« Omar m'a tuer »: l'ex-jardinier fixé jeudi sur sa demande de procès en révision

Cette photo d'archives montre le jardinier Omar Raddad, qui a été condamné pour le meurtre de sa patronne en 1991, partant après une audience concernant une nouvelle demande de nouveau procès, à Paris, le 25 novembre 2021.(AFP)
Cette photo d'archives montre le jardinier Omar Raddad, qui a été condamné pour le meurtre de sa patronne en 1991, partant après une audience concernant une nouvelle demande de nouveau procès, à Paris, le 25 novembre 2021.(AFP)
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Publié le Mardi 14 décembre 2021

« Omar m'a tuer »: l'ex-jardinier fixé jeudi sur sa demande de procès en révision

  • La justice se prononce jeudi sur la requête en révision de l'ancien jardinier marocain condamné pour le meurtre en 1991 d'une riche veuve, Ghislaine Marchal, qu'il nie farouchement depuis trente ans
  • Près de vingt ans plus tard, la commission d'instruction va se prononcer à nouveau

PARIS: Omar Raddad s'approche-t-il d'un nouveau procès? La justice se prononce jeudi sur la requête en révision de l'ancien jardinier marocain condamné pour le meurtre en 1991 d'une riche veuve, Ghislaine Marchal, qu'il nie farouchement depuis trente ans.

La commission d'instruction de la Cour de révision, qui a examiné à huis clos cette demande le 25 novembre, doit rendre sa décision à 14H00, lors d'un prononcé là aussi non public. 

Désigné par l'inscription "Omar m'a tuer", tracée avec le sang de la victime sur la scène de crime, l'ex-jardinier avait essuyé un premier rejet d'une demande de révision en 2002.

Sa nouvelle requête, dans l'une des affaires criminelles les plus célèbres et les plus controversées de France, s'appuie sur les progrès de la science en matière d'ADN et sur une loi votée en juin 2014 qui assouplit les critères permettant d'obtenir la révision d'un procès.

"Nous sommes sereins dans la mesure où nous apportons des éléments probants mettant en doute la culpabilité d'Omar Raddad", assure son avocate Sylvie Noachovitch.

Elle a présenté à la justice les conclusions d'un rapport d'expertise qui analysait à nouveau une découverte de 2015: des prélèvements sur des scellés avaient mis en évidence des traces d'ADN "exploitables" et elles se sont révélées ne pas correspondre au profil génétique de l'ex-jardinier.

Au total, quatre empreintes génétiques correspondant à quatre hommes, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, avaient été trouvées sur deux portes et un chevron de la scène de crime.

C'est sur ces deux portes qu'avaient été écrites les inscriptions "Omar m'a tuer", emblématique de cette affaire, et "Omar m'a t", avec le sang de la victime.

Ghislaine Marchal, riche veuve d'un équipementier automobile, avait 65 ans quand elle a été retrouvée baignant dans son sang dans la cave de sa propriété de Mougins (Alpes-Maritimes) le 23 juin 1991.

Les traces d'ADN inconnues découvertes en 2015 avaient été comparées aux profils de l'entourage de personnes ayant travaillé à son service, ainsi qu'avec une empreinte génétique enregistrée au fichier national, sans succès.

« Omar m'a tuer »: les grandes dates de l'affaire Raddad

De la mort de Ghislaine Marchal en 1991 à la nouvelle demande de révision du procès du jardinier marocain Omar Raddad, condamné pour son meurtre puis gracié, les grandes dates d'une affaire judiciaire à rebondissements.

Meurtre d'une riche veuve 

Le 23 juin 1991, la veuve d'un industriel en équipements pour l'automobile, Ghislaine Marchal, 65 ans, est tuée à coups de chevron de bois et de couteau. Une importante somme d'argent est dérobée dans son sac.

Son corps est découvert le lendemain dans une pièce en sous-sol de sa villa de Mougins (Alpes-Maritimes) dont la porte a été barricadée et où l'on trouve deux inscriptions en lettres de sang: "Omar m'a tuer" et "Omar m'a T.". 

Omar Raddad inculpé 

Omar Raddad, jeune jardinier marocain employé depuis 1987 par Mme Marchal, est inculpé d'homicide volontaire le 27 juin et écroué à Grasse. Il conteste les faits qui lui sont reprochés.

Le 23 août 1991, les résultats d'une première expertise graphologique sur les inscriptions tendent à prouver qu'elles sont bien de la main de la victime.

18 ans de réclusion 

Le 2 février 1994, la cour d'assises des Alpes-Maritimes déclare Omar Raddad coupable du meurtre. Le jardinier défendu par Me Jacques Vergès continue de clamer son innocence. Il est condamné à 18 ans de réclusion criminelle.

Le 9 mars 1995, le pourvoi en cassation est rejeté.

Grâce partielle 

Le 23 mai 1996, le président Jacques Chirac signe un décret pour accorder une grâce partielle à Omar Raddad: sa peine est réduite de quatre ans et huit mois.

Omar Raddad est libéré le 4 septembre 1998 de la centrale de Muret (Haute-Garonne) après avoir purgé plus de sept ans de prison.

 Première demande de révision 

Le 27 janvier 1999, Me Vergès dépose une requête en révision portant notamment sur l'absence de recherches d'empreintes sur le chevron de bois, sur la destruction de photos et sur les expertises graphologiques.

Nouvelles expertises 

Le 31 octobre 2000, deux graphologues désignés par la commission de révision de la Cour de cassation mettent en doute l'identité de l'auteur de l'inscription. "Il n'est pas sûr que ce soit Mme Marchal qui ait écrit +Omar m'a tuer+", estiment-ils.

Le 27 décembre, une nouvelle expertise de police scientifique conclut que la trace de main ensanglantée accompagnant l'inscription "Omar m'a tuer" est faite du sang de Mme Marchal mêlé à un sang masculin.

Une analyse détermine le 20 février 2001 que cet ADN masculin n'est pas celui de M. Raddad.

 Refus de rejuger 

Le 20 novembre 2002, la Cour de révision rejette la demande d'un nouveau procès, estimant que la défense d'Omar Raddad n'a pas apporté d'élément nouveau suffisant pour un procès en révision.

 Nouvelles traces d'ADN 

Des traces d'ADN exploitables sont mises en évidence sur de nouveaux prélèvements effectués à la demande de la nouvelle avocate d'Omar Raddad, Me Sylvie Noachovitch, annonce le 5 novembre 2015 le parquet de Nice.

Ces investigations s'appuient sur la loi du 20 juin 2014 assouplissant les critères de révision d'un procès.

Le 10 octobre 2016, les analyses concluent que ces nouvelles traces d'ADN ne sont pas celles de M. Raddad.

Ces nouvelles empreintes génétiques correspondent à quatre hommes non-identifiés, deux empreintes parfaitement exploitables et deux autres partiellement, trouvées sur deux portes et un chevron de la scène du crime.

 Nouvelle requête en révision 

Le 24 juin 2021, trente ans après le meurtre, Me Noachovitch dépose une nouvelle requête en révision sur la base de nouvelles analyses de ces traces d'ADN. Selon un rapport d'expert de 2019, ces dernières renforcent l'hypothèse d'un dépôt des empreintes au moment des faits, et non d'une "pollution" ultérieure, notamment par les enquêteurs.

La recevabilité de cette requête est examinée à huis clos le 25 novembre par la commission d'instruction de la Cour de révision. La décision est attendue jeudi.

« Doute »

Pour Omar Raddad, l'espoir a ressurgi dernièrement avec un rapport commandé par son avocate: un expert a relevé la présence de 35 traces d'un ADN masculin inconnu sur l'inscription "Omar m'a t" et a conclu en faveur de l'hypothèse d'un dépôt de ces empreintes au moment des faits et non d'une "pollution" ultérieure, notamment par les enquêteurs.

La défense de l'ancien jardinier juge plausible que ces traces génétiques aient été déposées par l'auteur de l'inscription. Celle-ci n'aurait donc pas été écrite par Mme Marchal agonisante mais par un homme, potentiellement le meurtrier, cherchant à désigner un bouc émissaire.

La première requête, déposée par le précédent défenseur d'Omar Raddad, Me Jacques Vergès, se basait déjà sur des expertises génétiques qui avaient mis au jour un ADN masculin "en très faible proportion", différent de celui du jardinier.

Mais la Cour de révision avait rejeté la demande d'un nouveau procès, considérant qu'il était "impossible de déterminer à quel moment, antérieur, concomitant ou postérieur au meurtre, ces traces ont été laissées".

Près de vingt ans plus tard, la commission d'instruction va se prononcer à nouveau.

Elle peut soit rejeter la demande, soit ordonner un supplément d'information, soit la transmettre à la Cour de révision, laquelle aura alors le dernier mot sur l'organisation éventuelle d'un nouveau procès, un événement rarissime en France.

"Un simple doute doit permettre de rouvrir le dossier", déclare à l'AFP Me Sylvie Noachovtich, qui sera présente jeudi au palais de justice de Paris avec son client.

Condamné en 1994 à 18 ans de réclusion, sans possibilité de faire appel à l'époque, Omar Raddad a bénéficié d'une grâce partielle du président Jacques Chirac, puis d'une libération conditionnelle en 1998. Cette grâce ne vaut pas annulation de la condamnation et ne l'innocente pas.


Lyon: la fin du contrat du groupe scolaire musulman Al-Kindi devant la justice

Le groupe scolaire, qui scolarise 620 élèves du CP à la Terminale, dont 80% dans des classes sous contrat, revient notamment sur la présence dans son fond documentaire de sept ouvrages qualifiés de "séparatistes" dans un rapport d'inspection. (AFP)
Le groupe scolaire, qui scolarise 620 élèves du CP à la Terminale, dont 80% dans des classes sous contrat, revient notamment sur la présence dans son fond documentaire de sept ouvrages qualifiés de "séparatistes" dans un rapport d'inspection. (AFP)
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  • Ce sont des "conséquences manifestement disproportionnées (...) face aux griefs peu substantiels" invoqués, écrit Al-Kindi dans son recours en référé, qui répond point par point aux différents problèmes soulevés par l'administration
  • Le groupe scolaire, qui scolarise 620 élèves du CP à la Terminale, dont 80% dans des classes sous contrat, revient notamment sur la présence dans son fond documentaire de sept ouvrages qualifiés de "séparatistes" dans un rapport d'inspection

LYON: Le groupe scolaire musulman Al-Kindi, l'un des derniers encore associés à l'Etat, contestera lundi devant le tribunal administratif de Lyon la décision des autorités de résilier ses contrats, et donc de le priver de précieuses subventions.

Suite à des "manquements et dysfonctionnements" observés lors d'inspections, la préfète d'Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé le 10 janvier mettre fin aux contrats avec l'école, le collège et le lycée Al-Kindi, accusé de "porter un projet contraire aux valeurs de la République".

L'établissement, situé à Décines-Charpieu, en banlieue de Lyon, a saisi en urgence la justice administrative pour lui demander de suspendre cette décision qui la privera du salaire de nombreux enseignants, soit de 1,7 million d'euros l'an prochain.

Ce sont des "conséquences manifestement disproportionnées (...) face aux griefs peu substantiels" invoqués, écrit Al-Kindi dans son recours en référé, qui répond point par point aux différents problèmes soulevés par l'administration.

Le groupe scolaire, qui scolarise 620 élèves du CP à la Terminale, dont 80% dans des classes sous contrat, revient notamment sur la présence dans son fond documentaire de sept ouvrages qualifiés de "séparatistes" dans un rapport d'inspection.

Selon son recours, les autorités ont une lecture "littéraliste" et non contextualisée de ces livres, dont certains font "partie de la littérature traditionnelle islamique" et sont présents "dans tous types de structures, y compris dans les bibliothèques municipales de la région".

Quoi qu'il en soit, ils ont tous été retirés du centre de documentation et d'information (CDI) du groupe scolaire après l'inspection, écrit Al-Kindi.

De même, l'établissement assure avoir amendé son règlement intérieur pour supprimer les différences entre les filles et les garçons, et "retiré de ses effectifs" un professeur ayant tenu des propos litigieux sur sa chaîne Youtube.

Pour Al-Kindi, ces "mesures correctrices" rendent la décision de la préfecture "disproportionnée".

Dans son recours, le groupe scolaire note que d'autres établissements privés, comme le collège Stanislas, ont échappé à des sanctions en se mettant en "conformité" avec les conditions de leur contrat d'association.

L'établissement souligne aussi que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau avait salué sur X la décision de la préfète, ce qui selon lui "éclaircit quant aux réelles motivations de cette rupture : obtenir un gain politique."

À l'exception d'une classe de seconde dans une école à Marseille, Al-Kindi est le dernier lycée musulman sous contrat depuis la résiliation de l'agrément du lycée Averroès de Lille, longtemps présenté comme le fleuron de l'enseignement musulman en France.

Fin 2023, le préfet du Nord avait décidé de résilier ce contrat en reprochant au lycée d'avoir dispensé des enseignements "contraires aux valeurs de la République". Le tribunal administratif de Lille a depuis rejeté deux recours en référé et doit examiner le fond du dossier prochainement.


Propos sur l'histoire coloniale en Algérie : Aphatie annonce qu'il ne reviendra pas à RTL

Le journaliste français Jean-Michel Aphatie pose sur le tapis rouge lors de la deuxième journée du 42e Festival du film américain de Deauville, le 3 septembre 2016, dans la station balnéaire de Deauville, dans le nord-ouest de la France. Le 9 mars 2025, (Photo par CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
Le journaliste français Jean-Michel Aphatie pose sur le tapis rouge lors de la deuxième journée du 42e Festival du film américain de Deauville, le 3 septembre 2016, dans la station balnéaire de Deauville, dans le nord-ouest de la France. Le 9 mars 2025, (Photo par CHARLY TRIBALLEAU / AFP)
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  • Également chroniqueur dans Quotidien sur TMC, Jean-Michel Aphatie intervenait régulièrement dans la matinale de RTL. Ses propos ont suscité plusieurs signalements auprès de l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, qui, comme habituellement en pareil cas,
  • Le journaliste dit attacher « un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962 », confiant avoir été « horrifié » par ce qu'il a « lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux ».

PARIS : Le journaliste Jean-Michel Aphatie a annoncé dimanche sur BFM TV qu'il ne reviendrait pas à RTL, estimant ne pas avoir fait de faute en tenant des propos à l'antenne fin février sur des « Oradour-sur-Glane en Algérie » qui auraient été commis par la France.

« Je ne reviendrai pas à RTL. C'est ma décision. »  écrit sur le réseau X le journaliste, qui avait été "mis en retrait" de l'antenne pendant une semaine par la radio.

« Chaque année, en France, on commémore ce qui s'est passé à Oradour-sur-Glane, c'est-à-dire le massacre de tout un village. Mais on en a fait des centaines, nous, en Algérie. Est-ce qu'on en a conscience ? », avait-il déclaré le 25 février, au sujet de la conquête de l'Algérie par la France au XIXᵉ siècle.

À Oradour-sur-Glane, village martyr du Limousin, une unité de la Waffen SS Das Reich remontant vers le front en Normandie massacra 642 habitants le 10 juin 1944.

« On n'a pas fait Oradour-sur-Glane en Algérie », a d'abord rétorqué le présentateur Thomas Sotto. Mais « on s'est comporté comme des nazis ? », a-t-il ensuite interrogé. « Les nazis se sont comportés comme nous », a répondu Jean-Michel Aphatie.

« Mes propos sur la colonisation algérienne ont créé le débat », admet Jean-Michel Aphatie sur X, qui explique avoir été suspendu d'antenne la semaine suivante, une décision qu'il a d'abord comprise puis perçue comme une « punition ».

« Même décidée dans le cadre d’un dialogue serein (...), une punition reste une punition. Si je reviens sur l’antenne de RTL, je la valide, donc je reconnais avoir fait une faute. C’est un pas que je ne peux pas franchir. »

Le journaliste dit attacher « un prix particulier à la question de la présence française en Algérie entre 1830 et 1962 », confiant avoir été « horrifié » par ce qu'il a « lu dans les livres écrits par des historiens méticuleux ».

« Pour cette raison (...), je ne peux pas accepter d’être puni (...). Je regrette la situation qui s’est créée", affirme-t-il, ajoutant avoir « passé de belles années professionnelles à RTL, une radio que j’aime ».

Également chroniqueur dans Quotidien sur TMC, Jean-Michel Aphatie intervenait régulièrement dans la matinale de RTL.

Ses propos ont suscité plusieurs signalements auprès de l'Arcom, le régulateur de l'audiovisuel, qui, comme habituellement en pareil cas, a ouvert une instruction le 26 février pour déterminer si la radio a commis un manquement à ses obligations.

Ces échanges interviennent alors que les tensions entre la France et l'Algérie sont vives.


Le 8 mars est également un jour de manifestations pour plus d'égalité entre les femmes et les hommes

Des manifestants brandissent des pancartes lors d’une manifestation appelant aux droits des femmes en Afghanistan, sur la place du Parlement à Londres, le 8 mars 2024, à l’occasion de la Journée internationale de la femme (Photo, AFP).
Des manifestants brandissent des pancartes lors d’une manifestation appelant aux droits des femmes en Afghanistan, sur la place du Parlement à Londres, le 8 mars 2024, à l’occasion de la Journée internationale de la femme (Photo, AFP).
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  • Des dizaines de milliers de personnes se préparent à manifester samedi partout en France pour réclamer des mesures en faveur de l'égalité femmes-hommes.
  • À temps de travail identique, le salaire moyen des femmes reste inférieur de 14,2 % à celui des hommes, selon l'Insee.

PARIS : Des dizaines de milliers de personnes se préparent à manifester samedi partout en France pour réclamer des mesures en faveur de l'égalité femmes-hommes, notamment au travail, à l'heure où les associations féministes s'inquiètent d'une « montée » des « discours masculinistes ».

Sur la scène politique comme sur les réseaux sociaux, « on assiste à une propagation des discours masculinistes », qui infériorisent les femmes et les cantonnent aux rôles d'épouse et de mère, a commenté Anne Leclerc, membre du Collectif national pour les droits des femmes, lors d'une conférence de presse.

Selon les associations, cette tendance est plus visible encore depuis l'élection de Donald Trump. Elles leur font craindre des discriminations au travail et des restrictions en matière d'IVG.

Une cinquantaine d'organisations, dont des associations et des syndicats (CGT, CFDT, CFE-CGC, FSU, Solidaires, Unsa), appellent à manifester dans plus d'une centaine de villes, en ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes.

À Paris, le cortège partira à 14 heures de la place de la République pour rejoindre la place de la Nation.

La présence annoncée du collectif identitaire Némésis a été unanimement dénoncée par les associations féministes.

Vendredi soir, à Paris, plusieurs milliers de personnes, dont de nombreux militants de la cause pro-palestinienne, se sont rassemblées pour une marche « féministe radicale », finalement autorisée in extremis par la justice après avoir été d'abord interdite.

- « On patine » -

Les manifestantes protesteront notamment samedi contre les écarts de revenus vis-à-vis des hommes.

En 2023, le salaire moyen des femmes dans le secteur privé était encore de 22,2 % inférieur à celui des hommes, selon l'Insee. Cette différence, qui s'est réduite d'un tiers depuis 1995, s'explique en partie par un volume de travail moindre.

Temps partiel imposé, carrière à trous, difficulté d'accès aux postes à responsabilité... « Les carrières des femmes sont semées d'embûches », dénonce Myriam Lebkiri, de la CGT.

À temps de travail identique, le salaire moyen des femmes reste inférieur de 14,2 % à celui des hommes, selon l'Insee.

« On patine, on avance extrêmement lentement, c'est insupportable », a déploré samedi sur France Inter la numéro un de la CFDT, Marylise Léon. L'index qui mesure l'égalité femmes-hommes au sein des entreprises « ne permet pas véritablement » de mettre en lumière ces écarts de salaire. « On va donc considérer qu'ils n'existent pas », a-t-elle ajouté, appelant à « réviser » cet index.

Face à ces inégalités salariales persistantes, la Cour des comptes estimait dans un rapport publié en janvier que le ministère du Travail devait « s'impliquer davantage » pour revaloriser les métiers majoritairement féminins, comme le réclament les associations. Plus globalement, l'institution étrillait la politique en faveur de l'égalité menée par le gouvernement, qui peine à produire des « effets probants ».

Conséquence des inégalités professionnelles : les femmes ont généralement des pensions inférieures à celles des hommes.

Le 8 mars doit aussi être l'occasion d'une mobilisation pour l'abrogation de la réforme des retraites, qui pénalise plus particulièrement les femmes, a récemment estimé Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT.

- Violences « partout »

Pour renforcer l'égalité entre les sexes, le gouvernement a lancé en 2023 un plan quinquennal qui met l'accent sur plusieurs thématiques, dont la lutte contre les violences.

Dans ce cadre, il a notamment renforcé le soutien financier à la ligne d'écoute associative 3919, qui a connu en 2024 une « année record », avec plus de 100 000 appels pris en charge.

Le gouvernement a également développé le nombre de maisons des femmes, qui accompagnent les victimes. Il poursuit le déploiement des téléphones « grave danger » et des bracelets anti-rapprochement.

Des mesures loin d'être suffisantes aux yeux des associations.

Affaires Pelicot, Le Scouarnec, Bétharram : autant d'exemples dans l'actualité qui montrent que les violences sexistes et sexuelles sont encore « présentes partout », a souligné Salomé Hocquard de l'Unef. « Elles ne relèvent pas uniquement de faits isolés, mais traduisent un système patriarcal oppressif ».

Pour les éradiquer, les associations réclament un investissement de trois milliards d'euros ainsi qu'une « loi-cadre intégrale » allant de l'éducation à la justice ou à la santé. Des demandes restées à ce stade lettre morte.