PARIS : Finis les masques made in China à l'hôpital en France? Les 3 000 hôpitaux et cliniques de l'Hexagone sont désormais incités à acheter des masques et gants de protection fabriqués localement ou en Europe.
Une circulaire en ce sens rendue publique jeudi, et datée du 15 décembre, a été envoyée à toutes les autorités régionales de santé, qui pilotent les établissements hospitaliers.
Les équipements identifiés comme critiques sont les gants sanitaires, les masques chirurgicaux et les masques FFP2.
Les fabricants français ont salué la circulaire, qu'ils demandaient depuis plus d'un an et dont le principe est déjà mis en œuvre dans plusieurs pays européens, comme l'Allemagne.
"Entre l'été 2020 et l'été 2021, 97% des appels d'offres ont été affectés à des masques d'importation", a déploré Christian Curiel, président du syndicat français des fabricants de masques F2M et directeur général de la société Prism.
En France, "d'avril à début novembre, la filière de production de masques FFP2 était quasi à l'arrêt, tout cela parce que les commandes publiques continuaient de se porter sur des importations" moins chères, mais de qualité différente, a-t-il expliqué à l'AFP.
Selon la circulaire, les cahiers des charges des collectivités acheteuses ne devront pas seulement être fondés sur le prix bas. Ils devront être plus exigeants sur le respect des normes européennes, le contrôle qualité des masques, les niveaux minimums de stocks disponibles, le bilan carbone des masques, l'utilisation de l'eau et les délais de livraison.
Des "pénalités lourdes" seront envisagées en cas de décalage important par rapport à la qualité technique exigée.
M. Curiel a souligné que les autorités sanitaires françaises ont rappelé en juin 17 millions de masques FFP2 importés contenant du graphène, produit interdit. Il avait été introduit pour empêcher le développement de bactéries durant les longs transports maritimes, dans des conditions d'hygrométrie et de températures extrêmes.
Les revers commerciaux des fabricants français face aux masques importés ont contraint certains d'entre eux "à diviser par dix leur personnel", s'est désolé M. Curiel.
Un paradoxe cruel dans un pays qui est pourtant parvenu en quelques mois à réaliser l'objectif fixé par le président Emmanuel Macron de devenir autonome dans sa production de masques face à la crise sanitaire: alors qu'ils ne produisaient que 3,5 millions de masques par semaine avant la pandémie de coronavirus, les industriels français ont désormais la capacité de produire 100 millions d'unités par semaine.
Les masques fabriqués en France restent "deux à trois fois plus chers" que les importés: entre 4 et 10 centimes l'unité contre 2 à 4 centimes pour les chinois. "Mais 75% de leur valeur reste en France, contre seulement 15% pour un masque venu d'Asie", selon lui.