Au procès du 13-Novembre, le désarroi de la famille d'un des kamikazes du Bataclan

Croquis d’ Azdyne Amimour, père de l’un des terroristes du Bataclan (Photo, AFP).
Croquis d’ Azdyne Amimour, père de l’un des terroristes du Bataclan (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 11 décembre 2021

Au procès du 13-Novembre, le désarroi de la famille d'un des kamikazes du Bataclan

  • A la barre, Azdyne Amimour, retraité de 74 ans, cheveux blancs, crâne dégarni, col roulé et veste beige, semble comme perdu
  • «C'est très difficile à expliquer. Il a eu une bonne éducation, un parcours scolaire sans faute», dit-il. «Et après, ça s'est passé à vitesse vertigineuse»

PARIS: "Je voulais le ramener", "je n'ai pas réussi". Au procès du 13-Novembre, les proches de l'un des assaillants du Bataclan ont raconté leur vaine tentative pour le faire revenir de Syrie et la "honte" d'avoir échoué.

Le président Jean-Louis Périès le répète plusieurs fois aux témoins : ce n'est pas eux que l'on juge. "Ce que l'on veut comprendre, c'est comment votre fils en est arrivé là", dit le magistrat au père de Samy Amimour, kamikaze du Bataclan.

A la barre, Azdyne Amimour, retraité de 74 ans, cheveux blancs, crâne dégarni, col roulé et veste beige, semble comme perdu. 

"C'est très difficile à expliquer. Il a eu une bonne éducation, un parcours scolaire sans faute", dit-il. "Et après, ça s'est passé à vitesse vertigineuse".

Le vieil homme, qui demandera vite à s'assoir sur une chaise, raconte les premiers changements au lycée de son fils "introverti" : la mosquée, la tenue vestimentaire, la prière. "Je me suis dit +pourquoi pas+, je préfère ça que dealer".

A l'été 2013, prétextant un voyage "dans le sud" avec des copains, Samy Amimour rejoint la Syrie. Il embrasse son père avant. "Ça m'a intrigué", reconnaît ce dernier.

Pendant un an, la famille garde contact via les réseaux sociaux. Azdyne Amimour, puis sa fille Maya, qui témoigne après lui, racontent des envois de photos de "chatons", leur souci de ne pas le "brusquer". "Je ne lui ai pas fait la morale, je ne voulais pas qu'il rompe le contact", dit Azdyne Amimour.

A l'écran de l'ordinateur, il aperçoit un jour une Kalachnikov posée contre le mur du cyber-café d'où lui parle son fils. Samy Amimour rassure son père. L'arme n'est pas à lui. 

"C'est pas fréquent quand même, une Kalachnikov dans un cybercafé ?" pousse la cour. "Vous ne vous êtes pas inquiété plus que ça?". "Si, un peu", avance le témoin.

A l'été 2014, il décide de suivre la trace de son fils. "Pour le récupérer". Un voyage qu'il avait caché aux enquêteurs après les attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis, reconnaît-il devant la cour.

De ces "quatre jours" sur place, il assure ne rien tirer - "j'avais l'impression de l'enquiquiner", dit Azdyne Amimour au sujet de son fils qui l'enverra "balader" à chaque fois qu'il essaie de "communiquer".

«Lobotomisé»

La cour, le ministère public et les parties civiles l'assaillent de questions pendant plusieurs heures. Pourquoi n'a-t-il pas coupé internet si son fils se radicalisait en ligne ? Comment expliquer cet "enclenchement vers la violence" d'un garçon décrit comme "gentil et serviable" ? 

Et en Syrie, qu'a fait son fils ? Et lui, qu'a-t-il vu ? Pourquoi est-il rentré bredouille si vite ?  

Le père hésite, répond souvent à côté, s'emmêle les pinceaux dans les dates et part dans de longues digressions, agaçant ses interlocuteurs. "J'ai essayé", "on n'a jamais pensé au pire"... "Il a été complètement lobotomisé".

"Azdyne Amimour n'est pas responsable des crimes de son fils", commente hors de la salle d'audience Georges Salines, qui a perdu sa fille au Bataclan.

Les deux hommes ont écrit à quatre mains le livre "Il nous reste les mots" et se rendent régulièrement ensemble en prison et dans les écoles pour lutter contre la radicalisation. 

Maya Amimour, 28 ans, a raconté comment elle avait gardé contact avec ce grand frère qui d'un coup s'intéressait à elle. "J'ai juste pris ce qu'il me donnait, j'essayais d'exister", reconnaît à la barre cette brune au carré long, grandes lunettes sur le nez, qui avait 20 ans au moment du départ de son aîné.

Une avocate des parties civiles veut savoir ce qu'elle a ressenti à l'annonce de sa mort au Bataclan. "J'étais en colère", dit-elle les mains serrées.

"Ces gens-là sont innocents, ils n'ont pas à s'excuser", crie à un moment l'un des accusés Mohamed Abrini depuis son box.

Maya Amimour tremble à la barre. "Six ans après je lui en veux toujours. Je suis encore honteuse d'avoir le nom. J'ai honte de passer devant les victimes. Dire que je suis désolée est un euphémisme, il n'y a pas de mots", dit-elle en pleurs. A sa sortie de la salle d'audience, une partie civile viendra la serrer dans ses bras.

Azdyne Amimour, lui, a réfléchi à un autre voyage en Syrie. Lorsque son fils est mort, sa compagne était enceinte de lui et il a appris il y a quelques mois que sa petite-fille était vivante et dans un camp dans le nord du pays. "J'aimerais la retrouver", dit-il doucement se disant prêt à "repartir", "pour voir la petite".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".


Le lycée Averroès, «un bastion de l'entrisme islamiste», selon Retailleau

Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. (AFP)
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  • "Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme"
  • "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation"

MARSEILLE: Le lycée musulman lillois Averroès, dont le contrat d'association avec l'Etat a été rétabli mercredi par la justice administrative, "est un bastion de l'entrisme islamiste", a affirmé jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, disant souhaiter "que l'Etat fasse appel".

"Les faits sont graves, ils sont significatifs de l'entrisme islamiste que je veux combattre avec la plus grande fermeté. Et le lycée Averroès est pour nous un bastion de cet entrisme", a déclaré le ministre. "On a des éléments extrêmement graves, extrêmement lourds, l'argent des Français n'a rien à faire dans ce genre d'organisation", a-t-il ajouté, lors d'un déplacement à Marseille.