LONDRES: Les projets du gouvernement britannique de traiter les demandes des migrants et des demandeurs d’asile dans des centres à l’étranger risquent de créer un «Guantánamo britannique», a averti un ancien membre du cabinet.
Le député conservateur David Davis, secrétaire d’État à la sortie de l’Union européenne entre 2016 et 2018, estime que le projet du ministère de l’Intérieur de traiter les demandes des migrants à l’étranger créerait une installation qui pourrait rivaliser avec Guantánamo en termes de notoriété.
Un projet de loi sur la nationalité et les frontières prévoit que les demandes d’asile soient traitées à partir d’installations situées à l’étranger et introduisent une série d’autres nouvelles restrictions.
M. Davis a qualifié les projets de la secrétaire d’État à l’Intérieur, Priti Patel, de profondément défectueux, notant que le ministère de l’Intérieur était incapable d’expliquer où se situeraient ses installations offshore de traitement des demandes d’asile, largement critiquées.
Cette question a suscité une controverse ces dernières semaines. Lorsque des informations indiquant que la Grande-Bretagne négociait avec l’Albanie pour y établir un centre pour demandeurs d’asile ont été diffusées, plusieurs politiciens et diplomates albanais ont violemment et publiquement rejeté l’idée.
M. Davis, qui ne fait plus partie du Cabinet, a précisé que les changements proposés ne tenaient pas compte du fait que la plupart des demandeurs d’asile ont finalement obtenu le statut de réfugié.
«Déléguer le problème à une autre partie du monde n’est qu’un moyen coûteux de retarder l’inévitable», écrit-il dans le journal The Observer. «Un tel projet entraînerait des montagnes de paperasse, l’affrètement de vols de la Royal Air Force, la construction d’infrastructures... Une telle logistique labyrinthique impliquerait des coûts colossaux, dont le contribuable britannique pourrait bien se passer. Nous pourrions dans le pire des cas créer par inadvertance un Guantánamo britannique.»
Au cours de l’année 2021, des dizaines de milliers de migrants et de demandeurs d’asile sont arrivés en Grande-Bretagne en passant par la Manche, ce qui a poussé le gouvernement conservateur à agir pour ralentir ces arrivées.
Quelque 37 562 demandes d’asile ont été présentées entre janvier et septembre, soit plus du double du montant total de 2020, une proportion importante de demandeurs provenant d'Iran, d'Irak et de Syrie. Les députés débattront du projet de loi sur la nationalité et les frontières au Parlement mardi et mercredi.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com