MAMOUDZOU: Marine Le Pen, accueillie jeudi à Mayotte avec couronnes de fleurs et tambours, a réclamé une "très grande fermeté" contre l'immigration surtout comorienne sur cette île de l'Océan indien, où la candidate du RN à la présidentielle a aussi jugé l'insécurité "terrifiante".
"Il faut en même temps apporter soutien et affection, et une politique d'une très grande fermeté pour donner un avenir aux jeunes de Mayotte", a-t-elle affirmé, en campagne à Mayotte jusqu'à dimanche, puis à la Réunion jusqu'à mardi.
Faisant valoir qu'elle était "la seule" à "parler très souvent" de Mayotte, la candidate d'extrême droite a livré "un constat terrifiant de ce que (les Mahorais) vivent au quotidien. Une immigration massive et toutes les conséquences : une explosion de l'insécurité (avec) des vols avec violence, des coups et blessures, qui aujourd'hui atteint même les enfants dans leur capacité à étudier".
Selon une étude de l'Insee publiée en novembre, exploitant des chiffres de 2018 et 2019, "le sentiment d’insécurité est très fort à Mayotte : près de la moitié des personnes se sentent en insécurité souvent ou de temps en temps, à leur domicile ou leur quartier, soit cinq à six fois plus que les habitants de l’Hexagone".
Notamment, "18 % des ménages déclarent avoir été victimes d’un cambriolage ou d’un vol sans effraction, soit quatre fois plus qu’en France métropolitaine. De plus, les habitants de Mayotte sont personnellement trois fois plus victimes de vols avec ou sans violences".
«Pompes aspirantes» de l'immigration
A sa sortie de l'avion, la représentante du RN a esquissé quelques pas de danse au son des tambours avant d'être interpellée par des sympathisants qui ont réclamé "des actions".
"On veut des actions, on ne veut plus des promesses", a lancé Nema Ali-Said, âgée de 36 ans, au chômage, membre du Codim, un groupe qui avait participé aux mouvements de "décasages" illégaux de 2016, visant à expulser ceux qu'il considérait comme clandestins.
"Ce fléau (de l'immigration) tue Mayotte et on ne sait plus sur qui compter aujourd'hui", a ajouté la jeune femme, qui n'est pas encartée au RN.
"Sur moi!" leur a répondu Marine Le Pen, en redisant vouloir "supprimer le droit du sol, arrêter les pompes aspirantes" de l'immigration et en prônant "une action diplomatique forte" avec les Comores voisines, pour que "ceux qui sont en situation irrégulière retournent chez eux".
Petite île située entre Madagascar et la côte est-africaine, Mayotte, où 77% de la population vit sous le seuil de pauvreté, fait face à une forte immigration clandestine venue principalement des îles des Comores qui ne sont qu'à 70 km de ses côtes.
La candidate a pointé les "conséquences" de l'insécurité sur les investissements, proposant davantage de moyens policiers, de gendarmerie et "de surveillance" de l'espace maritime.
Elle a entendu dans l'après-midi la famille d'un jeune lycéen de 17 ans, Miki, tué en avril sur le chemin entre son lycée et le bus scolaire, dans le nord de l'île. Le drame, suivi par la mort d'un autre jeune, avait provoqué des manifestations pour réclamer "justice".
"Ce département français ne mérite pas ce qu'on y voit", a témoigné le grand-père du jeune homme devant Mme Le Pen qui a promis de "rétablir l'autorité" et de doubler le nombre de magistrats. "C'est pourquoi je suis candidate. Si les promesses étaient tenues, je serais en train de nager dans le lagon", a-t-elle ironisé.
Marine Le Pen s'est par ailleurs moqué de son adversaire Emmanuel Macron, venu à Mayotte en 2019 et qui a affirmé mercredi avoir "appris à aimer" les Français. "Etre obligé d'apprendre à aimer les Français, (...) ça veut dire tout le mépris dont il fait preuve" à leur égard, a estimé la candidate.
Au premier tour de la présidentielle de 2017 à Mayotte, Marine Le Pen était arrivée en 2e place derrière François Fillon avec 27,28% des voix. Au second tour, elle avait réuni 42,85% des voix derrière Emmanuel Macron (57,15%).
La candidate n'a pas rencontré comme prévu le Grand Cadi, représentant religieux (musulman) de l'île, en raison d'une erreur d'agenda de ce dernier, selon le RN.