqué que faute d'un accord avec les protestataires, le moment était venu de disperser le rassemblement.

Les protestataires à l'université de Riverside, en Californie (ouest), sont parvenus à un accord avec l'administration et devaient mettre fin à leur mouvement avant 00H00 samedi (07H00 GMT). Des compromis similaires avaient permis l'évacuation sans heurts des universités Rutgers (New Jersey, est) et Brown (Rhode Island, est).

Sur d'autres campus, les forces de l'ordre sont intervenues manu militari ces derniers jours, comme à Columbia à New York et à UCLA à Los Angeles.

Près de 2.000 personnes en tout ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Très critiquée par des étudiants et au sein du corps enseignant pour avoir deux fois appelé la police à intervenir - des images qui ont fait le tour du monde - la présidente de Columbia, Minouche Shafik, a évoqué la «tourmente» dans son établissement.

«Ces deux dernières semaines ont été parmi les plus difficiles de l'histoire de Columbia», a-t-elle dit dans une vidéo publiée vendredi sur les réseaux sociaux, affirmant que l'occupation d'un bâtiment par des étudiants avait été «un acte violent».

«Nous avons beaucoup à faire, mais je m'engage à oeuvrer chaque jour et avec chacun d'entre vous pour reconstruire la communauté sur notre campus», a-t-elle ajouté.

Depuis le 17 avril, une nouvelle vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, évoquant, dans une moindre ampleur, les manifestations contre la guerre du Vietnam dans les années 1960-70.

En plus de réclamer la fin du conflit à Gaza, ces étudiants appellent les universités à rompre leurs relations avec Israël et à se désengager de leurs investissements en lien avec ce pays.

Ils dénoncent aussi l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié.

Israël est engagé dans une offensive massive dans la bande de Gaza, en représailles à l'attaque du Hamas le 7 octobre sur son sol.

- Vietnam -

Jeudi, lors d'une courte allocution, le président démocrate Joe Biden, longtemps muet sur les manifestations, a martelé que «l'ordre devait prévaloir».

Cela lui a valu à la fois les critiques de la droite, qui l'a jugé trop complaisant, et l'indignation des partisans des manifestants.

«Il existe un droit à manifester, pas un droit à provoquer le chaos», a lancé l'octogénaire, candidat face au républicain Donald Trump à la présidentielle de novembre.

Son ministre de l'Education, Miguel Cardona, a envoyé selon la chaîne CNN une lettre à des dirigeants d'universités dans laquelle il se dit «incroyablement préoccupé par les informations sur de la haine antisémite à l'encontre d'étudiants sur certains campus».

Les manifestations ont ravivé le débat aux Etats-Unis, déjà tendu voire violent depuis l'attaque du Hamas, sur la liberté d'expression, l'antisionisme et ce qui constitue de l'antisémitisme.

D'un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer un discours politique, de l'autre plusieurs personnalités, dont des élus du Congrès, affirment que les militants attisent l'antisémitisme.

La question pourrait plomber la course de M. Biden à la Maison Blanche.

«Cela pourrait être le Vietnam de Biden», a averti sur CNN le sénateur de gauche Bernie Sanders.

«Je crains vraiment que le président Biden ne se mette dans une position où il s'aliène non seulement les jeunes, mais une grande partie de la base démocrate», a-t-il ajouté.

Côté républicain, Donald Trump a qualifié les manifestants de «tarés de la gauche radicale», qu'il faut «arrêter maintenant».

La mobilisation a inspiré les militants propalestiniens à travers le monde, en France, comme dans la prestigieuse école parisienne Sciences Po, ou à l'université McGill au Canada et à l'UNAM à Mexico.

A rebours d'autres institutions, l'université Brown, dans l'Etat américain du Rhode Island, s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel «désinvestissement».