Au son des tambours, Marine Le Pen prône à Mayotte la «fermeté» contre l'immigration

Marine Le Pen, accueillie jeudi à Mayotte avec couronnes de fleurs et tambours, a réclamé une «très grande fermeté» contre l'immigration surtout comorienne sur cette île de l'Océan indien. (AFP)
Marine Le Pen, accueillie jeudi à Mayotte avec couronnes de fleurs et tambours, a réclamé une «très grande fermeté» contre l'immigration surtout comorienne sur cette île de l'Océan indien. (AFP)
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Publié le Jeudi 16 décembre 2021

Au son des tambours, Marine Le Pen prône à Mayotte la «fermeté» contre l'immigration

  • Faisant valoir qu'elle était «la seule» à «parler très souvent» de Mayotte, la candidate d'extrême droite a livré «un constat terrifiant de ce que (les Mahorais) vivent au quotidien»
  • Marine Le Pen s'est par ailleurs moqué de son adversaire Emmanuel Macron, venu à Mayotte en 2019 et qui a affirmé mercredi avoir «appris à aimer» les Français

MAMOUDZOU: Marine Le Pen, accueillie jeudi à Mayotte avec couronnes de fleurs et tambours, a réclamé une "très grande fermeté" contre l'immigration surtout comorienne sur cette île de l'Océan indien, où la candidate du RN à la présidentielle a aussi jugé l'insécurité "terrifiante".


"Il faut en même temps apporter soutien et affection, et une politique d'une très grande fermeté pour donner un avenir aux jeunes de Mayotte", a-t-elle affirmé, en campagne à Mayotte jusqu'à dimanche, puis à la Réunion jusqu'à mardi.


Faisant valoir qu'elle était "la seule" à "parler très souvent" de Mayotte, la candidate d'extrême droite a livré "un constat terrifiant de ce que (les Mahorais) vivent au quotidien. Une immigration massive et toutes les conséquences : une explosion de l'insécurité (avec) des vols avec violence, des coups et blessures, qui aujourd'hui atteint même les enfants dans leur capacité à étudier".


Selon une étude de l'Insee publiée en novembre, exploitant des chiffres de 2018 et 2019, "le sentiment d’insécurité est très fort à Mayotte : près de la moitié des personnes se sentent en insécurité souvent ou de temps en temps, à leur domicile ou leur quartier, soit cinq à six fois plus que les habitants de l’Hexagone".


Notamment, "18 % des ménages déclarent avoir été victimes d’un cambriolage ou d’un vol sans effraction, soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine. De plus, les habitants de Mayotte sont personnellement trois fois plus victimes de vols avec ou sans violences".

«Pompes aspirantes» de l'immigration


A sa sortie de l'avion, la représentante du RN a esquissé quelques pas de danse au son des tambours avant d'être interpellée par des sympathisants qui ont réclamé "des actions".


"On veut des actions, on ne veut plus des promesses", a lancé Nema Ali-Said, âgée de 36 ans, au chômage, membre du Codim, un groupe qui avait participé aux mouvements de "décasages" illégaux de 2016, visant à expulser ceux qu'il considérait comme clandestins.


"Ce fléau (de l'immigration) tue Mayotte et on ne sait plus sur qui compter aujourd'hui", a ajouté la jeune femme, qui n'est pas encartée au RN.


"Sur moi!" leur a répondu Marine Le Pen, en redisant vouloir "supprimer le droit du sol, arrêter les pompes aspirantes" de l'immigration et en prônant "une action diplomatique forte" avec les Comores voisines, pour que "ceux qui sont en situation irrégulière retournent chez eux". 


Petite île située entre Madagascar et la côte est-africaine, Mayotte, où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté, fait face à une forte immigration clandestine venue principalement des îles des Comores qui ne sont qu'à 70 km de ses côtes.


La candidate a pointé les "conséquences" de l'insécurité sur les investissements, proposant davantage de moyens policiers, de gendarmerie et "de surveillance" de l'espace maritime.


Elle a entendu dans l'après-midi la famille d'un jeune lycéen de 17 ans, Miki, tué en avril sur le chemin entre son lycée et le bus scolaire, dans le nord de l'île. Le drame, suivi par la mort d'un autre jeune, avait provoqué des manifestations pour réclamer "justice".


"Ce département français ne mérite pas ce qu'on y voit", a témoigné le grand-père du jeune homme devant Mme Le Pen qui a promis de "rétablir l'autorité" et de doubler le nombre de magistrats. "C'est pourquoi je suis candidate. Si les promesses étaient tenues, je serais en train de nager dans le lagon", a-t-elle ironisé.


Marine Le Pen s'est par ailleurs moqué de son adversaire Emmanuel Macron, venu à Mayotte en 2019 et qui a affirmé mercredi avoir "appris à aimer" les Français. "Etre obligé d'apprendre à aimer les Français, (...) ça veut dire tout le mépris dont il fait preuve" à leur égard, a estimé la candidate.


Au premier tour de la présidentielle de 2017 à Mayotte, Marine Le Pen était arrivée en 2e place derrière François Fillon avec 27,28% des voix. Au second tour, elle avait réuni 42,85% des voix derrière Emmanuel Macron (57,15%).


La candidate n'a pas rencontré comme prévu le Grand Cadi, représentant religieux (musulman) de l'île, en raison d'une erreur d'agenda de ce dernier, selon le RN.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".