A Lyon, un hôpital militaire entre survie et transition

Cette photo prise le 7 décembre 2015 montre l'entrée de l'hôpital militaire Desgenettes à Lyon, dans le sud-est de la France.(AFP)
Cette photo prise le 7 décembre 2015 montre l'entrée de l'hôpital militaire Desgenettes à Lyon, dans le sud-est de la France.(AFP)
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

A Lyon, un hôpital militaire entre survie et transition

  • Que vont, à terme, devenir les 18.000 m2 du bâtiment principal de Desgenettes?
  • Son "potentiel de valorisation" est à l'étude, selon le ministère, qui a "proposé" aux collectivités d'en discuter

LYON : Des couloirs vides, du personnel inquiet et désœuvré, un projet stratégique qui réduira encore la voilure: l'hôpital militaire Desgenettes, établissement historique de l'Est lyonnais, semble à bout de souffle.

En cet après-midi de décembre, le grand hall d'accueil, flanqué de deux immenses fresques campant le baron Desgenettes, prestigieux médecin militaire sous Napoléon, sonne creux. Derrière les vitres des portes battantes - fermées - conduisant jusqu'en 2018 au service de réanimation, c'est aussi le grand noir: les lieux servent d'entrepôt.

"A l'époque, ça fonctionnait à plein  régime, c'était un hôpital vivant!", se remémore une agente hospitalière, la cinquantaine, embauchée en 2014, désignant le bout du couloir pour montrer jusqu'où attendaient les patients admis aux urgences, transformées en avril en consultations non programmées. 

"La dégringolade remonte à 2018, avec la fermeture de la +réa+. Cela dit, jusqu'à la visite de la ministre, on avait encore espoir. Mais ça a été l’ascenseur émotionnel...", raconte-t-elle. 

Le 21 octobre, Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, vient en effet annoncer la "transformation" de l'Hôpital d'instruction des armées (HIA) Desgenettes, transféré dans l'est de la ville en 1947, en "antenne hospitalière des armées (AHA) d'ici fin 2023". 

Fonctionnant en ambulatoire seulement, cette antenne sera installée dans un bâtiment secondaire abritant aujourd'hui le service psychiatrie et traitera notamment le stress post-traumatique des soldats.  

Alors que la patientèle civile représente 80% de l'activité de Desgenettes, débouché naturel des élèves l'Ecole de santé des armées de Bron (Rhône), le recentrage sur les seuls besoins militaires entraînera une drastique réduction d'effectifs, d'environ 400 (220 militaires, 190 civils) à 120. 

Les personnels "qui n'armeront pas" la nouvelle AHA, seront "réaffectés" dans "les hôpitaux ou centres militaires des armées" et les personnels civils "accompagnés" pour trouver "un nouveau poste soit au sein" du ministère, soit en lien avec les établissements civils "partenaires (...) en fonction de leur projet professionnel", explique le ministère. 

Une "cellule RH" dotée de 6 M EUR doit être créée et un décret ministériel sur le premier volet de cette restructuration est attendu fin décembre.

« Mon projet professionnel? Rester ici »

"Mais qui voudra d'une aide-soignante de 50 ans, cassée de partout?", s'insurge Pascal Lecapitaine, délégué CGT, admettant toutefois que les statuts de fonctionnaires protègent d'un licenciement. 

"Mon projet professionnel? Rester ici jusqu'à la retraite. Ma famille est ici, on n'est pas des pions qu'on déplace comme ça...", corrobore l'agente. Ses collègues de psychiatrie confirment - seule la plus jeune ne s'inquiète pas car "il y a pénurie d'infirmières".

L'avenir du site aurait été plus riant si le partenariat avec les Hospices civils de Lyon (HCL) signé fin 2017 dans le cadre de la réforme du Service de santé des Armées (SSA) visant à réduire les coût en maintenant un haut niveau de soins, avait connu meilleure destinée. 

Il prévoyait notamment le transfert à Desgenettes de l'hôpital Henry Gabrielle de St-Genis-Laval (médecine physique de réadaptation), à quelques kilomètres. Mais "les HCL ont renoncé en octobre 2020 à cette implantation", selon le ministère. Contactées, ni les HCL, ni la ville de Lyon, qui en préside le conseil de surveillance, n'ont souhaité commenter.

Ce partenariat s'est en revanche concrétisé en sens inverse: des services (orthopédie, ORL, viscérologie, réa...) et une cinquantaine de soignants militaires de chirurgie et soins critiques ont été transférés à l'hôpital Edouard Herriot, à proximité, pour former des équipes civilo-militaires. De là, certains continuent de partir en mission sur les théâtres d'opérations extérieures. 

"Mais selon les spécialités, la greffe n'a pas toujours pris", explique un médecin en "réa" d'Edouard Herriot. Par exemple, "au moins trois" chirurgiens digestifs sont partis. "Là, nos équipes n'ont pas fait forcément tous les efforts pour les intégrer". En "réa", en revanche "nous partageons la même culture".

Que vont, à terme, devenir les 18.000 m2 du bâtiment principal de Desgenettes? Son "potentiel de valorisation" est à l'étude, selon le ministère, qui a "proposé" aux collectivités d'en discuter. Une partie pourrait toutefois continuer à servir "aux besoins de la base de défense".


Assurance chômage: les syndicats demandent au gouvernement de renoncer formellement à une réforme globale

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, le 11 novembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu sur l'avenue des Champs-Élysées à Paris, le 11 novembre 2025. (AFP)
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  • Syndicats et organisations patronales (sauf Medef) réclament le retrait du cadrage financier sur l’assurance chômage
  • Ils veulent ouvrir une négociation sur les contrats courts et les ruptures conventionnelles sans nouvelles économies imposées

PARIS: Les cinq syndicats représentatifs de salariés et deux organisations patronales, à l'exception du Medef, demandent au gouvernement de renoncer formellement à son projet de nouvelles négociations sur l'assurance chômage, dans un courrier commun consulté par l'AFP.

Dans ce courrier adressé vendredi soir au Premier ministre Sébastien Lecornu, la CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC et la CFTC, côté syndicats, et la CPME et l'U2P (artisans), côté patronal, lui demandent de retirer le cadrage financier qui avait été communiqué en août par le gouvernement Bayrou pour fixer les économies souhaitées sur l'assurance chômage.

Ce retrait doit leur permettre, expliquent-elles, d'ouvrir, "dans les prochaines semaines, une négociation interprofessionnelle portant sur la question des contrats courts". Une négociation qui "sera également l’occasion d'examiner la question des ruptures conventionnelles", selon leur courrier.

Depuis la chute du gouvernement Bayrou, Sébastien Lecornu a semblé abandonner l'idée d'une nouvelle réforme globale de l'assurance chômage pour cibler "les ruptures conventionnelles (qui) peuvent donner lieu à des abus".

Le ministre du Travail Jean-Pierre Farandou a souligné jeudi avoir "proposé aux partenaires sociaux" de s'"emparer" de ce sujet. "On voudrait aller assez vite pour trouver quelques centaines de millions d’euros d’économies", a-t-il dit au Parisien.

Une telle discussion se ferait, plaident les syndicats dans leur courrier, "dans une approche globale et équilibrée, avec l’objectif partagé de renforcer la qualité de l'emploi et de sécuriser les parcours professionnels".

Dans sa lettre de cadrage, en août, le gouvernement Bayrou avait demandé aux partenaires sociaux de négocier une nouvelle convention d'assurance chômage en réalisant 2 à 2,5 milliards d'euros d'économies par an entre 2026 et 2029.

Elle fixait le 15 novembre comme date butoir pour un accord, mais les discussions n'ont jamais eu lieu.

Les partenaires sociaux sont chargés de négocier les règles de l'indemnisation du chômage mais s'il ne parviennent pas à un accord, l'État définit les règles par décret.

Cette lettre avait été jugée inacceptable par les syndicats notamment en raison de l'ampleur des efforts demandés, alors que les principales règles de la dernière réforme, datant de novembre 2024, étaient entrées en vigueur en avril dernier, en théorie pour quatre ans.

"On n'a pas arrêté de demander au gouvernement de renoncer à la lettre de cadrage et on continue à leur demander de l'abandonner explicitement par un écrit, sinon ce sera une épée de Damoclès avec des décrets qui pourraient nous arriver très prochainement ou avec un autre gouvernement qui nous dirait qu'on n'a pas respecté la lettre de cadrage", s'inquiète auprès de l'AFP le secrétaire confédéral de la CGT, Denis Gravouil.


Le sommet Choose France se décline pour pousser les entreprises tricolores à "investir davantage"

Le président français Emmanuel Macron gesticule alors qu'il prononce un discours lors de l'inauguration de la cinquième édition du Grand Salon du Made in France, à l'Élysée, à Paris, le 14 novembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron gesticule alors qu'il prononce un discours lors de l'inauguration de la cinquième édition du Grand Salon du Made in France, à l'Élysée, à Paris, le 14 novembre 2025. (AFP)
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  • Avec « Choose France », le gouvernement met cette année à l’honneur les entreprises françaises pour encourager leurs investissements sur le territoire
  • L’exécutif attend plusieurs milliards d’euros d’annonces dans des secteurs stratégiques: énergie, IA, santé, chimie, spatial

PARIS: Avec le sommet Choose France "édition France", organisé lundi, le gouvernement entend mettre à l'honneur les entreprises françaises qui investissent dans le pays, et les inciter à le faire "davantage", en particulier dans les secteurs stratégiques de l'industrie.

"Pour la première fois, ce qu'on fait depuis huit ans en attirant les investisseurs internationaux à venir sur tous nos territoires et, année après année, à bâtir des investissements, construire des usines... On va le faire pour accompagner nos entreprises françaises et nos grands groupes pour investir davantage sur notre propre territoire", s'est félicité vendredi soir Emmanuel Macron.

Dans un contexte marqué par la "brutalité des échanges commerciaux" et "une concurrence déloyale", le président a appelé à "assume(r) une politique de protection de (notre) industrie", lors du discours d'inauguration de la cinquième édition de la Grande exposition du "Fabriqué en France" à l'Élysée.

Lancé par Emmanuel Macron en 2018, le sommet Choose France est destiné chaque année à attirer les investissements d'entreprises étrangères en France.

Plus d'une dizaine de milliards d'euros d'investissements ont été annoncés lors de chacune des trois dernières éditions de l'événement. En mai, le 8e sommet Choose France avait battu un nouveau record avec 20 milliards d'euros de projets annoncés sous les ors du château de Versailles.

- "Milliards d'euros" -

Pour la première déclinaison franco-française, baptisée "Choose France - Édition France", le ministère de l'Économie et Matignon ont affirmé, lors d'un échange téléphonique avec la presse, tabler sur des annonces d'investissement dans la "fourchette haute" de ces précédentes éditions, sans préciser le montant.

Ces "milliards d'euros d'investissements" seront "listés" et "dévoilés" lundi matin à Paris, à la Maison de la Chimie, a déclaré le ministre de l'Économie, Roland Lescure, lors d'une visite dans l'Ain destinée à lancer l'événement.

A Saint-Vulbas, chez Speichim Processing, l'un des leaders européens du recyclage des déchets et produits chimiques, il a annoncé un investissement de "près de 30 millions d'euros". Destiné à construire une "troisième ligne de distillation", il permettra d'augmenter "d'un peu moins de 50%" la capacité de production de cette filiale du groupe français Séché Environnement.

D'autres annonces seront distillées dimanche, lundi et mardi par les ministres.

D'après Bercy et Matignon, ce sommet réunira 150 entreprises (grands groupes, PME, start-ups, ETI...) mais également des fédérations professionnelles et des organisations syndicales et patronales.

Les secteurs représentés seront variés, allant de l'énergie à l'agroalimentaire, en passant par la santé, la chimie ou le spatial. Des secteurs considérés comme "stratégiques" seront mis en avant: "la transition écologique et énergétique, l'intelligence artificielle, le numérique", notamment.

Les investissements annoncés concerneront les douze derniers mois, mais tous ne seront pas nouveaux, une partie ayant déjà été dévoilée par les entreprises.

- Attractivité -

C'est notamment le cas du groupe industriel français Urgo, marque emblématique du pansement qui a annoncé vendredi la construction d'une nouvelle usine dans la Loire, fruit d'un investissement de 60 millions d’euros d'ici à 2029.

Sera aussi mis en avant la construction d'une usine de freins carbone par Safran dans l'Ain, un investissement de plus de 450 millions d'euros à terme.

Les grands groupes profitent de cette séquence pour mettre en avant leurs investissements. Danone a ainsi communiqué vendredi sur ses prévisions d'investissement de 300 millions d'euros et la relocalisation de la production de plus de 45.000 tonnes de produits d'ici 2028.

Le lundi après-midi sera consacré à plusieurs tables rondes présidées par des ministres avec des entreprises, qui ne seront pas ouvertes à la presse.

Lors de l'une d'elles, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, fera part à une dizaine d'entreprises des négociations budgétaires en cours.

La journée sera clôturée par un dîner à l'Élysée, hors presse.

Pour l'exécutif, c'est l'occasion de mettre en avant le "renfort de l'attractivité de la France", dont les entreprises tricolores sont "le moteur".

Pour la sixième année consécutive, la France a été sacrée cette année premier pays européen en termes d'investissements étrangers par le baromètre du cabinet EY, avec 1.025 projets, un nombre toutefois en baisse.


France: à Marseille, un écologiste perd un deuxième frère dans un assassinat

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade. (AFP)
Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade. (AFP)
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  • L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère d'Amine Kessaci, confirmant une information du journal régional La Provence
  • Connu pour son combat auprès des proches des victimes du narcobanditisme, le Marseillais de 22 ans, s'est également engagé en politique, auprès du Parti Les Ecologistes

MARSEILLE: Un jeune militant écologiste de 22 ans, Amine Kessaci, engagé aux côté des victimes du narcobanditisme à Marseille, dans le sud de la France, a perdu un deuxième frère cette semaine dans un assassinat, a appris l'AFP auprès de sources concordantes.

Jeudi, aux alentours de 14H30 (13H30 GMT), un jeune homme de 20 ans, inconnu des services de police et de justice, a été abattu par balle dans le 4e arrondissement de Marseille, à deux pas de la plus grande salle de concert de la ville, a indiqué dans un communiqué le procureur de la ville, Nicolas Bessone, sans donner l'identité de la victime.

L'AFP a appris de sources concordantes qu'il s'agissait du petit frère d'Amine Kessaci, confirmant une information du journal régional La Provence.

Connu pour son combat auprès des proches des victimes du narcobanditisme, le Marseillais de 22 ans, s'est également engagé en politique, auprès du Parti Les Ecologistes.

"Une moto s'est portée à hauteur du véhicule de la victime qui venait de se garer. Le passager arrière de la moto a tiré à plusieurs reprises sur la victime, qui était toujours dans son véhicule. Plusieurs étuis de 9 mm ont été retrouvés sur place", détaille le procureur.

Christine Juste, adjointe écologiste au maire de Marseille et proche d'Amine Kessaci, a confirmé à l'AFP, en pleurs, l'identité de la jeune victime. "J'ai énormément de peine pour mon ami et sa maman, aucune mère ne devrait vivre cela, la perte de deux enfants".

Le parquet a ouvert une enquête pour assassinat en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime. Les investigations ne font que commencer et le lien éventuel avec le narcobandistime n'est pas établi à ce stade.

En 2020, Brahim, le grand frère d'Amine Kessaci a été abattu lors d'un triple assassinat par arme à feu et son corps a été retrouvé carbonisé dans un véhicule près de Marseille.

Les violences liées au narcotrafic sont fréquentes à Marseille et la consommation de drogue, notamment dans la rue, est en hausse. Un phénomène expliqué selon des élus locaux par une "précarisation générale" dans ce qui se trouve être également la métropole la plus pauvre du pays.

Selon un décompte de l'AFP, 14 personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans le département français des Bouches-du-Rhône, où se trouve Marseille.