BERLIN: Le septième Ballon d'Or de Lionel Messi n'est pas célébré universellement: en Allemagne, où Lewandowski est une super-star, on crie au scandale, et des personnalités comme Iker Casillas, Jürgen Klopp ou Gary Lineker ont aussi contesté le palmarès dévoilé lundi.
« Choix scandaleux! », titre mardi le quotidien allemand Bild, jamais à court d'une outrance: « depuis des années la star du Bayern est performante, accumule les buts et les titres (...) mais ça ne suffit visiblement pas. »
Bien que Polonais, Lewandowski a été définitivement adopté par l'Allemagne, où il joue depuis son arrivée à Dortmund en 2010, à l'âge de 21 ans. Désigné meilleur joueur Fifa en 2020, après avoir été meilleur buteur de la Ligue des champions, il n'avait pas gagné le Ballon d'Or cette année-là, le concours ayant été annulé pour cause de pandémie.
Mais la saison dernière, il a inscrit 41 buts en Bundesliga, battant le record mythique de Gerd Müller (40 buts en 1971-72). Cet exploit, qui a enflammé l'Allemagne, n'a toutefois pas eu le même écho à l'étranger, où la Copa America de Messi avec l'Argentine a évidemment beaucoup plus marqué les esprits.
« Messi est transparent »
Dans la soirée de lundi, d'anciennes ou d'actuelles gloires du football ont exprimé leur désaccord, à chaud sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévision: « honnêtement, je n'y comprends plus rien », a lâché Lothar Matthäus, Ballon d'Or 1990. « Avec tout le respect que je dois à Messi et aux autres grands joueurs nommés, aucun ne l'avait autant mérité que Lewandowski. Certes, Messi a gagné la Copa America avec l'Argentine, mais à Paris il est transparent. »
D'autres, en Europe, s'interrogent aussi sur le choix de Messi: « il m'est à chaque fois plus difficile de croire en ces récompenses dans le football », dit ainsi Iker Casillas, le légendaire gardien espagnol désormais retraité. « Pour moi, Messi est l'un des cinq meilleurs joueurs de toute l'histoire, mais il faudrait commencer à savoir distinguer ceux qui ont été les meilleurs à l'issue d'une saison. Ce n'est pourtant pas difficile, punaise! »
Même scepticisme pour Toni Kroos, du Real Madrid, qui soutenait son partenaire de club Karim Benzema, finalement quatrième: « dans une élection, ce qui importe c'est surtout la première place. Et Leo (Messi) ne la mérite pas », assène-t-il dans son podcast. « Si on décerne de tels trophées, il faut qu'ils soient justes. Et là, à mes yeux, ce n'est absolument pas le cas. »
Mardi, c'est Jürgen Klopp qui a ajouté sa voix au concert: »on peut donner le Ballon d'Or éternellement à Messi pour son jeu et pour sa carrière », a lâché le charismatique entraîneur de Liverpool, »mais si tu ne le donnes pas cette année à Lewandowski, alors quand? »
« Mauvaise blague »
La presse spécialisée elle-même émet des doutes sur la philosophie du prestigieux concours de son confrère France Football: « ce prix est devenu une farce », s'exclamait lundi la Gazzetta dello Sport, avant même de connaître le verdict.
Le choix « ne tient pas compte de la fantastique année 2020 du Polonais Lewandowski », regrette le quotidien sportif italien: « quelle mauvaise blague pour Robert, la deuxième place n'est qu'une inutile compensation. »
Messi lui-même a rendu un hommage appuyé à son malheureux dauphin: « tu mérites aussi de gagner le Ballon d'Or », lui a-t-il lancé pendant la cérémonie. « Tout le monde est d'accord que l'an dernier, ça aurait dû être toi le vainqueur. Ça n'a pas été possible à cause de la pandémie, mais je crois que tu mériterais qu'on te donne ce trophée, pour que tu l'aies chez toi, à la maison. »
L'idée a d'ailleurs été reprise par l'Anglais Gary Lineker: « je pense que le Ballon d'Or 2020 devrait rétrospectivement être attribué à ‘Lewy’. Il le mérite », a twitté le meilleur attaquant anglais des années 80, devenu consultant et journaliste vedette.