BEYROUTH: Mardi, à la demande du président Emmanuel Macron, l'ambassadrice de France au Liban, Anne Grillo, a informé le président libanais, Michel Aoun, de la tournée de Macron dans le Golfe, notamment de sa visite au Royaume d'Arabie saoudite qui «a exprimé sa volonté d’aider le Liban, soulignant la nécessité de mettre en œuvre les engagements qui ont été pris», comme l'a déclaré le bureau de presse de la présidence libanaise.
Au cours de la réunion, Grillo a souligné que «l'Arabie saoudite et les pays du Golfe sont prêts à entreprendre les démarches nécessaires, et que pour sa part, le Liban devrait entreprendre ce qui lui est demandé et prouver sa crédibilité dans son engagement envers les réformes, notamment les réformes structurelles qui nécessitent de nouveaux outils de travail pour faire face à la crise profonde.»
La réunion qui s'est tenue samedi dernier à Djeddah entre le prince héritier, Mohammed ben Salmane, et Macron a donné lieu à la publication d'une déclaration concernant le Liban, dans laquelle les deux leaders ont souligné la «nécessité pour le gouvernement libanais d’entreprendre des réformes globales».
Les deux parties ont également souligné le «besoin de limiter la possession d'armes aux institutions étatiques légitimes», et que «le Liban ne doit pas servir de base à des actes terroristes qui déstabilisent la sécurité et la stabilité de la région, ni de base au trafic de drogue», insistant en outre sur «l'importance de renforcer le rôle de l'armée libanaise dans le maintien de la sécurité et de la stabilité du Liban».
Les deux leaders avaient passé un appel téléphonique conjoint lors de la rencontre avec le Premier ministre libanais, Najib Mikati.
Lors de ses entretiens avec Aoun, Grillo a précisé l'importance accordée par la communauté internationale et la France aux élections législatives, municipales et présidentielles prévues l'année prochaine au Liban.
En réponse à la déclaration saoudienne-française, au nom du Hezbollah, l'ancien ministre Mohammed Fneich a déclaré mardi que le groupe «ne remplacera pas le symbole de notre dignité et de notre liberté par le strict minimum des conditions de vie.
«Les tentatives pour nous faire renoncer à la résistance et à ses armes en échange de la résolution de la crise économique est quelque chose d'inacceptable pour nous», a-t-il ajouté.
Les séances du Conseil des ministres sont suspendues depuis le 12 octobre à cause de l'entêtement du Hezbollah concernant l'enquête sur l'explosion du port de Beyrouth. L'enquêteur judiciaire Tarek Bitar est accusé par le groupe de partialité à son égard, selon son secrétaire général, Hassan Nasrallah.
Mardi, la Cour civile d'appel de Beyrouth, présidée par la juge Randa Harrouq, a rejeté une plainte déposée par l'ancien ministre Youssef Fenianos contre Bitar «pour défaut de compétence qualitative».
Harrouq a décidé «d'infliger au plaignant une amende de 800 000 livres libanaises (530 dollars – 1 dollar américain = 0,86 euro) et d'informer le juge Bitar du contenu de la décision, ce qui implique qu'il poursuive ses investigations liées au dossier de l'explosion du port de Beyrouth».
Une source judiciaire a déclaré à Arab News que les accusés ont épuisé toutes les démarches qui pouvaient être entreprises auprès de la Cour d'appel, et qu'ils pourraient recourir à la Cour de cassation afin d’entraver l'interrogatoire de 4 anciens ministres, en plus de l'ancien Premier ministre Hassan Diab.
Bitar n'a encore entrepris aucun acte d’accusation alors que près de 16 mois se sont écoulés depuis la catastrophe.
Selon une autre source judiciaire, Bitar a rejeté toutes les tentatives visant à lui retirer le dossier et à renvoyer les ministres et le Premier ministre devant un tribunal qui serait formé par le Parlement pour juger les présidents et les ministres, une demande faite par le Hezbollah et le mouvement Amal.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com