Omicron: les experts veulent un plan d'action mondial contre la Covid-19

Les gens font la queue pour se faire tester pour la Covid- 19 dans un centre de test à Times Square le 9 décembre 2021 à New York. (Photo, AFP)
Les gens font la queue pour se faire tester pour la Covid- 19 dans un centre de test à Times Square le 9 décembre 2021 à New York. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 19 décembre 2021

Omicron: les experts veulent un plan d'action mondial contre la Covid-19

  • La distanciation sociale et les interdictions de voyager sont de retour dans de nombreux pays depuis la détection d'un variant en novembre
  • 8,4 milliards de vaccins administrés, seulement 7,1 % des habitants des pays à faible revenu ont reçu au moins une dose

DUBAÏ : Au moment où le monde pensait avoir franchi un cap dans la lutte contre la Covid-19, les espoirs d'un retour à la normale ont été anéantis lorsque des médecins d'Afrique du Sud ont signalé qu'environ 3 000 de leurs patients avaient contracté un nouveau variant, peut-être plus infectieux et potentiellement plus résistant aux vaccins du coronavirus.

L'émergence le mois dernier de B.1.1.529, nommé Omicron par l'Organisation mondiale de la santé conformément à son système de désignation de variants notables après les lettres de l'alphabet grec, a plongé les gouvernements dans une frénésie quelques semaines seulement avant le début de la saison chargée des voyages de Noël et du nouvel an.

Le port du masque, la distanciation sociale, les tests de masse et le télétravail ont été rapidement réimposés dans de nombreux pays dans le but de contenir la propagation anticipée du nouveau variant, tandis que les gouvernements ont fermé leurs frontières aux voyageurs des pays où l’Omicron était présent.

Malgré la réponse rapide, le variant s’est déjà propagé dans presque tous les continents et devrait devenir la souche dominante, remplaçant le variant précédent, le Delta.

Une travailleuse médicale prépare un vaccin contre le coronavirus (la Covid-19) BioNtech-Pfizer à Makati City, dans la banlieue de Manille, le 29 novembre 2021. (Photo, AFP)

Emmanuel Kouvousis, conseiller scientifique principal chez Vesta Care, estime que le coronavirus continuera de prendre le dessus tant que les pays n'auront pas de plan d'action uni afin d’atteindre un taux mondial de vaccination plus élevé.

«Si je peux faire une prédiction, je dirais que le virus restera là pendant au moins cinq ans à compter du jour où il a commencé», a déclaré Kouvousis à Arab News, ajoutant qu'il est peu probable qu'Omicron soit la dernière mutation de la Covid-19, avec au moins deux autres souches dominantes attendues avant la fin de la pandémie.

Au 1er décembre, le nombre de personnes infectées par l'Omicron en Afrique du Sud avait plus que doublé pour atteindre 8 561. Au moins 11 pays de l'UE ont depuis signalé des cas d'Omicron, tandis que les responsables de la santé au Royaume-Uni s'attendent à voir jusqu'à 1 million de cas d'ici la fin de l'année.

Parmi les pays de coopération du Golfe, l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Koweït et Oman ont tous signalé leurs premiers cas d'Omicron. Israël, le Japon et le Maroc ont entièrement fermé leurs frontières aux voyageurs étrangers.

Des voyageurs font la queue au comptoir d'enregistrement de l'aéroport international OR Tambo de Johannesburg le 27 novembre 2021, après que plusieurs pays ont interdit les vols en provenance d'Afrique du Sud à la suite de la découverte du variant Omicron. (Photo, AFP)

Une partie du problème, selon Konstantinos Dimitrakopoulos, directeur et chef de la division médicale chez Intelligent Care Group, est que de nombreuses personnes sont mal informées sur l'effet des vaccins et ont la fausse impression qu'elles sont complètement immunisées une fois vaccinées.

«Le vaccin ne vous empêche d’avoir le virus. Cela ne vous empêche pas de le contracter. Cela ne vous empêche pas de le transmettre. Cela diminue simplement vos chances de mourir ou d'avoir des symptômes graves», a-t-il déclaré à Arab News.

«Pour que le vaccin soit l'outil ultime, nous devrions appuyer sur un bouton et vacciner instantanément des milliards de personnes à la fois », ce qui est, bien sûr, impossible.

Un autre problème est le «décalage temporel massif» entre les populations recevant la première et la deuxième dose du vaccin, ce qui affaiblit naturellement la lutte contre un virus à mutation rapide.

Un technicien de laboratoire travaille dans un laboratoire de pathologie équipé pour dépister les patients de la Covid-19 et ceux infectés par le variant Omicron en provenance de destinations à haut risque dans un hôpital gouvernemental de Chennai. (Photo, AFP)

«La communauté mondiale est passée de la compréhension du virus au dépistage du virus, au développement des vaccins, puis à la vaccination des personnes avec un décalage dans le temps, ce qui est un décalage naturel dû aux restrictions de production», a expliqué Dimitrakopoulos.

La grande inégalité des ressources et des capacités financières entre les pays du monde est l'un des nombreux facteurs qui ont entravé les efforts pour vaincre le virus avant qu'il ne subisse un mutation à nouveau.

Après tout, malgré l'administration de plus de 8,4 milliards de doses de vaccin dans le monde dès le début décembre, une moyenne de seulement 7,1% des habitants des pays à faible revenu ont reçu au moins un vaccin.

«Nous n'avons pas d'usines dans le monde capables de produire les vaccins à une telle échelle, ou de les distribuer et de les administrer simultanément dans un laps de temps très court», a souligné Dimitrakopoulos.

Cependant, le simple fait d'envoyer davantage de vaccins dans les pays les plus pauvres d'Afrique et d'Asie dans l'espoir d'augmenter le taux de vaccination ne résoudra probablement pas le problème.

«Il y a toujours la question de savoir qui va parcourir le dernier kilomètre et apporter les vaccins dans chaque village ou chaque zone et les administrer», s’est demandé Dimitrakopoulos.

Avec la souche Omicron récemment découverte de la Covid-19, les responsables de la santé du monde entier exhortent les gens à se faire vacciner ou à un vaccin de rappel et à se faire tester pour le virus. (Photo, AFP)

Un autre facteur est l'interconnexion du monde et l'absence d'une politique mondiale uniforme pour le dépistage du virus. «Tant que les aéroports sont ouverts, le virus a des moyens illimités de se   propager», a ajouté Dimitrakopoulos.

En effet, la majeure partie de la population mondiale n'est pas suffisamment couverte par un système de santé qui suit des procédures de dépistage strictes, répond rapidement aux cas en imposant l'auto-isolement et fournit des traitements et des vaccinations contre le virus.

La distribution des vaccins n'est pas seulement entravée par les défis logistiques dans le monde en développement. La monopolisation des vaccins en tant que propriété intellectuelle par une poignée de grandes sociétés pharmaceutiques a également limité la production, selon Kouvousis.

Les plus petites «entreprises génériques» n'ont pas accès à la formule du vaccin et, par conséquent, ne sont pas en mesure d'augmenter la production ou d'étendre sa portée dans les pays les plus pauvres, a-t-il révélé.

L'un des facteurs les plus préoccupants est le scepticisme généralisé du public à l'égard des vaccinations. La désinformation ou le manque d'éducation ont signifié que de larges segments de la population négligent les mesures de distanciation sociale et d'hygiène ou s'opposent carrément à recevoir le vaccin.

Ces facteurs combinés ont permis au virus de passer à nouveau entre les mailles du filet. «Il y a eu un retard dans la diffusion du message à l'échelle mondiale», a affirmé Kouvousis.

Des enfants accompagnés de leurs parents font la queue à leur arrivée pour recevoir une dose de vaccin contre la Covid-19, devant le centre de vaccination du Parque das Nacoes à Lisbonne, le 18 décembre 2021. (Photo. AFP)

«Nous avons perdu de l'élan à cause de cette arrogance en tant que communauté médicale qui ne craignait rien et pensait pouvoir tout gérer», a signalé Kouvousis. «Les chiffres montrent maintenant autre chose».

Selon le Centre de ressources sur les coronavirus de l'Université Johns Hopkins, le nombre de morts de la Covid-19 a maintenant dépassé les 5,3 millions dans le monde.

Dimitrakopoulos convient que le monde est devenu complaisant et que davantage aurait pu être fait avant et pendant la pandémie pour mieux se préparer à l'épidémie initiale et à la montée de nouveaux variants.

«Nos plans d'urgence n'ont jamais été testés», a-t-il déclaré. «La première fois qu'ils devaient être testés, ils se sont avérés inefficaces ; tout a été fait de façon ponctuelle et sur-le-champ au fur et à mesure que la pandémie se développait».

Certains pays étaient mieux préparés lorsque la pandémie a frappé, tandis que d'autres se sont bien adaptés pour contenir de nouveaux variants au fur et à mesure de leur apparition.

Un exemple de réussite est celui des Émirats arabes unis, où 100% de la population a reçu sa première dose du vaccin, et plus de 90% sont désormais complètement vaccinés.

Des acheteurs, dont certains portent des masques pour lutter contre la propagation du virus, passent devant les magasins d'Oxford Street à Londres le 18 décembre 2021. (Photo, AFP)

«Lorsque le virus a frappé en février 2020, la capacité quotidienne du marché des Émirats arabes unis à effectuer des tests PCR était d'environ 5 000 échantillons», a éclairci Dimitrakopoulos. Aujourd'hui, les Émirats arabes unis ont la capacité d'effectuer plus d'un demi-million de tests par jour, de traiter des échantillons et de suivre la source du virus.

Le variant Omicron a néanmoins laissé les scientifiques se presser de déterminer sa transmissibilité et sa mortalité.

«Les données prennent du temps à rassembler et à analyser, mais nous devrions avoir une meilleure idée d'ici la fin du mois de décembre si l'omicron est aussi transmissible ou plus hautement transmissible que le variant delta», a déclaré à Arab News, le Dr Matthew Binnicker, directeur de la virologie clinique à la Mayo Clinic à Rochester.

Selon l'OMS, «un nouveau variant ne signifie pas que les choses seront nécessairement pires, mais cela signifie qu'elles seront plus incertaines».

Binnicker a ajouté que «le meilleur moyen d'empêcher l'apparition de mutations est de réduire le nombre de personnes infectées. Si le virus ne peut pas infecter quelqu'un, il n'a pas la possibilité de reproduire son génome et cela empêche les mutations de se produire».

Des études préliminaires montrent qu'une troisième dose d'un vaccin, connue sous le nom de rappel, augmente les niveaux d'anticorps neutralisants de 25 fois par rapport à deux doses, qui à elles seules offrent une protection d'au moins 70% contre le variant omicron.

«Afin de réduire considérablement le nombre d'infections, nous aurons probablement besoin d'un taux d'immunité global (issu de la vaccination et/ou de l'immunité naturelle) d'au moins 80%», a déclaré Binnicker.

«Afin de réduire considérablement le nombre d'infections, nous aurons probablement besoin d'un taux d'immunité global (issu de la vaccination et/ou de l'immunité naturelle) d'au moins 80%», a clarifié Binnicker. «Plus vite nous pourrons vacciner la population mondiale, plus vite nous pourrons réduire le taux d'infections et empêcher l'émergence de nouveaux variants».

Pour faire de cela une réalité, de nombreux membres de la communauté médicale adoptent l'idée de vaccinations obligatoires, une idée qui pourrait bien s'avérer politiquement impopulaire. Pour cette raison, Dimitrakopoulos aimerait que la décision ne soit pas entre les mains des politiciens.

«Afin de s'attaquer au problème politique mondial autour des vaccinations obligatoires, une directive devrait émaner des autorités sanitaires telles que l'OMS et les Centres Américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC)», a-t-il soutenu. « Ni des gouvernements, ni des politiciens».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Nationalisation du rail: Londres dévoile ses trains aux couleurs de l'Union Jack

Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
Une photographie aérienne montre la gare ferroviaire Temple Mills International, dans l'est de Londres, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le gouvernement travailliste britannique dévoile le nouveau design des trains, aux couleurs de l’Union Jack
  • Après des décennies de privatisation marquées par retards, annulations et scandales, sept opérateurs sont déjà sous contrôle public et Great British Railways deviendra l’entité centrale du système ferroviaire

LONDRES: Le gouvernement travailliste du Royaume-Uni a présenté mardi le nouveau design des trains britanniques, aux couleurs de l'Union Jack, amorçant leur uniformisation dans le cadre de la nationalisation du secteur.

Le logo de la nouvelle entité qui chapeautera les trains britanniques, Great British Railways (GBR), ainsi que les nouvelles couleurs, commenceront à être "déployés au printemps prochain sur les trains" et les sites internet, souligne le ministère des Transports dans un communiqué.

Le projet de loi pour nationaliser le rail, actuellement en débat à la Chambre des Communes, avait été annoncé dès le retour des travaillistes au pouvoir en juillet 2024, après 14 ans de gouvernement conservateur.

"Sept grands opérateurs ferroviaires sont déjà sous contrôle public, couvrant un tiers de l'ensemble des voyages de passagers en Grande-Bretagne", est-il souligné dans le communiqué.

La compagnie ferroviaire South Western Railway, qui opère dans le sud-ouest de l'Angleterre, est devenue en mai dernier la première à repasser dans le giron public. Tous les opérateurs doivent être placés sous contrôle étatique d'ici la fin 2027.

La privatisation du secteur a eu lieu au milieu des années 1990 sous le Premier ministre conservateur John Major, dans la continuité de la politique libérale de Margaret Thatcher dans les années 1980.

Malgré la promesse d’un meilleur service, d’investissements accrus et de moindres dépenses pour l'Etat, le projet était alors très impopulaire, dénoncé par les syndicats, l'opposition, certains conservateurs et une large partie de la population.

Le nombre de passagers s'est accru dans un premier temps, tout comme les investissements.

Mais un déraillement causé par des micro-fissures dans les rails, qui a fait quatre morts en 2000, a profondément choqué l'opinion publique.

Les annulations et les retards sont aussi devenus monnaie courante et les passagers se sont plaints des prix.

Le réseau ferré est déjà redevenu public, géré par la société Network Rail.


L'ONU fustige l'«apathie» du monde en lançant son appel humanitaire 2026

L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre. (AFP)
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  • Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026
  • Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars

NATIONS-UNIES: L'ONU a fustigé lundi l'"apathie" du monde face aux souffrances de millions de personnes à travers la planète, en lançant un appel humanitaire 2026 largement restreint pour répondre à des financements en chute libre.

"C'est une époque de brutalité, d'impunité et d'indifférence", s'est emporté lors d'une conférence de presse à New York le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher, dénonçant la "férocité et l'intensité des tueries", le "mépris total du droit international "et les "niveaux terrifiants de violences sexuelles".

"Une époque où notre sens de la survie a été engourdi par les distractions et corrodé par l'apathie, où nous mettons plus d'énergie et d'argent pour trouver de nouveaux moyens de nous entretuer, tout en démantelant les moyens durement gagnés de nous protéger de nos pires instincts, où les politiciens se vantent de couper les aides", a-t-il accusé, en présentant le plan humanitaire 2026.

Alors que quelque 240 millions de personnes, victimes de guerres, d'épidémies, de séismes ou de l'impact du changement climatique, ont besoin d'aide urgente, l'ONU réclame 33 millions de dollars pour soutenir 135 millions d'entre elles en 2026 à Gaza, au Soudan, en Haïti, en Birmanie, en RDC ou en Ukraine.

Mais dans un contexte de coupe drastique de l'aide extérieure américaine décidée par Donald Trump, l'ONU a réduit d'emblée ses propres ambitions, en présentant en même temps un plan resserré demandant 23 milliards de dollars pour sauver au moins 87 millions des personnes les plus en danger.

Ce plan "hyperpriorisé", qui passe également par des réformes pour améliorer l'efficacité du système humanitaire, est "basé sur des choix insoutenables de vie ou de mort", a commenté Tom Fletcher, espérant qu'avoir pris ces "décisions difficiles qu'ils nous ont encouragés à prendre" convaincra les Américains de revenir.

"Le plus bas en une décennie" 

En 2025, l'appel humanitaire de plus de 45 milliards de dollars n'a été financé qu'à hauteur d'un peu plus de 12 milliards, "le plus bas en une décennie". Permettant d'aider seulement 98 millions de personnes, soit 25 millions de moins que l'année précédente.

Selon les chiffres de l'ONU, les Etats-Unis sont restés en 2025 le premier pays donateur des plans humanitaires dans le monde, mais avec une chute majeure: 2,7 milliards de dollars, contre 11 milliards en 2024.

En haut des crises prioritaires en 2026, Gaza et la Cisjordanie pour lesquels l'ONU réclame 4,1 milliards de dollars pour aider 3 millions de personnes, ainsi que le Soudan (2,9 milliards pour 20 millions de personnes) où le nombre de déplacés par le conflit sanglant entre généraux rivaux ne cesse d'augmenter.

Parmi ces déplacés, cette jeune mère que Tom Fletcher a récemment rencontrée au Darfour, à Tawila, où affluent les survivants des combats dans la grande ville voisine d'El-Facher.

Elle a vu son mari et son enfant tués sous ses yeux, avant de s'enfuir, avec le bébé affamé de ses voisins morts eux-aussi, puis d'être attaquée et violée "sur la route la plus dangereuse du monde" qui la conduira enfin à Tawila, a-t-il raconté.

"Est-ce que quiconque, quel que soit d'où vous venez, ce que vous pensez, pour qui vous votez, pense qu'on ne devrait pas l'aider!".

L'ONU va désormais frapper à la porte des gouvernements de la planète, pendant les 87 prochains jours, un jour pour chaque million de vie à sauver.

Et s'il y a toujours un trou, Tom Fletcher prévoit une campagne plus large vers la société civile, les entreprises et les gens normaux qu'il estime abreuvés par de fausses informations surestimant la part de leurs impôts destinés à l'aide à l'étranger.

"Nous ne demandons qu'à peine un peu plus de 1% de ce que le monde dépense en armes et en programmes de défense. Je ne demande pas aux gens de choisir entre un hôpital à Brooklyn ou un hôpital à Kandahar. Je demande au monde de dépenser moins en défense et plus en humanitaire".


Kajsa Ollongren : Cessez d’armer le Soudan, la CPI doit agir à Gaza

Kajsa Ollongren, représentante spéciale de l'UE pour les droits de l'homme. (Fourni)
Kajsa Ollongren, représentante spéciale de l'UE pour les droits de l'homme. (Fourni)
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  • La représentante spéciale de l’UE pour les droits de l'homme avertit que des gouvernements bafouent les règles multilatérales conçues pour protéger les civils en temps de conflit
  • Kajsa Ollongren déclare que l’UE doit travailler avec des États engagés dans le multilatéralisme et le droit humanitaire pour préserver un ordre mondial fondé sur des règles

​​​​​​NEW YORK CITY : Kajsa Ollongren, la représentante spéciale de l’UE pour les droits de l'homme, a averti que le Soudan endure des « atrocités inimaginables », appelant tous les pays fournissant des armes aux factions belligérantes à cesser immédiatement leurs transferts.

S’exprimant à Arab News après des missions au Liban et en Égypte et un dialogue sur les droits humains avec l’Arabie saoudite, Ollongren a déclaré que les armes étrangères alimentent l’un des conflits les plus dévastateurs et les moins médiatisés au monde, sans issue politique en vue.

Ses propos interviennent peu après que Volker Turk, haut-commissaire des Nations unies aux droits humains, ait lancé l’un de ses avertissements les plus sévères, estimant que le Soudan pourrait connaître « une nouvelle vague d’atrocités », avec des civils confrontés à l’épuration ethnique et aux déplacements massifs.

Turk a à plusieurs reprises prévenu que la violence pourrait atteindre des « niveaux catastrophiques » si le flux d’armes se poursuivait. Ollongren a déclaré que ces avertissements correspondaient à ce qu’elle avait entendu de la part du personnel régional des droits humains.

« Les atrocités dépassent vraiment l’imagination », a-t-elle confié à Arab News. « Pendant longtemps, le monde n’a pas prêté suffisamment attention à ce qui se passait au Soudan. Nous y prêtons attention maintenant, au moins, mais l’attention seule ne suffira pas à les arrêter. »

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Des familles soudanaises déplacées depuis El-Fasher tendent la main alors que des travailleurs humanitaires distribuent des vivres dans le camp nouvellement créé d’El-Afadh à Al Dabbah, dans l’État du Nord du Soudan, le 16 novembre 2025. (Photo AP/Archives)

Elle a affirmé que les gouvernements facilitant le conflit devaient être confrontés. « Il doit également y avoir une véritable interaction avec ces pays qui fournissent des armes. Sans ces armes, nous verrions la fin des atrocités plus rapidement … C’est inacceptable. »

Elle a ajouté que la pression coordonnée de l’Europe, du Golfe et de la communauté internationale au sens large est essentielle. « Il est très important, au niveau du Golfe, en Europe et globalement, d’appeler à l’arrêt des exportations d’armes », a-t-elle souligné.

Le conflit au Soudan a débuté en avril 2023 lorsqu’une lutte de pouvoir entre le chef des forces armées Abdel Fattah Al-Burhan et son ancien adjoint Mohammed Hamdan Dagalo, chef des Forces de soutien rapide (RSF), a dégénéré en conflit ouvert.

Selon les chiffres de l’ONU, environ 12 millions de personnes ont été déplacées, créant ce que beaucoup considèrent comme la pire catastrophe humanitaire au monde. Les estimations du nombre de morts varient largement, l’ancien envoyé américain pour le Soudan évoquant jusqu’à 400 000 victimes.

Bien que les forces armées soudanaises aient repris la capitale, Khartoum, aux RSF, le pays est effectivement divisé en deux, le gouvernement dirigé par les SAF contrôlant l’est et les RSF et milices alliées dominant l’ouest, y compris la région troublée du Darfour.

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En octobre, l’un des épisodes les plus brutaux du conflit a eu lieu lorsque les combattants des RSF ont capturé El-Fasher, capitale du Nord-Darfour, et ont commencé à massacrer des civils, déclenchant des déplacements massifs.

Le Soudan est revenu sur le devant de la scène diplomatique après la récente visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Washington, où il a discuté des développements avec le président américain Donald Trump et a appelé à un rôle plus actif pour mettre fin au conflit et prévenir les répercussions régionales.

Peu après, Trump a annoncé que les États-Unis « allaient immédiatement lancer un nouvel effort » pour mettre fin au conflit au Soudan, qu’il a qualifié de « lieu le plus violent sur Terre et de plus grande crise humanitaire », une décision largement interprétée comme une réponse à l’appel du prince héritier.

« Le fait que le président américain s’exprime ainsi sur les atrocités est important et sera entendu au Soudan », a déclaré Ollongren.

Mais elle a averti que les déclarations seules sont vaines sans suivi sérieux. « Il ne suffit pas de déclarer la fin d’une guerre ou d’un conflit », a-t-elle précisé. « Il doit y avoir un plan — qui inclut la reconstruction, la responsabilité et la reconstruction des sociétés tout en donnant du pouvoir aux victimes. »

Concernant le Liban, Ollongren a indiqué avoir ressenti un « élan » lors de ses récentes rencontres à Beyrouth, où l’engagement diplomatique s’est intensifié depuis le cessez-le-feu dans la guerre Israël-Hezbollah il y a un an.

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Kajsa Ollongren rencontre le président libanais Joseph Aoun. (Fournie)

Cela intervient malgré le refus d’Israël de se retirer du sud du Liban et ses frappes continues contre des positions supposées du Hezbollah, y compris l’attaque du mois dernier dans un quartier de Beyrouth qui a tué un commandant de milice.

Les dirigeants du Hezbollah insistent pour ne pas se désarmer tant qu’Israël n’aura pas retiré ses troupes.

« Il y a un élan pour davantage de paix et de stabilité et pour un avenir stable pour de nombreux pays de la région », a déclaré Ollongren. « Je vois le rôle que l’Arabie saoudite joue dans tout cela, ainsi que les efforts de l’Égypte pour négocier entre les parties. »

Elle a toutefois souligné la fragilité de la situation. « Il reste une incertitude quant au respect du cessez-le-feu et il n’existe pas encore de plan clair pour le désarmement du Hezbollah », a-t-elle dit.

« La responsabilité est cruciale. Au Liban, nous avons beaucoup parlé des assassinats politiques et de l’explosion au port de Beyrouth. Tout cela doit être traité avec justice, car sans cela l’impunité persiste, ce qui peut entraîner d’autres problèmes à l’avenir. »

Concernant la Syrie, qu’elle prévoit de visiter début 2026, Ollongren a déclaré que la situation reste instable.

« Nous avons constaté des violences et des victimes dans plusieurs régions du pays. La situation n’est pas sous contrôle », a-t-elle indiqué, en faisant référence aux attaques contre les minorités ethniques et religieuses au cours de l’année écoulée depuis que le régime d’Assad a été évincé.

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Des habitants agitent des drapeaux syriens dans le centre de Hama le 5 décembre 2025, lors des célébrations marquant un an depuis une offensive éclair menée par des islamistes ayant renversé le dirigeant de longue date du pays. (AFP)

Bien qu’elle se soit félicitée du retour récent de réfugiés syriens depuis le Liban comme d’un « bon signe », elle a averti que la stabilisation plus large reste lointaine alors que le gouvernement de transition du président Ahmad Al-Sharaa poursuit la réintégration nationale et l’allégement des sanctions.

Ollongren a également souligné l’influence diplomatique croissante de l’Arabie saoudite comme l’un des changements les plus significatifs dans la région. « L’Arabie saoudite suit une voie différente », a-t-elle dit, évoquant les réformes Vision 2030 et l’engagement mondial accru du Royaume.

« L’Arabie saoudite s’engage également avec l’Europe et l’UE, établissant des liens qui pourraient être très importants pour un Moyen-Orient plus stable. »

« Bien sûr, cela reconfigure aussi l’influence d’autres puissances. L’Égypte joue un rôle de longue date mais lutte avec son économie et la pression démographique. L’engagement saoudien pourrait être très impactant. »

À Gaza, Ollongren a décrit une « destruction complète » et un accès extrêmement limité comme des obstacles pour les médias et les efforts humanitaires. « Nous n’avons pas eu de journalistes indépendants pouvant rendre compte des victimes ou des destructions », a-t-elle dit.

« Petit à petit, les informations émergent, et nous voyons une destruction complète dans de nombreuses parties de Gaza. Les habitants n’ont plus de maisons où retourner et ont perdu un très grand nombre de civils, y compris des enfants. Il doit y avoir des comptes à rendre. »

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Des Palestiniens recherchent des décombres dans des bâtiments lourdement détruits par les bombardements israéliens à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, alors qu’un cessez-le-feu tient le 12 octobre 2025. (AFP/Archives)

Israël a lancé ses opérations militaires à Gaza après l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas dans le sud d’Israël, qui a fait 1 200 morts et 250 otages. Depuis lors, environ 70 000 Palestiniens ont été tués, selon le ministère de la Santé de Gaza.

Un cessez-le-feu fragile est entré en vigueur le 10 octobre, avec un recul des opérations israéliennes en échange de la libération des otages restants par le Hamas. Un petit flux d’aide humanitaire a été autorisé dans le territoire, mais les besoins médicaux, alimentaires et en abris restent immenses.

Ollongren a insisté sur le fait que la responsabilité pour les crimes de guerre allégués par les deux parties doit être assurée par la Cour pénale internationale.

« La CPI doit jouer un rôle dans ce dossier », a-t-elle déclaré. « Ils ont examiné à la fois le Hamas et Israël. C’est le bon lieu pour chercher justice et responsabilité. »

Interrogée sur le soutien des États européens aux mandats d’arrêt de la CPI visant le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, Ollongren a répondu : « Nous sommes signataires du Statut de Rome, donc nous sommes liés par le traité.

« La cour décide des arrestations, des affaires et des poursuites de manière indépendante. Notre rôle est de garantir son indépendance et son bon fonctionnement. Donc oui. »

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Des manifestants défilent devant le siège des Nations unies à New York alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'exprime le 26 septembre 2025. (AFP/Archives)

Un nombre croissant de juristes, y compris une commission d’enquête internationale indépendante de l’ONU, ont conclu qu’un génocide a eu lieu à Gaza au cours des deux dernières années.

Francesca Albanese, rapporteur spécial de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens, a récemment déclaré à Arab News que les réponses de l’UE et de l’Occident au génocide à Gaza ont été « pathétiques, hypocrites et marquées par des doubles standards ».

Elle a ajouté que les mêmes gouvernements invoquant le droit international pour condamner les actions de la Russie en Ukraine sont restés largement silencieux sur Gaza, permettant à des « violations flagrantes » de se dérouler.

Ollongren a répondu à cette critique. « Nous devrions, et nous devons, appliquer le droit international de manière cohérente dans tous les cas », a-t-elle affirmé.

« Nous ressentons l’accusation de doubles standards. Après les attaques du 7 octobre par le Hamas, l’Europe a soutenu Israël, reconnaissant son droit à se défendre. Mais au fur et à mesure que la guerre à Gaza se déroulait et que les victimes civiles augmentaient, nous sommes devenus plus critiques.

« L’UE a de plus en plus appelé Israël à respecter le droit humanitaire international et a travaillé pour garantir que l’aide humanitaire parvienne aux personnes dans le besoin.

« En même temps, nous soutenons l’Autorité palestinienne dans son rôle de gouvernance. Je pense que nous sommes désormais un partenaire beaucoup plus critique et équitable pour les deux parties. »

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Des Palestiniens font la queue pour un repas chaud dans une cuisine caritative gérée par le Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) au camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de Gaza, le 26 avril 2025. (AFP/Archives)

Interrogée sur l’échec du système international, elle a indiqué que le problème ne vient pas des institutions mais des gouvernements.

« L’architecture que nous avons doit être protégée », a-t-elle déclaré. « Nous n’avons pas besoin d’un nouveau système. Le problème est qu’il n’est pas respecté. C’est pourquoi il est important que l’UE s’engage avec les pays qui soutiennent le système multilatéral, l’état de droit et le droit humanitaire international.

« Ces cadres ont été conçus pour protéger les plus vulnérables dans les conflits, pas pour empêcher les guerres. »

Elle a conclu par un message aux civils de Gaza et du Soudan.

« Je comprends que vous ayez perdu confiance dans le système international car il n’était pas là pour vous protéger lorsque vous avez été attaqués et que vous avez perdu vos proches », a-t-elle déclaré.

« C’est encore le meilleur système dont nous disposons. De mon côté, je me concentrerai sur la responsabilité et la justice, car du point de vue des droits de l'homme, c’est ce que je dois faire pour vous. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com