ATHÈNES : Le pape a renouvelé samedi à Athènes la demande de "pardon" des catholiques aux orthodoxes, évoquant des "erreurs" et la "honte" de l'Eglise, 20 ans après le geste symbolique de Jean Paul II.
"À notre honte - je le reconnais au nom de l'Église catholique - des actions et des choix (...) ont flétri la communion. Nous avons ainsi laissé les divisions compromettre la fécondité", a déclaré le pape lors d'un discours devant l'archevêque orthodoxe d'Athènes, Hiéronyme II.
"L'histoire a du poids, et je ressens aujourd'hui le besoin de renouveler ma demande de pardon à Dieu et à mes frères pour les erreurs commises par beaucoup de catholiques", a-t-il ajouté, quelques heures après son arrivée à Athènes.
En mai 2001, lors de sa visite dans la capitale grecque, Jean Paul II avait demandé "pardon" envers les orthodoxes, séparés de l'Eglise catholique depuis le schisme de 1054 entre Rome et Constantinople.
Se présentant "avec beaucoup de respect et d'humilité", François a évoqué samedi les "racines communes" des deux églises qui ont "traversé les siècles", et regretté que celles-ci aient ensuite "grandi loin les (unes) des autres".
"Les poisons du monde nous ont contaminés, la graine de la suspicion a accru notre distance et nous avons cessé de cultiver la communion", a-t-il déploré avant d'évoquer longuement son aspiration à la "fraternité".
Cette demande est "un approfondissement de la guérison de la mémoire qui avait été initiée par Jean-Paul II", a expliqué Hyacinthe Destivelle, directeur de l'Institut d'études œcuméniques de l’Angelicum à Rome, rappelant que "le monde grec a été le plus blessé par les relations avec les chrétiens d'Occident, davantage que les autres Eglises".
À l'issue de leurs discours, le pape et l'archevêque se sont échangés des cadeaux dans une ambiance visiblement cordiale.
Cette visite, la première d'un pape à Athènes depuis celle de Jean Paul II, est placée sous haute sécurité en raison du climat hostile qui y règne traditionnellement, dans un pays à l'écrasante majorité orthodoxe où les catholiques représentent à peine plus d'1% de la population.
À l'arrivée du pape à l'archevêché, un prêtre orthodoxe s'est manifesté en présence des journalistes en criant: "Pape, tu es un hérétique", avant d'être maîtrisé par la police.
En 2014, au retour d'un voyage en terre sainte, le Saint-Père avait déjà demandé pardon pour les "divisions" entre chrétiens.