RIYAD: L'ouverture du Lakum Artspace a eu lieu le 8 décembre dernier à l’occasion de l'une des semaines les plus denses de l'histoire du Royaume en ce qui concerne l'art et le divertissement.
Situé à Umm al-Hamam al-Gharbin, à Riyad, ce nouvel espace se définit comme un «centre multifonctionnel». Il comprend une galerie d'art au rez-de-chaussée ainsi qu'une bibliothèque et un magasin concept qui propose des abayas, des parfums, des objets design et des articles de papeterie. Au deuxième étage, vous trouverez un café.
Sa fondatrice, Neama al-Sudairi, qui siège également au conseil d'administration du Misk Art Institute, souhaitait créer un espace pour enrichir une scène artistique saoudienne en plein développement.
«Lakum se consacre à la formation d'artistes et de designers émergents établis en Arabie saoudite, dans le grand Moyen-Orient et dans le monde entier en leur offrant la possibilité d’exposer leurs œuvres, en leur proposant un projet d'accélération des entreprises créatives et en organisant des programmes d'éducation destinés au grand public», déclare-t-elle à Arab News.
Son exposition d'ouverture présente le travail d’un artiste saoudien reconnu, Ahmed Mater. Intitulée Prognosis: 1979-2019, elle s'inspire du prochain livre de l'artiste, qui explore sa propre biographie et la met en regard avec des événements historiques qui se sont produits dans le Royaume ainsi qu’au Moyen-Orient ces dernières années.
Le livre présente quelques-unes des œuvres phares de cet artiste – qui fut d’abord médecin à Abha, dans le sud du pays – réalisées au cours des dernières décennies, notamment à partir de sa série Evolution of Man (2010). Cette dernière présente des rayons X qui mutent d'une pompe à essence vers un squelette puis vers un homme qui pose un pistolet sur sa tempe, explorant les risques environnementaux et sociaux du pétrole ainsi que sa capacité à provoquer une spirale de destruction. Il y a aussi une œuvre issue de sa série Magnetism (2009) qui montre un diagramme miniature en noir et blanc de la Kaaba, à La Mecque.
Cette exposition a été organisée par Sara Raza, qui fut conservatrice de la carte Guggenheim UBS pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
«Ahmed et moi avons travaillé depuis un an et demi dans des conditions extrêmement complexes dans le but de créer un récit qui fonctionne non seulement comme une tranche rétrospective à mi-parcours de sa pratique, mais qui se mêle également à l'histoire saoudienne», confie Raza à Arab News. «En tant que telles, les œuvres exposées se mélangent aux histoires et aux œuvres nouvelles et plus anciennes.»
Elle précise que l’exposition disposera en outre d’un programme hybride de conférences qui mettront en vedette des historiens, des architectes et des acteurs de la culture du monde entier.
À travers le travail de Mater, qui incorpore des objets usagés tels que des cassettes et des VHS ainsi que des images de télévision, de vidéosurveillance ou extraites des médias sociaux, l'exposition, présentée jusqu'au 8 février 2022, retrace les quarante dernières années du Royaume, transposant les visiteurs de la période analogique à l'ère numérique.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com