LILLE : Les associations françaises d'aide aux migrants ont appelé samedi à des mesures fortes pour négocier des voies légales et sûres d'immigration, sans cacher leur pessimisme, à la veille d'une réunion de crise à Calais (France) organisée après la mort en mer de 27 migrants.
Cette réunion, organisée par la France pour un renforcement de la coopération opérationnelle dans la lutte contre les passeurs envoyant des migrants vers le Royaume-Uni, doit réunir les ministres chargés de l'Immigration de Belgique, d'Allemagne, des Pays-Bas, et la Commission européenne, mais sans les Britanniques.
Le ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin a annulé une invitation à Londres, en riposte aux propos du Premier ministre britannique Boris Johnson demandant à la France de reprendre les migrants arrivés au Royaume-Uni.
"Je suis très pessimiste" quant à cette réunion, a commenté François Guennoc, président de l'association "L'Auberge des migrants". "Quand le gouvernement accuse les passeurs, c'est une façon de masquer ses propres responsabilités. Si la frontière n'était pas bloquée et s'il y avait des possibilités de passages légaux en Grande-Bretagne, il n'y aurait pas de passeurs".
"La politique ici à Calais (nord de la France) d'éviter les 'points de fixation', de garder la frontière pour les Britanniques et d'embêter au maximum les associations dans leur travail, elle, ne va pas changer", a-t-il pronostiqué.
Pour Marguerite Combes, coordinatrice de l'antenne locale d'"Utopia 56", "il faut absolument" que les politiques "se réveillent", sinon "on va revivre ce drame (des 27 migrants morts en mer) cet hiver".
"On attend de vrais actes qui vont permettre de protéger les personnes exilées", a plaidé Juliette Delaplace, responsable locale de la mission du Secours catholique auprès des exilés, énumérant le besoin à court terme d'en finir avec les expulsions et, à moyen terme, que les pays réunis dimanche "soient forts pour négocier avec le Royaume-Uni des voies sûres et légales de migration".
"Ce que je crains, c'est que la réponse soit uniquement répressive et sécuritaire, que l'on continue de penser que le problème, ce sont les passeurs, alors que le problème, ce sont les politiques qui encouragent et favorisent les réseaux de passeurs", a-t-elle ajouté.
Après le pire drame migratoire survenu dans la Manche, l'émotion reste vive sur le nord du littoral français.
À Boulogne-sur-Mer, quelque 200 personnes ont observé une minute de silence, avant un débat, et à Grande-Synthe, l'association Salam a reçu le renfort de personnes bouleversées par le drame, comme Yann Buridard, retraitée du Tréport, venue participer à une distribution de repas.
"On a une espèce de rage au fond de nous face à la situation", a confié Bérénice Delègue, assistante maternelle et bénévole de Salam depuis 2016.