Rétrospective 2021: Une hausse exponentielle des réfugiés dans le monde en dépit de la pandémie

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Publié le Mercredi 29 décembre 2021

Rétrospective 2021: Une hausse exponentielle des réfugiés dans le monde en dépit de la pandémie

  • Au cours des onze premiers mois de l'année 2021, l'Europe a accueilli près de 14 000 personnes, soit un nombre supérieur à celui enregistré sur l'ensemble de l'année 2020
  • La Méditerranée reste la voie privilégiée de ceux qui fuient l'Afrique et l’Asie à la recherche d'une vie meilleure

LONDRES: La bataille contre la pandémie de Covid-19 a pris le dessus pendant deux ans sur la crise mondiale des réfugiés. Mais l'année 2021 a été marquée par une hausse inquiétante du nombre de personnes fuyant la pauvreté et les conflits. Tout laisse à penser que cette situation prendra des proportions encore plus dramatiques en 2022.

Quiconque a suivi la couverture médiatique des querelles inconvenantes entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne (UE) en novembre dernier, à la suite de la mort tragique de vingt-sept migrants dans la Manche, pourrait être pardonné de penser que le fardeau économique et social de la crise mondiale des réfugiés en 2021 pesait principalement sur l'Europe du Nord.

Mais la réalité est tout autre. Comme le souligne fréquemment l’Agence des nations unies pour les réfugiés (HCR), 85 % des réfugiés dans le monde, qui sont au nombre de 20 millions ou plus, trouvent refuge dans les pays voisins ou dans d'autres pays en développement.

Prenons l'exemple de la Turquie: elle héberge sur son territoire plus de réfugiés que tout autre pays – leur nombre est estimé à 3, 5 millions voire plus (soit 43 réfugiés pour 1 000 citoyens turcs). La Jordanie accueille près de 3 millions de réfugiés, tandis que le Liban, ce pays minuscule, en accueille 1,5 million, ce qui représente 13 réfugiés pour 100 Libanais.

Avec le million de réfugiés qu'elle abrite depuis le début de la crise, l'Allemagne fait preuve de la plus grande générosité parmi les États européens. Le Royaume-Uni héberge un dixième de ce nombre; il reçoit bien moins de demandes d'asile que l'Allemagne ou la France, et les politiciens attisent l'animosité envers les migrants en suggérant, à tort, que ceux-ci envahissent le pays.

Par ailleurs, les Iraniens ont été les plus nombreux à demander asile au Royaume-Uni au cours de l'année, en septembre 2021.

Fin novembre, le nombre de migrants ayant réussi à traverser la Manche en 2021 s’est élevé à 23 500 personnes, soit le double du nombre en 2020. La France, quant à elle, a empêché 18 000 autres personnes de traverser la Manche.

La Méditerranée, cette mer traîtresse, reste cependant la voie privilégiée de ceux qui fuient l'Afrique et le Moyen-Orient à la recherche d'une vie meilleure. Les chiffres du HCR révèlent que 81 647 personnes ont risqué leur vie entre janvier et octobre 2021 pour rejoindre l'Espagne, l'Italie, Malte, la Grèce ou Chypre.

Un drame a bien entendu touché le cœur de beaucoup de gens: vingt-sept personnes, dont trois enfants, sont mortes au large des côtes françaises, le 25 novembre, lorsque le bateau de fortune qui les transportait a coulé.

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Sur cette photo prise le 25 novembre 2021, des agents sanitaires libyens récupèrent les corps de migrants noyés, qui espéraient se rendre en Europe par la mer, après un naufrage au large de la plage de Sabratha, à quelque 120 kilomètres à l'ouest de la capitale libyenne, Tripoli. AFP

Mais les médias ont omis de signaler la noyade de 2 543 personnes en Méditerranée ou dans l'Atlantique Est au cours de l'année écoulée, alors qu'elles cherchaient refuge en Europe.

La majorité de ces victimes (1 422 personnes) sont mortes en empruntant la tristement célèbre route de la Méditerranée centrale en direction de l'Italie ou de Malte. Selon le Missing Migrants Project (un organisme appartenant à l'Organisation mondiale pour les migrations de l'ONU, qui établit la liste des disparitions), le nombre de décès en Méditerranée a considérablement augmenté au cours des neuf premiers mois de 2021, par rapport à la même période en 2020. L’organisme attribue ce phénomène en partie à l'assouplissement des restrictions sur les déplacements imposées en 2020 en réponse à la pandémie de Covid-19.

En 2021, 959 autres personnes ont perdu la vie; elles tentaient de traverser l'Afrique de l'Ouest pour se rendre aux îles espagnoles des Canaries, à 100 kilomètres au large du point le plus proche du Maroc ou du Sahara occidental. Quoique dangereuse, cette traversée gagne en popularité.

Parmi les dernières victimes de cette traversée figure un bébé retrouvé mort dans l'un des cinq canots pneumatiques qui transportaient près de 300 personnes venues d'Afrique subsaharienne et interceptées au large des îles début décembre.

En dépit de ces drames, la compassion semble s'épuiser.

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Des membres de l'ONG espagnole Maydayterraneo sauvent un bébé à bord du bateau de sauvetage Aita Mari dans le cadre d'une opération de sauvetage de quelque 90 migrants en pleine mer Méditerranée, au large des côtes libyennes, le 9 février 2020. (AFP)

Autrefois, ce genre de catastrophe aurait fait la une des journaux du monde entier; on se souvient tous du corps du petit réfugié syrien Aylan Kurdi (3 ans) qui s'était échoué sur la côte turque non loin de Bodrum en 2015.

On a cru – ne serait-ce que pour un instant – que le tollé suscité par les photos poignantes du corps de l'enfant, allongé sur le ventre à quelques centaines de mètres d'un lieu touristique populaire, allait faire basculer l'opinion publique en faveur des réfugiés dans le monde.

Depuis, cependant, les noyades se succèdent, et un monde désormais préoccupé par la pandémie de Covid-19 s'est largement désintéressé du sort des réfugiés.

Au cours des cinq années qui ont suivi la mort d’Aylan en 2015, 17 000 personnes au moins sont mortes en traversant la Méditerranée pour rejoindre l'Europe. On ignore le nombre précis d'enfants parmi ces victimes. Toutefois, un migrant sur cinq étant un enfant, on peut supposer que 3 400 enfants ont connu le même sort qu’Aylan.

Le déluge de statistiques généré par la crise des réfugiés depuis sa flambée en 2015 masque la réalité qui sous-tend les innombrables tragédies humaines qui se cachent derrière ces chiffres: il s'agit en effet de familles et de communautés dévastées par la mort de mères, pères et enfants. Et il semble que ce cauchemar se prolongera.

Avec un total de 109 726 arrivées de réfugiés en Europe à la fin du mois de novembre, l’année 2021 n'a pas été une année particulièrement mauvaise, surtout si on la compare à 2015, lorsque plus d'un million de personnes ont cherché refuge sur les côtes nord de la Méditerranée.

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Un drapeau de l'Union européenne flotte derrière des barbelés dans un nouveau centre fermé destiné aux migrants sur l'île de Kos, en Grèce, le 27 novembre 2021. (AFP)

En effet, les chiffres diminuent d'année en année depuis 2015 – ils ont connu une baisse spectaculaire en 2016 pour atteindre 380 300 personnes, et à nouveau en 2017, où 178 700 personnes «seulement» ont débarqué en Europe. Au cours des trois années qui ont suivi, les chiffres n'ont cessé de baisser: de 141 400 (2018) à 95 700 (2020).

Mais la tendance à la baisse a été inversée en 2021 et ce, pour la première fois depuis cinq ans. Au cours des onze premiers mois de l'année 2021, l'Europe a accueilli près de 14 000 personnes, soit un nombre supérieur à celui enregistré sur l'ensemble de l'année 2020.

Les experts se divisent sur la cause de cette nouvelle flambée. Le déplacement des personnes permet certes de mesurer l'évolution de la situation dans le monde. La majorité des réfugiés en 2021 – quelque 25 % du nombre total – étant originaires de Tunisie, c’est l’illustration des problèmes socio-économiques dont souffre ce pays.

Le Bangladesh arrive en deuxième position après la Tunisie – plus de 11 % des réfugiés en 2021 sont des Bangladais. Ce pays a fait une entrée surprise l'année dernière dans le top dix des pays d'origine des réfugiés; ce sont les pays d'Afrique et du Moyen-Orient qui étaient jusque-là en tête du classement. De janvier à fin octobre de l'année en cours, 6 455 réfugiés ont quitté le Bangladesh pour rejoindre l'Europe. On ignore le nombre de ceux qui sont morts durant ce périple. En mai 2021, 50 personnes se sont noyées lorsque leur bateau a coulé au large de la Tunisie. À la surprise des sauveteurs, les 33 survivants qui se sont accrochés à une plate-forme pétrolière étaient originaires du Bangladesh.

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Des migrants sauvés par la garde nationale tunisienne alors qu'ils tentaient de traverser la Méditerranée en bateau, font halte au port d'El-Ketef à Ben Guerdane, dans le sud de la Tunisie, à proximité de la frontière avec la Libye, le 27 juin 2021. (AFP)

Il n'est toutefois pas certain qu'il s'agisse en réalité de Bangladais L'apparition soudaine du Bangladesh dans les statistiques pourrait s'expliquer par la situation critique des Rohingyas – la minorité musulmane de Birmanie qui est persécutée dans l'État de Rakhine, à majorité bouddhiste. En effet, un million de Rohingyas ont été contraints de chercher refuge au Bangladesh, de l'autre côté de la frontière. 

La situation dans les camps de réfugiés bangladais surpeuplés et démunis est de plus en plus insupportable. De nombreux Rohingyas se sont récemment établis sur une île isolée à cinquante kilomètres de la côte, dans le golfe du Bengale, et leurs conditions de vie suscitent de vives inquiétudes. 

Comme l'a indiqué le HCR au mois d'août, près de 3 046 Rohingyas (les deux tiers étant des femmes et des enfants) ont essayé, entre janvier 2020 et juin 2021, de traverser la mer d'Andaman et le golfe du Bengale pour se réfugier en Indonésie ou en Malaisie; ils venaient de l'État de Rakhine ou du Bangladesh. Plus de 200 ont péri en essayant.

On ignore encore de quelle manière évoluera la composition de la population des réfugiés dans le monde en 2022. Les événements qui secouent actuellement l'Érythrée et l'Éthiopie alourdiront sans doute le bilan pour l'année à venir. De la même façon, tout laisse à penser que des pays comme l'Égypte, l'Iran et la Syrie – leurs citoyens représentent ensemble plus de 20 % des personnes qui ont traversé la Méditerranée en 2021 – continueront de peser de tout leur poids dans la balance des réfugiés.

«En dépit de la pandémie qui frappe le monde, les guerres et les conflits continuent de faire rage à travers le monde; ils déplacent des millions de personnes et ils empêchent nombre d'entre elles de rentrer dans leur pays», explique Gillian Triggs, Haut-Commissaire assistante du HCR chargée de la protection internationale, lors de la publication du rapport Projected Global Resettlement Needs 2022.

«Les besoins humanitaires augmentent à un rythme bien plus soutenu que les solutions. Nous exhortons donc les pays à prévoir davantage de camps de réinstallation pour les réfugiés menacés ou dont la vie est en danger», poursuit Mme Triggs. Le HCR se donne pour mission de réinstaller les réfugiés, en persuadant les pays de prendre en charge une partie de la population croissante de réfugiés. Cette mission est à la fois noble et irréalisable.

En effet, sur les 20,7 millions de réfugiés recensés dans le monde, seuls 35 000 ont été réinstallés l'an dernier. Le HCR prévoit que le nombre de réfugiés ayant besoin d'être réinstallés s'élèvera à 1,47 million en 2022.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com. 


Selon une source ukrainienne , Zelensky ne serait pas prêt à signer un accord sur les minerais avec Washington

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo AFP )
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Le président ukrainien Volodymyr Zelensky n'est « pas prêt » à signer un accord avec les États-Unis qui leur offrirait un accès préférentiel aux minerais du pays, a affirmé samedi à l'AFP une source ukrainienne proche du dossier, alors que les deux pays sont en pleines tensions.

Donald Trump réclame depuis plusieurs semaines l'équivalent de 500 milliards de dollars de terres rares, en guise de dédommagement, selon lui, du soutien américain à Kiev face à l'invasion russe, une condition qu'Ukraine ne peut accepter pour l'instant.

« Le président ukrainien n'est pas prêt à accepter le projet dans sa forme actuelle. Nous essayons toujours de faire des changements de manière constructive », a expliqué cette source ukrainienne qui a requis l'anonymat.

« Ils veulent nous soutirer 500 milliards de dollars », a-t-elle accusé.

« Quel genre de partenariat est-ce là ? (...) Et pourquoi devons-nous donner 500 milliards, il n'y a pas de réponse », a-t-elle encore dit, affirmant que Kiev avait « proposé des amendements. Ils ont été soumis ».

Depuis l'appel entre Donald Trump et Vladimir Poutine le 12 février, Moscou et Washington ont exprimé leur volonté de repartir sur de nouvelles bases, et le président américain a complètement renversé la position de son pays concernant la guerre en Ukraine, en reprenant la rhétorique du Kremlin sur la responsabilité de Kiev.

Le 24 février 2022, l'Ukraine a été envahie par la Russie, le Kremlin affirmant agir pour protéger le pays contre la menace de l'OTAN et empêcher un élargissement de l'organisation.

Donald Trump souhaite négocier un accord avec l'Ukraine afin d'obtenir un accès à 50 % de ses minerais stratégiques, en guise de compensation pour l'aide militaire et économique déjà fournie à Kiev.

Le conseiller à la sécurité nationale de M. Trump, Mike Waltz, s'est montré très pressant vendredi.

« Le président Zelensky va signer cet accord, et vous le verrez à très court terme, et c'est bon pour l'Ukraine », a-t-il insisté lors d'un rassemblement de conservateurs près de Washington.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rejeté avec vigueur la première proposition américaine d'accord, arguant qu'il ne pouvait « pas vendre » son pays.

Il a toutefois laissé la porte ouverte à des « investissements » américains en échange de telles garanties.

De son côté, Donald Trump affirme que les États-Unis ont dépensé 350 milliards de dollars pour s'engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée. Or, selon l'institut économique IfW Kiel, l'aide américaine globale à l'Ukraine, financière, humanitaire et militaire, a atteint 114,2 milliards d'euros (près de 120 milliards de dollars au cours actuel) entre début 2022 et fin 2024, dont 64 milliards d'euros en assistance militaire.

Le 1er février, M. Zelensky a assuré que l'Ukraine n'avait reçu à ce stade que 75 des 177 milliards de dollars d'aide votée par le Congrès américain.


Les États-Unis proposent à l'ONU une résolution pour « une fin rapide » du conflit en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine.  (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (G) accueille l'envoyé américain Keith Kellogg dans ses bureaux à Kiev le 20 février 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo par Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine.
  • Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE.

NATIONS-UNIES : Les États-Unis ont proposé un projet de résolution à l'Assemblée générale de l'ONU qui ne mentionne pas le respect de l'intégrité territoriale du pays, après une nouvelle attaque du président américain Donald Trump contre son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.

Dans un communiqué, le secrétaire d'État américain, Marco Rubio, a exhorté les pays membres de l'ONU à approuver cette nouvelle résolution « simple » et « historique », et « tous les États membres à la soutenir, afin de tracer un chemin vers la paix ».

« Cette résolution est une bonne idée », a rapidement commenté l'ambassadeur russe à l'ONU, Vassili Nebenzia, déplorant toutefois l'absence de référence « aux racines » du conflit.

Les Européens, désarçonnés par l'ouverture du dialogue américano-russe sur l'Ukraine, n'avaient pas réagi samedi matin à la proposition américaine.

« Nous n'avons pas de commentaire pour l'instant », a simplement indiqué l'ambassadeur français à l'ONU Nicolas de Rivière, alors que l'Assemblée générale doit se réunir lundi.

Le texte proposé par les États-Unis ne condamne pas l'agression russe ni ne fait référence explicite à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, ce qui ressemble à une trahison de la part de Kiev et à un coup bas contre l'UE, mais aussi à un mépris pour les principes fondamentaux du droit international », a déclaré à l'AFP Richard Gowan, de l'International Crisis Group.

L'Assemblée générale de l'ONU se réunit lundi pour marquer le troisième anniversaire de l'invasion russe de l'Ukraine.

À cette occasion, l'Ukraine et les Européens ont préparé un projet de résolution qui souligne la nécessité de « redoubler » d'efforts diplomatiques pour mettre fin à la guerre « cette année », et prend note des initiatives de plusieurs États membres ayant présenté « leur vision pour un accord de paix complet et durable ».

Le texte réitère également les précédentes demandes de l'Assemblée générale, appelant à un retrait immédiat et inconditionnel des troupes russes d'Ukraine ainsi qu'à la cessation des attaques de la Russie contre l'Ukraine.

Ces précédents votes avaient rassemblé plus de 140 voix sur les 193 États membres.

Les nouvelles salves de M. Trump contre M. Zelensky interviennent alors que la visite de l'émissaire du président américain, Keith Kellogg, semblait avoir apaisé la situation. Ces nouvelles attaques de M. Trump contre M. Zelensky font suite à des premières invectives virulentes plus tôt dans la semaine, qui avaient suscité une vive réaction de la part de Kiev et la stupéfaction de ses alliés européens.

M. Zelensky avait déclaré avoir eu des échanges « productifs » avec M. Kellogg, et ce dernier l'avait qualifié de « dirigeant courageux et assiégé d'une nation en guerre ».

Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réaffirmé que le président Vladimir Poutine était « ouvert » à des pourparlers de paix.

La Russie exige notamment que l'Ukraine lui cède quatre régions ukrainiennes, en plus de la Crimée qu'elle a annexée en 2014, et qu'elle n'adhère jamais à l'Otan. Des conditions jugées inacceptables par les autorités ukrainiennes qui demandent à leurs alliés des garanties de sécurité solides.

M. Trump et ses collaborateurs ont jugé « irréaliste » l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan et son ambition de reprendre ses territoires perdus à la Russie.

Sur le terrain, la situation reste difficile pour les troupes ukrainiennes. L'armée russe a revendiqué vendredi la prise de deux localités dans l'est de l'Ukraine.


60 ans après, l'assassinat de Malcolm X continue de secouer l'Amérique

L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
L'avocat Ben Crump (à droite) et la fille de Malcolm X, Ilyasah Shabazz, s'adressent à la presse pour demander la déclassification des documents du pasteur musulman afro-américain et militant des droits de l'homme Malcolm X, à l'occasion du 60e anniversaire de son assassinat, à Harlem, dans l'État de New York, le 21 février 2025. La conférence de presse s'est tenue au Malcolm X and Dr Betty Shabazz Memorial and Educational Center, dans la salle de bal où Malcolm X a été assassiné le 21 février 1965. (Photo de CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ».
  • « Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

NEW-YORK : Six décennies jour pour jour après sa mort, un hommage est rendu vendredi à la figure de proue du mouvement « Black Power », notamment pour son héritage en matière de « justice sociale ». C'est ce que rappelle le Shabazz Center, le mémorial et centre éducatif installé dans l'ancienne salle de bal de Harlem où il a été abattu à 39 ans, au faîte de son influence, et ce quelques mois seulement après l'abolition de la ségrégation raciale.

Qui a commandité le meurtre ? Comment le drame a-t-il pu survenir en pleine réunion publique, alors que les menaces pesant sur le militant, porte-voix de la « Nation of Islam » puis de l'abolition des discriminations, étaient connues des autorités ?

Pour obtenir des réponses, sa famille a engagé en novembre 2024 des poursuites au civil spectaculaires, réclamant 100 millions de dollars aux forces de l'ordre et aux agences fédérales qu'elle accuse, selon elle, d'avoir joué un rôle à divers degrés dans son assassinat.

Dans ce dossier qui doit entrer dans le vif du sujet début mars devant un tribunal de Manhattan, la famille assure disposer d'éléments nouveaux lui permettant d'assigner en justice la police de New York (NYPD), le FBI ou encore la CIA.

« Nous espérons que la vérité tant attendue éclatera, après 60 ans d'attente, et que ce qui s'est passé sera documenté », explique à l'AFP Ilyasah Shabazz, la fille de Malcolm X.

- « Qui a donné l'ordre ? » -

Selon l'assignation en justice, la famille du leader afro-américain, également connu sous le nom d'El-Hajj Malik El-Shabazz, estime que les forces de l'ordre et les services de renseignement américains ont sciemment désengagé les policiers dont la mission était de le protéger la nuit du drame.

Des agents en civil ne sont pas non plus intervenus au moment des faits et, depuis sa mort, les agences de renseignement s'emploieraient à dissimuler leurs agissements, selon la plainte.

Contactée par l'AFP, la police de New York n'a pas souhaité s'exprimer pour l'instant.

« Cette dissimulation a duré des décennies, privant la famille Shabazz de la vérité et de leur droit à obtenir justice », estime auprès de l'AFP Me Ben Crump, qui défend le dossier pour les filles de Malcolm X.

« Nous écrivons l'histoire en nous dressant ici face à ces torts et en demandant des comptes devant les tribunaux », se félicite le conseil, qui a demandé vendredi la « déclassification de documents » liés à ce dossier.

L'affaire avait déjà rebondi en 2021, lorsque deux des trois anciens hommes reconnus coupables de l'assassinat et ayant passé plus de vingt ans derrière les barreaux ont finalement été innocentés, ce qui constitue l'une des plus grandes erreurs judiciaires des États-Unis. En réparation, les deux Afro-Américains ont touché 36 millions de dollars de la part de la ville et de l'État de New York.

« On sait déjà assez précisément comment l'assassinat de Malcolm X s'est déroulé. On sait qui en est responsable : cinq membres de la Nation of Islam. La seule chose qu'on ignore, c'est qui a donné l'ordre », observe Abdur-Rahman Muhammad, historien et spécialiste reconnu du dossier, dont les travaux pendant des décennies ont contribué à disculper les deux accusés à tort.

Selon lui, les éléments mis en avant aujourd'hui par la famille de Malcolm X sont « peu crédibles ».

Il concède toutefois que « si la plainte permet de déterminer qui a donné l'ordre final, alors elle aura de la valeur ».

Cet énième rebondissement aura au moins permis de remettre en avant « l'héritage » de Malcolm X, plus important que jamais sous le second mandat de Donald Trump, « ennemi implacable » de la communauté noire, affirme l'historien.

« Cela va inciter les Afro-Américains à se serrer les coudes », anticipe Abdur-Rahman Muhammad. « En résumé, la communauté noire doit revenir au message de Malcolm : lutter. »