PARIS: Après les masques l'an dernier, les autotests du Covid-19 vont être autorisés à la vente dans les super- et hypermarchés en France, pendant un mois, au grand dam des pharmaciens qui en avaient jusqu'à présent le monopole.
Cette autorisation est annoncée comme temporaire: l'arrêté publié mardi au Journal officiel précise que la vente hors pharmacie est autorisée "à titre exceptionnel et jusqu'au 31 janvier 2022". Cette extension concernera uniquement la grande distribution, a ensuite précisé à l'AFP le ministère de la Santé, qui n'a pas confirmé si la vente en ligne, par exemple sur Amazon, serait aussi permise.
Le gouvernement a considéré que face à une demande de tests "sans précédent depuis le début de la crise sanitaire, il y a lieu de diversifier les circuits d'approvisionnements et de ventes des autotests", selon le texte de l'arrêté. Les autotests sont vendus en pharmacies depuis avril 2021.
Pour la grande distribution, c'est une victoire. "C'est bien d'élargir le front et d'augmenter les disponibilités. On voit bien avec le variant Omicron que l'autotest est aujourd'hui un outil indispensable pour les réunions familiales", a commenté Michel-Edouard Leclerc, président du comité stratégique des magasins E.Leclerc, auprès de l'AFP.
La Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), qui représente une cinquantaine d'enseignes, s'est réjouie auprès de l'AFP d'une "bonne nouvelle qui va permettre aux Français d'avoir plus facilement accès aux autotests, à des prix accessibles".
Ces tests antigéniques devraient arriver à partir de mercredi dans certains rayons. Certaines enseignes, comme Carrefour, en avaient déjà commandé en mars. Celles qui sont installées dans des pays où les autotests sont déjà autorisés en grande distribution, comme l'Allemagne et la Belgique, disposent aussi de facilités d'approvisionnement.
"Les circuits d'approvisionnement avaient été identifiés par les distributeurs et vont désormais pouvoir être mobilisés", ajoute la FCD.
Ces tests coûtent aujourd'hui de l'ordre de 4 à 5 euros l'unité en pharmacies. Leclerc annonce 1,95 euro l'unité; Système U et Carrefour affirment qu'ils vendront à prix coûtant, sans encore donner le montant.
"Ce n'est pas un objectif de marge ou de profit [...]. C'est un objectif de service qu'on souhaite rendre et qui nous est réclamé", a déclaré mardi le président de Système U, Dominique Schelcher, sur RTL, en rappelant qu'il vendait déjà des tests de grossesse.
Comme les masques
Les autotests arriveront vite: dès mercredi dans deux magasins E.Leclerc sur trois, et à la fin de la semaine dans tous ses magasins; à partir de vendredi chez Carrefour et "peut-être un peu plus tôt"; et sous dix jours chez Lidl.
Les patrons de la grande distribution avaient déjà réclamé en avril de pouvoir vendre des autotests, à grand renfort de tribunes et de passages dans les matinales radio. Ces dernières semaines, en pleine cinquième vague de coronavirus, ils étaient repartis en campagne dans les médias.
De leur côté, les pharmaciens militaient pour garder le monopole sur la vente de ces dispositifs médicaux, se justifiant par leur rôle de conseil et la volonté de préserver le marché de la santé des appétits de la grande distribution.
"Les autotests ne sont pas une simple marchandise à mettre en GMS [grandes et moyennes surfaces, NDLR]. Je le répète, l'encadrement par un professionnel de santé est fondamental. Nous n’allons pas en rester là", a réagi sur Twitter Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
M. Besset soutient que cette mesure est "un renoncement à la stratégie de tracing" de l'épidémie.
Le groupement d'officines Pharmabest a critiqué la décision alors que "les pharmaciens n’ont toujours pas l'autorisation de mettre les autotests en libre accès en pharmacie, ni sur leur site de vente en ligne". Il les accuse également d'avoir "asséché depuis plusieurs semaines les approvisionnements des pharmaciens".
Une polémique similaire avait eu lieu au début de la pandémie avec les masques, qui ne pouvaient pas être vendus dans le commerce. Finalement, les grandes surfaces avaient pu commencer à en vendre en mai 2020, non sans avoir été accusés d'avoir constitué des "stocks cachés", après une période où la France en manquait.