Nouvelle-Calédonie: des éleveurs européens calédoniens avant d'être français

La propriété de cet homme de 70 ans qui espère que ses deux fils reprendront un jour son exploitation, est reconnaissable au grand drapeau tricolore qui claque au vent à l'entrée, visible depuis la route. (Photo, AFP)
La propriété de cet homme de 70 ans qui espère que ses deux fils reprendront un jour son exploitation, est reconnaissable au grand drapeau tricolore qui claque au vent à l'entrée, visible depuis la route. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 27 décembre 2021

Nouvelle-Calédonie: des éleveurs européens calédoniens avant d'être français

  • Quand on lui demande combien il possède de terres, M. Santacroce répond en plaisantant, "1 500 hectares, plus par marée basse"
  • "Avant j'étais à Thio, et j'ai tout perdu pendant les événements de 84-85. La maison de mes parents, c'est moi qui l'ai brûlée. Il valait mieux partir que de tuer ou d'être tué"

BOULOUPARIS : "Une chance qu'on ait gagné le référendum, mais si on l'avait perdu il aurait fallu faire avec, parce que moi je ne veux pas partir", explique Ghislain Santacroce, éleveur bovin à Bourail sur la côte ouest de la Nouvelle-Calédonie.

La propriété de cet homme de 70 ans qui espère que ses deux fils reprendront un jour son exploitation, est reconnaissable au grand drapeau tricolore qui claque au vent à l'entrée, visible depuis la route. Le plus grand du coin, dit-il.

Sa maison en haut d'une colline est tournée vers les terres. Derrière, on aperçoit le bleu turquoise du lagon. Quand on lui demande combien il possède de terres, M. Santacroce répond en plaisantant, "1 500 hectares, plus par marée basse".

"Avant j'étais à Thio, et j'ai tout perdu pendant les événements de 84-85. La maison de mes parents, c'est moi qui l'ai brûlée. Il valait mieux partir que de tuer ou d'être tué", raconte M. Santacroce en rappelant que son grand-père était arrivé en 1870 en tant que bagnard dans cette ville de la côte est.

Quatre décennies ont passé, mais Ghislain Santacroce reste ému en le racontant.

A la suite de cet arrachement, l'éleveur a voyagé dans le monde, mais il est finalement revenu s'installer en Nouvelle-Calédonie, passant simplement de la côte est à la côte ouest. "Le plus beau pays, c'est le nôtre". Il a démarré avec 600 hectares et s'est agrandi peu à peu. "A chaque fois qu'il y avait des événements, les gens vendaient".

Le "stockman", le nom australien pour les éleveurs couramment utilisé sur le Caillou, élève également des cerfs, des animaux importés qui font des ravages sur la Grande terre. 

"Je capture entre 800 et 1 000 cerfs par an", dit-il fièrement. Des animaux qu'il garde au pâturage avant de les envoyer à l'abattoir puis de les vendre à un grossiste alsacien spécialisé dans le gibier. Un élevage dangereux. "J'ai été +piqué+ (blessé) par un renne et j'ai pris 3 mois d'hôpital", raconte-t-il.

Dans la sellerie de la ferme, 10 selles chinées dans le monde entier, d'Arles au Texas, sont suspendues, mais c'est en buggy 4x4 qu'il se déplace le plus souvent sur l'exploitation et rassemble le bétail.

«Foutus dehors»

Chez Karl Heinz Creugnet, éleveur bovin sur 250 hectares à Boulouparis, les chevaux gardent encore une grande place, notamment via un élevage de chevaux de courses. 

"J'ai 57 ans, et depuis que je suis tout petit, on a toujours vécu avec cette épée au-dessus de nos têtes: l'indépendance, +vous allez être foutus dehors d'ici+", raconte M. Creugnet.

"Je suis avant tout Calédonien, je suis Français en deuxième position et ma place, elle est ici", explique M. Creugnet, dont le fils Julien "donne la main sur l'exploitation".

Après le cyclone Ruby, passé sur le Caillou deux jours après que le référendum d'autodétermination a été remporté par les pro-France, la famille Creugnet a eu fort à faire pour relever toutes les clôtures arrachées par les fortes pluies. 

Les deux pieds dans la rivière, un chapeau sur la tête pour se protéger du soleil ardent, les membres de la famille démêlent les écheveaux de fil de fer barbelé pris dans les branches. Huit bouviers australiens s'ébattent dans l'eau autour des hommes au travail. 

Comme beaucoup d'Européens installés sur la côte ouest et surnommés "Caldoches" dans l'île, M. Creugnet a une longue histoire avec la Nouvelle-Calédonie: "Mon arrière-arrière-grand-mère a débarqué à la plage de Bouraké, avec un sac dans le dos et un numéro de lot qu'elle s'est débrouillée à exploiter".

"Je me considère aujourd'hui à égalité avec les Kanaks: ils ont leur place et nous on a la nôtre aussi et il faut qu'on arrête de se regarder en chien de fusil, de se taper dessus, aujourd'hui on a un pays à construire", assure M. Creugnet qui estime que le principal est de renforcer l'économie.

"Il faut que notre économie soit riche pour pouvoir parler d'indépendance et qu'on arrête de faire de la politique politicienne", conclut-il. 


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".