En Calabre, quand le procureur antimafia ouvre sa porte

Le procureur anti-mafia italien Nicola Gratteri (C) arrive dans une salle d'audience spéciale le 13 janvier 2021 pour l'ouverture du maxi-procès "Rinascita-Scott" dans lequel plus de 350 membres présumés du groupe mafieux "Ndrangheta" de Calabre et leurs associés vont en procès à Lamezia Terme, en Calabre. Gianluca CHINEA / AFP
Le procureur anti-mafia italien Nicola Gratteri (C) arrive dans une salle d'audience spéciale le 13 janvier 2021 pour l'ouverture du maxi-procès "Rinascita-Scott" dans lequel plus de 350 membres présumés du groupe mafieux "Ndrangheta" de Calabre et leurs associés vont en procès à Lamezia Terme, en Calabre. Gianluca CHINEA / AFP
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Publié le Dimanche 28 novembre 2021

En Calabre, quand le procureur antimafia ouvre sa porte

  • «Toutes les personnes brimées, objets d'humiliations et de menaces, laissées pour compte viennent me parler», confie Nicola Gratteri
  • Pendant des décennies, l'influence grandissante de la 'Ndrangheta, qui bénéficie de liens étroits avec les milieux d'affaires et politiques, a été sous-estimée par l'Etat italien

CATANZARO, Italie: Une fois par semaine, le procureur antimafia le plus connu d'Italie, Nicola Gratteri, reçoit dans son bureau des victimes de la mafia pour écouter leurs doléances.

En Calabre, la pointe de la Botte italienne qui abrite la très redoutée 'Ndrangheta, la plus puissante mafia italienne, la population locale doit faire face à des menaces, des intimidations, des extorsions, des pratiques d'usure et des meurtres.

Ceux qui attendent patiemment leur tour au parquet de Catanzaro pour passer dix minutes avec Nicola Gratteri sont des Calabrais qui jusqu'à récemment considéraient l'État central comme "très éloigné" de leurs problèmes, explique le procureur dans un entretien.

"Toutes les personnes brimées, objets d'humiliations et de menaces, laissées pour compte viennent me parler", confie Nicola Gratteri, qui vit sous protection policière depuis plus de 30 ans.

"Elles pleurent, elles se désespèrent... Elles sont émues de parler avec le procureur, elles prennent courage en voyant que nous travaillons sérieusement".

Pendant des décennies, l'influence grandissante de la 'Ndrangheta, qui bénéficie de liens étroits avec les milieux d'affaires et politiques, a été sous-estimée par l'Etat italien, trop faible, inefficace ou corrompu pour s'attaquer à ce groupe tentaculaire, spécialisée dans le trafic de drogue, dont les ramifications s'étendent dans le monde entier.

Depuis sa nomination en 2016 au parquet de Catanzaro, où il est responsable des procédures antimafia sur les trois quarts du territoire calabrais, M. Gratteri a été salué comme le dernier espoir de cette région déshéritée, mais aussi critiqué pour son zèle et son amour de l'attention médiatique.

Son objectif: gagner la confiance de la population en réussissant à faire condamner des membres de la 'Ndrangheta.

Dernier exemple en date: le "maxi-procès" contre 355 membres ou collaborateurs présumés de la mafia, qui se tient dans la ville voisine de Lamezia Terme, le plus grand de ce genre depuis la fin des années 80.

- Infiltration mafieuse -

Même si ce procès en première instance est loin d'être terminé, le parquet a obtenu une première victoire ce mois-ci en condamnant 70 membres de la 'Ndrangheta ou de personnes ayant des liens avec elle, sur les 91 qui avaient opté pour une procédure accélérée. Certains hauts responsables ont été condamnés à 20 ans de prison.

Exceptionnellement, 58 membres de l'organisation ont accepté de témoigner pour le parquet.

Car les repentis acceptant de témoigner contre la 'Ndrangheta sont généralement rares, d'où l'importance des entretiens de M. Gratteri avec la population locale, qui a pu se sentir abandonnée par le gouvernement de Rome.

Ici, les chantiers publics sont souvent interrompus en cours de route, le système de santé est au bord de l'effondrement et le taux de chômage est l'un des plus élevés d'Europe, contraignant les jeunes à émigrer dans le nord ou à l'étranger.

Depuis 1991, 110 conseils municipaux calabrais ont été dissous pour infiltration mafieuse. Celui de Lamezia Terme, la troisième ville de la région, a été dissous à trois reprises, la dernière fois en 2017.

Au cours des dernières décennies, la 'Ndrangheta a pu se développer tranquillement en raison de l'attention concentrée sur Cosa Nostra, la mafia sicilienne, après l'assassinat des juges Giovanni Falcone and Paolo Borsellino près de Palerme en 1992.

Selon les experts, la 'Ndrangheta est désormais présente dans tous les secteurs d'activité de l'économie calabraise: du BTP aux hôpitaux en passant par l'agriculture, l'hôtellerie, les pompes funèbres et les finances.

Nicola Gratteri évalue à 9% la part du PIB calabrais monopolisée par la mafia. La 'Ndrangheta, qui a fait fortune grâce à l'importation de cocaïne en Europe, a un chiffre d'affaires annuel de plusieurs dizaines de milliards d'euros.

Face à ce géant, la justice a plus que jamais besoin de la coopération de la population, qui selon M. Gratteri est plus disposée à collaborer depuis le lancement du maxi-procès.

"Aujourd'hui, les gens parlent davantage parce qu'ils nous font davantage confiance. Ils voient les résultats et cela les encourage, ils nous considèrent comme crédibles", estime-t-il. "Les gens n'arrivent pas imaginer que quelqu'un puisse s'occuper de leurs problèmes. Et moi ça me plaît de m'occuper de leurs problèmes".

En Calabre, la difficile cohabitation au quotidien avec la mafia

Il y a deux ans, des milliers de personnes à Vibo Valentia, en Calabre, sont descendues dans la rue le matin de Noël pour célébrer l'arrestation par la police de centaines de membres présumés de la mafia.

Pour ceux qui vivent dans l'ombre de la 'Ndrangheta, la mafia calabraise, c'était la première fois que les habitants osaient dénoncer publiquement le plus puissant syndicat du crime organisé d'Italie qui, depuis des décennies, a infiltré les institutions de la région méridionale, étouffé son économie et terrorisé sa population.

Contrairement aux cas précédents, où les proches des membres de la 'Ndrangheta saisis se sont présentés dans les commissariats pour contester les autorités et soutenir les personnes arrêtées, cette fois-ci, les applaudissements étaient destinés à la police.

"Les applaudissements étaient incessants, j'en avais des frissons", se souvient Giuseppe Borrello, représentant local de l'association anti-mafia Libera. "D'un point de vue symbolique, c'était important".

Deux ans plus tard, des questions restent en suspens car 355 personnes arrêtées sont accusées d'une longue liste de crimes, allant de l'extorsion et de l'usure au blanchiment d'argent et au meurtre, dans le cadre d'un maxi-procès en cours.

Une fusillade survenue le mois dernier a ravivé les craintes que la période de calme relatif qui a suivi les arrestations touche à sa fin dans cette ville de 31.000 âmes.

- «Allez voir le patron» -

Fin 2017, le restaurateur Filippo La Scala a reçu deux appels téléphoniques anonymes, lui ordonnant d'"apporter de l'argent aux amis de Vibo".

Après le jet d'un cocktail Molotov sur la terrasse du restaurant, il s'est rendu à la police.

"C'était un moment difficile", a déclaré M. La Scala à l'AFP. "Ces choses-là vous stressent vraiment".

Partie civile au procès en cours, il se sent "très confiant" dans le nouvel engagement des autorités à affronter la 'Ndrangheta après des décennies d'inertie institutionnelle, d'inefficacité et de corruption.

Le chef des carabiniers de la province de Vibo, le colonel Bruno Capece, prévient cependant que beaucoup reste à faire.

"Avant, pratiquement toutes les nuits, nous recevions des informations sur des voitures brûlées, des portails sur lesquels on tirait ou qu'on endommageait", a déclaré l'officier.

Le dernier meurtre à Vibo remonte à avril 2020 et son auteur a été rapidement retrouvé. De même, la police a résolu en 48 heures la dizaine de tentatives de meurtre depuis les arrestations de décembre 2019, a-t-il précisé.

La collaboration étroite entre la police et les procureurs est un nouveau signe de crédibilité pour l'Etat, dans un territoire où les habitants ont longtemps été habitués à des dénonciations qui ne mènent à rien et à des procès qui traînent en longueur ou se terminent par des acquittements, souvent grâce à la collusion entre la 'Ndrangheta et les personnes au pouvoir, dit M. Capece.

Jusqu'à relativement récemment, "seuls les clans mafieux régnaient ici, et la réponse de l'État était pratiquement inexistante", estime le procureur général de Vibo, Camillo Falvo.

La confiance dans les autorités se gagne par les résultats, selon le magistrat, et jusqu'à présent, la faiblesse de l'État a joué directement en faveur de la 'Ndrangheta.

"Si vous déposez une plainte au civil et qu'elle n'aboutit jamais... la deuxième fois que vous avez un problème, vous allez voir le boss mafieux local et lui dites : +Écoutez, ce type me doit de l'argent+".

- L'effondrement total -

Site de l'ancienne colonie grecque d'Hipponion, Vibo Valentia possède encore un château du XIIème siècle, sur une colline où les chèvres paissent le soir, offrant une vue spectaculaire sur le volcan Stromboli.

Mais si l'on descend dans la ville, marquée par des façades de magasins abandonnés et des structures en béton à moitié terminées, il n'y a pas grand-chose qui mérite un détour.

Quelque 47% des jeunes sont sans emploi dans la province, soit le cinquième taux le plus élevé d'Italie.

"Vibo est une ville triste, délabrée, qui enlaidit les gens et ne les incite pas à donner le meilleur d'eux-mêmes". Voilà comment le blogueur Argentino Serraino, 25 ans, décrit sa ville natale.

Des décennies d'ingérence de la 'Ndrangheta ont contribué au déclin économique de Vibo, par le biais de fonds publics détournés, d'entreprises qui ferment plutôt que de payer l'argent de la protection, ou d'entrepreneurs qui se voient refuser des marchés publics en raison d'appels d'offres truqués.

Le phénomène se répète dans toute la Calabre.

Et malgré le quasi-monopole de la 'Ndrangheta sur le commerce de la cocaïne en Europe et les milliards blanchis grâce à des investissements dans l'économie légale à travers l'Europe, la 'Ndrangheta continue à étrangler l'économie locale.

- «Ils ont ruiné ma vie» -

Les habitants de Vibo ne sont pas tous convaincus que l'État les protège.

L'acte d'accusation du maxi-procès mentionne un commerçant de Vibo comme étant à la fois victime et complice de la 'Ndrangheta, soulignant la zone grise obscure que l'on rencontre souvent en territoire mafieux.

"Ils ont ruiné ma vie", a déclaré Rocco Tavella, évoquant la justice qui l'a gardé derrière les barreaux pendant cinq jours après le coup de filet de 2019.

M. Tavella a, selon les procureurs, subi des pressions pour vendre des vêtements à un prix inférieur au prix coûtant à des membres de la mafia. Lui nie avoir été un intermédiaire dans un épisode de prêt d'argent en 2011, comme l'a affirmé l'un des nombreux informateurs devenus témoins de l'État dans le procès.

"Nous verrons combien de personnes seront acquittées", a-t-il déclaré, sceptique.

Une femme, Paola, qui n'a pas voulu donner son nom de famille, a déclaré que les habitants de Vibo sont paranoïaques, étant donné les liens familiaux et sociaux étroits avec l'accusé.

"Vous ne pouvez pas enfermer quelqu'un pour avoir simplement entendu quelque chose, ou avoir été vu avec quelqu'un", a-t-elle déclaré, accusant les procureurs d'excès de zèle en ne limitant pas les arrestations aux grands boss mafieux.

- Rien à voir ici -

La lutte contre la 'Ndrangheta est rendue encore plus difficile par le manque de ressources, selon le procureur Falvo.

Peu de procureurs chevronnés souhaitent venir dans la région et les procès sont donc menés par de jeunes magistrats inexpérimentés.

"Comment pouvons-nous mener une guerre contre la mafia à mains nues ?", se demande-t-il.

Et la violence ne s'arrête pas à Vibo. Le mois dernier, le fils d'un chef mafieux est soupçonné d'avoir tiré sur un accusé dans ce procès.

Des images vidéo de sécurité ont montré des voitures passant devant l'homme blessé, et aucun témoin - pas même la victime - n'est venu dénoncer le crime.

"C'est comme si nous étions revenus trois ans en arrière, que tout notre travail était parti en fumée", se désole le colonel Capece.

Le propriétaire du restaurant La Scala a raconté que lorsqu'il avait été menacé, il s'était demandé s'il devait quitter Vibo.

"La Calabre est un si bel endroit, et Vibo en est le plus beau parmi tous... Si seulement elle n'était pas ternie par ce cancer de la 'Ndrangheta", a-t-il dit.

Dauphin mort et pots-de-vin au maxi-procès antimafia en Calabre

Un dauphin mort sur un paillasson, des fenêtres détruites à coups de masse, des armes stockées dans des monuments funéraires, des pots-de-vin versés à des juges en échanges d'acquittements... et des certificats médicaux de complaisance pour éviter la prison à des assassins condamnés.

Tous ces épisodes proviennent des histoires racontées depuis janvier par des dizaines de membres de la 'Ndrangheta, la redoutée mafia calabraise, qui ont accepté de témoigner à charge au maxi-procès anti-mafia organisé en Calabre, une région pauvre à la pointe de la Botte italienne.

Ce procès, le plus important du genre depuis la fin des années 80, couvre des délits aussi divers que du trafic de drogue, des achats de votes et des meurtres.

"Ils les ont attendus sur la  place Morelli, les ont invités à manger de la ricotta à la ferme (...) et ils les ont tués, brûlés et dissous", a raconté en mai un repenti, Andrea Mantella, rappelant comment un boss avait tué deux frères par vengeance en 1988.

La 'Ndrangheta, la mafia la plus puissante de la péninsule, est au centre de ce maxi-procès de 355 accusés organisé sur sa terre d'origine à Lamezia Terme, la troisième ville de Calabre.

La 'Ndrangheta domine le marché européen de la cocaïne, mais a aussi infiltré la plupart des secteurs de l'économie légale, avec l'aide de membres des milieux d'affaires et politiques.

Les témoignages déposés par 58 repentis ont révélé la brutalité de l'organisation mais aussi son influence insidieuse à tous les niveaux de la société.

- Luigi «le Suprême» -

Le procès se concentre sur une seule province de Calabre, celle de Vibo Valentia, où les clans familiaux sont dominés par Luigi Mancuso, un homme de 67 ans surnommé "le Suprême", de retour devant la justice après avoir purgé jusqu'en 2012 une peine de 19 ans de prison.

"Sans le feu vert de Luigi Mancuso, impossible d'ouvrir la moindre activité", a témoigné en mars son neveu, Emanuele Mancuso.

Les accusés à ce procès hors normes sont aussi bien des boss présumés que leurs collaborateurs. L'imbrication de la 'Ndrangheta dans l'économie locale rend son éradication quasiment impossible.

Devant le tribunal, des témoins ont raconté comment des ambulances étaient utilisées pour le trafic de drogue, de l'eau publique détournée pour alimenter les cultures de marijuana, et des migrants morts noyés et enterrés sans cercueils à l'issue d'un appel d'offres public truqué.

Illustrant la proximité de la très riche 'Ndrangheta avec les puissants, un de ses hauts gradés, Andrea Mantella, a expliqué comment un pot-de-vin de 70.000 euros avait suffi pour qu'il soit transféré d'une prison classique à un hôpital.

Mantella et un autre témoin ont aussi révélé que la 'Ndrangheta avait payé 50.000 euros à un ancien sénateur et avocat, Giancarlo Pittelli, pour truquer un procès.

Sur le banc des accusés figurent aussi des policiers, des greffiers, des maires, et même un vétérinaire accusé d'avoir aidé à vendre du bétail volé.

Pour le journaliste calabrais Consolato Minniti, ce procès est "le premier à aller vraiment au-delà de la 'Ndrangheta militaire". "Jusqu'ici, les juges s'étaient concentrés sur ceux qui tirent, la partie la plus violente" de l'organisation, a-t-il expliqué à l'AFP.

- «Pilier en ciment» -

Les liens entre la mafia et la société civile ne sont pas une nouveauté: ces 30 dernières années, 110 conseils municipaux ont été dissous pour infiltration mafieuse, jusqu'à trois fois pour certains d'entre eux, dont celui de Lamezia Terme où se tient le procès.

La ville natale du clan Mancuso, Limbadi, a été la première à voir son conseil municipal dissous en 1983, lorsqu'un boss en fuite, Francesco Mancuso, avait été élu maire.

La 'Ndrangheta n'hésite pas non plus à se salir les mains quand c'est nécessaire et utilise différentes tactiques pour extorquer de l'argent en échange de sa "protection", contraindre des propriétaires à vendre leurs biens en dessous du prix du marché, forcer quelqu'un à se fournir auprès d'entreprises "amies" ou recouvrer des prêts à taux usuraires pouvant dépasser les 200%.

Les méthodes d'intimidation sont variées: chiots, dauphins morts ou têtes de chèvre laissés sur un pas de porte, menaces téléphoniques, passages à tabac, voitures incendiées, cocktails Molotov et coups de feu.

Le maxi-procès doit aussi se prononcer sur cinq meurtres présumés, dont celui d'un membre de la 'Ndrangheta assassiné en 2002 en raison de son homosexualité. Il avait été enterré à un endroit ensuite recouvert d'asphalte, a raconté Andrea Mantella.

Une écoute téléphonique a permis de reconstituer le dialogue tenu en mai 2017 entre un mafieux et le frère d'une femme qui avait perdu pour 7.000 euros de marijuana après une saisie de la police. "Il faut essayer de récupérer cet argent ou bien tu retrouveras ta sœur dans le ciment, parce que ces gens-là ne plaisantent pas".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.