JO-2022: le boycott diplomatique, arme minimale qui préserve la sphère sportive

Sur cette photo d'archive prise le 23 juin 2021, des manifestants brandissent des pancartes et des banderoles lors d'une manifestation à Sydney pour appeler le gouvernement australien à boycotter les Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022 en raison du bilan de la Chine en matière de droits humains. (AFP)
Sur cette photo d'archive prise le 23 juin 2021, des manifestants brandissent des pancartes et des banderoles lors d'une manifestation à Sydney pour appeler le gouvernement australien à boycotter les Jeux olympiques d'hiver de Pékin 2022 en raison du bilan de la Chine en matière de droits humains. (AFP)
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

JO-2022: le boycott diplomatique, arme minimale qui préserve la sphère sportive

  • Les prochains JO (4-20 février 2022) n'échapperont pas aux crispations croissantes entre la Chine et une partie des puissances occidentales
  • Libres de concourir, les skieurs, hockeyeurs ou patineurs se retrouveront aussi les seuls ambassadeurs des pays protestataires, et ont peu de chances d'échapper aux questions politiques

LAUSANNE : Geste inédit à l'impact incertain, le boycott diplomatique des Jeux d'hiver de Pékin marque un jalon dans les noces du sport et de la politique: même quand les conflits flambent en coulisses, ils épargnent la compétition.

Sans surprise, après une année 2021 animée par des tensions géopolitiques durant l'Euro de football, les prochains JO (4-20 février 2022) n'échapperont pas aux crispations croissantes entre la Chine et une partie des puissances occidentales.

Si le sort de la joueuse de tennis Peng Shuai alarme le monde sportif depuis novembre, c'est pour condamner les violations des droits humains dans la province du Xinjiang que les Etats-Unis, suivis de l'Australie, du Royaume-Uni et du Canada, ont décidé cette semaine de n'envoyer aucun représentant officiel à Pékin.

Savamment calibrée après des mois d'hésitations, cette protestation "vise avant tout l'opinion interne, en particulier aux Etats-Unis où elle avait des partisans dans les deux camps", souligne auprès de l'AFP Jean-Loup Chappelet, spécialiste de l'olympisme à l'Université de Lausanne.

Sur le plan international, "la réponse paraît assez légère face à une accusation de génocide, si elle ne s'inscrit pas dans une liste d'autres propositions à venir", observe de son côté Carole Gomez, directrice de recherche à l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris).

Le choix d'Obama 

Que ce boycott atténué déclenche ou non des représailles chinoises, il marque une nouvelle étape dans l'usage politique des tribunes olympiques, devenues depuis trente ans un lieu de diplomatie parallèle.

"C'est une tradition inventée lors des JO-1992 de Barcelone, parce que les Espagnols avaient proposé d'inviter des chefs d'Etat, réunis en sommet à Madrid juste avant la cérémonie d'ouverture", raconte Jean-Loup Chappelet.

Malgré les polémiques qui avaient précédé les JO-2008 de Pékin, cette édition avait attiré "une quarantaine" de dirigeants, dont George W. Bush, pour la dernière apparition en date d'un président américain aux Jeux.

Le tournant contestataire arrive dans les années 2010, "sur fond de crise des grands événements sportifs", selon Carole Gomez, les scandales de corruption au CIO ou à la Fifa écornant une image jusque-là favorable.

Aux JO d'hiver de Sotchi en 2014, Barack Obama ne se déplace pas mais confie la tête de la délégation américaine à deux sportifs homosexuels et militants, la hockeyeuse Caitlin Cahow et le patineur Brian Boitano, pour protester contre les lois homophobes russes.

Quatre ans plus tard à Pyeongchang, le vice-président américain Mike Pence dénonce "l'offensive de charme" nord-coréenne juste avant de se rendre à la cérémonie d'ouverture, jetant un froid sur ces "Jeux de la réconciliation" entre les deux Corées.

 Quid des sponsors ? 

L'intégration du sport dans la panoplie diplomatique n'a pourtant pas déclenché de nouveaux "boycotts intégraux" similaires à ceux des JO-1980 de Moscou (par les Etats-Unis et leurs alliés) et des JO-1984 de Los Angeles (par le camp soviétique).

"Les athlètes de la Team USA ont notre soutien total", a assuré la Maison Blanche, au grand soulagement du comité olympique américain et du CIO, qui militaient depuis des mois contre tout boycott sportif.

Libres de concourir, les skieurs, hockeyeurs ou patineurs se retrouveront aussi les seuls ambassadeurs des pays protestataires, et ont peu de chances d'échapper aux questions politiques.

"Ils peuvent utiliser" les nouveaux espaces d'expression ouverts début juillet par le CIO, en zone mixte ou en conférence de presse, "avec le risque que ça leur retombe dessus", estime Carole Gomez.

Absents jusque-là des débats, les principaux sponsors du CIO "risquent également d'être interpellés par des associations de consommateurs ou des ONG comme Amnesty International", ajoute Jean-Loup Chappelet. 

"De même que Toyota avait renoncé à communiquer au Japon sur les JO de Tokyo, peu populaires en raison de la pandémie", rappelle-t-il, "il faudra surveiller quelle publicité Coca-Cola choisit de faire des Jeux de Pékin".

Le quotidien allemand Frankfurter Allegemeine Zeitung affirmait d'ailleurs jeudi que l'assureur Allianz, qui a intégré en 2018 le sponsoring international des Jeux, envisage de réduire "considérablement" sa communication autour des JO-2022.

"Être visible, précisément en ce moment, n'a guère de sens", indique au journal un responsable sous le sceau de l'anonymat, alors que le groupe se refuse à tout commentaire.


Des dizaines de séismes dans la région de Naples

Les habitants se rassemblent près d'un camp de fortune installé par la protection civile dans la zone portuaire après qu'une vague de secousses d'une intensité jamais vue depuis des décennies a été enregistrée à Pozzuoli, le 21 mai 2024 (Photo, AFP).
Les habitants se rassemblent près d'un camp de fortune installé par la protection civile dans la zone portuaire après qu'une vague de secousses d'une intensité jamais vue depuis des décennies a été enregistrée à Pozzuoli, le 21 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les écoles resteront fermées mardi à Pouzzoles où des centres d'hébergement ont été ouverts et des tentes installées sur un parking
  • Elle a été précédée quelques minutes plus tôt par une secousse de magnitude 3,5 et suivie de dizaines de répliques

 

ROME: Des dizaines de secousses sismiques d'une intensité inédite depuis 40 ans ont été enregistrées lundi soir sur les Champs phlégréens, près de Naples, dans le sud de l'Italie, sans faire de dégâts majeurs mais semant la panique parmi les habitants, ont rapporté les autorités.

Une secousse d'une magnitude de 4,4 a été enregistrée à 20H10 locales (18H10 GMT), à 2,5 kilomètres de profondeur, a annoncé l'Institut national de géophysique et de vulcanologie (INGV).

Elle a été précédée quelques minutes plus tôt par une secousse de magnitude 3,5 et suivie de dizaines de répliques.

"Depuis 19H51 (17H51 GMT, NDLR) est en cours un essaim sismique dans la région des Champs phlégréens", une zone volcanique, et "49 tremblements de terre ont été mesurés", a précisé l'institut dans un communiqué peu avant minuit.

Selon Mauro Di Vito, de l'INGV, "il s'agit du plus puissant essaim sismique de ces 40 dernières années".

Les pompiers ont fait état sur le réseau social X de "fissures" et de "chutes de corniches" tandis que des vidéos amateur montraient le sol d'un supermarché jonché de bouteilles de lait ou d'alcool tombées des rayons à Pouzzoles, commune située dans la zone d'activité des Champs phlégréens dans laquelle résident un demi-million de personnes.

Nouvelles secousses 

Les écoles resteront fermées mardi à Pouzzoles où des centres d'hébergement ont été ouverts et des tentes installées sur un parking et une place en bord de mer pour accueillir les habitants paniqués, a annoncé le maire de la ville, Luigi Manzoni, sur Facebook.

L'INGV n'exclut pas de nouvelles secousses dans la nuit.

Le volcan, qui s'étend sur un périmètre de 15 km sur 12, présente la dépression typique à fond plat laissée après une éruption. Il s'agit de la caldera ("chaudière" en espagnol) en activité la plus vaste d'Europe, située aux confins des communes de Naples et de Pouzzoles en bord de mer.

Dans cette région, les Champs phlégréens sont éclipsés par le tout proche Vésuve, qui domine la baie de Naples et dont l'éruption a rayé Pompéi de la carte en l'an 79.

Les Champs phlégréens, dont une éruption il y a 40.000 ans avait affecté le climat de la planète, inquiètent riverains et scientifiques en raison d'une résurgence de son activité due aux gaz émis par le magma et qui font pression sur la surface en fissurant le sol.

"On doit vivre avec la peur, tout le temps", a témoigné un habitant de Pouzzoles sur la chaîne publique Rainews. "Combien de temps les bâtiments pourront tenir en subissant toutes ces secousses, c'est ce qu'on se demande, il ne sont pas faits pour en absorber autant."

"La terre continue à se soulever au rythme de deux centimètres par mois, c'est un rythme plus élevé que l'an dernier, et il semble que cela doive se poursuivre malheureusement", a estimé le volcanologue Mauro Di Vito sur la chaîne Canale 21.

Le scénario catastrophe, à savoir l'expulsion de lave, de cendres et de pierres, est cependant improbable dans un futur proche, selon les spécialistes.


Amal Clooney parmi les experts ayant conseillé la CPI sur les crimes de guerre à Gaza

 L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
L'avocate libano-britannique Amal Clooney. (AFP).
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  • L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI)
  • "Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré

WASHINGTON: L'avocate Amal Clooney a indiqué lundi qu'elle faisait partie d'un groupe d'experts ayant conseillé le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) qui a demandé des mandats d'arrêt contre deux ministres israéliens, dont Benjamin Netanyahu, et trois dirigeants du Hamas.

Dans un message sur le site de la "Clooney foundation for justice", fondée avec son mari acteur George Clooney, l'avocate et militante des droits humains explique qu'elle a été contactée "il y a plus de quatre mois" par le procureur de la CPI pour rejoindre un groupe d'experts en droit international chargé d'"examiner des preuves de crimes de guerre et crimes contre l'humanité présumés" commis en Israël et dans la bande de Gaza.

"Nos conclusions juridiques ont été unanimes", a-t-elle assuré.

"Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que les chefs du Hamas Yahya Sinouar, Ismaïl Haniyeh et Mohammed Deif ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment prise d'otage, assassinat et crime sexuel. Nous avons unanimement établi qu'il y a des motifs raisonnables pour penser que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant ont commis des crimes de guerre et contre l'humanité, notamment l'emploi de la famine comme arme de guerre, assassinat, persécution et extermination", a-t-elle écrit.

Au sujet des demandes de mandats d'arrêt réclamés lundi par le procureur Karim Khan, l'avocate libano-britannique a assuré qu'elle soutenait cette "étape historique" visant à "faire justice aux victimes d'atrocités en Israël et en Palestine".

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien le 7 octobre, qui a entraîné la mort de plus de 1.170 personnes, majoritairement des civils, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 124 sont toujours détenues à Gaza, dont 37 mortes selon l'armée.

Israël, qui a juré de détruire le mouvement islamiste palestinien, a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza qu'elle a assiégée, entraînant la mort d'au moins 35.562 personnes, pour la plupart des civils, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement de Gaza dirigé par le Hamas.


Biden affirme que l'offensive d'Israël à Gaza «  n'est pas un génocide »

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".
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  • "Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU
  • Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI)

WASHINGTON: Joe Biden a pris lundi la défense d'Israël face à la justice internationale, jugeant "scandaleuse" la demande de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens et balayant l'accusation de "génocide" pour l'offensive à Gaza.

"Ce qui se passe n'est pas un génocide, nous rejetons" ce terme, a-t-il dit, faisant référence à une affaire portée devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l'ONU, devant laquelle Israël est accusé de "génocide".

Pendant une réception pour la communauté juive à la Maison Blanche, le démocrate de 81 ans a aussi répété que les Etats-Unis s'opposaient à la démarche du procureur d'une autre juridiction, la Cour pénale internationale (CPI).

Ce magistrat a réclamé lundi des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et contre son ministre de la Défense.

"Nous rejetons" cette demande, a dit Joe Biden, répétant que son soutien à Israël était "inébranlable".

« Scandaleuse »

"Nous sommes aux côtés d'Israël pour éliminer (le chef du Hamas à Gaza Yahya) Sinouar et le reste des bouchers du mouvement palestinien", a-t-il encore déclaré, en promettant de s'activer "contre vents et marées" pour libérer les otages enlevés lors de l'attaque du 7 octobre.

Auparavant, le président américain avait déjà publié un communiqué lapidaire qualifiant de "scandaleuse" la demande du procureur de la CPI, tandis que le chef de la diplomatie Antony Blinken a déclaré que la démarche du magistrat était "une honte".

Les Etats-Unis continueront cependant à "apporter (leur soutien à la CPI) en ce qui concerne les crimes commis en Ukraine", a de son côté souligné le chef du Pentagone Lloyd Austin.

La CPI avait émis en 2023 un mandat d’arrêt contre le président russe Vladimir Poutine, accusé du crime de guerre d’expulsion illégale d’enfants ukrainiens.

"Je vais être clair: quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas, il n'y en a aucune", a asséné Joe Biden dans son communiqué.

Antony Blinken a estimé dans un communiqué que la demande du procureur "pourrait compromettre" les pourparlers sur un cessez-le-feu à Gaza.

Par ailleurs, la CPI n'a "pas de juridiction" sur Israël, a-t-il rappelé.

Ni Israël ni les Etats-Unis ne sont membres de la CPI.

« Génocide »

Au huitième mois de la guerre dans la bande de Gaza, le procureur de la CPI a demandé des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien et son ministre de la Défense ainsi que trois dirigeants du Hamas pour crimes contre l'humanité présumés.

Karim Khan a déclaré avoir réclamé des mandats contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour des crimes tels que "le fait d'affamer délibérément des civils", "homicide intentionnel" et "extermination et/ou meurtre".

Les accusations portées contre des dirigeants du Hamas, notamment Yahya Sinouar, incluent "l'extermination", "le viol et d'autres formes de violence sexuelle" et "la prise d'otages en tant que crime de guerre".

La CPI est une juridiction permanente chargée de poursuivre et juger des individus accusés de génocide, de crime contre l'humanité et de crime de guerre.

Fondée en 2002, cette institution qui compte aujourd'hui 124 Etats membres n'a prononcé depuis sa création qu'une poignée de condamnations.

La CIJ, elle, est l'organe judiciaire principal des Nations unies et juge des différends entre Etats.

Elle a été saisie par l'Afrique du Sud, qui accuse Israël de "génocide" dans la conduite de son offensive militaire à Gaza.

La CPI et la CIJ siègent à La Haye (Pays-Bas).