Malmenés, des dizaines de médias appellent les candidats à l'Elysée au respect

Plusieurs journalistes ont été violentés lors du meeting d’Eric Zemmour à Villepinte (Photo, AFP).
Plusieurs journalistes ont été violentés lors du meeting d’Eric Zemmour à Villepinte (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 10 décembre 2021

Malmenés, des dizaines de médias appellent les candidats à l'Elysée au respect

  • A l'origine de cette vague de protestation, les multiples éruptions de violence qui ont ponctué dimanche le premier meeting de campagne de Zemmour
  • Deux journalistes de Mediapart, frappés à la tête, ont porté plainte lundi conjointement avec leur employeur pour violences et menaces

PARIS: "La +santé démocratique+" du pays est en jeu, préviennent des dizaines de médias dans une tribune publiée jeudi alors que d'autres textes signés par des journalistes de tous horizons appellent les candidats à l'élection présidentielle à respecter la liberté d'information et à préserver leur sécurité.

A l'origine de cette vague de protestation, les multiples éruptions de violence qui ont ponctué dimanche le premier meeting de campagne de l'ancien polémiste et journaliste Eric Zemmour, lui-même blessé au poignet après une empoignade. 

"Coups, menaces de mort, remarques antisémites, insultes, vol de matériel… Dimanche 5 décembre, plus de 400 journalistes étaient accrédités pour couvrir le premier meeting d’Eric Zemmour (...) Lors de ce rassemblement à Villepinte (Seine-Saint-Denis), plusieurs de nos confrères journalistes ont été menacés ou agressés, les empêchant d'exercer correctement leur travail", rappellent dans une tribune publiée jeudi près de 30 sociétés de journalistes (SDJ), dont celle de l'Agence France-Presse (AFP).

Deux journalistes de Mediapart, frappés à la tête, ont porté plainte lundi conjointement avec leur employeur pour violences et menaces tandis qu'une équipe de l'émission "Quotidien" a dû être brièvement exfiltrée de la salle par l’équipe de sécurité du candidat d'extrême droite.

Une enquête a été également été ouverte après des violences commises contre des militants de SOS Racisme, venus protester dans la salle contre le candidat.

Or ces "agissements" n'ont "pas fait l'objet d'une condamnation forte et immédiate de la part du candidat concerné, mais aussi plus largement de l'ensemble de la classe politique et médiatique", déplorent les SDJ signataires.

"Faut-il le rappeler ? Il n'est pas normal de craindre pour sa sécurité alors qu'on se rend, dans le cadre de son activité professionnelle, à une réunion politique", expliquent-elles.

Interrogé sur ces incidents, Eric Zemmour avait condamné mardi "toutes les violences" qui avaient perturbé sa réunion publique, tout en qualifiant les militants de SOS Racisme agressés de "provocateurs" et les médias de "complaisants".

Charte de bonnes pratiques

Face à ces violences "de plus en plus fréquentes", environ 40 sociétés de journalistes, dont celle de l'AFP, demandent dans un second texte aux candidats à la présidentielle de "s’engager publiquement" à garantir "le libre accès" des journalistes "aux diverses réunions et manifestations publiques, selon les conditions habituelles d’accréditation".

Mais aussi d'assurer la pleine préservation de "l’intégrité physique des journalistes" au cours d’événements relevant de leur responsabilité, et enfin les exhortent à "s’abstenir de prendre la presse pour cible dans des termes susceptibles de créer un climat hostile".

"Nous enjoignons aux candidats de prendre la pleine mesure des conditions de plus en plus critiques dans lesquelles travaillent les journalistes. La santé démocratique de notre pays aurait tout à perdre d’atteintes répétées au libre exercice de leur métier", concluent-elles.

Plus tôt dans la matinée, vingt directeurs de l'information de médias écrits et audiovisuels, dont l'AFP, avaient déjà appelé "à la responsabilité de chacun des candidats afin que la couverture de cette campagne électorale puisse se dérouler de manière exemplaire".

En rappelant "solennellement la liberté de l'information dans notre démocratie et la nécessité impérieuse pour nos journalistes de pouvoir exercer leur métier dans des conditions de sécurité élémentaires".

Reporters sans frontières, association internationale de défense de la liberté de la presse, a pour sa part dit "s’inquiéter du niveau de violence inédit perpétré à l’égard des reporters" dans un communiqué publié mercredi.

"Il serait sinistre que les candidats et les militants s’arrogent le droit de choisir les journalistes qui leurs plaisent et de mettre les autres à l’écart sous les cris et les coups", a déclaré Christophe Deloire, secrétaire général de l'ONG.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.