BERLIN: La vaccination obligatoire contre le Covid-19, dont l'Allemagne refusait d'entendre parler il y a quelques mois, va faire l'objet d'une proposition de loi soumise au parlement avant la fin de l'année pour tenter d'enrayer la flambée d'infections, a annoncé mardi le futur chancelier Olaf Scholz.
Par ce revirement spectaculaire, la première économie européenne espère convaincre un maximum de citoyens de faire le choix du vaccin avant que celui-ci ne devienne impératif si les députés le décident.
"Trop de gens ne se sont pas fait vacciner", a déclaré M. Scholz à la chaîne Bild TV.
Rendre les vaccins obligatoires est justifié "pour nous protéger tous", a-t-il ajouté, précisant qu'il souhaitait que les parlementaires s'emparent du sujet et le soumettent au vote d'ici la fin de l'année pour une entrée en vigueur en février ou mars.
Le prochain chancelier social-démocrate, qui devrait prendre ses fonctions dès la semaine prochaine, s'exprimait à l'issue d'une réunion d'urgence avec la dirigeante sortante Angela Merkel, la future coalition et les chefs des régions pour examiner différentes mesures destinées à combattre la quatrième vague d'infections.
L'Allemagne avait jusqu'ici écarté l'option radicale d'imposer la vaccination, retenue par le voisin autrichien.
Olaf Scholz s'était également prononcé contre une telle mesure durant sa campagne électorale, dans un pays où les restrictions contre le Covid-19 ont fortement divisé l'opinion publique.
Mardi, il a exprimé son soutien à une telle mesure, a indiqué son entourage à l'AFP.
- Situation "dramatique" -
Le débat sur cette question est monté en puissance ces dernières semaines alors que le pays est durement frappé par le rebond des contaminations.
A l'issue de la réunion de mardi, "tous s'accordent à dire que la quatrième vague de la pandémie a entraîné une situation extrêmement grave, parfois dramatique au niveau régional, dans notre système de santé, à laquelle l'État fédéral et les Länder vont réagir ensemble et avec détermination", a indiqué dans un communiqué la chancellerie, à quelques jours du départ de Mme Merkel.
La situation sanitaire reste très tendue, avec mardi un taux d'incidence de 452,2 pour 100 000 habitants.
Première priorité, selon la chancellerie: poursuivre la campagne vaccinale.
"D'ici Noël, jusqu'à 30 millions de vaccinations initiales, secondaires et de rappel devraient être possibles", selon la chancellerie, favorable à ce que "le cercle des personnes autorisées à pratiquer la vaccination soit considérablement élargi".
L'obligation vaccinale a été récemment décidée pour les personnels des maisons de retraite et hôpitaux, de même que les soldats de la Bundeswehr, et devrait bientôt entrer en vigueur.
Le camp conservateur CDU/CSU de la chancelière sortante Angela Merkel, qui s'apprête à passer dans l'opposition, soutient désormais la vaccination obligatoire.
Et selon le quotidien Welt, une large majorité des députés écologistes, qui vont gouverner avec les sociaux-démocrates, y sont également favorables.
- Patchwork -
La campagne de vaccination a permis à cette date la vaccination complète d'environ 57 millions de personnes (68,5%).
La vaccination obligatoire, longtemps rejetée par une majorité d'Allemands, est désormais réclamée par près de deux tiers d'entre eux (64%), selon un récent sondage des médias RTL et ntv.
D'autres mesures devraient être discutées jeudi, dont "l'introduction d'importantes restrictions de contact, surtout pour les personnes non vaccinées, y compris lors de réunions privées" ou "l'extension des règles 2G (vacciné ou guéri, ndlr) au commerce de détail" et des "restrictions lors de grands événements".
"Ce qui doit se passer est absolument clair: les contacts doivent être réduits", a résumé le prochain vice-chancelier, l'écologiste Robert Habeck.
Plusieurs régions allemandes durement touchées ont déjà annulé les marchés de Noël et interdit aux personnes non vaccinées l'accès aux espaces publics tels que les salles de sport et les centres de loisirs.
De nombreux responsables estiment toutefois que le patchwork de règles est source de confusion et souhaitent uniformiser les restrictions au niveau national.
La Cour constitutionnelle allemande a conforté mardi ces appels à un nouveau tour de vis en jugeant légales les restrictions radicales imposées au début de la pandémie pour endiguer les infections, notamment les couvre-feux, les fermetures d'écoles et les limitations de sortie.