WASHINGTON: La Banque mondiale, qui a suspendu fin août ses aides à Kaboul après le retour au pouvoir des talibans, envisage désormais d'apporter une aide humanitaire à l'Afghanistan en redirigeant des financements émanant du fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction du pays, a indiqué lundi à l'AFP une source proche du dossier.
La direction de l'institution "va discuter demain (mardi) avec le conseil d'administration des options possibles pour rediriger des financements du Fonds d'affectation spéciale pour la reconstruction de l'Afghanistan (ARTF) afin de soutenir les efforts humanitaires via les Nations unies et les autres agences humanitaires", a indiqué cette source, ajoutant que la question des capacités logistiques serait également évoquée.
Elle a toutefois précisé que la réunion du conseil d'administration de mardi serait "informelle" et qu'il n'y aurait "donc pas de décision ni d'annonce".
"Les décisions seront prises par tous les donateurs de l'ARTF lors des discussions de suivi", a-t-elle également indiqué.
L'ARTF est un fonds d'affectation spéciale multi-donateurs qui coordonne l'aide internationale pour améliorer la vie de millions d'Afghans.
La Banque mondiale administre l'ARTF au nom des partenaires donateurs.
Selon le site internet de cet organisme, 34 donateurs ont à ce jour contribué au fonds.
Jusqu'à la prise de pouvoir des talibans, l'ARTF était "la plus grande source de financement pour le développement de l'Afghanistan, finançant jusqu'à 30% du budget de l'Afghanistan et soutenant les fonctions essentielles du gouvernement", est-il indiqué.
Depuis 2002, l'ARTF a fourni un soutien par le biais de programmes nationaux, permettant par exemple une réduction de la mortalité infantile et une meilleure scolarisation des enfants.
Fin août, la Banque mondiale avait annoncé la suspension des aides au pays tout en disant explorer "les moyens de rester engagés pour (...) continuer à soutenir le peuple afghan".
La population afghane est confrontée à une grave crise économique, à des pénuries alimentaires et à une pauvreté croissante trois mois après le retour des talibans.
L'une des difficultés est la manière d'acheminer les fonds en Afghanistan sans exposer les institutions financières aux sanctions américaines.