PARIS : La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) "exhorte" de nouveau vendredi la France à rapatrier "de toute urgence" tous les enfants français de jihadistes détenus dans les camps du nord-est de la Syrie, ainsi que leurs mères.
La CNCDH, dans cet avis adopté à l'unanimité lors de son assemblée plénière jeudi, souligne que ces enfants, "victimes de la guerre" et "des choix de leurs parents", sont confrontés "à des conditions de vie qui auront des conséquences physiques et psychiques irrémédiables".
"A l’insuffisance de structures sanitaires, d’eau et de nourriture, à l’inadéquation des tentes pour protéger du froid et de la pluie, à l’absence de toute prise éducative de ces enfants délaissés, sont venues s’ajouter des tensions entre des femmes radicalisées et celles qui ont pris leur distance avec l'EI (Etat islamique)", ajoute-t-elle.
"Diverses formes de violences ont été rapportés à la CNCDH (notamment incendies volontaires de tentes, exploitation et mauvais traitements, y compris sexuels, sur les enfants)", ajoute l'institution indépendante qui avait rendu un premier avis similaire le 24 septembre 2019.
Environ 80 femmes françaises, qui avaient rejoint l'organisation Etat islamique, et 200 enfants sont détenus dans les camps kurdes du Rojava, le nord-est syrien.
Les autorités françaises maintiennent une politique de retour au cas par cas pour ces enfants - 35, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici - et considèrent que les adultes devraient être jugés sur place.
Cet avis de la CNCDH intervient après le décès mardi d'une Française de 28 ans détenue au camp de Roj, dans le nord-est syrien, des suites d’un diabète pour lequel elle ne pouvait pas être soignée sur place. Elle laisse orpheline sa fille âgée de 6 ans.
Son avocate Marie Dosé affirme que le gouvernement français a été informé depuis 2019 de son "état de santé catastrophique" et du "caractère d'urgence absolue" de son rapatriement.
La CNCDH souligne que la Belgique, l'Allemagne, l'Italie, le Danemark et la Finlande "ont décidé courant 2021 de rapatrier leurs ressortissants" détenus dans le nord-est syrien.
La commission a mené, du 30 octobre au 3 novembre avec le Conseil national des barreaux et l'association Avocats sans frontières, une mission en Irak et dans le nord-est syrien en vue d'échanger avec les autorités kurdes sur le sort des familles françaises détenues en Syrie.