Macron en Lituanie et Lettonie cette semaine, sur fond de crise au Belarus

Le président français Emmanuel Macron s'adressant aux journalistes après une visite au Centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI), le 23 septembre 2020 (Photo, AFP)
Le président français Emmanuel Macron s'adressant aux journalistes après une visite au Centre de Protection Maternelle et Infantile (PMI), le 23 septembre 2020 (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 27 septembre 2020

Macron en Lituanie et Lettonie cette semaine, sur fond de crise au Belarus

  • Le président bélarusse Alexandre Loukachenko « doit partir », a affirmé Macron à la veille de cette tournée
  • Les trois Etats baltes ont décidé des sanctions à l'encontre de fonctionnaires bélarusses jugés responsables de la répression contre l'opposition

PARIS : Emmanuel Macron effectuera de lundi à mercredi sa première visite en Lituanie et en Lettonie, deux Etats baltes qui espèrent son appui face à la crise politique au Bélarus et aux pressions russes.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko « doit partir », a affirmé Macron à la veille de cette tournée, au cours de laquelle il doit rencontrer ses homologues lituanien Gitanas Nauseda et letton Egils Levits, ainsi que le Premier ministre letton Arturs Krisjanis Kariņs.

Le chef de l'Etat rendra également visite au contingent de 300 soldats français stationnés sur la base lituanienne de Rukla, dans le cadre de la présence renforcée de l'Otan dans la région.

L'Alliance atlantique a déployé des rotations permanentes de troupes en Pologne et dans les États baltes face à la politique jugée agressive de Moscou depuis l'annexion en 2014 de la Crimée ukrainienne.

Outre les relations bilatérales, les discussions de Macron avec les dirigeants baltes devraient porter sur la crise au Bélarus voisin, après la réélection le 9 août du président Alexandre Loukachenko, accusé par l'opposition d'avoir truqué l'élection et soutenu par Vladimir Poutine.

« Ce qui se passe en Biélorussie, c'est une crise de pouvoir, un pouvoir autoritaire qui n'arrive pas à accepter la logique de la démocratie et qui s'accroche par la force. Il est clair que Loukachenko doit partir », a affirmé Macron dans des déclarations au Journal du dimanche (JDD).

L'UE comme les pays baltes n'ont pas reconnu son élection et la Lituanie a donné refuge à la cheffe de file de l'opposition bélarusse Svetlana Tikhanovskaïa.

Les trois Etats baltes ont décidé des sanctions à l'encontre de fonctionnaires bélarusses jugés responsables de la répression contre l'opposition. L’Union européenne devrait également prendre des sanctions contre le régime bélarusse, pour l'instant bloquées par le veto de Chypre.

Pour une transition pacifique

L'Elysée a indiqué qu'il n'était « pas exclu » que le président français rencontre à Vilnius l'opposante bélarusse. Svetlana Tikhanovskaïa a déclaré jeudi au journal Le Figaro qu'elle « attend beaucoup » de Macron et espère qu'il « s’engage pour nous aider à sortir de l’impasse ».

Dans ses déclarations au JDD, Macron s'est dit « impressionné par le courage des manifestants » au Belarus. « Ils savent les risques qu'ils prennent en défilant tous les week-ends et pourtant, ils poursuivent le mouvement pour faire vivre la démocratie dans ce pays qui en est privé depuis si longtemps », a-t-il salué.

La France réclame pour le Bélarus une transition pacifique, avec la fin de la répression puis par l'engagement d'un dialogue prenant en compte la volonté de la population, « en évitant le risque d'une plus grande répresssion, voire une intervention de la Russie », a rappelé l'Elysée.

« Il se trouve que j'ai parlé à Vladimir Poutine le 14 septembre, le jour où il recevait Loukachenko à Sotchi. Je lui ai dit que la Russie a un rôle à jouer, et ce rôle peut être positif s'il pousse Loukachenko à respecter la vérité des urnes et à libérer les prisonniers politiques. C'était il y a quinze jours, nous n'y sommes pas », a déclaré le président au JDD.

Macron terminera sa visite par une table ronde à Riga avec des experts de la désinformation.

Le président français prend soin depuis le début de son quinquennat de se rendre dans chacun des Etats européens. Il s'agira du premier déplacement présidentiel français dans les Etats baltes depuis la visite de Jacques Chirac en 2001.

Son voyage s'effectue dans un contexte de tensions avec la Russie, provoquées par l'affaire de l'empoisonnement de l'opposant Alexeï Navalny, a aussi souligné l'Elysée. 

Les Etats baltes souhaitent tous deux un appui de la France face à la Russie. « La Lituanie attend une réponse ferme du président Emmanuel Macron sur la Russie et la situation au Belarus. La discussion devrait aussi porter sur le rôle de l'Otan pour garantir la sécurité de la région, les Américains étant considérés comme le facteur clé de la sécurité des Etats Baltes », explique le professeur de l'Université de Vilnius Ramunas Vilpisauskas.

« Emmanuel Macron pourrait renforcer la position européenne vis-à-vis du Bélarus, voire jouer un rôle de médiateur entre Loukachenko et l’opposition », ajoute le politologue letton Marcis Krastiņs.

En avril 2018, le chef de l'Etat avait reçu à Paris les présidents des trois Etats baltes à l'occasion du centième anniversaire de leur indépendance, et réaffirmé que la France était à leurs « côtés », notamment « dans le cadre de l'Otan ».


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.