L’artiste et calligraphe irakien Hassan Massoudy à la recherche de l’harmonie

Massoudy a passé sa vie à créer un art qui, bien qu’en rupture avec la tradition, continue d'exprimer la beauté de la calligraphie arabe. (Photo fournie)
Massoudy a passé sa vie à créer un art qui, bien qu’en rupture avec la tradition, continue d'exprimer la beauté de la calligraphie arabe. (Photo fournie)
Short Url
Publié le Vendredi 14 mai 2021

L’artiste et calligraphe irakien Hassan Massoudy à la recherche de l’harmonie

  • Le célèbre artiste et calligraphe Hassan Massoudy raconte les origines de son art et les décennies de pratique dont son nouveau livre est l’aboutissement
  • Ce processus créatif est au cœur de « Calligraphies du désert », ouvrage publié chez Saqi Books ce mois-ci

LONDRES : Dans sa maison à Paris, le célèbre artiste et calligraphe irakien Hassan Massoudy se plonge dans ses souvenirs. L’homme de soixante-dix ans, qui n’est pas retourné en Irak depuis cinquante ans, peut certes être excusé de ce moment de nostalgie.

« Quand j'étais plus jeune, je suis parti en voyage avec ma mère pour rendre visite à son frère, qui était un prédicateur et un penseur », se souvient-il. «Je l'ai regardé avec des yeux émerveillés. Il portait des habits noirs et un grand turban, et il écrivait des phrases littéraires avec un stylo à bille. Je ne savais pas lire à l'époque. Ce qui m'attirait, pourtant, c'était l'encre noire sur le papier blanc. Les lettres arabes me semblaient être un ensemble d'images. Cette scène m’a émerveillé ».

Il se souvient qu’à l'âge de 10 ans il avait été convoqué par son professeur. S'attendant au pire, il se dirigeait vers l’avant de la classe, pour ensuite être félicité pour la qualité de son écriture. « J'étais ravi quand mon professeur m'a demandé d'écrire devant les autres élèves pour qu'ils apprennent », dit-il. La fierté est toujours aussi perceptible dans sa voix après toutes ces années. « 66 ans plus tard, je pense que c'était la première fois que je réalisais une calligraphie devant un public – et j'ai continué à le faire toute ma vie".

1-	« La générosité est de donner plus qu’on ne peut ». Khalil Gibran (1883-1931). (Fourni)
« La générosité est de donner plus qu’on ne peut ». Khalil Gibran (1883-1931).
(Photo Fournie)

Massoudy a passé sa vie à créer un art qui, bien qu’en rupture avec la tradition, continue d'exprimer la beauté de la calligraphie arabe. Il a modelé les lettres et les mots comme d'immenses sculptures et a développé sa pratique artistique en y introduisant de plus en plus d’énergie et de vitesse. C’est ainsi qu’il dit avoir créé des textes ayant bien plus de caractère, et qu’il a appris à apprécier l'importance de l'espace. « Auparavant, je pensais que la lettre était le seul aspect important de la calligraphie », explique-t-il. « Je me rends compte aujourd’hui que l'espace qui entoure les lettres est une partie aussi importante de la calligraphie - les lettres et les espaces doivent s’accorder en harmonie ».

Réputé pour transformer des poèmes en œuvres d'art vibrantes, Massoudy a peut-être rompu avec la tradition calligraphique classique, mais ses phrases sont parsemées de références aux anciens maîtres. À Istanbul, il a rencontré Hamid Aytaç, le dernier des grands calligraphes ottomans, et a étudié pendant une brève période à l’école Madrasat Tahsin Al Khotoout au Caire. En tant qu'apprenti à Bagdad, il a passé des heures avec Hachem Al-Baghdadi, considéré comme le dernier calligraphe classique. 

2-	Le savoir est au-dessus toutes les dignités. Proverbe arabe. (Photo fournie)
Le savoir est au-dessus toutes les dignités. Proverbe arabe. (Photo Fournie)

En 1980, il part à la recherche du corpus d’œuvres officielles d'Ibn Muqla, un vizir du califat abbasside, et le premier à codifier les principes de la calligraphie au Xe siècle. Bien qu'aucune œuvre d'Ibn Muqla n'ait survécu, Massoudy a documenté l'héritage du calligraphe, notamment dans un petit carnet de huit pages, préservé au Caire, et dans un autre qui se trouve à la Bibliothèque nationale de Tunis. Le premier est une copie réalisée au XVIe siècle.

« Comment les anciens calligraphes continuent-ils à m'affecter ? Leurs belles lignes ont vécu des milliers d'années, et en tant que calligraphe, je veux en assurer la continuité. Comme le dit Jalaluddin Rumi : « Ce que vous cherchez vous cherche aussi ».

Massoudy est né et a grandi à Najaf. Il a déménagé à Bagdad à la fin de son adolescence pour étudier à l'Académie des Beaux-Arts de la ville. Comme il ne remplissait pas les conditions d'admission, il s'est alors tourné vers les ateliers de calligraphie que l'on pouvait encore trouver dans la ville au début des années soixante. Là, il a rencontré un groupe de calligraphes, « ils étaient généreux, ouverts d'esprit et ne craignaient pas de voir les méthodes classiques s’effondrer ». 

3-	Concis et concluant est le meilleur des discours. Proverbe arabe. (Fourni)
Concis et concluant est le meilleur des discours. Proverbe arabe. (Photo Fournie)

Il est vrai que Massoudy a surtout travaillé dans la publicité. Pourtant, il a appris plusieurs styles de calligraphie, y compris des formes élaborées comme les Thuluth et Diwani, avant de partir pour Paris en 1969 où il s’inscrit à l'École des Beaux-Arts. C’est là qu’il va réaliser ses premières peintures figuratives et former ce qui deviendra son propre style.

« Ma calligraphie reflète mon état d'esprit, mes espoirs et mes aspirations », dit-il. « Je vide mon âme de tout ce qui la préoccupe, parvenant ainsi à une paix intérieure. C'est un état d'équilibre entre le processus artistique personnel et la communauté humaine à laquelle on est relié. Que peut faire un artiste face aux guerres et injustices auxquelles sont confrontés les individus ? Je crois qu’il peut représenter fidèlement son époque dans son travail, afin que les générations futures en profitent.  Il appartiendra aux autres de juger de la qualité du travail de l'artiste, et donc de déterminer sa longévité ». 

4-	Choisis bien tes mots, car ce sont eux qui créent le monde qui t'entoure. Proverbe arabe. (Photo fournie)
Choisis bien tes mots, car ce sont eux qui créent le monde qui t'entoure. Proverbe arabe. (Photo Fournie)

Les mots qu’il trace dans ses œuvres sont ceux des autres, en particulier les écrits de poètes et de philosophes tels que Rumi, Khalil Gibran et le mystique persan Al-Hallaj. Il s'inspire également de proverbes du monde entier. Ainsi, il ne se contente pas de créer des œuvres d'art distinctives, mais transmet un message de paix et de tolérance : deux thèmes qui sont au cœur d’une grande partie de ses œuvres. C'est pourquoi des mots tels que « amour » et « sérénité » se répètent librement dans ses œuvres.

Son corpus est vaste et s’étend des œuvres sur papier aux représentations théâtrales qui associent musique et poésie à la création de calligraphies en direct sur scène. Sa première collaboration s’est faite avec l'acteur français Guy Jacquet et le multi-instrumentiste irakien Fawzy Al-Aiedy – leur spectacle est resté à l’affiche pendant 13 ans, des années 70 au début des années 80. Il s’est ensuite associé avec la chorégraphe Carolyn Carlson et le musicien turc Kudsi Erguner. De cette association est né le spectacle « Métaphore », une « harmonie de musique, de danse et de calligraphie ».

Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. Gandhi (1869-1948). (photo fournie)
Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde. Gandhi (1869-1948). (Photo Fournie)



« Quand je tombe sur un vers poétique, qui évoque une image que je peux parfaitement voir dans mon esprit, j’en choisis les plus beaux mots et passe ensuite des jours à imaginer le poète écrivant ces mots et la manière dont je pourrais atteindre, par la forme, à une nouvelle expression à travers une nouvelle construction d’un mot », explique Massoudy. « J'essaie aussi de penser à ce que je pourrais ajouter pour enrichir le tableau ; des couleurs par exemple, car je cherche à atteindre la perfection. La perfection pour moi est de créer une œuvre aussi proche que possible de la vision du poète. C'est pourquoi j'écris le même mot plusieurs fois, à chaque fois dans une taille différente, même si la différence n’est que de quelques millimètres ». 

Ce processus créatif est au cœur de « Calligraphies du désert », ouvrage publié chez Saqi Books ce mois-ci. Inspiré par les écrivains et poètes qui « se sont perdus dans les mystères du désert », il est le fruit de divers voyages durant lesquels Massoudy a accompagné sa femme Isabelle dans les déserts d'Afrique du Nord. C'est là que sa calligraphie « a pris les teintes ocres, jaunes et roses du soleil couchant » et que les lignes de ses dessins « ont épousé les creux des dunes ». 

La vision artistique de Massoudy est humaniste. Il cherche à améliorer la société et à propager la culture à travers des mots inspirants pour « contribuer modestement à sensibiliser le public ».
« L'amour, le bonheur, l'espoir et la dignité. Toutes ces valeurs et bien d'autres, sont nécessaires en cette période. »

Logo de l'Année de la Calligraphie arabe 2020

 

 


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Short Url
  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.


Layali Diriyah réchauffe le cœur historique du Royaume

Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Layali Diriyah est organisé dans l'une des fermes du district d'Al-Murayih, transformant ce site historique en une expérience vivante et en plein air. (Photo AN/Huda Bashatah)
Short Url
  • L’événement constitue un pilier de la Diriyah Season, célébration vibrante de la culture saoudienne
  • La gastronomie y occupe une place majeure, avec un large éventail de cuisines saoudiennes et internationales

​​​​​​RIYAD : Layali Diriyah est de retour comme pièce maîtresse de la Diriyah Season de cette année, attirant les visiteurs vers un Al-Murayih transformé en une célébration en plein air de la culture, de la cuisine et de l’artisanat saoudiens.

L’événement se tient tous les jours de 17h à 2h du matin jusqu’en mars 2026. Des allées bordées de palmiers illuminées de guirlandes scintillantes instaurent une atmosphère mêlant l’héritage traditionnel najdi à la créativité saoudienne contemporaine.

Pour de nombreux visiteurs, le cadre lui-même fait partie de l’expérience. Shatha Abdulaziz, une visiteuse, a confié à Arab News : « Mon expérience a été merveilleuse et très agréable. Ce qui m’a réellement impressionnée, c’est l’atmosphère paisible, le thème traditionnel, l’organisation et les détails.

« Bien que je sois déjà venue lors des saisons précédentes, je pense qu’il y a eu une amélioration significative cette année. »

La gastronomie est un attrait majeur, avec un large choix de cuisines saoudiennes et internationales, dont des spécialités italiennes et méditerranéennes proposées par des restaurants exclusifs présents cette année.

« Ce fut une excellente expérience », a déclaré le visiteur Mohammed Fahad, ajoutant que l’attention portée aux détails était remarquable, tout comme « l’authenticité historique dans chaque recoin de Diriyah Nights ».

Il a ajouté : « Cela mêle véritablement le présent et le passé avec une touche raffinée et artistique. »

Des boutiques et stands proposent des articles en édition limitée à ceux en quête d’une expérience de shopping singulière.

Rawan Alsubaie, habituée de Diriyah mais présente à Layali Diriyah pour la première fois, a souligné le caractère exclusif des produits.

Elle a expliqué : « J’ai regardé certaines boutiques et stands et je les ai trouvés uniques, avec des produits introuvables en dehors de Diriyah Nights.

« Il y a des parfums que je n’ai trouvés nulle part ailleurs. J’ai même demandé aux commerçants s’ils avaient d’autres points de vente, mais ils m’ont dit que non, ce que je trouve remarquable.

« Je suis venue en m’attendant à découvrir quelque chose d’exceptionnel et, effectivement, l’endroit est magnifique, surtout durant la saison hivernale. C’est parfait. »

La Diriyah Season de cette année continue de mettre en valeur la richesse de l’héritage najdi tout en embrassant la créativité qui façonne l’Arabie saoudite moderne.

À travers des spectacles, des expositions et des expériences immersives, les visiteurs découvrent les traditions qui définissent Diriyah, ainsi que l'énergie qui anime son renouveau culturel.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La durabilité à l’honneur à Médine pour la Journée mondiale des sols

Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Les sols de la région sont confrontés à des défis, notamment la salinisation due à une irrigation déséquilibrée et au changement climatique. (SPA)
Short Url
  • Médine renforce ses efforts de conservation des sols face à la salinisation et au changement climatique grâce à des programmes durables et une meilleure gestion des ressources
  • La Journée mondiale des sols rappelle l’importance de protéger le patrimoine agricole et de soutenir les objectifs environnementaux de la Vision 2030

MÉDINE : Médine s’est jointe au monde pour célébrer la Journée mondiale des sols le 5 décembre, mettant en lumière l’importance de la conservation des sols pour la sécurité alimentaire et les écosystèmes, selon l’Agence de presse saoudienne (SPA).

La journée revêt une importance particulière à Médine en raison de sa riche histoire agricole, de la diversité de ses sols — allant de l’argile au sable en passant par les formations volcaniques Harrat — et de son lien historique avec la production de dattes.

Le sol de la région fait face à plusieurs défis, notamment la salinisation due à un déséquilibre de l’irrigation et au changement climatique, ajoute la SPA.

Les autorités y répondent par des programmes de protection des sols, l’amélioration des techniques d’irrigation et la promotion de pratiques agricoles durables.

Le sol joue un rôle essentiel dans la purification de l’eau, agissant comme un filtre naturel. Avec l’arrivée de l’hiver, c’est une période opportune pour préparer les sols en vue du printemps, étendre les cultures et favoriser les récoltes, rapporte la SPA.

Le ministère de l’Environnement, de l’Eau et de l’Agriculture à Médine met en œuvre des initiatives visant à améliorer l’efficacité des ressources, renforcer la sensibilisation des agriculteurs et lutter contre la désertification. Les agriculteurs contribuent également en utilisant des fertilisants organiques et en recyclant les déchets agricoles.

La Journée mondiale des sols souligne la nécessité d’une collaboration entre les organismes gouvernementaux, les agriculteurs et les parties prenantes pour assurer la durabilité des sols, préserver le patrimoine agricole et soutenir les objectifs de développement durable de la Vision 2030.

Approuvée par l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture en 2013, la Journée mondiale des sols vise à sensibiliser au rôle crucial des sols dans la santé des écosystèmes et le bien-être humain.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com