PARIS: Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM) Mohammed Moussaoui a dénoncé lundi une déclaration de Gérald Darmanin sur la "mort" de cette instance, la jugeant "inacceptable" et "pas justifiée", dans un communiqué.
"Aujourd'hui le CFCM, c'est à dire la représentation de l'islam consulaire - les Marocains, les Algériens - est morte. Le CFCM, pour les pouvoirs publics, pour la République française, n'existe plus, n'est plus l'interlocuteur de la République", a déclaré dimanche le ministre de l'Intérieur, invité de l'émission Le grand jury (RTL-LCI-Le Figaro).
"Cette déclaration n’est pas acceptable ni sur la forme ni sur le fond"', répond M. Moussaoui. "Des propos de cette gravité ne peuvent être tenus par un ministre de la République dans un langage approximatif, au détour d’une réponse à une question d’un journaliste", selon lui.
Car, d'après lui, "la rupture unilatérale du dialogue entre les pouvoirs publics et l’instance représentative du culte musulman n’a jamais été signifiée au CFCM".
Et de faire valoir que "le CFCM est toujours le représentant du culte musulman devant différentes commissions nationales et européennes et auprès des autres cultes" et qu'il " continue de désigner les aumôniers et de saisir les pouvoirs publics sur différentes questions liées au culte." "Il représente le culte musulman dans toutes les cérémonies officielles".
Interlocuteur historique des pouvoirs publics sur le culte musulman, le CFCM, créé en 2003 et qui regroupe plusieurs fédérations de mosquées, est plongé dans la tourmente depuis que le gouvernement a voulu faire adopter une "Charte des principes pour l'islam de France", qui proscrit "l'ingérence" d'Etats étrangers et réaffirme la "compatibilité" de l'islam avec la République française. Trois fédérations ont refusé de la signer, à la suite de quoi quatre autres ont décidé de quitter le bureau du CFCM.
"C’est au sein du CFCM que la charte des principes pour l’islam de France a été rédigée", fait valoir M. Moussaoui, dans son communiqué.
Il juge l’annonce du ministre de l’intérieur "pas justifiée" et "en rupture totale avec les règles et usages en vigueur dans un État de droit comme le nôtre".
Le gouvernement a annoncé la semaine dernière vouloir organiser en janvier ou février un "forum de l'islam de France" portant sur la formation des imams ou le droit du culte en partenariat avec des acteurs locaux.