Les nouveaux réacteurs nucléaires que la France envisage de construire pourraient faire l'objet d'un dépôt de dossiers en 2023, pour une mise en service "en 2035-2037", a indiqué jeudi au Sénat Bérangère Abba, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique.
Il s'agirait "à court terme, d'EPR2, un modèle amélioré par rapport au retour d'expérience de construction des EPR précédents", a-t-elle dit à l'occasion d'un débat avec des sénateurs sur la sûreté de l'atome.
"Sans être devins, nous imaginons un calendrier de dépôt des dossiers autour de 2023 pour une mise en service en 2035-2037. Au préalable, EDF a soumis des options de sûreté de l’EPR2 à l'ASN (Autorité de sûreté nucléaire), qui en a validé les principes. Nous avons donc un cadre et un retour d’expérience sur les premiers EPR", a-t-elle ajouté.
Emmanuel Macron avait annoncé début novembre que la France s'apprêtait à lancer la construction de réacteurs, une vingtaine d'années après la mise en service des derniers, mais il n'a depuis donné aucun détail sur ce projet.
"Le président de la République a annoncé cette intention d'accélérer le développement des énergies renouvelables tout en construisant de nouveaux réacteurs nucléaires, avec des précisions qui seront apportées prochainement sur le calendrier de débat et de définition sur ces enjeux", a encore dit Bérangère Abba jeudi.
EDF a déjà remis à l'État une proposition pour construire six EPR de nouvelle génération (EPR2) pour une cinquantaine de milliards d'euros.
Le PDG d'EDF a estimé mardi qu'il était "urgent" de lancer "des actions concrètes".
"Le plus urgent est de lancer la dynamique autour de la construction notamment des réacteurs de Penly", le site de Seine-Maritime où devrait être construite la première paire de nouveaux EPR, a dit Jean-Bernard Lévy à des journalistes.
La France ne construit actuellement sur son sol qu'un réacteur EPR de nouvelle génération, celui de Flamanville (Manche), qui a rencontré des déboires multiples, source de retards et de rallonges budgétaires.
"En projetant la mise en service de nouveaux EPR en 2035-2037, le gouvernement apparaît déconnecté de la réalité", a critiqué jeudi Nicolas Nace de Greenpeace France, dans un communiqué.
"La réalité de l’EPR, c’est le fiasco du chantier de Flamanville, l’arrêt encore inexpliqué de l’EPR de Taishan après seulement deux ans et demi de fonctionnement, des retards et des surcoûts sur tous les EPR dans le monde", juge l'ONG, hostile au nucléaire.
A Taishan, en Chine, l'un des deux réacteurs EPR en fonctionnement a été mis à l'arrêt cet été à la suite d'un incident qui fait toujours l'objet d'expertises techniques.
Un autre EPR - le troisième dans le monde - vient de démarrer en décembre en Finlande après de nombreux retards.