PARIS: Face à la vague Omicron qui touche désormais 20% des nouveaux cas de Covid en France, le gouvernement vise la mi-janvier pour l'adoption du pass vaccinal, mais n'envisage pas pour l'instant d'introduire un pass sanitaire sur les lieux de travail.
"La vague qui nous attend est haute, mais nous faisons front", a lancé mardi soir le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, depuis l'hôtel Matignon, à l'issue d'une journée de consultations entre le Premier ministre et les représentants des associations d'élus, puis des parlementaires.
"Nous avons les moyens, nous avons les outils, nous avons les armes, nous avons la mobilisation qui nous permettront de faire face et qui peuvent nous permettre de déjouer les pronostics dans notre pays s'agissant de l'épidémie", a ajouté M. Attal, qui a toutefois prévenu d'une "possible nécessité d'avoir à prendre d'autres mesures" en cas de "dégradation importante de la situation sanitaire et un risque pour notre hôpital".
Le temps presse: le taux d'incidence du Covid-19 atteint "une nouvelle fois un record" en France, à 545 cas par semaine pour 100.000 habitants - près du double à Paris -, alors que le variant Omicron concerne désormais 20% des nouveaux cas, contre 10% le week-end dernier. La courbe de nouveaux cas quotidiens de contamination, qui tendait ces derniers jours à se stabiliser sur un plateau déjà élevé, est par ailleurs repartie à la hausse.
Une hausse "tirée par une augmentation très forte des contaminations chez les jeunes, notamment les 20-40 ans", a souligné Gabriel Attal, qui avait auparavant indiqué que Omicron faisait doubler le nombre de cas "tous les deux à trois jours".
Il a rappelé la "progression absolument foudroyante" déjà observée au Royaume-Uni, mais aussi "le point d'interrogation" sur "la part des cas graves nécessitant une hospitalisation" liés à ce variant.
Face à cette cinquième vague, le gouvernement veut accélérer la transformation du pass sanitaire en pass vaccinal plus vite qu'initialement prévu.
Il doit désormais entrer en vigueur dans "la première quinzaine du mois de janvier", après une présentation lors d'un Conseil des ministres exceptionnel le 27 décembre et un examen dès la même semaine au Parlement.
Selon le député UDI Jean-Christophe Lagarde, le projet de loi pourrait être discuté dans l'hémicycle dès "le 3 janvier".
Le gouvernement a renoncé à intégrer dans son projet de loi un pass sanitaire pour les entreprises, "notamment pour des raisons de faisabilité opérationnelle", a soutenu Gabriel Attal. Il laissera toutefois les parlementaires déposer éventuellement un amendement dans ce sens, ont indiqué à l'AFP plusieurs sources parlementaires.
"Nous avons été entendus et nous sommes soulagés" a réagi dans la foulée la vice-présidente et porte-parole du Medef Dominique Carlac’h sur BFMTV, affirmant avoir "soulevé des modalités de complexité de mise en œuvre et des sanctions qui nous paraissaient disproportionnées eu égard à l'objectif".
Le porte-parole du gouvernement a néanmoins mis l'accent sur un "consensus" avec les parlementaires "s'agissant de la nécessité de renforcer le télétravail".
20 millions de rappels
Le projet de loi doit par ailleurs renforcer les contrôles et les sanctions pour les faux pass sanitaires en circulation même si l'idée d'une vérification de l'identité des détenteurs du pass n'a pas été évoquée lors des réunions du jour, selon M. Attal.
Mais c'est surtout grâce à la campagne vaccinale que l'exécutif entend juguler le tsunami Omicron, alors que les études de l'institut Pasteur ont mis en évidence des résultats encourageants quant à la protection apportée par trois doses de sérum face au risque d'infection et, a fortiori, à celui d'une hospitalisation.
"L'objectif, c'est d'inciter le plus possible à la vaccination parce qu'on voit quand même que c'est notre meilleur outil face à la progression de l'épidémie", a martelé le porte-parole du gouvernement, en se réjouissant que 50.000 primo-injections aient été réalisées ces dernières 24 heures.
La barre des 20 millions de doses de rappel a en outre été franchie mardi, avec "quatre jours d'avance" sur l'objectif fixé par le gouvernement, s'est félicité le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans un message publié sur Twitter.
Ces mesures seront-elles suffisantes, alors que plusieurs pays d'Europe ont décrété confinements et restrictions?
Après avoir renforcé les contrôles aux frontières, fermé les discothèques et interdit les grands rassemblements sur la voie publique pour le 31 décembre, le gouvernement compte sur la "responsabilité" des Français pendant les fêtes.
Et vise notamment les 20-39 ans, sur-représentés chez les nouveaux contaminés: "Réduisez au maximum vos contacts; si vous avez le moindre doute, testez-vous, et si vous avez un test positif, même si vous n'avez pas de symptôme, isolez -vous encore plus scrupuleusement", les a enjoints Gabriel Attal.