La France demande un accord UE - Royaume-Uni sur l'immigration illégale

Gérald Darmanin avait appelé le Royaume-Uni à ouvrir un «accès légal à l'immigration» et à prendre «ses responsabilités». (Photo, AFP)
Gérald Darmanin avait appelé le Royaume-Uni à ouvrir un «accès légal à l'immigration» et à prendre «ses responsabilités». (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 30 novembre 2021

La France demande un accord UE - Royaume-Uni sur l'immigration illégale

  • Gérald Darmanin a annoncé que le Premier ministre Jean Castex écrirait mardi à son homologue Boris Johnson pour lui proposer de travailler à l'élaboration de cet accord
  • Ces annonces surviennent quelque jours après le pire drame qu'a connu la Manche, mercredi, dans lequel au moins 27 personnes sont mortes

PARIS : La France souhaite un accord entre l'Union européenne et le Royaume-Uni sur l'immigration illégale dans la Manche, après le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants, a annoncé lundi le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

Il faut un "accord Union européenne et Grande-Bretagne" car "cela ne peut pas être un simple accord de réadmission de migrants sur le territoire" français, a déclaré M. Darmanin devant la presse, rejetant fermement la proposition du Premier ministre britannique Boris Johnson.

"Ce que nous voulons", a-t-il insisté, "c'est un accord équilibré qui offre de réelles solutions y compris aux problèmes de la France et de l'Europe (...) Nous ne voulons pas d'un accord unilatéral".

Gérald Darmanin a annoncé que le Premier ministre Jean Castex écrirait mardi à son homologue Boris Johnson pour lui proposer de travailler à l'élaboration de cet accord.

Il a par ailleurs assuré qu'il n'y aurait "pas de remise en cause" des accords du Touquet (2004), qui placent la frontière britannique côté français, ainsi que l'ont suggéré plusieurs personnalités d'opposition, en rappelant que ce texte ne concernait que l'immigration légale.

Il a également mis en garde les Britanniques contre toute velléité de remettre à la mer les migrants qui arriveraient sur leurs côtes, ce qui serait "une ligne rouge inacceptable". "Nous n'accepterons jamais la pratique des refoulements en mer", a-t-il assuré, car "le Royaume-Uni n'est pas exonéré du droit international".

Plus tôt lundi matin, Gérald Darmanin avait appelé le Royaume-Uni à ouvrir un "accès légal à l'immigration" et à prendre "ses responsabilités".

Soulignant la nécessité de lutter contre les passeurs, le ministre a annoncé le doublement des effectifs de l'Office central dédié à la lutte contre l'immigration clandestine.

«8700 euros»

Ces annonces surviennent quelque jours après le pire drame qu'a connu la Manche, mercredi, dans lequel au moins 27 personnes sont mortes. 

Réunis dimanche à Calais (nord de la France) à l'invitation de Paris, les participants à une réunion européenne d'urgence sont convenus d'"améliorer la coopération conjointe avec le Royaume-Uni" face au trafic migratoire.

Étaient réunis les ministres ou responsables chargés de l'immigration français, allemand, néerlandais et belge, la Commissaire européenne aux Affaires intérieures et les directeurs des agences européennes de police criminelle Europol et des frontières Frontex, en l'absence des Britanniques, sur fond de tensions persistantes entre Londres et Paris.

A bord de fragiles embarcations, des migrants tentent désormais presque quotidiennement de rallier les côtes anglaises.

La question des traversées, sujet régulier de tensions bilatérales, est délicate pour le gouvernement conservateur britannique, qui a fait de la lutte contre l'immigration son cheval de bataille dans la foulée du Brexit.

Le ton est encore monté la semaine dernière entre Paris et Londres, après l'annulation par la France de la participation britannique à la réunion de crise sur les migrants. Une riposte après que Boris Johnson eut publié une lettre adressée au président français sur les réseaux sociaux, dans laquelle il demande à son homologue de reprendre les immigrés arrivant en Grande-Bretagne au lendemain du drame dans la Manche.

Deux personnes ont réchappé de ce naufrage, mercredi, dont un Irakien, dont le parcours, pour illustrer le long périple des migrants, a été détaillé par le directeur central de la police aux frontières, Fernand Gontier.

Cet homme était parti de Damas (Syrie) par un vol avec "220 autres Irakiens". Il était arrivé "en Biélorussie, avait franchi la frontière avec la Pologne" puis, s'était arrêté en "Allemagne où il a déposé une demande d'asile". Il a ensuite voyagé "par voie routière jusqu'en France", à "Dunkerque (dans le Nord, Ndlr) où il a pu embarquer sur ce bateau qui a échoué". En tout, a affirmé M. Gontier, ce voyage lui a coûté "8 700 euros". Il était depuis "six jours" en France.

Au 20 novembre, 31 500 migrants avaient quitté les côtes depuis le début de l'année et 7 800 avaient été sauvés. Avant le naufrage de mercredi, le bilan humain depuis janvier s'élevait à trois morts et quatre disparus.


Au Maroc, Retailleau annonce un partenariat renforcé sur les questions migratoires

Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit (G) reçoit son homologue français Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur à Rabat le 14 avril 2025. (Photo Issam ZERROK / AFP)
Le ministre marocain de l'Intérieur Abdelouafi Laftit (G) reçoit son homologue français Bruno Retailleau au ministère de l'Intérieur à Rabat le 14 avril 2025. (Photo Issam ZERROK / AFP)
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  • À l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, M. Retailleau a salué un accord sur « un certain nombre de points » visant à « améliorer la coopération en matière de réadmissions » entre les deux pays.
  • M. Laftit a réaffirmé, dans un communiqué, « l'engagement total de la partie marocaine à œuvrer pour l'élaboration d'un référentiel commun ».

RABAT : Le ministre français de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a annoncé lundi à Rabat la création d'un groupe de travail franco-marocain chargé de vérifier la nationalité des migrants en situation irrégulière en France, en vue de faciliter leur réadmission dans leur pays d'origine.

À l'issue d'un entretien avec son homologue marocain, Abdelouafi Laftit, M. Retailleau a salué un accord sur « un certain nombre de points » visant à « améliorer la coopération en matière de réadmissions » entre les deux pays.

Ce groupe mixte permettra d'instruire la nationalité marocaine ou non d'un certain nombre de clandestins et d'étrangers en situation irrégulière », a précisé le ministre français.

« Je pense qu'avoir des équipes mixtes françaises et marocaines pour mener ce travail d'identification changera énormément les choses et permettra d'accroître l'efficacité en matière de réadmissions », a-t-il ajouté. 

M. Laftit a réaffirmé, dans un communiqué, « l'engagement total de la partie marocaine à œuvrer pour l'élaboration d'un référentiel commun ».

Les relations entre Paris et Rabat se sont nettement réchauffées depuis l'été 2024, où la France a reconnu la souveraineté marocaine sur le territoire disputé du Sahara occidental, mettant fin à plusieurs années de tensions, notamment liées à la question migratoire.

En 2021-2022, la France avait divisé par deux le nombre de visas accordés aux Marocains pour pousser le royaume à reprendre plus de ses ressortissants expulsés par les autorités françaises, entraînant de fortes crispations diplomatiques. 

Ce déplacement fait suite à la rencontre entre les deux ministres lors de la visite d'Emmanuel Macron au Maroc en octobre dernier, durant laquelle le président français avait annoncé un « partenariat renforcé » entre la France et le Maroc pour lutter contre l'immigration clandestine et les différents trafics.

Au cœur des discussions figuraient les réadmissions de ressortissants marocains en situation irrégulière, que la France souhaite expulser, mais dont le renvoi est souvent bloqué en raison de l'absence de laissez-passer consulaires délivrés par Rabat.

Alors que les relations avec le Maroc sont au beau fixe, celles avec l'Algérie voisine ne cessent de se détériorer.

La visite de M. Retailleau intervient en plein regain de tension, Alger ayant demandé à douze fonctionnaires français de quitter son territoire, selon le ministre français des Affaires étrangères.


L'Algérie exige que douze fonctionnaires français quittent le territoire dans un délai de 48 heures

Des visiteurs marchent près du Mémorial des martyrs à Alger, capitale de l'Algérie, le 18 décembre 2022. Le monument en béton, construit en 1982, est situé sur les hauteurs d'Alger et mesure 92 mètres. (Photo par AFP)
Des visiteurs marchent près du Mémorial des martyrs à Alger, capitale de l'Algérie, le 18 décembre 2022. Le monument en béton, construit en 1982, est situé sur les hauteurs d'Alger et mesure 92 mètres. (Photo par AFP)
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  • Les autorités algériennes précisent que cette décision était une réponse à l'arrestation de trois ressortissants algériens en France.
  • « Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a déclaré Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.

PARIS : Les autorités algériennes ont demandé à douze fonctionnaires français en poste dans le pays de quitter le territoire, a annoncé lundi le ministre des Affaires étrangères, précisant que cette décision était une réponse à l'arrestation de trois ressortissants algériens en France.

« Je demande aux autorités algériennes de renoncer à ces mesures d'expulsion sans lien avec la procédure judiciaire en cours », a déclaré Jean-Noël Barrot dans une déclaration écrite transmise à des journalistes.

« Si la décision de renvoyer nos agents était maintenue, nous n'aurions d'autre choix que d'y répondre immédiatement », a-t-il averti.

Parmi les onze agents qu'Alger souhaite expulser, certains sont fonctionnaires du ministère de l'Intérieur, a indiqué à l'AFP une source diplomatique. 

Vendredi, trois hommes, dont un employé dans un consulat d'Algérie, ont été mis en examen à Paris pour arrestation, enlèvement et séquestration en lien avec une entreprise terroriste.

Samedi, les Affaires étrangères algériennes avaient dénoncé cette nouvelle affaire.

Ces propos contrastent avec l'annonce par le ministre français des Affaires étrangères d'une nouvelle phase pour les relations entre Paris et Alger.


Teddy Riner et Sophie Marceau inaugurent le pavillon français de l'Exposition universelle d'Osaka

Un présentoir de l'« Expo 2025 » est photographié lors d'une journée de présentation aux médias de l'Expo 2025 d'Osaka dans la ville d'Osaka le 9 avril 2025, quatre jours avant l'ouverture de l'événement au public pour six mois. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
Un présentoir de l'« Expo 2025 » est photographié lors d'une journée de présentation aux médias de l'Expo 2025 d'Osaka dans la ville d'Osaka le 9 avril 2025, quatre jours avant l'ouverture de l'événement au public pour six mois. (Photo de Richard A. Brooks / AFP)
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  • Trois ans après Dubaï, l'Exposition universelle de 2025, qui se tiendra jusqu'au 13 octobre, a ouvert ses portes dimanche sur l'île artificielle de Yumeshima, à Osaka à l'ouest du Japon.
  • Quelque 160 pays et régions y sont représentés.

OSAZA, JAPON : L'actrice Sophie Marceau et le judoka Teddy Riner ont inauguré dimanche à Osaka le pavillon français de l'Exposition universelle, offrant à Paris l'occasion de vanter son « partenariat d'exception » avec le Japon dans un contexte international « troublé ».

Trois ans après Dubaï, l'Exposition universelle de 2025, qui se tiendra jusqu'au 13 octobre, a ouvert ses portes dimanche sur l'île artificielle de Yumeshima, à Osaka à l'ouest du Japon, où sont représentés quelque 160 pays et régions.

Si de nombreux pays ont misé sur les innovations technologiques, le pavillon français, lui, abrite des statues de Rodin, une tapisserie d'Aubusson dans le style du studio d'animation Ghibli, une gargouille de Notre-Dame, ainsi que des expositions dédiées aux géants du luxe et aux vins d'Alsace, sans oublier un bistrot. 

Imaginé par un consortium franco-italien, le bâtiment est enveloppé d'immenses drapés blancs et s'inspire de la légende japonaise du « akaï ito », un fil rouge évoquant l'union de deux êtres liés par un cordon indestructible.

« L'akaï ito est un symbole fort qui porte l'espoir et la persévérance. J'ai une affection particulière pour cette culture. Depuis l'âge de 14 ans, je vis une sorte de longue histoire d'amour avec le Japon », a déclaré Sophie Marceau, actrice appréciée dans l'archipel.

À ses côtés, Teddy Riner, auréolé de ses titres olympiques, a assuré vivre avec le Japon « une sorte d'évidence », liée à son sport originaire du pays. 

Dans un contexte marqué par les conflits, de l'Ukraine à Gaza, et les tensions commerciales, l'hymne à l'amour célébré par le pavillon France détonne.

Le partenariat « d'exception » franco-japonais « prend ici tout son sens, au moment où les relations internationales n'ont pas été aussi troublées depuis extrêmement longtemps », fait valoir Laurent Saint-Martin, ministre délégué au Commerce extérieur, présent à Osaka.

L'Exposition universelle peut être le lieu où défendre « des valeurs d'universalisme, de multilatéralisme, de paix et de vivre-ensemble », ajoute-t-il.

Signe d'une attractivité forte, le pavillon France était dimanche l'un des plus prisés des premiers visiteurs de l'Expo-2025, malgré la météo pluvieuse. 

« Nous adorons la France et sa culture. Nous sommes venus spécialement de Nagoya, à 170 km de distance, avec ma maman », a déclaré Kumiko Asakawa, âgée de 40 ans, à l'AFP.

Jyunma Nishimoto, étudiant de 19 ans, vante plutôt les espaces consacrés au luxe : « Ce qui m'intéresse, ce sont les grandes marques comme Louis Vuitton ou Céline, qui représentent le savoir-faire français, avec cette lumière qui attire le regard. »

Le pavillon France, qui a coûté 58 millions d'euros (dont 42,5 millions ont été financés par l'État), est à vocation provisoire, comme tous les pavillons, et sera démonté à l'issue de l'Exposition.

L'exposition permanente, d'une superficie de 1560 mètres carrés comprend un jardin avec un olivier millénaire transplanté depuis le sud de la France.

Deux autres parrains, le rugbyman Antoine Dupont et l'actrice Léa Seydoux, s'y rendront ultérieurement.