PARIS : En ordre de bataille derrière Valérie Pécresse, dopée par des sondages flatteurs, la droite se remet à croire en ses chances de déjouer le match Macron/extrême droite pour l'emporter en 2022.
Après le congrès du 4 décembre qui a désigné Valérie Pécresse comme candidate, le scénario semble s'écrire au mieux pour une droite requinquée: le choix d'une femme qui crée la surprise, un message de rassemblement, et plusieurs sondages encourageants.
Le plus remarqué de ces sondages, mardi, donnait Valérie Pécresse gagnante face à Emmanuel Macron au second tour. C'est la première fois qu'un candidat de droite apparaît en capacité de se qualifier pour le second tour et de gagner la présidentielle.
"Ce n'est qu'un début", a prudemment estimé mardi Valérie Pécresse, qui lit cependant dans ces sondages "une envie d'alternance, de solutions pour le pays" et "c'est nous qui les incarnons aujourd'hui".
Même si beaucoup appellent à la prudence en attendant que cette percée se confirme, le soulagement est grand dans un parti écarté du pouvoir depuis dix ans, et qui joue dans la prochaine présidentielle sa survie de grande formation à vocation gouvernementale.
Dans la majorité où on surveille de près la menace que pourrait représenter la candidate, un cadre LREM relativise "un effet sondagier mécanique".
"Il y a un effet +blast+ dans le fait qu'une femme nous représente", a affirmé mercredi la numéro 2 de LR Annie Genevard, selon qui Valérie Pécresse "ne va pas laisser le soufflé retomber" en arpentant immédiatement le terrain.
"C'est peut-être l'erreur faite en 2016", a ajouté Mme Genevard dans une allusion aux vacances prises par François Fillon après sa victoire dans la primaire de droite.
Sitôt désignée, Valérie Pécresse a elle entamé sa campagne sur les chapeaux de roues en se rendant dans le fief de chacun de ses rivaux battus pour porter un message de rassemblement.
Une façon de désamorcer les déchirements coutumiers mais mortifères à droite, qui semblaient prêts à renaître dès le lendemain du congrès, lorsque l'autre finaliste de la primaire Eric Ciotti a taclé la gagnante.
L'enjeu de «faire»
Commençant sa tournée chez le député des Alpes-maritimes, Valérie Pécresse lui a promis une place "singulière" dans sa campagne, et envisagé de reprendre sa proposition sur l'exonération des successions. Elle s'est ensuite déplacée aux côtés de Philippe Juvin mardi et de Michel Barnier jeudi, avant une réunion publique commune avec Xavier Bertrand vendredi à Lille.
Entre temps la présidente de l'Ile-de-France a aussi rencontré mardi les parlementaires d'un parti qu'elle a quitté en 2019. "Elle nous a dit de mettre de l’énergie, du dynamisme, d’y croire", rapportait mercredi le patron des députés LR Damien Abad.
Avec un programme qui s'annonce chargé dès le début du mandat, son enjeu "c’est de faire, pas de plaire. Dans un quinquennat les six premiers mois sont absolument déterminants", explique-t-il.
La route est encore longue pour la candidate qui devra rassembler l'aile sociale et centriste de l'électorat potentiel, sensible au discours d'Emmanuel Macron, et qui pourrait être séduite par le mouvement Horizons de l'ex-LR Edouard Philippe.
Il lui faudra aussi retenir l'aile droite de l'électorat, tentée par Marine Le Pen, et qui se reconnaît dans les constats dressés par Eric Zemmour.
Mardi le parti a décidé de faire le ménage dans ses rangs face à la tentation Zemmour, en retirant la fonction de vice-président à Guillaume Peltier après un tweet jugé trop favorable au candidat d'extrême droite. Les membres du Mouvement conservateur ont été exclus également, en raison de leur proximité affichée avec le polémiste.
Un grand meeting devait marquer le début de campagne samedi porte de Versailles. Covid oblige, il a été remplacé par une réunion des cadres du parti à la Mutualité, avec un discours de Valérie Pécresse dans l'après-midi.