WASHINGTON, États-Unis : Le gouvernement américain va publier vendredi les données sur l'inflation, qui pourraient montrer une nouvelle hausse historique des prix en novembre aux Etats-Unis. Mais Joe Biden a d'ores et déjà minimisé leur portée, soulignant qu'elles ne reflétaient pas les derniers développements économiques.
Le département du Travail publiera à 13H30 GMT l'indice CPI mesurant les prix à la consommation.
Des analystes tablent sur une nouvelle poussée de l'ordre de 6,8% sur un an, après 6,2% en octobre également sur un an. Les prix en novembre pourraient ainsi avoir grimpé au rythme le plus rapide en 40 ans.
Dès jeudi, l'hôte de la Maison Blanche a prévenu que les prix en novembre avaient été "à nouveau élevés" tout en s'empressant de préciser que les données de ce rapport étaient dépassées et ne reflétaient "pas la réalité d'aujourd'hui".
"Et elles ne reflètent pas les baisses de prix attendues dans les semaines et les mois à venir, comme sur le marché automobile", a-t-il insisté, rompant avec l'usage qui veut qu'un président ne commente pas un rapport économique avant sa publication officielle.
Après avoir soutenu que l'inflation était "temporaire" et liée à la reprise économique après la récession historique de 2020 provoquée par la pandémie de Covid-19, l'administration Biden et la banque centrale américaine ont fini par admettre que l'inflation était plus durable que prévu et concernait désormais un large éventail de produits.
Pour l'opposition républicaine, la politique économique de Joe Biden consistant à injecter des milliers de milliards de dollars dans l'économie a contribué à la poussée inflationniste, ce que réfute son administration.
Le mois dernier, face aux critiques jusque dans son camp démocrate, M. Biden avait assuré que sa "priorité absolue" était d'inverser la tendance. Mais un mois plus tard, la tâche s'avère plus difficile que prévu, suscitant de plus en plus de mécontentement chez des Américains qui depuis des mois paient tout plus cher: de la nourriture à l'essence en passant par les voitures, les produits électroniques et les billets d'avion.
Dans les semaines qui ont suivi la collecte des données pour le rapport de novembre, "les prix de l'énergie ont chuté", a toutefois assuré Joe Biden.
- Décélération? -
"Le prix de l'essence à la pompe a déjà commencé à baisser à l'échelle nationale" et est désormais inférieur à la moyenne sur 20 ans dans 20 Etats, a-t-il mis en avant.
Et d'ajouter que les prix du gaz naturel enregistrés cette semaine sont inférieurs de 25% par rapport à leur moyenne de novembre.
Sur un mois par rapport au précédent, l'inflation pourrait avoir grimpé moins vite qu'en novembre à 0,6%, selon les prévisions.
Joe Biden a aussi assuré que les prix des voitures d'occasion allaient également baisser "dans les mois à venir".
La flambée des prix des voitures est directement liée à la pénurie de semi-conducteurs liée aux perturbations sur les chaînes d'approvisionnement mondiales causées par le Covid-19 et ses variants. Mais plusieurs grands constructeurs ont récemment signalé qu'ils étaient à nouveau en mesure de produire à pleine capacité, ouvrant la voie à une normalisation des prix.
Ce rapport va être observé à la loupe alors qu'il est publié quelques jours avant la tenue de la réunion de la Réserve fédérale (Fed).
La Fed publiera mercredi de nouvelles prévisions économiques dont celle de l'inflation. Elle doit aussi annoncer une accélération de la réduction de son programme d'aide monétaire à l'économie afin de procéder plus tard dans l'année à une hausse des taux d'intérêt dans un effort pour contenir l'inflation.
Lors d'une audition au Congrès la semaine dernière, son président Jerome Powell avait reconnu avoir sous-estimé la ténacité de la poussée inflationniste.
"Le moment est probablement venu de ne plus utiliser" le mot "temporaire" pour qualifier l'inflation actuelle, avait-il déclaré devant la commission bancaire du Sénat. "Les risques d'une inflation plus persistante se sont accrus", avait-il ajouté.
L'institution financière s'attend pour l'heure à ce que les "pressions inflationnistes se maintiennent pendant une bonne partie de l'année prochaine", puis "diminuent au cours du second semestre" 2022.